samedi 22 février 2014

12 years a slave




Réalisation : Steve McQueen
Scénario : John Ridley
Durée : 2 h 10
Distribution : Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Paul Dano...
Genre : Téléfilm à oscars.

Synopsis

Quelques années avant la Guerre de Sécession aux Etats-Unis, Salomon Northup, jeune homme noir originaire de l'Etat de New York, est enlevé et vendu comme esclave. Il sera esclave douze années avant de rencontrer un abolitionniste canadien qui va lui rendre sa liberté perdue.


12 years a slave était le film à voir en ce début d'année 2014 et certainement celui qui reçoit le plus d'éloges positives de la part de la presse et des spectateurs. Tout comme pour Django Unchained de Quentin Tarantino l'an dernier (et en plus sur le même thème), ce fut pour moi une nouvelle fois une grande désillusion : j'ai détesté.

Si l'interprétation est plutôt bonne (Fassbender en particulier) et la photographie relativement soignée, le film de Steve McQueen (II) n'est qu'une dissertation d'un élève de sixième bien documenté sur le sujet. 12 Years a Slave n'a pas de scénario mais un enchaînement d'étapes alignées les unes derrière les autres, le tout dans une démarche pédagogique pour le moins horripilante. Pas de tensions, pas de ton, pas de point de vue et avec en prime une palette de personnages composée uniquement de gentils (noirs, sauf Brad) et de méchants (sauf Brad, blancs). On a droit à un film tout ce qui a de plus manichéen, absolument pas subtil et encore moins ambigu. Cerise sur le gâteau, Brad Pitt (producteur également) interprète le bon samaritain, sauveur de notre héros, et démontre un fois de plus que le film n'est qu'une plate panoplie de clichés qui s'enchâssent mollement les uns derrière les autres. Seulement, le pire de la part du réalisateur reste la violence physique, par ailleurs souvent gratuite, utilisée comme unique et ultime moyen d'émotion sur le spectateur. Le tout alourdi par la bande originale d'Hans Zimmer tout droit sortie d'un film de Christopher Nolan. Si cette dernière est utilisée en parcimonie, elle est trop souvent mal exploitée et rend le film pompeux et encore plus abominable qu'il ne l'est à la base... C'est un véritable massacre.

Le cinéaste est également très lâche : il signe un film tout ce qui a de plus bâtard, un résultat à deux facettes qui se distinguent très facilement :
D'un côté on a franchement un film commercial, très larmoyant, avec beaucoup de mélo... En bref, très grand public. Le tout est accablant d'académisme afin de plaire aux professeurs des écoles nationales, et même de cinéma. Tout est filmé de manière si conventionnelle, si impersonnelle qu'on se demande si ce n'est pas un film commandé par la Maison Blanche calibré pour les écoles américaines.
D'un autre côté et de manière très franche là aussi, on regarde un film d'auteur bien ennuyeux, bien vide, bourré de longs plans aussi prétentieux qu'inutiles sur rien du tout. Quand Steve McQueen (II) s'autoproclame faire du « vrai cinéma », on ne doit pas avoir la même définition du cinéma lui et moi. Le cinéma c'est avant tout avoir un point de vue, un ton à défendre, ce que ce film n'a absolument pas.

12 Years a Slave n'est donc pas du « vrai cinéma » pour moi, mais plutôt un film scolaire sans aucune touche d'auteur sincère. McQueen (II) ne fait que du mélo raté et cliché. On a tendance à critiquer Spielberg à cause de son trop d'émotions grand public, le tout sur des sujets graves, mais en tant que grand cinéaste c'est assumé de A à Z et il offre un style qui plaît ou pas. Chez McQueen (II) que nenni, que dalle ! C'est une plate illustration d'une belle histoire faite pour les oscars. Certes c'était hélas une réalité mais plus de deux heures à démontrer explicitement ce que l'on savait déjà, c'est tout de même plus que pas grand chose, une sacrée arnaque.

Le thème de l'esclavagisme n'a toujours pas trouvé de cinéaste à la hauteur. Tarantino et McQueen ont chacun fait tout pour plaire au maximum, par différents procédés. Si l'un abuse de son style à en vomir, l'autre en fait la totale liposuccion. Les deux en oublient d'en faire des films avec un point de vue honnête et intelligent. Au lieu de cela, ils se regardent surtout filmer de manière extrêmement prétentieuse, ce qui fait de 12 Years a Slave un téléfilm poseur à oscars. Dans le fond comme dans la forme, c'est le néant total, ce qui rend ce film détestable.


Note : 2,5 /10



dimanche 9 février 2014

Minuscule - La vallée des fourmis perdues



Réalisation : Thomas Szabo et Hélène Giraud
Scénario : Thomas Szabo et Hélène Giraud
Durée : 1h29
Distribution : La coccinelle, Fourmis noires, Fourmis rouges...
Genre : Dépaysant

Synopsis :

Une jeune coccinelle se réfugie dans une boîte de sucres oubliée sur un pique nique. Les fourmis noires s'emparent de cette boîte de sucre pour la ramener à leur Reine. Les fourmis rouges les pourchassent pour s'en emparer aussi. La coccinelle se lie d'amitié avec les fourmis noires et va les aider à combattre les fourmis rouges.


Minuscule c'est avant tout le charme du concept. Ce film attirera les plus curieux comme moi dans les salles. Un peu comme Avatar il y a cinq ans, la surmégapromo (arnaque) en moins. Ici, la surprise vient de l'absence de niaiserie et de grand spectacle a tout va comme on voit habituellement dans la plupart des films d'animation. Sur ce point là, il est vrai que ce film aussi charmant que dépaysant vaut le coup d'œil.

Lentement mais très sûrement, ce Microcosmos aux insectes numériques prend le spectateur sous l'aile (de coccinelle) et le plonge dans un cartoon plutôt sage niché entre Délivrance et le Seigneur des anneaux avec des fourmis. Si au final ce n'est pas aussi délirant comme pourraient le signer sans doutes les plus grandes firmes du film d'animation, ce simple divertissement reste très rafraîchissant. La mise en scène est bien menée mais bénéficie surtout d'une excellente bande son. Effectivement, si la toute première musique est complètement nulle, toute l'aventure possède une bonne bande originale avec surtout de merveilleux bruitages. On pense un peu à Oggy et les cafards mais en plus étiré.

Si Minuscule donne à son public un bol d'air frais visuel, il est loin d'être irréprochable pour autant. Tous les grands moments sont dans la bande annonce. Le scénario est trop étiré, rallongé et comme dans pas mal de productions françaises, un manque d'efficacité se fait ressentir. On a parfois l'impression que des scènes sont rajoutées uniquement pour faire de ce film un long métrage. Le départ déjà bien longuet est pompeux, cliché et trop explicatif pour expliquer simplement la présence d'une boîte de sucre dans la nature. Sans un mot, l'interprétation horriblement mauvaise des deux seuls acteurs humains confirme hélas une nouvelle fois que nous sommes bien dans un film français.

La volonté de ce film est autre que de nous en mettre plein les yeux, et ça fait plaisir à cette époque où spectaculaire est indissociable de too much. Si Minuscule se repose trop sur son concept et oublie parfois d'être généreux cinématographiquement et scénaristiquement, il reste un honorable divertissement. Avec une 3D presque inutile, il peut faire oublier FourmiZ (en même temps...), mais en aucun cas le fabuleux 1001 pattes, comme on a pu le lire dans certaines critiques presses. Dur en même temps de battre Pixar dans leur âge d'or.

Le concept d'animation de Minuscule est unique grâce à sa prouesse technique et s'avère être un divertissement atypique et sympathique pour petits et grands, mais pas inoubliable pour autant.


Note : 5,5 / 20

La vie rêvée de Walter Mitty (The Secret Life of Walter Mitty)



Réalisation : Ben Stiller
Scénario : Steven Conrad
Durée : 1h54
Distribution : Ben Stiller, Kristen Wiig, Adam Scott...
Genre : Rêverie (trop) légère

Synopsis :

Enfermé dans son quotidien, Walter Mitty est un homme ordinaire qui n'ose que de s'évader totalement dans son imagination. Confronté a une difficulté professionnelle, Walter doit passer à l'acte dans le monde réel ce qui changera à tout jamais sa vie.


Pour aller voir et apprécier le dernier film de Ben Stiller, il faut avoir un certain optimisme. En allant au cinéma, le public cherche à s'évader, et particulièrement en temps de crise. Ce film lui offre doublement cette évasion, grâce à l'onirisme de son thème. Par le bien que nous procure ce film, nous nous retrouvons donc perdus dans la subjectivité, et il est difficile d'avoir un œil critique.

La vie rêvée de Walter Mitty est un parcours initiatique qui vous transportera volontiers dans l'univers du personnage principal incarné par le réalisateur. Ben Stiller est capable du meilleur (Zoolander) comme de la comédie sentimentale assez fadasse (Génération 90). Avec La vie rêvée de Walter Mitty, il signe un peu un entre deux, malgré son bon savoir-faire. Son humour fonctionne bien mais manque de subtilité : Ben Stiller passe trop violemment de l'humour à l'émotion (gentillette), idem pour les scènes de rêves. Loin des délires que peuvent être ses trois derniers films, le cinéaste et interprète de Zoolander adapte gentiment et tranquillement le scénario de Steven Conrad. Seulement, le tout manque de personnalité et d'originalité.

Le scénario, plutôt pro, a un plaisant sens du détail. Cependant, il est dommage qu'il ne soit pas plus onirique, plus virtuose comme pouvait le promettre le thème. Le scénariste confirme que c'est un bien faiseur après A la recherche du bonheur de Gabriele Muccino dans lequel il parvient presque à rendre attachante la famille Smith. Un travail scénaristique de facture honnête mais rien de sensationnel. Sans non plus lui réclamer un ton engagé comme il avait prit pour Weather man de Gore Verbinski, on regrettera ici son manque d'investissement dans ce tissage convenu et sans surprises.

On ressent également la désagréable impression que le script est victime de la grille des ingrédients tout prêts des producteurs. Cependant, le plus gros défaut reste le manque de liant entre les différents genres. Que ce soit dans la mise en scène ou le script, tout se dissocie trop facilement comme les pièces d'un puzzle. Si le scénario est passé entre pas mal de mains de réalisateurs, Ben Stiller fait le boulot avec une certaine tendresse, ce qui rend son film tout de même agréable à regarder. Ce voyage est sympathique mais trop éphémère. Cinématographiquement sage et vite oublié, le film est souvent frustrant à cause de ses pistes trop gentiment exploitées. Les rares moments de comédie ou de burlesque fonctionnent bien mais ce sympathique voyage ne se repose que beaucoup trop sur le charme de ses acteurs (Ben Stiller en tête) ainsi que sur les fabuleux paysages.

On aurait aimé pour la réalisation de ce film, un Michel Gondry par exemple, bien plus doué dans le thème de l'onirisme. Pour le coup les Studios Hollywoodiens ont raté le coche. Cela n'empêchera cependant pas au film de transporter beaucoup de monde en quête de voyages dans les salles obscures. C'est l'essentiel.

Ps : Je souligne que la photographie est très réussie.


Note : 6 /10