jeudi 31 décembre 2015

Ricki and the Flash




Réalisation : Jonathan Demme
Scénario : Diablo Cody
Durée : 1 h 40
Interprétation : Meryl Streep, Mamie Gummer, Kevin Kline, Rick Springfield...
Genre : Portrait de famille

Synopsis

Pour accomplir son rêve et devenir une rockstar, Ricki Rendazzo a sacrifié beaucoup de choses dans sa vie, et commis pas mal d'erreurs. Dans l'espoir de se racheter et de remettre de l'ordre dans sa vie, elle décide de revenir auprès des siens. 

Il y a longtemps que Jonathan Demme se fait très discret. Disons qu'il filme surtout des concerts de son ami Neil Young au lieu de se tourner vers des grandes productions cinématographiques. Dommage car ce cinéaste a quand même l'originalité et la qualité de choisir des films intéressant et en plus avec des personnages principaux féminins. Ici c'est pareil, il y a même la musique qui s'ajoute au cocktail avec un casting très sympathique. 

Le cinéaste du Silence des Agneaux devait forcément un jour croiser Diablo Cody qui écrit des scénariis avec des rôles féminins pour le cinéma indépendants et les séries. Dans Ricki and the flash il y a exactement la même démarche que Juno et Young Adult, de la comédie dramatique destinée à une génération bien particulière. Celle de ce film est plus proche des quarantenaires marié et/ou divorcé. Le film concilie les deux genres assez bien mais sans tour de force et sans rien révolutionner dans le thème. Au niveau de la mise en scène le cinéaste fait plutôt pas mal le boulot, il y a de l'humour, de l'émotion et de belle partie musicales, de quoi passer un agréable moment mais rien de très transcendant non plus. 

Un peu comme Young Adult tout repose sur l'interprétation des acteurs car finalement le film manque de développement et d'ambition. Meryl Streep et sa fille sont un excellent choix, Kevin Kline (acteur bien trop rare) encore mieux. Le film est séparé en deux parties, les retrouvailles qui ressemble à du théâtre plutôt sympathique et une seconde plus musicale et plus sentimentale. C'est un peu plus cache misère qu'utile à la narration et au film. L'écriture meuble et devient vite un happy end bien négocié mais finalement qui confirme le manque de profondeur du scénario. 

Cependant Ricki and the Flesh est un film agréable à suivre qui ravira les fans de musique et de Meryl Streep ringarde et pathétique à souhait. Jonathan Demme lui est désormais un réalisateur endormi et qui fait le minimum. Un peu à l'image du scénario. 

Note : 5 / 10


mercredi 30 décembre 2015

Une Merveilleuse Histoire du Temps ( The Theory of Everything )




Réalisation : James Marsh 
Scénario : Anthony McCarten
Tiré du livre de Jane Hawking
Durée : 2 h 
Interprétation : Eddie Redmayne, Felicity Jones, Tom Prior, David Thewlis, Emily Watson, Harry Lloyd...
Genre : Biopic classique

Synopsis

La vie de Stephen Hawking. Dans les années 60 en Angleterre, un brillant étudiant en cosmologie victime de la maladie de Charcot. Alors que son corps se détériore, son cerveau repousse les limites de la science. Il va révolutionner le monde et la science et arriver à dépasser le 21ième siècle avec l'aide de sa femme Jane. 

Quand il y a un sujet à faire un biopic, on le produit facilement mais il faut que ce soit calibré pour les Oscars. Ce film en est un exemple de plus ( de trop ?). Avec cette histoire, difficile de ne pas être touché mais aussi de ne pas entrer dans rapidement le pathos. Heureusement le film l'évite mais il est de facture bien trop classique pour convaincre. Quand on a vu Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel, Une Merveilleuse Histoire du temps est sans grand intérêt. 

Le réalisateur anglais James Marsch, a qui l'on doit un des trois épisodes de Red Riding Trilogy, se frotte aux grosses machines hollywoodiennes et réussit proprement son boulot de la Grande Bretagne. C'est propre mais presque intégralement illustratif, un peu comme le scénario d'ailleurs. Le film nous raconte assez platement une vie triste mais sans aller dans la profondeur des thèmes. Tout est sans vague, sans surprise, sans tour de force avec que du savoir faire et principalement porté par de bons acteurs. Il est vrai qu'ils sont bons mais leurs rôles les poussent à les mettre en valeur avec un sujet sensible comme celui ci. 

Peu de science, beaucoup de vie de famille et la relation entre Stephen et Jane, le film ne prend que la direction du cinéma commercial facile et finalement sans grande saveur. Comme c'est anglais, c'est toujours plus sobre que la sauce américaine et toujours bien plus tenu niveau pathos mais ce n'est pas folichon non plus. Le film a du rythme et reste distrayant, alternant entre téléfilm et film à oscars. On ne peut pas parler de mauvais film ni de bon, juste une belle histoire illustrée pour le cinéma. L'acteur Eddie Redmayne a eu l'oscar pour le rôle, rien de vraiment étonnant, il avait tout de son côté avant même que le film ne soit monté. Idem que pour Julianne Moore et son Still Alice d'ailleurs. Seulement ici l'acteur ne porte pas le film car la forme est bien meilleure. Seulement sa composition reste comme le film : sobre et très illustrative de l'histoire. Oui je sais je suis aigri même si je n'ai rien contre cet acteur. L'Oscar était pour Jake Gyllenhaal dans Night Call ou Michael Keaton dans Birdman

Une merveilleuse histoire du temps est un biopic plus intéressant et touchant pour son sujet que pour le reste. Il s'attarde plus sur la vie sentimentale et familiale de Stephen Hawking que sur sa profession et sa psychologie. Si le film est distrayant, il reste cinématographiquement trop vain pour être mémorable. Cela n'empêche cependant pas qu'il reste un produit de luxe pour faire pleurer dans les chaumières. 

Note : 5 / 10

lundi 28 décembre 2015

Hacker ( Blackhat )



Réalisation : Michael Mann
Scénario : Morgan Davis Foehl
Durée : 2 h 05
Interprétation : Chris Hemsworth, Tang Wei, Leehom Wang, Viola Davis...
Genre : Polar moderne

Synopsis

A Hong Kong, une centrale nucléaire à été hackée. Pour trouver le criminel, la police engage l'ingénieur du système qui est un prisonnier pour 15 ans pour fraude. 

S'il y a une chose que l'on ne peut pas reprocher à Michael Mann s'est de se reposer sur ses acquis. Il propose toujours quelque chose, que ça passe ou pas. Dans Hacker, même si on est loin de Heat et de Collatéral, on retrouve des beaux morceaux de bravoures comme lui seul peut en signer. 

Scénario linéaire, fusillades, enquête captivante et histoire d'amour éclair qui devient importante, on retrouve tout de Michael Mann. Et pourtant il y a quelque chose que le cinéaste fait et qui est fort agréable, ne pas succomber à la mode et exploiter à fond le contexte actuel. Je m'y connais en informatique comme en Bourse, c'est a dire pas du tout, mais le film n’assomme pas par ces langages. Le scénario est une reprise moderne de Rock de Michael Bay dans le domaine des hackers, nouveaux pirates qui peuvent rapidement être des terroristes. 

Le cocktail fonctionne bien je trouve et Hacker est un polar plutôt réussi même si on retrouve un peu les défauts de Michael Mann. On peut le trouver ennuyeux mais je trouve qu'il utilise parfaitement le film d'espionnage et d'action de manière assez contemporaine. Avec un style assez documentaire, le scénario balaye des personnages plus ou moins étoffés. Il y a du bon et du moins bon mais le polar garde le cap entre scénario et action pure, ce qui est un bon point. 

Un polar plus mineur dans la filmo du cinéaste mais qu'il serait dommage de ne pas voir. Le succès n'a pas été au rendez vous et c'est bien dommage. Oui il est trop long et oui il y a Thor en tête d'affiche mais c'est un Michael Mann qui propose son thriller des années 2010 et par moment il atteint la force de son Collatéral à l'époque. En tout cas, le cinéaste a de l’énergie à revendre et c'est bien plus spectaculaire et parfois surprenant que tous ce que l'on peut voir dans les salles ces derniers temps. 

Note : 6 / 10

Au-delà des montagnes ( Shan He Gu Ren )



Réalisation et scénario : Zhang-Ke Jia
Durée : 2 h 
Interprétation : Zhao Tao, Sylvia Chang, Zhang Yi...
Genre : Etude bouleversante 

Synopsis

En 1999 en Chine, Tao est courtisée par deux amis d'enfances Zang et Lianzi. Zang est capitaliste financier tandis que Lianzi est travailleur dans les mines de charbon. Tao choisit Zang qui lui promet d'avoir une vie confortable pour élever son fils. On les retrouve 15 et 25 ans plus tard. 

Voici un cinéaste qui a du cran et qui le montre bien. Il le montre autant dans la forme que dans le fond de son film qui dépeint un pays dépassé par la vitesse de sa croissance. Un pays où l'être humain et ses traditions ont du mal à suivre la modernité en entraîne une rupture effroyable. Vision juste et éblouissante aussi bouleversante que pessimiste, le cinéaste signe étude sociale et psychologique, vraiment convaincante. 

Au delà des nuages mais aussi également des conventions. Le cinéaste commence avec un format quatre tiers sous la forme du documentaire et des situations drôles et tristes très théâtrales. Il y a une touche de gaieté et d'innocence qui se ressent dans cette fin des années 90. Des mélanges de traumatismes et de doutes se mêlent à la psychologie mais aussi de passations de coutumes et problème de travail. On pense un peu au cinéma de Bertolucci par moment, mais c'est surtout celui d'un cinéaste qui n'a pas peur d'utiliser le langage cinématographique pour défendre ses intentions. Tout est extrêmement important pour la suite, même si je trouve que cette première partie est un peu longue. 

Après cette tranche d'environ 50 minutes, le titre et le nom du réalisateur s'affiche pour laisser place à notre époque. Le cadre s'ouvre mais pas complètement et avec une formidable écriture et interprétation remarquable, on découvre passionnément ce qu'il s'est passé chez les protagonistes durant ces quinze années. Ecriture plus épurée avec beaucoup de mise en abyme et de symboles, le film devient vite fascinant. Toutes les cassures de la société se dévolent à travers ces personnes qui se brisent ou/et qui continuent dans leur chemin sans état d'âme. 

Très nuancée, cette seconde partie nous prépare pour une troisième qui nous fait basculer dans un futur proche, soit dix années plus tard. La vision est pessimiste, triste mais à la fois magnifique à travers l'image que représente la mère. Entre humour, drame, émotion et critique d'une société qui a tout oubliée, la partie trouve sa parfaite harmonie. Le cinéaste agrandit le cadre et signe un constat effrayant sur la réussite en Chine. Formellement c'est à l’opposée de la première partie et on ne peut que constater un pessimisme permanent. Le grand et seul tour de force est une image du temps et des sentiments d'une mère pour son fils qui restent intemporels. Si plein de thèmes sont superbes, parfois magnifiquement traités, la danse finale de Tao reste ce qu'il y a de plus fort et de beau dans le film. Un formidable dernier plan rappelant Mother de Bong Joon Ho. 

Si l'interprétation est excellente le film lui manque finalement un peu de force et de développement pour s'approcher d'un chef d'oeuvre. Le cinéaste a réussit beaucoup de choses ainsi qu'un grand tour de force à la fin. Cependant, pour en tirer vraiment la grande force du film, je pense qu'il aurait fallu que les deux dernières parties soient plus longues, quitte à être plus explicatif. Finalement ce petit déséquilibre handicape les messages certes sublimes, et c'est un peu dommage. Cependant, Au-delà des montagnes est un film hautement recommandable par sa richesse et sa beauté. Du très bon cinéma. 

Note : 9 / 10

dimanche 27 décembre 2015

The Big Short - Le Casse du Siècle



Réalisation : Adam McKay
Scénario : Charles Randolph et Adam McKay
tiré du roman de Michael Lewis
Durée : 2 h 
Interprétation : Steve Carell, Christian Bale, Ryan Gosling, John Magaro, Brad Pitt, Marisa Tomei ... 
Genre : Les renards de Wall Street

Synopsis

Wall Street 2005. Profitant de l'aveuglement généralisé par les grosses banques, les médias et le gouvernement, quatre outsiders anticipent l'explosion de la bulle financière et mettent au point "le casse du siècle". 

Bon je ne suis pas une flèche dans les affaires banquières et je n'y connais absolument rien au jargon de la Bourse. J'ai pas pigé grand chose, même si Margot Robbie et Selena Gomes ont essayés de me l'expliquer en tentant d'être drôles, le scénario est un charabia destiné uniquement aux initiés. Le film prend une démarche linéaire avec des pincées des trois grandes références modernes : un peu de Wall Street d'Oliver Stone, Margin Call de JC Chandor et le film de Scorsese Le Loup de Wall Street

Adam McKay nous a offert de très bonnes comédies, ici il prend le risque de changer de registre avec une touche documentaire. C'est très handicapant au film. Déjà que le sujet est très fatiguant à suivre alors avec la caméra à l'épaule en plus qui n'apporte strictement rien au film, c'est très usant. De quoi avoir la nausée si on reste attentif, comme pour les dialogues directement tirés d'un bouquin. Mais pourquoi McKay a t-il fait ça ? Comment un réalisateur de comédies si drôles peut affadir un scénario qui manque cruellement de clarté et d'humour par une mise en scène si pompeuse et vaine ? Incompréhensible. C'est clairement raté et ce parti pris tire le film constamment vers le bas. 

Seul bon point, les acteurs jouent bien. Steve Carell est décidément dans son année, au top une nouvelle fois et Ryan Gosling est très drôle dans ses quelques apparitions en copie de Jordan Beaufort. Christian Bale répond présent surtout quand il faut jouer le rôle d'un autiste et Brad Pitt... ben il fait du Brad Pitt. Encore une touche moralisatrice en plein milieu de son rôle qui casse le rythme du film ( il est encore producteur) et même l’intérêt du film. 

The Big Short profite de son casting et de surfer sur la vague d'Ocean Eleven de Steven Soderbergh mais il n'en est rien. On a que les acteurs à se mettre sous la dent pendant deux longues heures absolument pas palpitantes autant dans le sujet que cinématographiquement. Ce film va finir aux oubliettes. 

Note : 3 / 10

samedi 26 décembre 2015

Le nouveau



Réalisation et scénario : Rudi Rosenberg
Durée : 1 h 15
Interprétation : Rephael Ghrenassia, Joshua Raccah, Johanna Linbdstedt, Max Boublil...
Genre : Génération collège

Synopsis

Benoît est nouveau dans son collège. Les premiers jours ne se passent pas bien avec la bande populaire de la classe, il va essayer de se faire des amis. Il va alors rencontrer Johanna et tomber sous son charme. 

Essentiellement interprété par des jeunes comédiens de 11 - 14 ans ce film est terriblement rafraîchissant et juste. Situé entre Les beaux Gosses de Riad Sattouf et le dernier Gondry Microbe et Gasoil, le film réussit à garder du rythme et le souffle nécessaire du début à al fin, et surtout sans tomber dans le pathos ni les gros clichés. 

Ce qu'il manque au final reste le manque d'approfondissement et de prise de risque dans les différents thèmes abordés, même si ces derniers restent frais et justes du début à la fin. On peut regretter un regard un peu trop adulte sur le jeune Benoît. Il manque un peu l'innocence de l'âge, même s'il est vrai qu'il est aidé par son oncle (très drôle Max Boublil). Cependant l'analyse est tellement réussie et drôle que le plaisir et les souvenirs emportent l'adhésion. 

Sans être grandiose ni maladroit le film est trop court pour en faire un objet d'analyse intéressant et percutant. C'est un film qui berce notre nostalgie avec douceur et finesse avec en prime beaucoup d'humour. Un feel good movie sur des jeunes destinés à tous public. Une bonne surprise et un premier film prometteur avec des jeunes acteurs qui ont du potentiel. A suivre de près. 

Note : 6 / 10

jeudi 24 décembre 2015

Invincible ( Unbroken )



Réalisation : Angelina Jolie Pitt
Scénario : William Nicholson, Richard LaGravenese, Joel et Ethan Coen
Durée : 2 h 10
Interprétation : Jack O'Connell, Domhnall Gleeson, Garett Hedlund, Miyavi...
Genre : Téléfilm à Oscars

Synopsis

L'histoire incroyable de Louie Zamperini, le champion olympique durant la Guerre 39/45. Engagé dans l'Armée, après s'être crashé en mer en avion et avoir survécu à 45 jours sur un radeau de sauvetage, il est fait prisonnier par les japonais jusqu'à la libération. 

L'histoire est assez incroyable en effet, le film au contraire ne l'est absolument pas. Dans le fond comme dans la forme tout est d'un académisme et d'un patriotisme américain qui colle ce biopic au sol du début à la fin. L'impression de regarder un téléfilm calibré pour les oscars s'installe et ne nous quitte plus jusqu'au générique final. Distrayant certe mais vain et vide. Le film est bourré d'effets numériques qui ont déjà vieillis.

Heureusement que cette jeune génération d'acteurs en tête d'affiche est très prometteuse et donne un peu vie à toute cette fadeur. C'est sûr c'est bien propre, mais beaucoup trop propre pour y croire. Tout l'émotion est appuyée par une musique de Desplat plutôt transparente. Le film enchaîne les incohérences, mais on a vu pire ailleurs. Le film distrait à défaut d'être bon et la présence de l'excellent Jack O'Connell y est pour beaucoup. Si on peut regretter encore une fois du too much dans l'ensemble dans la direction artistique, l'interprétation sauve de justesse le film du gros navet patriotique.

L’histoire est prenante, quoiqu'un peu longuette sur la fin. Le personnage est finalement exploité pour en faire un symbole américain, qui est aussi le symbole de l'espoir. C'est très cul cul mais comme n'importe quel film à Oscar plutôt bien tenu techniquement. Invincible est un blockbuster 100% américain de nos jours. Autant de défauts que de qualités dans le domaine car ce n'est pas le pire dans le genre. Dommage que le film n'a pas vraiment d’intérêt et est d'une impersonnalité totale. Aussi vite vu qu'oublié, aussi distrayant que too much bref rien de sensationnel.

Note : 4 / 10

Pour les cinéphiles qui sont attirés par ce thème, je recommande plutôt de voir ou revoir Furyo de Nagisa Oshima.

Orange is the New Black



Créée par Jenji Kohan 
Tiré du livre de Piper Kerman Orange is the New Black : My year in a women's prison

Genre : Oz au féminin

Faire une série dans une prison n'est pas chose facile, surtout  de passer derrière Oz de Tom Fontana. Le défi est plutôt bien relevé, tout du moins sur les deux premières saisons. Le script est exactement sur la même base de la série de Tom Fontana  de manière plus adoucie. Les scénaristes ajoutent avec délicatesse une certaine dose d'humour et d'émotion dans l'univers carcéral très noir et violent que l'on a vu dans Oz. On retrouve un bon équilibre entre la comédie et le drame dans des péripéties plus ou moins palpitantes mais qui sont tout de même bien écrites. Si la saison 3 est bien faible, j'espère que la saison 4 saura relever le niveau et atteindre le niveau des deux premières.


Saison 1 :

Au début j'ai eu un peu de mal avec ce mélange pas toujours bien géré de bons sentiments et l'univers noir et impitoyable de la prison. Piper est exactement Tobias dans OZ, l'agneau qui doit se transformer en loup une fois dans la prison. Si la série est beaucoup plus douce, plus humaine qu'Oz elle se base exactement sur la même construction en modèle. On montre le passé du personnage suivit d'une intrigue de qui a le pouvoir sur qui et surtout comment. C'est assumé d'ailleurs quand une des personnages dit que ce n'est pas comme dans Oz. Le pilote est plutôt pas mal mais la suite est bien meilleure car le scénario développe très bien la tension et l'émotion et dresse une galerie de personnages nuancés des deux côtés des barreaux. 

Très référencée, la série ne croule pas dans les hommages et fait son chemin en étant généreuse en tout point pour son public. Les dialogues sont bons et les intrigues arrivent de manières plutôt habiles et naturellement. Tout n'est pas too much hormis cette histoire de couple qui n'est finalement pas intéressante. Le scénario est à côté suffisamment solide pour bien engager la saison 2. Cette saison 1 suit particulièrement le point de vue de Piper, cruche et intelligente à la fois tout en restant attachante. La prison est présentée comme l'antre de l'insécurité mais avec une vie sociale beaucoup soft, plus normale on va dire que dans le quartier de haute sécurité de la plupart des prisons. La violence physique est remplacée par la manipulation, tout ce qui a de plus féminin. On retrouve également un état des lieux plutôt intéressant sur les problèmes de budget dans les prisons, ainsi que l'engrenage du pouvoir et des responsabilités à toutes les échelles. Les conditions des prisonnières sont souvent montrées du doigt, victimes des économies et entourées d'hommes de garde et non de femmes. Comme Oz, la peinture est bien étalée et loin d'être too much. Elle est plutôt adroite et intéressante. 

Si la mise en scène n'est pas transcendante, elle est plutôt efficace, surtout quand c'est Jodie Foster qui s'y colle car son épisode est de loin le mieux réalisé et le plus rythmé. Très classique mais on retrouve une belle direction d'acteur, un équilibre réussi entre les vieux films de studios des années 50 et les séries modernes. Plutôt agréable à suivre, la sincérité prend le dessus des légers défauts. J'adhère. 

Saison 2 :

Après une première saison, les scénaristes nuancent beaucoup plus les personnages et je trouve que c'est un tour de force. La noirceur fait place à la description des personnages, ce qui rend la prison beaucoup plus chaleureuse au spectateur. On s'attache clairement aux personnages, qu'ils soient détestables ou attachants. On regrette toujours l'histoire d'amour qui se brise du côté de Piper et son fiancé. Ces deux personnages sont là que pour conforter Piper à retourner vers son ancienne compagne. 

Sinon, la narration est extrêmement habile et monte avec un superbe crescendo en suspense  pour arriver aux deux derniers épisodes au sommet de la virtuosité de la série. Bien que les scénaristes nous ont attendris légèrement l'ensemble des détenues et mis uniquement Vee en grande méchante, cette dernière est superbement traitée. C'est la garce manipulatrice par excellence. Véhiculée par des flash back efficaces et qui ne mangent pas trop le temps de l'épisode, la narration distille un très beau savoir faire qui fait plaisir à suivre. Oui on prend du plaisir à suivre ces histoires qui sont développées bien comme il faut contrairement à pas mal de série. Pas de frustrations, tout se décante au dernier épisode. 

La série prend le tournant de prendre aussi bien le parti de l'action que celui du sentimentalisme. C'est réussi car tout est subtil, très humain et jamais too much. Le scénario vise juste et les personnages sont tous bien dans leur rôle. L'interprétation est là pour donner un bon coup de pouce à ce défi, toutes ces actrices sont remarquables. Comme dans pas mal de séries, un bon gros nettoyage se fait à la fin mais tout est bien amené, de manière subtile, honnête et par moment jouissive. 

Une saison 2 dans la continuité de la première. Différente mais tout aussi brillante.

Saison 3

C'est une grande déception. Sans aucun fil conducteur, les scénaristes sont en grande panne d'inspiration et se reposent sur le quotidien des détenues la prison. Dans l'absolu, c'est osé, mais dans le fait c'est soporifique même si on prend plaisir à découvrir le passé des personnages. Tout est dénué de suspense, les intrigues ne sont pas très intéressantes et s'étendent sur des longs épisodes. Tout fonctionne au ralenti et rien

On suit poliment la série qui reste proche des personnages que l'on a suivi depuis le début. Tout est guindé, avec des péripéties qui ne sont pas aussi bien travaillées ni amenées que dans les précédentes saisons. Il y a eu du nettoyage chez des personnages importants, on s'ennuie de ce script qui veut trop rendre de la compassion chez toutes ces détenues. Rien que de voir ce qu'ils ont fait au personnage de  Doggett en est la preuve, elle est devenue extrémiste dangereuse en loque soumise sans personnalité du jour au lendemain. 

La série cherche aussi à rendre beaucoup plus antipathique Piper et ça ne fonctionne pas vraiment même si au dernier épisode son geste final le réussit. Petit surf (assumé) sur la mode de Breaking Bad. Bref, c'est du ratage pour ma part et j'espère que la saison quatre prendra la résolution de relancer des intrigues et une vraie essence narrative que nourrissaient agréablement les deux premières saisons. 

Saison 4 :

Les scénaristes se sont repris en main et marchent cette fois sur les pas des premières saisons exceptionnelles d'Oz. Sans pour autant copier, un souffle politique contemporaine s'ajoute pour ajouter une noirceur brillante et souvent palpitante. Les personnages deviennent tous attachants à leur manière, les événements sont amenés de manière audacieuse. On apprécie pas mal de subtilités. 

Cette saison offre ce qu'il y a de mieux jusqu'à maintenant dans la série avec une belle continuité. Du début à la fin elle monte en puissance pour terminer en émeute, le final est un suspense total. La série montre qu'elle peut proposer autre chose que les deux premières saisons avec un point de vue beaucoup plus noir. 

Rythme et scénario aussi dense qu'intelligent, il serait dommage de s'arrêter après une saison 3 mollassonne car le meilleur est à suivre. 

Saison 5

Toute la saison se passe pendant l'émeute. C'est au final un mélange de la saison 3 et de la saison 4, un peu irrégulier mais prenant tout de même car les personnages et les intrigues sont bien travaillées. Pas vraiment de suspense mais les personnages sont les stars. Avec des dialogues très bien travaillés, on se laisse prendre au jeu à une saison récréation plutôt juste dans la manière dont se déroule les fait. 

Un souffle féministe se dégage du début à la fin hanté par le drame de la saison précédente. Les personnages se dévoilent, changent de camps ou se trouvent. Des fois les scénaristes ne savent pas trop quoi faire de certains personnages principaux (Piper). Il reste quand même pas mal d'humour et des clins d'oeil plutôt sympa. 

On attend la prochaine saison, espérant qu'elle soit du niveau de la saison 4. Malgré ses défauts, Orange Is A New Black reste une série contemporaine de qualité et essentielle. 

Note Saison 1 & 2 : 8 / 10  
Note Saison 3 : 4 / 10
Note Saison 4 : 9 / 10
Note Saison 5 : 7 / 10

mercredi 23 décembre 2015

Star Wars VII : La force se réveille



Réalisation : J.J Abrams
Scénario : Lawrence Kasdan, Michael Arndt et J.J Abrams
Durée : 2 h 10
Interprétation : Daisy Ridley, John Boyega, Adam Driver, Harrison Ford, Carrie Fischer, Oscar Isaac, Mark Hamill, Domhnall Gleeson, Andy Serkis, Simon Pegg, Daniel Craig...
Genre :Attrape fan sans saveurs

Synopsis

Dans une galaxie très lointaine, 30 ans ont passés après les événements du Retour du Jedi.

Je suis en colère. Je suis passé du côté obscur sans pourtant être un grand fan de Star Wars. Je vais essayer de garder mon calme, de faire abstraction de la promo assommante depuis des mois, des critiques presses toutes vendues pour la promotion du film et bien sûr respecter les goûts de chacun qui ont aimé cette nouvelle version Disney, et ils sont beaucoup. C'est la moindre des choses.

Après Mad Max c'est au tour de l'ex franchise de Georges Lucas de tomber dans les limbes et le cliché du blockbuster contemporain. Alors qu'à son époque La Guerre des étoiles offrait une nouvelle dimension épique au public par son scénario et l'univers, c'est tout le contraire sous la patte de J.J Abrams. Malgré son savoir faire entre hommage respectueux et technologie moderne efficace, Abrams se contente de signer une bande annonce de plus de deux heures d'un reboot qui aurait pu être intéressant s'il avait des personnages développés à la place de scènes d'actions inutiles et sans tensions. 

Oui une bande annonce qui ne s'arrête jamais et qui vise à prendre dans le bon sens du poil et dans sa poche les nostalgiques de la saga, avec un Harrison Ford et une Carrie Fischer vieux usés et fatigués, et la jeune génération Hunger Games et Divergente. Résultat c'est fade, caricatural et franchement c'est du Mozinor au premier degrés tant le scénario est une vaste blague. Ce dernier est une copie de l'épisode quatre dont tous les personnages ne sont pas développés et surtout n'ont pas une once de charisme. Ceci malgré le bon choix des acteurs et la géniale musique de John Williams. Le pire c'est que rien ne fonctionne hormis la mise en scène du cinéaste qui est plus intelligente que Georges Lucas il y a 15 ans dans les épisodes un et deux. Pas difficile en même temps, surtout pour JJ Abrams qui a toujours bien fait son boulot de technicien.

Je n'ai vu que la sauce Disney et sa lourde recette de couches émotionnelles particulièrement lisses et grossières avec de la musique illustrative qui appuie à tout va le cliché.  En plus de cela, on a droit à ce que l'on voit partout dans les séries à la mode actuelles : des intrigues éphémères qui cherchent plus à nous donner envie de voir la suite que de nous offrir un véritable scénario. Toute cette action est très cache misère. Han Solo fait l'émotion de presque tout le film mais on se demande bien comment l'acteur (archi payé pour être là et pas vraiment convaincu) a pu se casser la hanche sur le tournage car il est coupé au montage à chaque fois qu'il bouge. Pourquoi ce n'est pas Spielberg qui s'est collé à ce défi d'ailleurs ? Car même l'Indiana Jones 4 est un chef d’œuvre à côté de cet attrape fan. Côté gentil, rien de surprenant si vous avez vu le quatrième épisode, on a hélas droit à des acteurs et des personnages lisses et sans charismes au physique de séries TV pour ados. Bref, si on parle des méchants ce n'est pas mieux, même si Adam Driver a une voix cool, il est vraiment trop peu développé et surtout ridicule. On dirait qu'il fait une crise d'ado privé de sortie à seulement trente ans. Si Domhnall Gleeson est excellent les deux minutes qu'il apparaît en copie d'Hitler, lui aussi est complètement sous exploité. Je ne parlerai pas de l’humour qui est complètement raté, même Han Solo a perdu son arrogance et sa personnalité. C'est triste.

La mise en scène m'a épuisé. Tout n'est que du spectaculaire avec aucune écriture dans les nombreuse scènes d'actions. Comme Mad Max Fury Road, ce n'est que de la forme mais il n'y a aucune écriture dans ces scènes pour les différencier les unes des autres. Tout devient vite redondant, dénué de suspense et d’intérêt contrairement à ce qu'a réussi à faire MacQuarrie dans le dernier Mission Impossible. Et pourquoi pas John Woo tant qu'on y est hein ? Car franchement c'est une série B mais au premier degré et avec un humour pourri. Le film ne m'a même pas diverti et c'est bien ce qui est le pire car je me suis vraiment ennuyé du début à la fin. J'ai eu l'impression d'être devant un des blockbusters indigestes qui sortent toutes les semaines, sans atteindre les films de Roland Emmerich mais digne de Michael Bay. Pas d’âme, pas d'humour, pas de surprises, pas d’inventivités, tout est d'une tristesse absolue tant un film aseptisé et aux uniques intentions de plaire à la masse de peuple et aux fans. Le film se fond comme n'importe quel film du dimanche soir à gros budget sauf qu'il porte et possède les thèmes de la plus grande saga cinématographique existante. Ce qu'il y a de plus triste dans ce film.

Pour la suite c'est le prometteur Ryan Johnson qui s'y colle mais le cahier des charges Disney me fait peur. Sans être aussi mauvais que les épisodes un et deux pour autant, car je serais vraiment de mauvaise foi si je disais ça, cet opus est quand même très décevant. Je dirais même presque indigeste. Ne serai-ce que pour sa franchise initiale. Comment meubler un scénario qui n’existe pas avec de l'action et plaire à tout le monde ? JJ Abrams a trouvé la formule : il mélange tout et assemble en pilotage automatique un produit à la mode sans saveurs et sans surprises. Je trouve vraiment ce film racoleur et cela même si Abrams est fan des premiers et que cela se voit par le soin qu'il apporte à R2D2 et C3PO ainsi que Chewbacca et Han Solo. Le reste franchement ce n'est pas possible, on dirait un jeu vidéo avec un semblant de scénario qui ne donne qu'envie de voir le deuxième épisode. Le film n'est qu'une enveloppe vide bien refermée. Ce n'est pas en mettant quelques plans qui ont de la gueule (surtout en 3D) et la musique de John Williams qu'on fait un Star Wars

Je ne m'attendais pas à un bon film au départ car les épisodes 4,5 et 6 sont des grands films des années 70, 80 mais absolument pas à un si mauvais. Surtout de la part du cinéaste qui a signé un épisode sympa de Mission Impossible. Il est vrai qu'il vient du monde de la série mais il n'en a gardé que les côtés commerciaux. Ici il y a tous les ingrédients de Star Wars mais aucunement la saveur. Je préfères revoir Les Gardiens de la Galaxie qui est un genre de Star Wars mais chez Marvel avec un réalisateur qui torche parfaitement ses scènes d'actions, avec de l'humour et de la sincérité. Tout ce que ne possède pas ce septième opus.

Note : 3 / 10

 PS : Heureusement que je ne suis pas un geek fan de Star Wars, je me serai pendu. Cependant je comprend qu'on puisse aimer si on rentre dans le film contrairement à moi car c'est généreux en action. Je n'ai vu que les défauts du film et je conçois que de faire un Star Wars pour Disney et avec l'attente du public en période de crise, c'est presque mission impossible. 

Franchement je reste sur les épisodes 4,5 et 6 et pense toujours que Irvin Kerschner est le plus grand réalisateur de la Saga. Pour Disney c'est le pactole assuré même si c'est un autre réalisateur de Mission Impossible qui redore le blason : Brad Bird avec A la poursuite de demain. Le succès et la promotion n'étaient pas au rendez vous. Tant pis.

Réalité




Réalisation et scénario : Quentin Dupieux
Durée : 1 h 30
Interprétation : Alain Chabat, Elodie Bouchez, Jonathan Lambert...
Genre : Dupieux reste au lit

Synopsis

Jason Tantra, caméraman placide, rêve de réaliser son premier film d'horreur. Bob Marschall, un riche producteur accepte de lui financer et lui donne la carte blanche s'il trouve le meilleur gémissement de l'histoire du cinéma. Il a 48 heures. 

C'est officiel, je n'aime pas Quentin Dupieux. C'est une question de goût car c'est assez barré comme type de cinéma. De manière plus objective, que ce soit Steak ou Rubber, ses films ne tenaient pour moi pas la longueur. Avec Réalité, c'est le même problème sauf que l'idée tiendrait plus facilement sur un long métrage. Mais en réalité : non.

Heureusement il y a Alain Chabat, qui lui est tout le temps drôle quoiqu'il fasse, dans l'univers déroutant du cinéaste. Je trouve que tout sonne faux et son cinéma est aussi énervant que le producteur qu’interprète Jonathan Lambert. Du cinéma insupportable qui a pourtant une bonne intention de départ de jouer avec le système de la boucle, qui pourrait être une bonne critique de la société actuelle, du moins de l'industrie du cinéma. Lynch s'y est frotté avec Lost Highway et Mulholland Drive mais il s'en donnait les moyens avec du style et une grande mise en scène. Chez Dupieux c'est lent, moche, vide et c'est vraiment prétentieux. Dupieux a par moment du talent à faire du décalage mais il est vraiment très limité et cela dès les premières minutes de son premier film. D'ailleurs je pense qu'il le sait et il se contente de plaire à son (petit) public à ne faire que ça pendant ses films. Ce qui devient dès les premiers plans très barbant. C'est du décalage pour faire du décalage, rien de plus ni moins. 

Pourtant sur le papier l'intention, la démarche est bonne. Sur le papier uniquement car le traitement est vraiment horrible. C'est un style dénué de tout et en plus à la fin, le scénario explique bêtement toute la démarche, finalement la plus intéressante de ce supplice. Dupieux ne va même pas au bout de sa pénible lancée, ce qui montre que tout son cinéma et ses intentions sont officiellement extrêmement limitées. Il filme platement un décalage surréaliste qui manque de fraîcheur, de force, de renouvellement et surtout de ton. Je trouve même que c'est malhonnête car il essaye d'être intelligent alors que non. Qu'il aille faire un film comme La tour Montparnasse infernale ou un Zoolander mais pas jouer sur le terrain de Bertrand Blier. C'est plat et par moment honteusement brouillon, ce qui fait de Réalité un produit attrape bobos ou de Hypster qui aime voir un film différent du grand public avec une soi disant critique derrière. Après avoir platement suivit la trace de Carpenter avec Rubber, c'est au tour de Lynch avec ce film et pour moi rien ne passe. Surtout parce qu'il n'y a même pas de forme. Il n'y a rien pour maquiller l'arnaque du cinéaste et on regarde juste un ovni vide et calibré pour les non conformistes. C'est triste.

Musique lourde, mise en scène plate, jeu limité des acteurs et des dialogues : tout est en mi teinte dans cet ovni qui n'est franc ni dans le décalage, ni dans le fond. Tout n'est juste qu'un concentré de Dupieux, un cinéaste qui propose autre chose il est vrai. Mais ce n'est pas parce que c'est différent que c'est plus intelligent. 

Note : 2 / 10

Béliers ( Hrutar )



Réalisation et scénario : Grimur Hakonarson
Durée : 1 h 30
Interprétation : Sigurour Sigurjonsson, Theodor Juliusson
Genre : Guerre très froide

Synopsis

Gummi et Kiddi sont deux frères voisins éleveurs de Béliers qui ne se parlent plus depuis trente ans. Quand la tremblante arrive et qu'il faut abattre tout le troupeau, les deux hommes vont finir par s'unir pour sauver leur élevage. 

Dans les magnifiques paysages de l'Islande, deux frères aux caractères aussi trempés que différents l'un de l'autre se font une guerre (très) froide. Au concours de Béliers, ils terminent tous les deux à un détail près sur le podium. Primé au Festival de Cannes dans la catégorie Un Certain Regard, Béliers est un film qui mérite le coup d'oeil. 

Photographie et mise en scène soignés, Béliers ressemble à un film social où deux personnages principaux sont depuis des années en plein affrontement fratricide. On ne connaît ni le pourquoi du comment mais l'ambiance semble lourde tout le long. Sans trop imager et être contemplatif, les regards et les gestes remplacent les mots pendant la plupart du film sans être handicapant l'histoire ni à l'intrigue. Les deux personnages sont campés par deux comédiens aussi charismatiques que pathétiques par leur manque de communication. Ils sont excellents.

Pendant plus d'une heure on observe, un peu comme chez les Coen, deux frères qui tombent lentement au fond du gouffre avec l’abatage de leur élevage de Béliers et de leur vie. Ils se regardent l'un l'autre en train de mourir à petit feu à cause de leur fierté. Tous les deux ne se retrouveront et ne parlerons que dans l'extrême urgence, c'est à dire dans les dix dernières minutes du film. Peut-être ce qui finalement limite ce film comme un bon moment de ce qui aurait pu être très bien. C'est écrit de manière trop abrupte et la fin manque de crescendo, de developpement à mon goût. 

Cependant le cinéaste signe un film au rythme lent et maîtrisé qui prend le temps de nous dépayser dans tous les sens du terme. Les personnages sont bien travaillés, l'humour et le suspense émotionnel sont parfaitement orchestrés et nous font suivre un moment de cinéma atypique. C'est dur et drôle à la fois avec un regard assez clinique entre tendresse et cynisme sur les relations de deux hommes qui s'aiment au fond mais qui se font extérieurement la Guerre et la Gueule pour une question de caractère. 

Sans être un grand film, Béliers est un film campagnard plutôt maîtrisé qui garde le cap et le recul nécessaire pour nous interroger et nous transporter à la fois. Le film n'a pas la prétention d'être grand ni engagé et c'est aussi pour cela qu'il est si simple. C'est aussi sa force et du coup je recommande. 

Note : 6 / 10

Back Home ( Louder Than Bombs )




Réalisation : Joachim Trier
Scénario : Eskil Vogt et Joachim Trier
Durée : 1 h 50
Interprétation : Gabriel Byrne, Jesse Eisenberg, Devin Druid, Isabelle Huppert...
Genre : Essence cinématographique pure

Synopsis

Le mari et les deux fils d'une célèbre photographe décédée il y a trois ans se retrouvent à la maison familiales pour évoquer les fantômes du passé.

Il y a des films comme celui là dont je n'ai aucune attente particulière et qui me transporte par l'audace et le tourbillon d'émotions cinématographiques que je recherche tant ces temps ci dans les salles obscures. Sans être parfait, on retrouve un superbe scénario au service d'une mise en scène précise et sensible. Une grande surprise.

A l'aide d'un casting impressionnant, le spectateur se retrouve plongé dans un scénario et une mise en scène en parfaite adéquation la plupart du temps entre drame et étude de mœurs introspective. Sous forme d'un exercice de style les thèmes du deuil, du secret , du manque de communication et de la reconstruction sont brillamment utilisés et traités. Avec beaucoup d'aise et d''intelligence, le cinéaste sans en faire trop exploite finement les différents points de vue psychologique des personnages. Il dépeint chaque personnage à travers les yeux d'un autre membre de la famille, ainsi on prend un plaisir à découvrir différentes versions du deuil de chacun. C'est à la fois glaçant et passionnant. Par moment bouleversant dans tous les sens du terme. Le grand cinéma avec ses lettres de noblesses est là, un peu comme les meilleurs moments d'American Beauty et d'Ice Storm.

Si le film parfois est un peu trop démonstratif, il n'en est pas moins percutant par sa grande maîtrise des codes cinématographiques du début à la fin. Un peu comme si Gus Van Sant rencontrait le cinéma de John Cassavetes avec une délicatesse et une sensibilité proche du cinéma de Stephen Frears et de Sean Penn. Joachim Trier ne fait pas beaucoup de références et reste très souvent sobre, au service de son histoire. C'est peut-être ce qui le différencie d'un film comme Mommy qui croule sous le style du cinéaste rapidement. Ici le style est un peu comme la parole du secret, très épuré et plutôt subtil à défaut d'être très marquant. Le style et l'écriture du scénario et de la mise en scène se renouvellent en permanence et forme lentement un puzzle passionnant du personnage fantôme et énigmatique (excellente Isabelle Huppert). 

Un peu comme du Robert Altman sous somnifère, le film nous brosse des portraits touchants laissant la part belle à l'interprétation. Car si le scénario et la mise en scène sont vraiment réussis, impossible de passer à côté du jeu impressionnant des acteurs. Gabriel Byrne fait un retour enfin dans un rôle à sa hauteur, Eisenberg plus tendre et dépassé par les événements que d'habitude est toujours excellent. C'est surtout la révélation Devin Druid, digne de Miles Teller dans Whiplash l'année dernière qui vaut son pesant d'or. Le cinéaste se sert d'eux à la perfection tirant un réalisme remarquable, bien loin du sur jeu et des sur émotions que l'on a l'habitude de voir, et parfois supporter, dans le drame, et même dans les bons. Back Home est une réussite qui réussit le parfait équilibre entre le cinéma intense et subtil et l'étude psychologique passionnante. Certains pourront être déçus de la fin, mais elle est ouverte un peu comme le scénario avec ses différents portraits. Je trouve que c'est l'excellent juste milieu.

C'est le premier film que je vois de Joachim Trier dont j'avais entendu parlé avec Oslo 31 Aout que je pense vite voir. En attendant, je trouve que ce film vaut absolument le coup d'oeil, car il est un des plus beaux et grands films de cette année 2015. 

Note : 9 / 10

PS : A souligner également une très belle bande son.

mercredi 16 décembre 2015

Mia Madre



Réalisation : Nanni Moretti
Scénario : Valia Santella, Francesco Piccolo et Nanni Moretti
Durée : 1 h 40
Interprétation : Margherita Buy, John Turturro, Giulia Lazzarini, Nanni Moretti...
Genre : Femme au bout de la crise de nerfs

Synopsis

Margherita est réalisatrice en plein tournage et doit faire tourner un acteur américain dans son film. Dans sa vie personnelle, sa fille est en pleine crise d'adolescence et sa mère est sur le point de mourir à l’hôpital. 

Nanni Moretti avec Mia Madre signe un film oscillant entre testament et introspection de la vie de cinéaste, d'artiste. Entre drame et humour, des thèmes de la vie sont traités avec un équilibre plutôt réussi à défaut d'être touchant ou passionnant. 

Margherita Buy livre une superbe prestation en cinéaste dépassée sur tous les plans. Elle crève l'écran alors que le film ne repose pas sur elle. L'écriture est très équilibrée, entre la vie de plateau et la vie personnelle. On en oublie presque la Madre si elle n'était pas dans le centre des préoccupations de Margherita. Sans pathos, mais avec une musique qui l'est quand même un peu trop, le film suit lentement ce pré deuil d'une femme qui ne réussit que moyennement dans sa vie à cause de son tempérament qu'elle va finir de découvrir avec cette étape. Son frère est finalement celui qui est le plus proche d'elle, comme un père qui ne la juge pas, interprété par Nanni Moretti lui même et plutôt convaincant. 

Le cinéaste film avec un superbe équilibre l'humour et les émotions, les angoisses qui arrivent de plus en plus. Seulement cet équilibre rend ce film bien trop sage pour nous prendre à la gorge. Toutes les pistes prisent restent sages et bien écrites mais n'ont pas de véritable tour de force. Il y a bien des moments intéressants mais ils ne sont pas assez nombreux ni mis en valeur. Comme si Moretti voulait faire beaucoup de chose à la fois et voulait absolument tout mettre. Finalement il ne fait que rester dans l'entame des sujets ce qui est un peu dommage. Si le montage et la direction d'acteur séduisent, le scénario n'est pas à la hauteur de l'ambition.  

Moretti est un cinéaste plutôt intéressant. Ses films ressemblent à des téléfilms bien maîtrisés avec des moments d'émotions qui font de lui un grand cinéaste. Je n'ai pas vu beaucoup de ses films mais pour l'instant je le cerne comme ainsi. Pour un festivalier habitué de la croisette il est sincère et non ennuyeux à défaut d'être passionnant et mémorable. C'est déjà pas mal mais pas assez. Heureusement un John Turturro sous coke ajoute un peu de piment à ce drame trop gentil, sincère et trop rarement touchant pour emporter totalement mon adhésion. 

Note : 6 / 10

lundi 14 décembre 2015

Babysitting 2



Réalisation : Nicolas Benamou et Philippe Lacheau
Scénario : Nicolas Benamou, Philippe Lacheau, Pierre Lacheau et Julien Arruti
Durée : 1 h 25
Interprétation : Philippe Lacheau, Tarek Boudali, Vincent Desagnat, Christian Clavier, Valériane de Villeneuve...
Genre : Numéro deux

Synopsis

Après une soirée de babysitting catastrophique, cette fois ce sont des vacances encore plus mouvementées au Brésil qui attendent notre bande. 

On ne change pas une équipe qui gagne. On reprend les ingrédients, le concept et les meilleurs personnages, on refait un peu le même que le premier en assumant totalement que ce soit une suite. Malgré que cette suite soit moins rafraîchissante que le premier opus, la réussite est quasi totale pour cette escapade hilarante au Brésil. 

L'introduction est détendue et agréable, un peu comme une bande de potes comme Les Bronzés qui se retrouvent ensemble dans un cadre paradisiaque. Si on peut penser que l'introduction traîne un peu en longueur, c'est aussi pour montrer que ce second opus ne cherche pas non plus à se coller au premier. Pourtant on retrouve pas mal de point communs hormis la narration, surtout avec le personnage de Christian Clavier (qui fait du Clavier) et celui de Gérard Jugnot quasiment identiques. Ensuite, c'est un peu la même écriture mais avec deux bimbos, une mamie, un paresseux et des indiens. 

Si les différences de couches entre les gros sentiments et l'humour sont encore plus dissociables les unes des autres, les gags s'enchaînent de manière toujours aussi généreuses et jouissives du début à la fin. Tout fonctionne à condition d'aimer l'humour débile. Les cascades sont impressionnantes, les gags ne font pas tous mouche mais la plupart sont corrosifs et spectaculaires à souhait. Les réalisateurs ont en plus truffé le film de clins d'oeils savoureux au cinéma d'aventures et d'horreur. La mise en scène est vraiment bonne aussi, impressionnante par sa maîtrise du found footage. Le saut en parachute est une séquence brillante, même si les effets numériques risquent de mal passer les années. 

On ressent finalement une copie un peu plus pâle du numéro par les ficelles qui se voient un peu plus. Cependant on prend un grand plaisir à suivre ces aventures complètement dingues avec des personnages vraiment drôles. Mention spéciale pour Valérianne de Villeneuve en mamie très drôle. Le produit comique de la génération 2010 par excellence. Pour une fois que des comédies françaises sont vachardes, généreuses et surtout techniquement réussies, ce serait vraiment dommage de passer à côté. 

Note : 7 / 10