dimanche 8 octobre 2017

Blade Runner 2049




Grosse surprise pour ma part que cette "suite" de Blade Runner. Je le considère d’emblée du même niveau que l'original de Ridley Scott. D'abord parce que Denis Villeneuve ne singe ni ne copie le matériel original mais l'approfondit et réussit le même tour de force immersif et spectaculaire qu'à l'époque. La grande réussite est d'avoir pris la même démarche de Ridley Scott à notre époque, à revers de la mode. Le film à une authenticité et une personnalité, ce qui était loin d'être gagné. Je n'ai pas peur de le dire, quitte à faire hérisser les cheveux des fans du premier, je ne vois aucun défaut à ce film, il est du même acabit que l'original. Cette pépite est à mes yeux le meilleur du cinéaste dans sa période américaine, soit le plus grand film du genre de la science fiction des années 2000 et 2010, à ranger avec Minority Report et Le transperceneige

Le premier Blade Runner est un produit des années 80 en avance sur son temps. Ridley Scott et Vangelis donnaient du corps, un style et surtout du sensationnel à l'univers dense et passionnant de Philip K.Dick. On y trouve un scénario profond, intelligent, poétique, glacial et avec beaucoup de noirceur et de contemplation. Ridley Scott était un des rares cinéastes, ou avec de manière bien moins commerciale David Cronerberg (ScannersVideodrome), a offrir un produit cyberpunk à l'époque. Exactement ce qu'a fait à mon sens Denis Villeneuve dans cette parfaite prolongation de manière moins choc mais tout aussi pertinente et géniale. D'ailleurs je considère que les premiers films américains du cinéaste (sauf peut-être Premier contact plus intéressant, bien qu'un peu trop démonstratif) restent du sous Fincher (Prisoners et Sicario) et du sous Cronenberg (Enemy) parfaitement éxécuté. Et pour ma plus grande stupéfaction, il a réussit à trouver ici de la personnalité et transcender son cinéma et le genre. 

Le cinéaste a insufflé à l'univers original une approche encore plus contemplative (comme Refn dans Drive, d'ailleurs avec le même Ryan Gosling, plus Samouraï que jamais) à la Tarkovski ou Jodorowski mais avec des thèmes modernes et intemporels. On y trouve une superbe poésie, un respect mutuel de l'oeuvre originale avec beaucoup de nostalgie et de subtilité (comme la neige à la fin). Parmi d'autres, le thème de la confrontation du virtuel et du réel est passionnante, reflété par une troublante scène d'amour à trois, balayant d'un revers de caméra toutes les tentatives précédentes comme Her et Ex Machina. Cinématographiquement, que dire, c'est simplement à tomber par terre. La scène de rencontre et de confrontation entre Ryan Gosling et Harrison Ford est peut-être ce que j'ai vu de plus fou au cinéma depuis des lustres. Tout comme l'ensemble du film d'ailleurs. 

Ce Blade Runner 2049 est une passerelle parfaite entre le cinéma commercial génial et le film d'auteur passionnant et puissant. Respectueux du cinéma classique et résolument moderne, c'est un produit inespéré tellement il est à contre courant du cinéma commercial actuel. Puis c'est un véritable festival de son et lumière : une photographie somptueuse, immersive et une musique d'Hans Zimmer parfaitement utilisée, entre respect aux sons de Vangelis et le style actuel du compositeur. Cette superbe alchimie gagne en puissance à crescendo, à l'image de la mise en scène de Villeneuve de moins en moins sage et complaisante. 

On est à l’apogée d'un cinéaste exactement comme pour Silence de Martin Scorsese cette année, étonnamment deux films qui parlent de différente manière de la foi. Du pur cinéma contemplatif de près de trois heures qui passent en un éclair, qui en met plein les mirettes et les tripes et le tout sans fioritures. Le film divisera (et c'est aussi ce qui est remarquable) mais si vous êtes fans du genre et de l'original allez le voir au cinéma car il est d'une immersion époustouflante. Déjà culte et incontournable. 

Réalisation : Denis Villeneuve
Scénario : Hampton Fancher et Michael Green
Durée : 2 h 45
Interprétation : Ryan Gosling, Robin Wright, Ana De Armas, Harrison Ford, Jared Leto...



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