mardi 22 septembre 2015

N.W.A - Straight Outta Compton



Réalisation : F Gary Gray
Scénario : Alan Wenkus et Andrea Berloff
Durée : 2 h 25
Interprétation : O'Shea Jackson Jr, Corey Hawkins, Jason Mitchell, Paul Giamatti... 
Genre : Méfiez-vous des glaçons en cubes du docteur Andre

Synopsis

Les origines du Gangsta Rap avec le succès du N.W.A avec Ice Cube, Dr Dre et Easy-E de 1987 à 1992. 

Je ne suis pas fan de rap à la base et je ne connaissais donc rien du film que j'allais voir. Finalement, j'ai été assez emballé. Si le fond n'a rien de révolutionnaire et au final un peu convenu, la forme est pleine d'énergie, nous épargne des clichés et des lourdeurs que l'on nous offre souvent dans le genre. On est entre le film musical à la 8 Mile de Curtis Hanson et le film de gangster presque à la Scorsese tout le long. Le cinéaste F Gary Gray, toujours sous estimé selon moi, réussit avec beaucoup d'habileté à mettre en scène tout cela. Il brille en faisant juste ce qu'il faut pour faire monter la température et rendre la densité nécessaire au scénario. Devant la caméra, des jeunes acteurs très prometteurs font monter la tension, l'émotion et surtout font ressortir la matière brute de la haine et donc du sujet principal, à l'image des morceaux de raps. 

Si le film traite des origines de grandes célébrités et d'un courant musical culte, il fait surtout échos aux émeutes raciales qui sont hélas toujours d'actualités. Ce qui explique en partie le succès du film aux Etats-Unis. Si le côté policier raciste et qui fait la loi manque de nuance, il nous touche forcément. Si Ice Cube et Dr Dre sont producteurs du film, leurs portraits ne tombent jamais dans les éloges. Ils sont agréablement nuancés du début à la fin, même si un peu policés par moment. Si les quelques scènes d'émotions freine la nervosité du film, la mise en scène de F Gary Gray oscille entre violence et un aspect documentaire très efficace. Sans fioritures, le cinéaste vise constamment entre le film d'auteur et le biopic à Oscar tantôt sincère tantôt d'une redoutable efficacité. 

Le scénario lui s'attache plus (un peu trop) au côté business et les embrouilles d'argent qui joueront un moment sur leur amitié. On y trouve  également leurs rapports avec les gangs durant leur ascension. L'amitié, la vie personnelle des membres et même la musique reste souvent en second plan, comme beaucoup de biopics. Seulement les intérêts politiques et historiques sont judicieusement mêlés à l'intrigue principale. Cela donne l'effet de suivre une fresque prenante, à mi chemin entre du film de gangster efficace et biopic bien écrit. La partie documentaire assez rageuse prend à la gorge, la personnalité du trio de tête gagne rapidement une ampleur tout à fait intéressante, et surtout juste. 

Mais le plus jouissif du film reste clairement l’atmosphère qu'insuffle le cinéaste. Du début à la fin le rythme est effréné, reste clair et sait monter une tension dans tous les domaines qu'il aborde. Pour cela c'est un film réussi. Les concerts sont vraiment spectaculaires; surtout celui de Detroit. Les différentes tensions, les scènes de violence sont explosives, l'utilisation de la musique de l'espace et du rythme sont d'une grande grande maîtrise.  Il en est de même pour les scènes d'enregistrements avec la justesse des acteurs, tout est clairement une réussite formelle. Il est dommage que le scénario ne développe pas plus la vie personnelle des protagonistes et que leurs côtés obscurs restent convenus. Le sujet s'attarde plus sur le côté label, commercial et les déboires du succès et de la création. Que vous aimez ou non le rap, je recommande ce film pour sa mise en scène nerveuse et la matière brute qu'il dégage, digne des morceaux de rap. Le contrat est rempli, et cinématographiquement ça tient la route !

Note : 7,5 / 10

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