dimanche 17 juin 2018

Hérédité ( Hereditary )



Après The Vvitch et It Follows, Hereditary confirme qu'une nouvelle génération de jeunes cinéastes particulièrement prometteurs est bien en train d'émerger. Le film de genre est donc le moyen de les faire exprimer et montrer leur talent. Comme The Vvitch il s'agit ici d'un premier film d'une très grande maîtrise, avec beaucoup d'intelligence, d'idées et qui ne se contente pas de faire de l'hommage formel, chose qu'on peut reprocher à It Follows.

Une fois n'est pas coutume, pour la promo, le film est étiqueté comme un enième film d'horreur pour ados. Hérédité ne trouvera donc pas son public d'abord parce qu'il ne rentre pas dans des cases. Et quand je repense au film, c'est à la fois sa grande force mais hélas aussi sa faiblesse. J'ai eu l'impression de regarder un très bon film avec un cinéaste qui a autant de goût et d'amour pour le genre fantastique que de talent mais avec des retournements de situations qui m'ont pour le moins surpris, déroutés au point de me sortir complètement de l'histoire. A l'image de Mother d'Aronofsky l'an dernier, Hereditary est un film inclassable, une expérience mouvementée qui perturbe, dérange pour le meilleur et pour le pire le spectateur. Moins radical que le délire du réalisateur de Black Swan, ce premier film prend tout de même des libertés assez folles et inattendues qui donnent un vent de fraîcheur aux productions que l'on voit partout. Si vous vous attendiez à voir un film d'horreur avec des "jumps care" de partout ou les films comme Conjuring (que j'appelle "train fantôme") et bien Heridetary n'est pas pour vous. 

J'ai eu la sensation de découvrir un scénario avec les mélanges des genres que l'on trouve dans le cinéma coréen, ou chez Sam Raimi, réalisé avec le sérieux et parfois l'ampleur de William Friedkin. L'ensemble est un shaker déroutant avec autant de trouvailles géniales que d'énormités grossières, de clichés qui viennent enrayer la cohésion, l'unité du produit final. Du coup l'ensemble est assez hybride entre la grande réussite et le plantage. On ne peut pas reprocher au cinéaste de tenter des choses, de prendre un point de vue original, pertinent mais sans vouloir trop spoiler, je pense que le scénario manque de virtuose, de simplicité pour faire gagner de la force à l'ensemble des pistes narratives. 

Heureusement c'est formidablement bien interprété, chose qui n'est pas aisé et le cas dont les films d'horreurs. On a pas besoin de présenter Tonie Collette, comme toujours impeccable, mais la direction d'acteur est à l'image de la photographie : excellente. Même si je suis partagé, allez tout de même le voir, surtout si vous aimez le cinéma de Roman Polanski et de William Friedkin, des classiques du genre comme Les innocents de Jack Clayton ou The wicker man de Robin Hardy et des films beaucoup plus dramatiques comme The Ice Storm d'Ang Lee ou le récent Back Home de Joachim Trier (avec le même Gabriel Byrne). Herédité n'est pas le nouvel exorciste vendu par la presse (pour moi c'est The Strangers de Na Hong-Jin de loin devant) mais reste une curiosité qui ne laisse pas indifférent. Une expérience à la fois plaisante et déplaisante, qui mêle l'audace et le déjà vu, le virtuose et la frustration. Cependant le voyage vaut quand même le coup d'oeil car c'est un film unique, et c'est une déja grande qualité. 

Réalisation et scénario : Ari Aster
Durée : 2 h 
Avec : Tonie Collette, Alex Wolff, Gabriel Byrne, Milly Shapiro, Ann Down...

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