lundi 29 décembre 2014

Whiplash




Réalisation et scénario : Damien Chazelle
Durée : 1 h 45
Interprétation : Miles Teller, J.K Simmons, Paul Reiser...
Genre : Rocky fait de la zick chez Kubrick

Synopsis :

Andrew, 19 ans, a pour objectif de devenir un des meilleurs batteurs de Jazz. Il entre dans une école prestigieuse où la concurrence est rude, surtout sous la direction du professeur Fletcher, qui a des méthodes tyranniques. 

Avec Whiplash, on pense à un Rocky dans le domaine de la musique où plane du début à la fin la force de la première partie du film de Kubrick Full Metal Jacket. Le cinéaste réussit avec une formidable mise en scène et deux acteurs époustouflants à tenir la tension et l'ambiguïté jusqu'au coup de cymbale final.

Je dirais qu'il n'était pas trop tôt de retrouver l'excellent J.K Simmons dans un rôle important. Et quel rôle ! Il retrouve un personnage presque aussi terrifiant que dans la série OZ qui lui a donné une véritable notoriété. En face de ce monstre le jeune Miles Teller a le talent de répondre présent tout en sobriété et avec une aisance particulièrement bluffante. Ces deux personnages sont le moteur principal du film. Autour d'eux le cinéaste avec un montage sans failles arrive a créer plusieurs morceaux de bravoures collés les uns aux autres. Sans temps morts, le scénario très simple possède une ambiguïté permanente quant à la philosophie du professeur Fletcher de pousser à bout les gens pour en tirer le meilleur. Dommage que tout ne soit pas uniquement concentré uniquement là dessus car les autres pistes abordées ne sont pas aussi réussies et paraissent un peu vaines. Cette relation entre l'élève et son professeur dégage un sadisme aussi virevoltant qu'ambigu qui fait toute l'originalité et force de ce film.

Heureusement ces petites touches classiques sont assez brèves et nous permettent de faire quelques pauses permettant de mettre en valeur les scènes de batterie qui sont tout bonnement géniales. Filmé comme un combat épique de gladiateurs, les coups remplacés par des notes, on passe de la transpiration par du sang, les coulisses de cet univers est particulièrement saisissant et très bien rendu à l'écran. Le montage est parfait comme un film de Fincher. On notera en plus une superbe photographie donnant un cachet supplémentaire à ce grand film. La mise en scène bouge sans cesse dans un tempo lui aussi musical, les mouvements ainsi que le choix du découpage des plans sont très vivants et particulièrement soufflants. En gros ça déménage dans tous les duels, toutes les tensions et les épreuves qui font naître les conflits. Ensuite les petites parenthèses psychologiques et émotionnelles sont peut être trop classiques à côté pour faire de Whiplash un coup de poing absolument magistral. Ces petites touches restent tout de même suffisamment sobres pour ne pas casser le rythme et le ton du film. C'est le plus important.

Le cinéaste capte merveilleusement les silences, la force des tensions psychologiques ainsi que l'acharnement d'un artiste pour être reconnu dans son milieu pour mieux faire ressentir au spectateur la place d'Andrew. De très bons dialogues désamorcent ce qui formellement aurait pu être pure terreur. Le côté clinique un peu lisse qui aurait pu s'installer de manière bien plus percutante dès le départ mais le cinéaste préfère vite garder la violence en toile de fond et mettre en avant la relation impalpable entre Andrew et le professeur jusqu'à sa fin ouverte. Côté mise en scène on peut penser au classicisme et à l'efficacité de Sidney Lumet en très grande forme. Sachant que ce n'est que son second film, c'est plus que prometteur et ce sera dur d'assurer la tournant pour lui. La violence est donc palpable dans le fond du film mais le scénario ne cherche pas à la faire exploser comme la plupart des films. La grande originalité de ce film est de faire monter la violence par petites touches dans la forme, avec les exploits physiques et son montage. A défaut d'être cisaillante, visionnaire et continuellement ample l'écriture est sobre et bien distillée ancrée dans un crescendo aussi régulier qu'un métronome. Exactement conçu comme un morceau de musique le script évite le machiavélisme facile ponctué habituellement de moments forts assez tape à l'oeil. La dernière scène est bien sûre la meilleure et laisse à penser à l'idéologie du professeur. On en ressort donc un peu avec une pointe d'amertume en bouche particulièrement plaisante et trop rare de nos jours.

Loin du magnifique Bird de Clint Eastwood ou d'Autour de Minuit de Bertrand Tavernier, vous n'êtes pas obligés d'être fan ou grand amateur de Jazz pour savourer ce dernier grand film de l'année 2014 qui vaut le déplacement en salles. Au contraire c'est plutôt accessible pour tous, simple et très efficace. Whiplash porte bien son nom, un "coup de fouet" qui en fait un des meilleurs films de l'année 2014. Une bien belle façon de clôturer cette riche année.

Note : 9,5 / 10


dimanche 28 décembre 2014

Lenny



Réalisation : Bob Fosse
Scénario : Julian Barry
Durée : 1 h 50
Interprétation : Dustin Hoffman, Valerie Perrine, Jan Miner...
Genre : Biopic modèle

Synopsis

Après la mort de Lenny Bruce, comique reconnu et controversé des années 60, un intervieweur recueille les témoignages des proches pour tenter de retracer sa vie. Lenny Bruce était un provocateur admiré particulièrement pour ses discours cinglant sur la société bien pensante des États-Unis à l'époque. 

Je suis particulièrement un grand admirateur de Bob Fosse. C'est en revoyant une seconde fois Lenny après une dizaine d'années que je m’aperçois à quel point il était un formidable cinéaste en plus d'être le meilleur dans le septième art a montrer l'art de la chorégraphie. Avec ce biopic Fosse s'éloigne de son milieu et signe un modèle du genre porté par un Dustin Hoffman simplement au sommet de son talent une nouvelle fois. Un cinéaste et un acteur au diapason qui vaut absolument le visionnage. 

On peut penser au formidable film de Milos Forman Man on the Moon quand on évoque le biopic d'un comique controversé. Si c'est dans un autre registre la réussite est tout aussi bonne. Lenny a plus la démarche d'un documentaire fictif très adroitement écrit qui nous montre une facette d'un homme particulièrement instable émotionnellement, torturé, complexe et incroyablement intéressant artistiquement. On retrouve comme pour Que le spectacle commence une véritable authentification de Bob Fosse au personnage principal qui ne manque pas de faire penser aux coulisses du milieu artistique de manière générale.

Avec une magnifique photographie noir et blanc ( signé par Bruce Surtees directeur de la photographie de Siegel, Eastwood et même Fuller) le film possède une ambiance particulièrement réussie sur le monde bien connu de Fosse. La bande son est une nouvelle fois sublime elle aussi. Le personnage interprétée par Valérie Perrine peut paraître assez stéréotypé au départ mais se révèle vite remplie de subtilités et de nuances. Elle est touchante et particulièrement éblouissante quand Dustin Hoffman ne lui vole pas l'affiche. Car c'est effectivement Dustin Hoffman qui est le moteur également du film par son interprétation électrique et d'une force constante qui nous scotche du début à la fin. Même si avec la masse de biopics que nous avons vu depuis ces dernières années nous ont montrés beaucoup de bonnes choses et peuvent rendre plus banal le traitement de ce film, on ne peut que saluer le rôle le plus impressionnant de l'acteur. Dustin Hoffman a toujours su choisir des rôles, des films et des cinéastes excellents qui sont les plus grands du cinéma des années 60/70.  Lenny n'échappe pas à la règle sauf qu'il est moins reconnu que certains.

Le show de l'acteur est digne de Jim Carrey dans Man on the Moon ou de Robert De Niro dans La valse des pantins, en totale adéquation avec la psychologie et le script. L'interprétation dense et impalpable du comédien est absolument sensationnelle. Quant au film autour il est de très bonne facture bien entendu. C'est un biopic court, bien rythmé et bien plus qu’atmosphérique car il possède une peinture, un témoignage passionnant sur la liberté d'expression. Sur ce sujet toujours d'actualité, cette mise en lumière d'un artiste, d'un comique peu connu en France Lenny vaut assurément le coup d’œil. 

Peu connu et ressorti en salles il y a peu de temps, je recommande cette pépite injustement  oubliée de Bob Fosse, ne serai-ce que pour tous les fans de Dustin Hoffman. 

Note : 9,5  / 10

La dévédethèque parfaite :

Man On The Moon de Milos Forman, Que le Spectacle commence de Bob Fosse, La Valse des pantins de Martin Scorsese. 

lundi 22 décembre 2014

Leviathan



Réalisation : Andrey Zviaguintsev
Scénario : Oleg Negin et Andrey Zviaguintsev
Durée : 2 h 20
Interprétation : Alexeï Serebriakov, Roman Madianov, Elena Lyadova...
Genre : Festivalier 

Synopsis :

Vadim Cheveliat, maire d'une petite ville en bord de Barents au Nord de la Russie, souhaite récupérer la maison et le garage de Kolia. Ce dernier ne compte pas se laisser faire car cela représente toute sa vie. Le Maire s'avère devenir violent, les ennuis commencent pour Kolia...

D'abord curieux pour le prix du scénario que le film a obtenu à Cannes, Leviathan s'avère être également dénonciateur de la Russie actuelle et la politique de Poutine. La démarche vaut donc le coup d'œil tout comme la noirceur en crescendo bien amenée par une mise en scène sublime. Mais c'est plutôt la mise en scène qui méritait d'être primé à la place du scénario car l'écriture manque de corps et de chair au squelette composé uniquement de clichés. Grâce à la technique et le savoir faire Russe une nouvelle fois brillant, le film fonctionne mais s'avère ne pas posséder un scénario à la hauteur.

Il faut d'abord une heure pour que l'intrigue démarre et constater l'intérêt du scénario à déclencher une descente aux enfers de la vie de Kolia. Les clichés, particulièrement en acier trempés, n'aident pas le film à faire décoller tout le lyrisme attendu et le style d'écriture manque de teneur, de liant entre les scènes et les genres ce qui rend le film plat. C'est bien dommage car le film ne prend que trop peu à la gorge, il ne diverti que la rétine de nos yeux. Par petites touches trop éparpillées la noirceur grimpe lentement mais qui aurait été plus efficace et pertinente pour un film d'une heure et demie. On reste bercé par les beaux paysages, la belle direction des acteurs, une bande son de Philip Glass inspirée et surtout un sens magistral de la mise en scène. Si seulement on avait des écoles de cinéma de ce calibre en France...

Le scénario n'est donc pas à la hauteur et ne fait que jeter un pavé dans la mare. Voilà un film tout à fait festivalier qui fonctionne pas si mal mais qui ravira surtout la presse et les Jurys. C'est réussi dans la volonté, même la forme mais la démarche et le traitement s'essouffle beaucoup trop vite et la mise en scène meuble tout. Cinématographiquement Leviathan est avant tout un film de mise en scène, le cinéaste s'inspire des contes du Pays, seulement pas grand chose ne se dégage niveau ton autre que cela. Comme si la grosse mise en scène technique étouffait, collait au sol toute l'âme du scénario et rendait les coutures apparentes. Essentiel à voir pour sa démarche politique, pessimiste et particulièrement noire ce film est tout comme le film A cappella de Lee Sujin sorti cette année également en Corée du Nord, dans la même veine. Seulement on a vu bien plus intéressant et plus palpitant niveau scénario que ce traitement scolaire, fade et trop classique pour être conquis. 

Leviathan manque d'un scénario à la hauteur de sa mise en scène qui belle et magistrale. Au final on savoure les personnages de ce film trop long étant donné qu'il n'a pas grand chose à raconter.


Note : 5 / 10

dimanche 14 décembre 2014

Le sel de la Terre ( The Salt of the Earth )





Réalisation : Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado
Scénario : Wim Wenders, David Rosier et Juliano Ribeiro Salgado
Montage : Maxine Goedicke et Rob Myers
Durée : 1 h 50
Intervenants : Sebastiao Salgado, Juliano Ribeiro Salgado, Wim Wenders...
Genre : Chef d'oeuvre

Synopsis :

Portrait du photographe Sebastao Salgado qui depuis plus de quarante années parcourt le monde sur les traces d'une humanité en pleine mutation. Sa vie et son travail nous sont révélés par le photographe lui-même ainsi que son fils, co réalisateur du film et de sa femme.

« Un photographe est quelqu'un qui écrit avec la lumière... » ainsi commence le fascinant portrait de ce photographe que je ne connaissais pas du tout avant de voir ce documentaire vraiment sublime. Le révérend Wim Wenders en admiration sur le photographe nous offre un portrait très classique dans le fond comme dans la forme en mettant toujours en avant le témoignage rempli de grâce de cet artiste. Un documentaire émouvant et terrifiant à la fois.

On pourrait craindre l'ennui par une voix off qui commente de sublimes photos en noir et blanc. Cette crainte est très vite oubliée tant le photographe avec son accent franco brésilien est passionnant par la clairvoyance, la subtilité et la force de son discours. Son tact et sa philosophie est celle d'un aventurier passionné et respectueux de la Nature et du monde entier. Avec beaucoup d'humanité, il raconte son métier de photographe, sa vision du monde et de ses différentes œuvres. Souvent poignant lors de ses différents périples proches des conflits, génocides son témoignage porte une grâce intense et d'une grande émotion tout le long.

Bien loin d'un travail journalistique, sa démarche est un témoignage unique et essentiel sur notre planète. Si la fin de de son oeuvre se termine sur une note plus optimiste avec la reforestation du Monde et la beauté de la nature, Salgado a parcouru les horreurs aux quatre coins du Globe et comme il le dit, a eu son âme brisée. Il commente avec des anecdotes touchantes des images parfois très dures, des images sont extrêmement puissantes émotionnellement. Ce grand photographe est également un Homme d'une grande humilité qui rend son travail encore plus magnifique. Ses photos elles nous choquent d'une empreinte indélébiles avec un crescendo émotionnel particulièrement fort et intense.

A l'image de sa démarche, du personnage ce documentaire est un témoignage bouleversant. Tout est passionnant, sans jamais être racoleur et dépourvu totalement lourdeurs sur l'écologie. Bien au contraire, Salgado rend hommage de manière sublime à la planète sur laquelle nous vivons. Vous n'en sortirez pas indemne de ce portrait. Un moment fort et inoubliable de toute beauté, que je dirai même d'essentiel à voir et posséder. 


Note : 10 / 10

samedi 13 décembre 2014

The Search



Réalisation et scénario : Michel Hazanavicius
Durée : 2 h 10
Interprétation : Bérénice Bejo, Annette Bening, Maxim Emelianov, Abdul Khalim Mamatsuiev...
Genre : Requiem pour un essai

Synopsis :

En 1999, lors de la seconde Guerre de Tchétchénie, trois destins de personnages dans les différents camps vont plus ou moins se croiser.

Jusqu'alors au cordeau dans la comédie, Michel Hazanavicius s'essaie dans un domaine où l'on ne l'attendais pas, le drame et le film de Guerre. Le projet est ambitieux, beaucoup trop hélas car le cinéaste dans les parties dramatiques est peu convaincant. Sans être mauvais pour autant, il n'est pas transcendant et a donc du mal à faire un film avec du corps et de l'esprit.

Au final un peu comme une narration des films à la Innaritu, The Search est un film de manière générale bien rythmé et sans vraiment de longueurs. Seulement le film est constamment à la limite du ridicule et du film d'auteur trop respectueux. Aucune scène ne marque vraiment, on ne retient aucun morceau de bravoure tant les scènes manquent de profondeurs et sont lisses. Pourtant le scénario est assez intéressant. Dès le départ il part sur le traumatisme et sera présent du début à la fin avec deux jeunes acteurs des deux camps formidables. Le script s'étale dans un aspect documentaire plutôt adroit et même sur le côté plus humain avec le personnage de Carole ( Bérénice Bejo). C'est plutôt vain mais pas mal fait, Hazanavicus est toujours un bon faiseur. 

Par ses intentions on pense au chef-d'oeuvre Requiem pour un massacre d'Elem Klimov par moment sauf que The Search ne prend pas du tout aux tripes. Il intéresse plus qu'autre chose uniquement par son sujet. D'ailleurs si le scénario est très manichéen, les non-dits équilibrent la balance pour laisser au final assez songeur. Exprès pas exprès ? Aucune idée mais le résultat est plus harmonieux que le plaidoyer pur et dur. Tout le long on flirte avec le pathos mais sans jamais trop y rentrer dedans avec une certaine sobriété bienvenue, bien loin heureusement comme pourrait le présager la très mauvaise bande annonce du film.

The Search est une prise de risque avec beaucoup de défauts pour en faire un bon film. Seulement on ne peut pas dire que cela soit mauvais mais plutôt une tentative, une ambition trop sage le tout principalement porté par sa bonne volonté en traitant une guerre peu médiatisée. Le cinéaste est beaucoup plus virtuose dans la comédie mais cette tentative reste honorable est bien plus osée que son précédent film The Artist dans sa démarche. Dans les deux cas, le cinéaste est encore bien trop respectueux et manque toujours de cachet d'auteur. Tout se repose sur son beau savoir faire trop classique et lisse.  

Si dans The Search aucun des genres et des histoires ne prennent les dessus les uns sur les autres, tous s'avèrent trop fade pour marquer le spectateur. Fade sans pour autant être mauvais, le cinéaste signe à la démarche respectable et bien intentionné dans le fond. Loin d'être un chef d'oeuvre et un navet, ce film ne mérite pas si peu de succès en salles. On a vu des films bien pires, mais hélas pour le cinéaste d'OSS bien mieux chez des cinéastes comme Ken Loach qui mettent de la grâce dans leurs œuvres. 

Le titre du film à l'air d'avoir été inspiré du film de Fred Zinnemann Les anges marqués (The Search) que je n'ai pas vu, à voir si Hazanavicius s'en est beaucoup inspiré outre son titre et son sujet similaire. Voilà au moins l'occasion de conseiller de voir ou revoir le film d'Elem Klimov, un des meilleurs films de guerre que j'ai visionné. 

Note : 5 / 10



mercredi 10 décembre 2014

Top 10 des films à voir ou revoir pour Noël



Le début de décembre est bien entamé et Noël arrive à grands pas. On veut tous passer une bonne fin d'année auprès de nos proches dans la joie et la bonne humeur, en attendant les cadeaux au pied du sapin. Au coin du feu, nous pouvons parfois nous retrouver devant l'écran, afin de partager des moments conviviaux et confortables ensemble.

LE film référence de cette période reste bien entendu le film d'Henry Selick à la sauce Tim Burton, L'étrange Noël de Mr Jack. Inutile de rappeler que Disney est directement relié à la magie de Noël tant la magie et la féerie sont les ingrédients de base de leurs dessins animés. Cette période est une bonne occasion de revoir les grands classiques si vous ne les connaissez pas déjà tous par cœur. De même pour Pixar et pour la plupart des films d'animation de chez Dreamworks, Sony ou encore Aardman. Ces derniers sont généralement de bonne facture et assurent un bon moment de divertissement familial.

Je pense ensuite aux sagas qui fonctionnent toujours, comme Star Wars, Retour vers le futur, Indiana Jones, Harry Potter, Le seigneur des anneaux, Gremlins, SOS Fantômes, La famille Adams, Rocky, Terminator, Alien, L'inspecteur Harry ou encore Spiderman pour ne citer qu'eux. Je pense aussi à la filmographie de Tim Burton car celle-ci possède beaucoup d'enchantement et de féérie. Très souvent (presque une année sur deux) à Noël, Arte refait à juste titre une rétrospective des films de Charlie Chaplin. Voilà une occasion de voir et revoir des véritables chefs-d'œuvres du cinéma que même les petits comprendront.

Les plus cinéphiles reverront peut-être du Ernst Lubitsch et pour les plus terre à terre du Billy Wilder pour rester dans l'esprit. Les plus téméraires profiteront certainement de leurs vacances pour revoir quelques films de Léone, Kubrick, Polanski, Hitchcock, Scorsese, Spielberg, Lumet ou encore Altman. J'en oublie bien sûr mais chacun connaît ses grands classiques.

Voici donc une petite liste exhaustive de dix films que je conseille pour passer de bons moments en famille :



10 – Paddington de Paul King (A partir de 5 ans)

Le seul de cette sélection actuellement en salles et qui m'a donné l'idée de faire cet article. Cette comédie très british ne révolutionne rien dans le genre mais excelle dans le savoir faire du divertissement familial. Tout fonctionne parfaitement sur tous les tableaux. Un film familial saupoudré d'un humour anglais pour le moins irrésistible. Très beau film de cette fin d'année 2014 que je recommande fortement.






9 – Matilda de Danny De Vito (A partir de 5 ans).

Roald Dalh a un univers charmant et inspire particulièrement les cinéastes comme Mel Stuart, Tim Burton, Wes Anderson ou encore Henry Selick. On oublie assez souvent Danny De Vito dans son rôle de cinéaste. Avec Matilda il signe un film familial qui reprend de manière fidèle et avec une certaine efficacité la force du livre. Le scénario très bon et la mise en scène au classicisme réjouissant insufflent un humour féroce, un peu comme il a pu le faire avec son premier film La Guerre des Roses. Excellent film tout public impeccable à voir ou revoir durant les fêtes en famille. Possible qu'il repasse en plus sur les chaînes de la TNT.






8 – Le père Noël est une ordure de Jean- Marie Poiré. (A partir de 10 ans)

Noël sans ce film, ce n'est plus Noël. Tout est culte dans ce film écrit par l'équipe du Splendid ici au sommet de leur talent. Également pour Jean-Marie Poiré ici qui n'a hélas plus jamais été aussi en forme. On regrette trop souvent le manque de style vachard dans les comédies, nous voilà particulièrement servis ici. Un classique de la comédie française indémodable et incontournable qui comme chaque année passera à la télé.






7 – Fievel et le nouveau Monde de Don Bluth (A partir de 5 ans)

Tout comme le second opus qui se déroule au Far West, les aventures de Fievel est un formidable dessin animé destiné aux plus jeunes qui ne manquera pas de parler les adultes. Le rêve américain est revu à l'échelle des souris de manière drôle et touchante. C'est intelligent, subtil et mené avec rythme et beauté tout le long. Vraiment un excellent dessin animé qui vaut le coup d'œil qui plaira assurément aux petits et grands. Une production Spielberg très bien justifiée.






6 – Hugo Cabret de Martin Scorsese (A partir de 8 ans)

Quand il est sorti au cinéma, la 3D était magnifique. Le film l'est tout autant si ce n'est plus par la forme somptueuse dont le cinéaste nous offre du cinéma particulièrement enchanteur. Scorsese filme avec une féérie et une candeur proche du cinéma de Spielberg. On retrouve dans la seconde partie un hommage merveilleux à Georges Méliès. Les cinéphiles seront donc ravis, surtout qu'une nouvelle fois Scorsese partage son talent absolu de metteur en scène et son amour pour le cinéma. Pour ma part cela à été très communicatif et de manière un peu plus objective c'est un très beau film qui ravira petits et grands.






5 – Grease de Randal Kleiser (A partir de 10 ans)

Un incontournable de la comédie musicale et de la bonne humeur qui donne envie de swinger. On retrouve John Travolta dans un film du bon faiseur Randal Kleiser. Ce dernier a signé par la suite Croc Blanc avec Ethan Hawke, un film Disney plutôt bon aussi et qui pourrait aussi figurer dans le top. Une comédie musicale parodique qui étonnement pour un film des années 80 ne vieilli absolument pas, notamment grâce à son côté kitsch assumé qui rend le style si atypique. Les chansons sont cultes, l'ambiance et l'époque immortalisées.






4 – Cinema paradiso de Giuseppe Tornatore (A partir de 8 ans)

Porté tout le long par la sublime musique d'Ennio Morricone, le film de Giuseppe Tornatore est d'une très grande beauté sur la vie, le cinéma ainsi que les relations humaines dans une société qui évolue dans le temps. Le film est ressorti il y a un an dans sa version originale plus longue d'une demie heure que je ne recommande pas forcément. La version coupée enlève l'histoire d'amour et se concentre sur l'essentiel alors autant en profiter. Un film qui a bercé mon enfance que je ne saurai que recommander tant la musique et les thèmes sont touchants. Philippe Noiret et le jeune Salvatore Cascio resteront dans votre mémoire après avoir vu cette merveille de film, tout comme la séquence finale d'une émotion intense.






3 – E.T l'extra-terrestre de Steven Spielberg (A partir de 8 ans)

Dans la franchise du cinéma de Spielberg, je pense qu'E.T est le film le plus culte de tous qui plaira toujours aux petits et aux grands enfants (ou petits adultes). Comment ne pas être touché par ce conte du cinéma absolument culte qui a et continue d'émerveiller des millions d'enfants ? Spielberg a trouvé la formule magique du cinéma commercial à la fois poétique et touchant. Un chef d'œuvre absolu qui pour ceux qui sont équipés d'un lecteur blu-ray pourront le redécouvrir avec une image somptueuse grâce a une nouvelle édition que je recommande fortement.






2 – Mary Poppins de Robert Stevenson (A partir de 5 ans)

Film Disney incontournable qui enchantera encore et encore des générations d'enfants et d'adultes pendant des années. C'est normal, Mary Poppins représente la magie des grands classiques Disney avec le savoir faire des grandes comédies musicales d'antan. Émerveillement pour les plus jeunes, la nostalgie en plus pour les plus anciens, comment résister a une rediffusion de ce classique intemporel ? Certes un peu long mais tellement beau et féerique qu'on reprendra bien une autre part du gâteau. Comme pour le film de Spielberg, une récente restauration donne un coup de jeune au film et notre rétine en est encore plus subjuguée. C'est pour cela que je recommande l'achat du blu ray.






1 – Paulie le perroquet qui parlait trop de John Roberts (A partir de 5 ans)


Première place pour un coup de cœur particulier que je souhaite faire redécouvrir ou plutôt faire découvrir étant donné sa petite renommée. Cette production Dreamworks est un fabuleux conte qui m'a toujours particulièrement touché. Destiné aux enfants, Paulie, cet attachant perroquet trop bavard emballera également les adultes tant l'écriture est délicate et sensible. On notera la présence de Gena Rowlands et Tony Shalhoub. Tendre et touchant, une fois visionné ce film sans prétention restera sans aucun doute dans les mémoires de tout les (grands ?) enfants. Avec l'envie d'avoir un perroquet en prime.

Bon visionnage et bonnes fêtes à toutes et à tous !

Paddington



Réalisation et scénario : Paul King
Tiré des albums de Michael Bond.
Durée : 1 h 30
Interprétation : Ben Whishaw, Hugh Bonneville, Nicole Kidman, Jim Broadbent...
Genre : Bien léché

Synopsis :

Paddington est un jeune ours péruvien fraîchement débarqué à Londres à la recherche d'un foyer. Il réalise vite que la ville n'est pas aussi accueillante qu'il ne se l'imaginait. Il rencontre la famille Brown et devient progressivement un membre de la famille.

Si vous cherchez un film pour cette fin d'année à voir en salles avec vos proches, petits et grands, courrez voir Paddington ! Comme peut l'être la série Sherlock dans le genre policier, ces aventures de ce petit ourson bien léché sont une fois de plus une véritable démonstration "so british" pour notre plus grand plaisir.

Si le fond ne renouvelle en rien le genre, c'est assumé autant par le scénario, le cinéaste et même les attentes du public. La leçon vient donc surtout une nouvelle fois de la redoutable efficacité dans la forme du film. Que ce soit les dialogues, la mise en scène, les gags, les moments d'émotions et les clins d'oeil absolument tout est au diapason. Tout est à savourer sans modération sur un rythme trépidant de fraîcheur et avec une bonne humeur contagieuse. Avec un humour anglais particulièrement inspiré pour notre plus grand plaisir, le film possède le savoir faire et la maîtrise total des ingrédients du genre. On ne s'ennuie pas une seconde, tout est bon enfant sans être trop sucré : une vraie pâtisserie de luxe aux grandes saveurs !

Si les effets numériques ne passerons peut-être pas très bien les années, tout le reste restera intemporel. On retrouve un peu le savoir faire de l'âge d'or des comédies noires anglaises mêlé au style de Wes Anderson avec un sens de la dérision et de l'émotion virtuose. J'ai particulièrement aimé la façon dont le scénario fourmille d'humour aux différents degrés, comme un Dreamworks en très grande forme. Le film enchaîne des scènes humoristiques très poilantes (comme dans les archives avec Mr Brown travesti face à l'agent de sécurité) et les moments d'émotions plus douces et sensibles. La narration est tellement cousue de fil blanc que le cinéaste a la bonne idée et le parti pris d'en faire prendre le chemin parodique et ça fonctionne au cordeau. Il joue même sur l'image de Nicole Kidman (excellente en taxidermiste mode Cruella) pour notre plus grand plaisir. Ben Whishaw ajoute une certaine fragilité à l'ourson avec sa voix plus jeune. Il a la voix idéale et je pense mieux que l'aurait fait comme initialement prévu Colin Firth, plus âgé. En VF Gallienne doit assurer, il avait fait en début d'année un Mr Peabody parfait.

Paul King signe un film familial impeccable et surtout qui fait du bien. Il comblera les attentes autant des cinéphiles que la plupart des spectateurs simplement en recherche de divertissement. Ils en auront même plus car même si Paddington est un ours, il y a tout de bon dedans ! C'est le remède idéal contre la crise et le coup de blues ! Un régal. 


Note : 9 / 10

mardi 9 décembre 2014

Respire



Réalisation et scénario : Mélanie Laurent
adaptation libre du roman éponyme d'Anne Sophie Brasme
Durée : 1 h 30
Interprétation : Joséphine Jamy, Lou de Laâge, Isabelle Carré...
Genre : Scolaire

Synopsis :

Charlie est une jeune fille plutôt réservée de dix sept ans. Elle devient rapidement amie avec Sarah une nouvelle élève beaucoup plus extravertie qu'elle. Leur amitié naissante ne va pas tarder à devenir chaotique...

Mélanie Laurent est un peu comme Xavier Dolan. Ils sont aussi hyperactifs qu’insupportables tous les deux mais ont du talent. Comme pour Mommy, Respire possède une interprétation excellente (vous me direz c'est souvent la force des films réalisés par des acteurs de métier) mais tout reste souvent trop anecdotique et scolaire pour décoller. L'exercice de style ne fonctionne donc pas vraiment.

Bonne nouvelle Mélanie Laurent ne se regarde pas filmer et c'est plutôt bien. Elle veut même repousser les clichés psychologiques et rendre ici le Thirteen de Catherine Hardwicke dans l'air du temps. Après une longue première heure où l'humour est en première loge, le film vire de manière assez attendue au drame et au thriller psychologique. Dommage que la mise en scène et le scénario (tous les deux trop anecdotiques) se reposent que sur les actrices et leur talent incontestable sur les tensions installées. De manière générale déjà vu plus fort et original ailleurs. Notamment dans le film de Catherine Hardwicke ou Harry un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll.

La première partie est assez fraîche niveau dialogue et présentation des personnages mais manque vraiment de ton dans la mise en scène. Du coup c'est vite ennuyeux et trop insipide. La seconde, soit la dernière demie heure, est plus soignée et rythmée mais manque le trouble et l'originalité nécessaire pour surprendre. Ce qui fait un exercice de style plutôt loupé, l'impression que la réalisatrice se cherche dans les styles. Ce qui est un peu frustrant au final surtout sur un sujet si large et ample que la perversion narcissique.  


On retrouve Isabelle Carré comme toujours impeccable face à ces deux jeunes révélations qui ont du talent à revendre. Si Josephine Jamy a un petit air de Mélanie Laurent, on peut clairement remarquer que Lou de Laâge ressemble à une Léa Seydoux talentueuse, soit capable d'articuler et offrir au spectateur plus de deux rictus. Le temps nous dira si Mélanie Laurent saura devenir une cinéaste plus personnelle et moins anecdotique. 


Note : 5 / 10

lundi 8 décembre 2014

Mr Turner



Réalisation et scénario : Mike Leigh
Durée : 2 h 25
Interprétation : Timothy Spall, Paul Jesson, Dorothy Atkinson...
Genre : Lumineux

Synopsis :

La vie artistique et sentimentale du peintre anglais William Turner (1775 – 1851).


On avait quitté Mike Leigh il y a quatre (longues) années avec son chef d'oeuvre désenchanté Another Year, le revoilà avec un biopic sur une véritable institution de le peinture anglaise William Turner. Plus académique et sobre de son style habituel, la forme est d'une beauté absolue mais le cinéaste ne signe pas pour autant le grand chef-d'oeuvre espéré.

Même si c'est beau, on s'ennuie parfois car le film manque d'un peu de coupes au montage pour être plus tranchant. Ce qui n'empêche pas cependant au cinéaste par petites touches à dépeindre avec une certaine rigueur et cynisme un artiste visionnaire en recherche permanente de renouveau à travers l'animosité apparente de Turner. Les critiques de l'époque ne suit pas ses intentions artistiques sur la fin de sa carrière comme tous  les artistes trop visionnaires. Ce sera certainement avec ces derniers, ainsi que dans les discussions de tous ces académiciens dans la galerie d'art, que le style d'écriture si unique et que j'adore particulièrement du cinéaste sera le plus présent et donc la partie la plus jouissive de ce beau biopic. Un humour qui vacille toujours entre la justesse, l'émotion et la noirceur. Même si c'est bien moins cynique et beaucoup plus sobre que d'habitude, Mike Leigh se repose pour le première fois un peu trop sur sa mise en scène doté et c'est incontestable d'une sublime photographie proche de l'oeuvre de Turner.

La bande son est excellente et donne une tension tout le long du film. Son côté assez strident et redondant donne une étrangeté de plus à ce personnage ce qui fait de Mr Turner un biopic pas vraiment comme les autres. D'ailleurs sauf une petite scène spectaculaire (sur un mât de bateau en pleine tempête) le film ne l'est absolument pas. Le cinéaste montre que les grands hommes, les artistes ou les plus grand des génies peuvent-être repoussant, antipathique et même proche de l'animal mais avec une vraie beauté, une sensibilité et démarche intérieure exceptionnelle. Comme dans la plupart des biopic les personnages principaux brillent, Thimothy Spall ne déroge pas à la règle, il n'a pas volé son prix d'interprétation à Cannes. Il est parfait dans ce rôle pour le moins atypique à l'image du film.

Avec des émotions et une dramaturgie très éloignées des clichés et de la romance classique, ce film assez hermétique au final sera plus particulièrement réservé aux fans du cinéma particulier du cinéaste de Vera Drake, même si ces derniers risquent de trouver ça long et ennuyeux. De mon côté Mike Leigh me touche toujours et j'ai été encore emballé par son travail de cinéaste comme dans l'ensemble de ses films. Si je me suis un peu ennuyé sur la fin un peu longuette, c'est toujours en beauté et savourais également sans modération le talent de dialoguistes et de directeur d'acteur du cinéaste, toujours un des plus majestueux et savoureux dans le paysage cinématographique. Si Mr Turner est un biopic un peu trop gourmand dans ses longueurs et possède un fond plus sage et festivalier que d'habitude chez le cinéaste, la démarche est toujours aussi intelligente, subtile et sensible. Un Mike Leigh épuré mais suffisamment atypique et touchant pour y jeter un œil.


Note : 8 / 10

samedi 6 décembre 2014

White God



Réalisation et scénario : Kornel Mandruczo.
Durée : 1 h 55
Interprétation : Zsofia Psotta, Sandor Zsoter...
Genre : Coup de poing

Synopsis :

Pour favoriser les chiens de race, le gouvernement inflige à la population une lourde taxe sur les bâtards. Les propiétaires s'en debarassent, les refuges sont surpeuplés. Lili, 13 ans, adore son chien Hagen. Confiés tous les deux à son père biologique après le départ de sa mère, ce dernier l'abandonne refusant de payer la taxe. Alors que Lili le cherche dans toute la ville, Hagen, livré à lui même découvre la cruauté de l'Etre Humain. Hagen forme alors une meute et se venge sur les hommes.

Assurément l'un des films les plus forts de cette année justement primé à Cannes dans la catégorie « Un certain regard ». C'est effectivement la force de ce film, le regard d'un cinéaste sur son pays, La Hongrie, mais qui peut-être également valable de manière internationale. White God fait directement référence au fabuleux film de Samuel Fuller White Dog (d'ailleurs ressorti en salles cette année) et il en a également un fond et un discours tout aussi réaliste, juste et intelligent.

Ce film est absolument terrifiant et cela dès sa formidable séquence d'introduction qui par son authenticité et son réalisme absolu balaye tout ce que l'on a pu voir dans les films horrifiques jusqu'à aujourd'hui. La mise en scène frappe très fort dès le départ. Le scénario propose ensuite une double intrigue entre Lili une jeune fille de treize ans (Zsofia Psotta est une révélation) et celle de son chien Hagen séparé par un gouvernement totalitaire. Les deux personnages ont un parcours avec des hauts et des bas, remplis de faux espoirs pour finir par se retrouver à la toute fin métamorphosé à leur manière. Un Disney Fullerisé si on veut. Traité de manière simple dans la forme et ambiguë dans le fond, le scénario est formidable dans les pistes qu'il propose à son spectateur. Cette parabole du totalitarisme est pertinente et efficace avec une hiérarchie qui donne froid dans le dos. Tous le monde a un supérieur sur son dos ainsi que des obligations qui lui enlèvent toute moralité. C'est avec une très grande organisation de ses différents thèmes que le script laisse également à se poser pas mal de questions sur l'avenir de l'Homme, des animaux, de la société, la sur population, la politique, la crise et les mesures prises en général mais surtout la peinture d'une société qui devient de plus en plus discriminatoire entre les classes. Un peu comme l'an dernier dans le fabuleux Snowpiercer de Bong Joon-Ho, le film est d'une grand richesse en tout point et d'autres visionnages s'imposent pour y déceler l'audace et la grandeur, la portée du fond de ce film que le cinéaste soulève avec l'art et la manière. De plus White God ne souffrira jamais du temps car il ne possède pas d'effets spéciaux ainsi qu'une sobriété particulièrement remarquable dans son esthétique.

Sur un rythme général mené sans temps morts, une superbe photographie, une impressionnante bande originale, le cinéaste s'avère être au diapason techniquement pour faire monter la tension ainsi que développer ses différents discours pendant les trois quart de son film. Le cinéaste maîtrise par la suite de manière bien plus incisive et frappante son merveilleux montage dans les trois derniers quart d'heure absolument grandiose et menée avec une rare virtuosité. Avec un peu de gore, il revisite le genre horrifique avec une implacable fraîcheur et fougue qui revigorerai un zombie. On peut effectivement penser à un remake canin de Spartacus mais également de La planète des singes avec une toile de fond de film d'anticipation plutôt intrigante et d'actualité, un peu comme Fahrenheit 451. Ce brillant et savoureux pot pourri fait directement au White Dog de Samuel Fuller. En plus de son message similaire mettant le doigt sur l'influence de l'Homme sur l'animal on retrouve également la violence et le pessimisme de la race humaine de manière générale. White God propose plus de sujets de manière générale que le film de Fuller mais développe moins celle du racisme et laisse à la fin la réflexion au spectateur sur toutes ces dernières.

Le film de Mandruzco oscille entre horreur, drame, émotion, thriller et psychologie durant une bonne heure au point de se demander où l'on va. On suit donc le parcours de Lili dans les tourments de l'adolescence et la descente aux enfers de Hagen. Une fois que les deux parcours finissent de presque se croiser dans une courte parenthèse de sérénité, le film se transforme rapidement en un formidable film d'horreur où tous les thèmes se rejoignent avec beauté, émotions et intelligence avec la musique comme trait d'union entre l'homme et l'animal. Le magistral dernier plan est à la fois sublime, cruel et pousse à la réflexion, à l'image de ce film sublime.

White God est un film d'horreur très intelligent et unique. C'est aussi une de ses nombreuses qualités de ne pas être purement social comme souvent dans le cinéma d'auteur. J'encourage fortement ce genre de démarche. Un ovni qui remue et prend aux tripes. Si le tout n'est peut-être pas parfait c'est du cinéma bien trop rare, si intelligent et si impressionnant que ce véritable coup de poing mérite toutes les louanges et du succès en salles obscures. Je recommande donc très fortement ce film tant qu'il passe en salles car évidemment il est bien trop peu distribué.


Note : 9,5 / 10

vendredi 5 décembre 2014

La French



Réalisation : Cedric Jimenez
Scénario : Cedric Jimenez et Audrey Diwan
Durée : 2 h 10
Interprétation : Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Benoît Magimel...
Genre : French to(o-m)uch

Synopsis :

1975. Inspiré de faits rééls, ce film raconte la lutte du juge Pierre Michel à Marseille face à la French Connection et son meneur Franck Zappa.

Après un premier long métrage original par son concept même si un peu vain dans le fond (Aux yeux de tous) pour son deuxième film le réalisateur Cédric Jimenez plonge dans le film de mafia avec un bien plus gros budget, un casting français de haute volée et surtout avec des intentions très ambitieuses à vouloir faire une fresque policière alliant action, historique, drame, psychologie et même parfois un peu d'humour.

Beaucoup trop ambitieux car au final le cinéaste échoue dans tous les registres en mettant en relief tous les clichés possibles et imaginables sur la mafia. Ajouté à cela une mauvaise direction d'acteurs, une mise en scène plate et au scénario avec de très mauvais dialogues accompagné de très grosses lourdeurs émotionnelles. Une horreur bien française où absolument rien ne se dégage outre un petit savoir faire de montage aussi banal que frustrant. Côté interprétation Benoit Magimel, Celine Sallette et à la rigueur Gilles Lellouche tiennent la route, Guillaume Gouix est le seul surprenant dans cette histoire. Les autres acteurs surjouent tous avec des accents et des intonations qui manquent cruellement de naturels. Quant à Dujardin il n'est toujours pas convaincant dans le registre dramatique  et particulièrement quand il faut mettre des mots. Seul son humour fonctionne un peu mais après c'est la véritable catastrophe, il surjoue et comme dans la dernière pub Nespresso, on dirait qu'il se marre sur chaque prise. Même Scorsese l'a prit (Le Loup de Wall Street) dans un registre comique et non un rôle dramatique.

Niveau narration rien de sensationnel, c'est linéaire mais le scénario met de l'émotion et du pathos et de manière absolument pas convaincante et qui font tâches. L'humour, le drame, l'action tout est là mais de très bas étage et absolument rien ne se démarque plus l'un de l'autre. Jimenez fait un clin d'oeil à Scorsese inoriginal et fade au début.  Rapidement ses personnages ne dégagent pas grand chose autre qu 'un divertissement larmoyant avec des grosses ficelles trop apparentes. Ajouté à cela une musique sur exploitée du début à la fin. Vraiment pas subtil. On est loin d'être dans la finesse. Tout le long j'étais particulièrement frustré de voir autant de reconstitutions pour un tel gâchis cinématographique. L'image n'est pas vraiment soignée, la mise en scène à l'image de la caméra : bancale et d'une platitude exaspérante. Même si Fred Cavayé à des scénarii encore plus mauvais et rempli de clichés inacceptables, il a plus de peps niveau mise en scène et technique. Cedric Jimenez est un peu dans le même panier que ce cinéaste, avec un talent apparemment limité et avec des scénarii exécrables. Ils auraient besoin tous les deux d'aller faire un film aux Etats Unis. 

Jean-François Richet avait américanisé et donné un morceau de bravoure avec son Mesrine (surtout le premier opus) avec notamment un Cassel impérial. La French méritait un scénario comme ce dernier, plus sobre et avec un metteur en scène plus de cette trempe aux commandes. Florent Emilio Siri aurait certainement donné de l'ampleur a tout cela comme il l'a fait pour le biopic de Cloclo. En attendant, La French se laisse suivre mais c'est le vide sidéral dans tous les domaines. On regrette et attend toujours un nouvel Henri Verneuil dans le genre ou absolument rien est comparable. Pour les fans du sujet revoyez plutôt les French Connection des cinéastes confirmés et talentueux Friedkin et Frankenheimer. La French n'est qu'un film plat et sans qualités autres que ses reconstitutions. C'est bien trop peu, cela s'apparente plus à un téléfilm mal filmé d 'une fadeur et d'un gachî particulièrement frustrant.


Note : 3 / 10