lundi 21 septembre 2015

Marguerite



Réalisation et scénario : Xavier Giannoli
Due : 2 h 
Interprétation : Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Denis Mpunga...
Genre : Demi classique. 

Synopsis

Dans le Parls des années 20, Marguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d'opéra. Elle chante dans un petit cercle d'habitué mais personne n'ose lui dire qu'elle chante terriblement faux. Quand Marguerite cherche à faire un récital dans un véritable Opéra, tout se complique. 

Le film de Xavier Giannoli possède pour moi autant de qualités que de défauts, et pour le coup je suis assez partagé. Dans l'ensemble c'est un film qui a un sujet plus passionnant que le film en lui-même. On se retrouve dans un film cruel à l'ancienne comme l'aimerait Billy Wilder mais avec un peu de comédie italienne dedans. Dommage que le scénario s'épuise vite au niveau de la cruauté et de son cynisme de départ. Dommage également que le cinéaste s'acharne à suivre ses chapitres et organiser son film sur une trame tragique trop proche de l'Opéra. Cela en devient presque ridicule sur la fin. L'ensemble du coup est plus distrayant qu'intense et virtuose. 

Je vais commencer par les grandes qualités du film. C'est avant tout le sujet qui est excellent. Je comprend pourquoi il plaît et il a plu au cinéaste. On retrouve le thème de la célébrité qui lui est cher, dans un monde hypocrite et cruel, à l'image de l'Homme et de la société. où personne n'ose avouer et s'exprimer et préfère profiter à se faire de l'argent facile. Marguerite possède également la qualité de n'être jamais mièvre et possède de très bonnes scènes tout comme une interprétation remarquable. Plus particulièrement de Catherine Frot et Michel Fau, qui font à eux deux portent le film dans le ventre mou. On notera également une superbe séquence d'introduction à la risée d'un Robert Altman et Milos Forman réunis qui brosse et traite parfaitement le sujet. 

Dommage qu'après une demie heure, le scénario s’essouffle et stagne jusqu'à la fin. Il se débarrasse  de certains personnages présentés dans l'introduction; comme dans une série. Il s'accroche à ses chapitres de manière assez décevante et rallonge les scènes, ce qui dilue la dénonciation et la cruauté du sujet. Heureusement que certaines scènes de répétitions sont drôles et plutôt bien écrites car le film nous dépeint une histoire d'amour qui manque de panache et d’ambiguïté. Marguerite est présentée comme une femme monstrueuse par son mari alors qu'elle ne l'est absolument pas, mi même complètement pathétique d'ailleurs. Le scénario manque d'enjeu et se repose sur un comique qui finit par manquer de noirceur, de crédibilité, un peu comme du Billy Wilder coupé à l'eau. 

Billy Wilder parlons en, et en particulier de Boulevard du Crépuscule. Tout au long du film j'ai eu l'impression de suivre une pâle copie du film de Wilder, même si la relation entre le majordome et sa maîtresse est ici à la base plus cynique. J'ai trouvé les références mais pas le talent derrière la caméra et l'écriture. Après une belle introduction, Giannoli illustre plus son scénario qu'il ne met en scène son film. La forme reste soignée mais parfois est bizarrement maladroite avec des défauts un peu surprenants. Par exemple des scènes d'opéra en play back ratées quand ce n'est pas Catherine Frot ou encore la mise au point de la photo sur une bonne partie des plans.  

Catherine Frot trouve ici son premier grand et meilleur rôle de sa carrière. Elle a un personnage intéressant mais hélas pas assez développé et fort, comme le film. Dommage que le script n'aille pas plus loin dans sa démarche. Une demie heure en moins aurait je pense été plus pertinent. Le scénario est composé de pas mal de remplissage et d'une mise en scène qui manque de décoller. Je salue tout de même la qualité des dialogues. Je sais que Giannoli est un fan de Martin Scorsese, d'ailleurs je ne connaissais que son fameux Blow Up sur Arte sur le cinéaste avant de voir ce film. Il utilise un morceau de musique d'Aviator sur la scène de suspense finale mais hélas il n'atteint pas la cheville de La Valse des Pantins qui doit sans doute être une de ses grandes références

Je recommande ce film tout de même assez distrayant et avec de très bons moments. Les fans comme moi de Catherine Frot vont aimer ce biopic différent de ce que l'on voit d'habitude de nos jours. Le film aurait pu être bien mieux et aurait pu être un classique avec un scénario plus intense ou/ et une véritable mise en scène. Attendons de voir la version américaine de Stephen Frears avec soi disant Meryl Streep dans le rôle titre. Film à Oscars en vue comme il y a Meryl mais en attendant pour Catherine Frot elle peut largement décrocher le César. Elle le mérite. 

Note : 6 / 10 

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