vendredi 29 mai 2015

A la poursuite de demain ( Tomorrowland )



Réalisation : Brad Bird 
Scénario : Damon Lindelof et Brad Bird
Durée : 2 h 05
Interprétation : Britt Robertson, George Clooney, Raffey Cassidy, Hugh Laurie... 
Genre : Rétro Land

Synopsis

Casey, une adolescente brillante et optimiste, douée d'une grande curiosité scientifique et Frank, un homme qui fut autrefois un inventeur de génie avant de perdre ses illusions, s'embarquent pour une périlleuse mission. Leur but : découvrir les secrets d'un mystérieux endroits nommé Tomorrowland situé quelque part dans le Temps et l'espace et qui ne semble exister que dans leur mémoire commune. Ce qu'ils feront changera à jamais la face du monde et leur propre destin.

Tel un oiseau dans une cage aux grilles marquées au fer Disney, Brad Bird signe un film de science fiction aussi rétro qu'à double tranchant. On peut trouver autant de points positifs que négatifs et pour ma part la balance a plus penchée dans le côté positif. Avec un scénario vache, j'ai trouvé que Brad Bird se sort bien de l'exercice avec un charmant hommage aux vieux films de science fiction avec en fond un honnête et rafraîchissant message de fond. 

A la poursuite de Demain est bien loin des blockbusters actuels car l'action est complètement fondue dans la narration. Si l'impression de regarder une attraction de deux heures se ressent, Brad Bird réussit à rendre le tout riche et même bien référencé avec une honnêteté de bout en bout, l'ensemble non sans humour. La mise en scène est constamment brillante et emballe un scénario sur le papier plutôt vache. Vache car on a droit à une introduction des deux personnages pendant une heure et qui manque de pas mal d'efficacité. Les personnages sont un peu lisses et les péripéties s'installent très lentement. L'impression de regarder un pilote de série se ressent vraiment avec cette très longue introduction. C'est décidément la patte du scénariste Damon Lindelof scénariste de Lost qui se fait ressentir comme pour Prometheus de Ridley Scott, surtout qu'ici aussi toute l'intrigue se boucle de manière un peu trop rapide, voire même brouillonne sur la deuxième partie. Le milieu du film est du coup un peu tronqué. 

Heureusement derrière il y a un cinéaste qui s'éclate et qui emballe l'ensemble avec des savoureuse références et de belles trouvailles masquant avec brio bien les côtés lisses et clichés de la firme. Brad Bird se sort du piège Disney un peu comme Sam Raimi avec son magicien d'Oz par des petites bribes de noirceurs et d'humours bien placées. Côté interprétation c'est très pro. Tous les acteurs font le boulot malgré le manque d'air et d'épaisseur du scénario, un peu à l'image du cinéaste. L'ensemble passe plutôt bien et des répliques, parfois complètement hors des conventions Disney, sont bien drôles. On appréciera une belle scène dans une boutique vintage avec deux vendeurs louches, un sabotage parfaitement chorégraphié sur les Black Keys ainsi que des poursuites et des gags truffés de clins d'oeil qui vont de Terminator à Star Trek dans un univers et un film qui aurait pu être signé par Steven Spielberg. Dommage que ce ne soit pas Brad Bird qui fasse le nouveau Star Wars à la place de J.J Abrams. Je trouve que Brad Bird est quand même beaucoup plus virtuose et moins respectueux et conventionnel que J.J Abrams. A savoir que ce devait être lui à la base de faire le Star Wars mais il a préféré faire Tomorrowland. Dommage que ce dernier soit rétrogradé d'emblée comme un Disney assez mineur (campagne promotionnelle en France faible), ce film reste quand même un peu comme Dans l'ombre de Marie de John Lee Hancock un cru tout à fait honorable et bien plus subtil et riche que la plupart des derniers produits de la franchise à grands succès. Tomorrowland est finalement une attraction cinématographique distrayante et au charme rétro très agréable qu'il serait dommage de rater. Le message est optimiste et dans l'air du temps, jamais lourd ni pompeux et ça se fête car c'est souvent le plus dur chez Disney. 

Si le film est une réussite c'est surtout grâce au cinéaste de Ratatouille. Sa mise en scène et son honnêteté fait passer l'ensemble des défauts avec de l'humour et une sincérité qui se ressent et prend très souvent le dessus. Un cinéaste sans la verve et l’énergie de Brad Bird aurait fait de ce film un Disney bas de gamme. Dommage qu'un scénariste venu du cinéma ne soit pas de la partie et que certains passages imposés par la production Disney empêchent Brad Bird de s'envoler plus souvent. Cependant il n'empêche que même brider, Bird brille et resplendit dans l'art de nous divertir de manière honnête et pas uniquement dans le spectaculaire et les effets spéciaux. C'est un excellent cinéaste, casé entre la technique savoureuse de Sam Raimi et les références jouissives Edgar Wright. Même si ce film n'est peut-être pas son meilleur, il reste toujours un très agréable moment de cinéma. Prendrez-vous ce film comme un Pins après la projection ? En tout cas, moi oui. 

Note : 6,5 / 10

vendredi 22 mai 2015

La Tête haute



Réalisation : Emmanuelle Bercot
Scénario : Marcia Romano et Emmanuelle Bercot
Durée : 1 h 50
Interprétation : Rod Paradot, Benoît Magimel, Catherine Deneuve, Sara Forestier...
Genre : Demi coup de poing

Synopsis

Le parcours éducatif de Malony de six à dix huit ans qu'une juge pour enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver.

Difficile de s'empêcher de comparer ce film avec le dernier de Xavier Dolan Mommy sensiblement sur le même thème. Pourtant il y a beaucoup de différences entre les deux. Ils sont totalement opposés au niveau de la relation mère et du fils, et au niveau de la démarche, elle est ici bien plus documentaire sur la justice et les rouages, les engrenages de la société que dans l'écriture émotionnelle appuyée de chez Dolan. La Tête haute est un portait aussi saisissant que sobre avec une véritable révélation en tête d'affiche : Rod Paradot. 

J'ai bien apprécié le film de manière générale bien qu'il y ai parfois des maladresses, des clichés un peu attendus ou pas toujours aussi frais que le reste. Si parfois des acteurs ne sont pas à la hauteur des autres (procureur en tête) le film dégage un rythme et une énergie de cinéma social à l'anglaise qui fait du bien dans le paysage cinématographique français. Bien que le fond soit trop respectueux, qu'il manque de point de vue plus engagé et de cynisme, le film n'est jamais barbant, ni ennuyeux. La cinéaste file droit dans l'esprit de la personnalité impalpable de ce jeune homme qui a du mal à fixer ses repères entre sa vie personnelle, la vie sociale et la justice. Le scénario brasse le noir et le blanc mais reste toujours dans la justesse, entre le noir, la violence et l'espoir à l'image de l'interprétation. Deneuve reste juste malgré son jeu moins réaliste et naturel que les autres, c'est un juge, un médiateur qui temporise de manière impeccable les débats. Benoît Magimel joue bien également un rôle sensible mais pas assez développé à mon goût et enfin Sara Forestier en fait des tonnes pour notre plus grand plaisir, elle est détestable à souhait et représente l'ensemble du venin du film. 

L'écriture n'est pas toujours subtile mais reste constamment dans la nuance et n'entre jamais dans la niaiserie ou la noirceur gratuite ce qui est plutôt remarquable. On sent que tout ne s'arrange pas rapidement, qu'il y a des hauts et des bas, des moments zappés et ambigus. La narration travaille bien là dessus, le non dit sur le temps qui passe à l'écran comme dans le chemin de Malony. La grande particularité du film est d'avoir une grande force motrice porté par un acteur d'un magnétisme assez époustouflant. Rod Paradot est le tracteur de l'ensemble, il porte clairement le film par son interprétation impressionnante. La cinéaste n'épargne pas les clichés mais reste réaliste et captivante de sincérité en choisissant de ne pas jouer sur le sentimentalisme. Elle met en valeur autant qu'elle critique le système juridique et social français, exactement comme le monde des adultes aux yeux du jeune homme. 

Si La tête haute est loin d'être un chef d'oeuvre, c'est un demi coup de poing qui possède une énergie et une justesse qui rafraîchit le cinéma français par sa démarche non prétentieuse, loin d'être stylisée et jamais pompeuse ni lourde. Je recommande de le voir pour la peinture sociale qui en est faite avec une certaine rigueur et une forme d'une indéniable efficacité. Le film nous laisse assez pensif sur le non-dit sur ce bon et mal développé tout le long ce qui est au final sans prise de risque mais très intéressant. Ceux qui n'aimeront pas ne pourront que constater la force d'interprétation d'un jeune acteur impressionnant du début à la fin. Ceux qui ont aimés Dog Pound de Kim Chapiron et Mommy de Xavier Dolan devraient bien aimer ce film. Je le recommande. 

Note : 7 / 10

mercredi 20 mai 2015

La famille Bélier



Réalisateur : Eric Lartigau
Scénario : Stanislas Carre de Malberg et Victoria Bedos
Durée : 1 h 45
Interprétation : Louane Emera, Karin Viard, François Damiens, Eric Elmosnino...
Genre : Téléfilm fade

Synopsis

Dans la famille Bélier tout le monde est sourd, sauf Paula seize ans. Elle est une interprète indispensable à ses parents au quotidien, notamment pour l'exploitation agricole. Poussé par son prof de musique à faire du chant, elle découvre un don en elle qui lui permettrait de décrocher le concours Radio France. Un choix de vie qui signifierait pour elle l'éloignement de sa famille et le passage à la vie adulte. 

Gros carton de l'année 2014 en France notamment dût à un tapage médiatique hallucinant, le film d'Eric Lartigau n'est au final qu'un téléfilm du dimanche too much et surtout très fade. Ce film n'a que le mérite de mettre sur le devant de la scène la communauté des sourds souvent oubliée. Seulement il reste à savoir si la démarche est plus sincère que commerciale. Le ton est dans un entre deux sans prises de risque, l'ensemble est très gnangnan dans le fond comme dans la forme.

Le film possède bien entendu des clichés, c'est normal, mais ils sont tous terriblement mal écrits et assemblés les uns les autres que ça en devient à la limite du débile. Le film s'aventure dans la comédie où seuls François Damiens et Eric Elmosnino en musicien raté qui adore Sardou, tirent leur épingle du jeu. Le reste est très plat pour ne pas dire parfois mauvais. Karin Viard en fait des caisses dans un personnage vraiment mal écrit. Le scénario s'aventure également très sagement dans l'émotion et flirte avec le tire larme, c'est d'une fadeur triste comme la pluie. Toutes les pistes manquent vraiment de profondeur, de cachet et surtout de force. Je ne comprend pas comment on peut trouver touchant ce film tant il manque de justesse et de subtilité dans l'ensemble. 

Les dialogues ne sont pas terribles à l'image de l'interprétation de Louane Emera. En même temps elle chante à la base elle ne joue pas et cela se voit. C'est une blague cette histoire de César, si ce n'est pas dire du vol. Devant le film c'est surtout du côté de la montre que c'est long et ennuyeux. Il ne se passe que des choses convenues et lisses sur un rythme lent et monotone. La mise en scène n'est pas terrible non plus : des plans de téléfilms côtoient souvent des effets de montage de mauvais goût. On a droit a toutes les ficelles du tire larme certes sobre mais sans intelligence et encore moins pour faire réfléchir. Tout est bancal, artificiel et fade. Comme quoi La famille Bélier n'est en fait qu'un téléfilm au succès bien marqueté et au millions de spectateurs acquis avant même sa sortie en salles. 

Les thèmes universels de l'adolescence et la famille (fadement exploités) et la voix de Louane (qui en fait des caisses) ont comblés et même aveuglés les défauts de ce film chez les spectateurs. Ces derniers sont sans doute plus indulgents que moi et majoritairement allés voir ce film pour ces deux choses et ont aimés. Passionnés de cinéma passez votre chemin, il y a bien meilleur et émouvant ailleurs comme à la même époque Marie Heurtin de Jean- Pierre Améris qui possède en plus de vrais acteurs, de vrais sourds. 

Note : 3 / 10

vendredi 15 mai 2015

Mad Max : Fury Road



Réalisation : George Miller
Scénario : Nick Lathouris, Brendan McCarthy et George Miller
Durée : 2 h 
Interprétation : Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Zoé Kravitz... 
Genre : Death Plouf 

Synopsis

Hanté par un lourd passé, Max estime que le meilleur moyen est de survivre seul. Il se retrouve cependant embarqué auprès d'une bande de femmes qui fuit la Citadelle et le monde dirigé par Immortan Joe. La meneuse Imperator Furiosa souhaite retrouver ses origines et la liberté. Max va l'aider dans cette traque dans le désert. 

Situé chronologiquement entre le premier et le deuxième opus de la saga, ce reboot est plutôt situé cinématographiquement dans le décors et les poursuites du deuxième avec le fond bien niais du troisième. Effectivement ce quatrième opus est un film d'action de plus bien à la mode. Les effets, spectaculaires certes, passent avant le scénario et l'esprit du film pour finalement ne ressembler qu'a une démonstration de jeu vidéo de deux heures. C'est vide et inutile par rapport aux origines novatrices et le western apocalyptique de la saga. 

Le film est une très longue course poursuite très linéaire et très simple à suivre. Ce serait peut-être le seul penchant du film typiquement des années seventies avec les cascades plus traditionnelles qu'à l'accoutumée. Bien entendu il y a beaucoup d'effets spéciaux et c'est aussi massif et démonstratif que n'importe quel blockbuster actuel. Quand le scénario commence à apparaître à nos yeux (oui parce qu'il y en a un en plus de la psychologie pitoyable de Max après une demie heure de poursuite) c'est d'une nullité absolue. C'est tout ce qui a de plus nanardesque avec bien trop de premier degré pour être de la série B. On dirait du Luc Besson : une série Z prise au plus grand sérieux. Seulement Miller se perd et ne donne aucune ambiance et encore moins d'audace à son film. Seuls les décors, qui je pense vieilliront très mal, nous plongent dans l'ambiance. Le peu d'humour présent est comme l'action : répétitive et balourde. 

Le problème reste que le cinéaste a rendu le personnage de Max tout lisse, gentil et complètement non charismatique. J'aime beaucoup Tom Hardy, il fait le boulot mais le scénario balaye complètement le mythe du personnage principal le rendant tout ce qui a de plus nul. Le film est à son image, c'est à dire pas bavard et avec une musculature très épaisse contrairement à sa psychologie. Le script très niais et sans second degrés souhaite mettre les filles au pouvoir. Mieux vaut revoir le film de Tarantino Boulevard de la mort à ce compte là, même si en tête Charlize Theron se débrouille tant bien que mal de ce rôle ingrat. Cette actrice a vraiment du talent, jusque là rien de nouveau, a elle seule elle sauve sur le fil ce Mad Max : Fury Road du pur navet. Cet aller retour consternant dans le désert est assommant non pas par son soleil, ni par sa chaleur mais pas une bande son qui casse les oreilles, syndrome grave des blockbusters modernes. Vraiment il n'y a absolument rien de novateur dans ce film, c'est même plutôt le contraire, une overdose des ingrédients des films d'actions d'aujourd'hui sans scénariste ni réalisateur pour proposer quelque chose d'innovant et de couillu. 

George Miller signe un film d'attraction de deux heures qui ne s'arrête jamais, qui est linéaire en tout point et oublie toute la franchise originale. Tout n'est qu'un feu d'artifice d'action bateau et lisse. C'est un peu Fast and Furious dans les décors du second Mad Max le meilleur à mon goût. George Miller n'a pas toujours bon goût, il est même parfois aussi mièvre que ringard. Un seul effet 3D vaut le coup sur l'ensemble du film, tout le reste peut se voir largement en 2D. Techniquement l'action est impressionnante du début à la fin, mais devient vite lassante et vaine, rendant la démonstration frustrante et ennuyeuse. Je plains les fans de la saga originale, même moi qui ne le suis pas, je trouve ce reboot assez scandaleux. Complètement loupé. 

Note : 3 / 10

dimanche 10 mai 2015

Beyond Clueless



Réalisation et montage : Charlie Lyne
Durée : 1 h 30
Voix off : Fairuza Balk
Genre : Scolaire 

Synopsis :

Le petit fils d'Adrian Lyne décrypte les codes et les messages des Teen Movie des années 1995 à 2005. 

Documentaire un peu vain dans sa démarche, un peu bouche trou et scolaire dans sa forme, on en ressort comme un Teen Movie : diverti mais pas plus instruit et bouleversé qu'avant. 

Beyond Clueless brasse un tas de références de films du Teen Movie dans un montage suffisamment distrayant pour emballer l'adhésion. Cela se laisse suivre sans déplaisir. Charlie Lyne nous vend très bien des purs navets pour en zapper pas mal de films plus sérieux et réussis comme les films d'Araki, Van Sant ou de Larry Clark. Pourquoi pas. Seulement si la curiosité de découvrir ces nombreux films oubliés avec même bon nombre de stars dedans séduit grandement, il ne comble pour autant pas le manque d'approfondissement dans ce genre aussi banalisé qu’intéressant. Tout tourne vite autour des thèmes principaux, utilise la même recette que son sujet et le tout dans une démarche trop scolaire pour convaincre. Les images des films sont plus intéressantes que la voix off, on peut trouver la même chose sur internet et bien plus palpitant en livre. 

Comme le film d'horreur avec ses codes, ses clichés et son public, les Teen Movie se reposent un peu sur cette même démarche. On peut regretter malgré le montage frais et les images bien sympathiques que les exemples ne soient pas des films qui se démarquent plus, des films qui sont plus marquants cinématographiquement que des adolescents à l'époque ou des films réalisés simplement par des cinéastes plus reconnus. Au final le seul grand intérêt de ce documentaire signé par un jeune critique de cinéma (oui il n'est pas distribué par hasard ) ce serait de redonner vie à des films oubliés (Bubble Boy de Blair Hayes me tente bien franchement ), envie de se plonger dans le genre au risque de tomber sur de sacrés nanars. Distrayant mais dispensable. 

Note : 5 / 10


Top 10 des films sur la télévision

La télévision a toujours été un monde parallèle au cinéma. Rarement mais quelque fois les deux mondes ont été complémentaires l'un envers l'autre. Nous sommes aujourd'hui dans une période où la série télévisée est à sa quintessence d'audimat et de productions. Ces dernières piochent des techniciens, des scénaristes et des cinéastes dans le domaine du septième art et atteint des qualités qui parfois s'en rapprochent. Cela ne fait pas pour autant mal au cinéma financièrement qui n'use pendant ce temps là la recette des effets spéciaux.




De temps en temps le cinéma traite plus ou moins le pouvoir des médias usurpant les données et les vérités à l'ensemble de la population. On pourrait citer des centaines de films qui traitent le sujet plus ou moins de manière artificielle car c'est devenu un cliché plutôt qu'une satyre efficace depuis le temps. On retient des grands films comme Les hommes du président d'Alan J Pakula dans le fond politique à Requiem for a dream de Darren Aronofsky dans sa forme de télévision poison. Seulement les idées sont comme les pommes on en voit de vertes et de pas mûres sur le sujet. Beaucoup de films restent superficiels ou simplement ratés. 

Les meilleurs films se démarquent car ils ont une approche toute à fait pertinente et dénonciatrice des moyens de communications, notamment de la télévision. Une force juste et visionnaire se dégagent toujours des années après ou sont toujours plus ou moins d'actualité contrairement à une franchise comme Hunger Games qui pense plus au pognon auprès des ados qu'à garder une logique et une cohérence. Dommage car on est pourtant en plein dans le sujet avec le script de base. Les cinéastes que l'on retient généralement placent un regard bien acéré et noir sur la télévision et ses effets que positif. 


Voici donc 10 films que je classe dans le désordre et dont je recommande vivement de revoir ou de découvrir :



La valse des pantins de Martin Scorsese

Sans doute le film du cinéaste le plus satyrique, cynique, noir, drôle et visionnaire. Robert De Niro est incroyable dans la peau d'un fan absolu d'un comique à la télévision. Voulant lui aussi se lancer dans le One man show il colle aux baskets du comique interprété par Jerry Lewis pour ensuite le harceler pour être son ami et finir par le kidnapper pour passer à la télévision. Ce film est du début des années 80 et il dépeint ce que l'on voit aujourd'hui partout, de ce que l'on est prêt à faire pour avoir son heure de gloire à la télévision ou dans n'importe quel domaine. La nouvelle star version Scorsese / De Niro c'est quand même autre chose. Un film culte. 




Network – Main basse sur la télévision de Sidney Lumet

Sidney Lumet vient de la télévision et il signe le film culte des années 70 sur le sujet et de toute une génération. Un présentateur de journal télévisé est licencié pour cause de mauvais audimat et annonce qu'il va suicider en direct lors de son avant dernière émission. De suite l'audience montent en flèche. La filmographie de Lumet titille souvent le pouvoir des médias sur la société. Avec ce film il est en plein dans le sujet et ne rate pas sa cible. Les acteurs comme toujours chez le cinéaste sont époustouflants, le fond d'un engrenage infernal et minutieux qui aujourd'hui fait de ce film toujours un brillant pamphlet dans le domaine de la petite lucarne.




Des hommes d'influences de Barry Levinson

Titre original : Wag the Dog c'est à dire Remuer la queue du chien. Satyre politique qui traite avec beaucoup d'audace la manipulation des médias par les politiciens pour étouffer des scandales. Le film de Barry Levinson est sorti trois mois avant l'affaire Bill Clinton et de sa secrétaire, il se révèle vraiment visionnaire car c'est exactement la stratégie qui a été utilisée par la maison blanche. Si Barry Levinson reste totalement neutre en tant que cinéaste, le film prend vraiment l'humour dans sa forme et le casting exceptionnel se donne à cœur joie de décaper l'univers et nos certitudes sur les images que l'on voit à la télévision. Le fond est aussi effrayant que passionnant. L'impression que toute les images qu'on nous donnent sont de purs mensonges qui servent à des fins politiques. C'est drôle et effrayant à la fois, un film où l'on rit bien jaune c'est pas si banal.




Quiz Show de Robert Redford

C'est vrai que cela fait un peu film dossier sage mais il est tellement oublié (de manière injuste) que je souhaite le mettre dans le top. Si la démarche est plus documentaire le film parle d'un sujet assez passionnant : la manipulation de la publicité sur la télévision et la mise en scène des jeux télévisés. Fresque brillamment rythmée et réalisée le quatrième film de Redford vaut vraiment le coup d’œil. Aujourd'hui encore tout est d'une brûlante actualité, le meilleur film de Robert Redford à mon goût qui est un peu les origines de la télé-réalité. A noter la présence de Martin Scorsese en publicitaire véreux et un casting de prestige : John Turturro et Ralph Fiennes en tête d'affiche.




La mort en direct de Bertrand Tavernier.

Bertrand Tavernier signe un film de science fiction pour l'époque mais qui est d'une réalité touchante et visionnaire aujourd'hui. Filmer la mort en direct est le nouveau Colisée de notre empire, Harvey Keitel joue le rôle d'une caméra avec des sentiments pour une Romy Schneider comme toujours excellente et vibrante. Le film traite avec beaucoup de lyrisme et de nuance la mort et le côté noir de la société et de l'homme. Un film rempli de finesse et subtilité à redécouvrir.




Battle royale de Kinji Fukasaku

Un groupe de jeunes adolescents sont envoyés sur une île pour s'entretuer entre eux pour une émission de télé-réalité. Le dernier survivant sera gracié. On retrouve des faiblesses (acteurs, images et dialogues pas vraiment bons) mais l'idée et le scénario sont prenants et efficaces jusqu'à la fin. Il est d'ailleurs bien plus violent et cohérent qu'Hunger Games car vraiment peu romancé et dans le sens du réalisme. Le film attire à la controverse mais l'idée n'est pas si stupide que ça. Il traite également la télévision comme le Colisée contemporain où le monde regarde les mises à mort. Incontournable dans le thème.





Zodiac de David Fincher

Zodiac est l'antithèse de Seven, il se base sur le journalisme et les médias. Comment la presse peut être autant l'arme que l'ennemi d'un tueur ? Ne comptez pas sur Fincher pour nous donner une réponse, Zodiac est un polar exceptionnel ou l'on suit dans un premier temps des meurtres concrets et qui virent à la supposition puis au mystère au fil des années. Effrayant mais diablement intelligent, c'est du grand cinéma pour l'un des meilleurs Fincher à mon goût.




The Truman show de Peter Weir

Le film est devenu culte justement grâce au concept de la télé-réalité et mais aussi pour la justesse intense de Jim Carrey ici dans son premier rôle dramatique. Le film est une réussite, un classique des années 90 que je ne conteste pas mais il reste le film incontournable dans le genre tout simplement parce qu'on est conscient que Truman est un cobaye très rapidement. Le spectateur s'attache au personnage autant qu'il culpabilise de participer également à son malheur. Une superbe mise en abyme menée avec virtuose. Le film de Peter Weir est très élégant et intelligent, le scénario d'Andrew Niccol d'une finesse et d'une innovation qu'il manque souvent dans le paysage cinématographique. The Truman Show est un film aussi intelligent que touchant à voir absolument.




Night call de Dan Gilroy.

Mélange de La Valse des pantins de Martin Scorsese pour la persévérance et le côté impalpable du personnage mais aussi du Voyeur de Michael Powell pour l'approche de l'image sordide et le portrait psychologique effrayant du personnage. Brillant film de scénariste campé par un Jake Gyllenhal excellent. Le film traite le marché des images obtenues sur des scènes d' accident et de meurtres pour les journaux du matin des chaînes de télévisions de Los Angeles. Un portrait de la société actuelle au vitriol excellent et maîtrisé. Une claque.




C'est arrivé près de chez vous de Remy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde


Le film est devenu culte pour son concept du documentaire baigné dans de la violence extrême mêlé avec un humour très noir, tendance arabica. Cependant, il est bien plus fort et virulent qu'il n'y paraît. A mon avis on y trouve une dimension très intéressante, celui de montrer la réalité crue et non romancée comme à la télévision. C'est arrivé près de chez vous est une fiction éloignée de la télé tout comme Rec de Jaume Balaguero et Paco Plaza qui utilisait le concept pour en faire un film d'horreur efficace. Je trouve quand même que ce film par son exagération dans l'ensemble de ses genres est d'une terrible réalité. Que nous montre la télé quand elle nous montre des images ? Des brèves généralement peu approfondies ou artificielle. Quand c'est un documentaire souvent c'est généralement très romancé. Ici rien de tout ça, on file droit dans la violence et l'incorrect. Cela met un coup de pied à tout ce que l'on voit à la télévision, tous les documentaires nuancé et bien pensant. Le film n'est pas parfait (trop long à mon goût) mais il est d'une terrifiante démarche qui montre ce que la télé devrait nous montrer quand il touche un sujet. L'approfondir ce dernier pour nous toucher et non pas rester dans l'artificiel pour nous donner une info qui peut être très mal interprétée. Le film est une démarche effrayante et pertinente. 

dimanche 3 mai 2015

Connasse - Princesse des cœurs



Réalisation et scénario : Eloïse Lang et Noémie Saglio
Durée : 1 h 20
Interprétation : Camille Cottin
Genre : Merci mais non merci pour ce moment

Synopsis

Transposition de la mini série homonyme en format long métrage. Avec des caméras cachées on suit l'aventure de Camille trentenaire qui se rend compte qu'elle n'a pas la vie qu'elle mérite. 

Pour ceux qui aiment la série vous ne me serez pas déçu du long métrage car il tient plus ou moins bien la longueur. Les autres ne vous attendez pas à de la finesse et de l'intelligence car l'humour et l'ensemble ne volent pas bien haut. On ne peut pas parler de politiquement incorrect mais de vulgarité drôle et parfois libératrice. Tout l'intérêt et les qualités de la mini série sont donc conservés. 

Cette fausse caméra cachée n'a vraiment aucune qualité cinématographique bien entendu. C'est surtout dans la spontanéité et le culot des dialogues et une interprète assez excellente qui créé un personnage atypique bien précis et non évolutif comme Un Gars une fille à l'époque où scènes de ménages actuellement à la télévision. Tout est mis en scène bien entendu car tout n'est pas spontané et l'humour tourne autour du culot de Camille. Même dans un semblant d'histoire composée de pas mal de séquences bouches trous (drôles cependant) qui deviennent un peu laborieuses à la fin. Sur la forme c'est plus que light et le fond pas vraiment plus évolué mais c'est drôle même si tout ne fait pas mouche à chaque fois. La puissance comique de Camille Cottin porte cet ensemble de scénettes courtes qui foncent droit au but et rythme très bien le film. On a pas le temps de s'ennuyer devant ce film parfait pour débrancher et poser son cerveau à côté de son parapluie pendant une bonne heure de divertissement complètement débile. 

Sans pour autant être culte, ce film est un moment de divertissement plus drôle et moins bien pensant, prétentieux et cliché que la plupart des comédies françaises que l'on a l'habitude de voir. Un moment de fraîcheur 100 % humour canal qui fait du bien dont le succès j'espère s'arrêtera avec ce film histoire qu'on ne se coltine pas une série de films sur ce concept comme depuis plus de six ans avec Paranormal Activity. Seuls les producteurs seront les mieux servis vu le budget mais espérons que Canal + aura assez de recul pour ne pas faire cette bêtise et ne pas discréditer leur humour ici en apogée dans la dernière scénette du film. Effectivement "Merci mais non merci pour ce moment" est peut être ce qui a de plus vache et le plus pertinent aussi en terme d'humour dans ce film. On termine heureusement par le meilleur pour la bonne impression voulue. Connasse Princesse des coeurs est un produit typiquement Canal +, à vous de voir si vous aimez ou pas. 

Note : 5,5 / 10

vendredi 1 mai 2015

Le Labyrinthe du silence ( Im Labyrinth des Schweigens )



Réalisation : Giulio Ricciarelli
Scénario : Elisabeth Bartel et Giulio Ricciarelli
Durée : 2 h
Interprétation : Alexander Fehling, André Szymanski, Friederike Becht, Johann Von Bulow...
Genre : Passionnant

Synopsis :

En 1958 en Allemagne, un jeune procureur découvre des pièces essentielles permettant l'ouverture d'un procès contre d'anciens SS ayant servi à Auschwitz. Il doit faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d'après guerre. Détermine il fera tout pour que les allemands ne fuient pas leur passé.

Deux grandes raisons d'aller voir ce film. La première, qui est pour laquelle je suis allé le voir, est le contexte historique sur l'après guerre en Allemagne quasiment jamais traité au cinéma. La seconde parce que c'est simplement un excellent film.

Un homme dans la rue cherche du feu pour s'allumer une cigarette et s'en voit proposer par un professeur à travers une grille d'école. Il reconnaît alors du regard que cet instituteur est un ancien SS d'Auschwitz. La formidable scène d'introduction donne le ton sur ce qu'il va suivre. Elle est d'une force mais aussi d'une ambiguïté totale qui nous plonge dans l'état de choc et le contexte de l'époque en quelques secondes. Le film est très académique au niveau de sa mise en scène, sans être scolaire non plus, ce qui lui enlève un peu le statut de chef d'œuvre du cinéma. Seulement le reste est une totale réussite tant tout est passionnant de bout en bout, que ce soit dans l'écriture et le sujet. Sur ce thème on repense au très bon film de Costa Gavras Music Box mais en moins romancé ici. C'est un film dossier absolument pas massif et bien loin de tous les clichés du genre qui nous offre un témoignage essentiel et un beau morceau de bravoure scénaristique. 

Le montage est très rythmé et l'écriture à la forme d'un thriller virtuose parfaitement dosé et qui n'entre dans aucune case de genre et encore moins des films à thèses. Ce film est très documenté, bien interprété et surtout ne possède pas un brin de pathos, une force sûre et essentielle pour traiter un tel sujet. Le labyrinthe du silence est un vrai plaisir de cinéma où l'émotion, le suspense, l'espoir mais aussi le côté historique de cette époque oubliée sont brillamment traités et sans aucunes esbroufes pour le spectateur. Ce dernier ressort du spectacle ému et impliqué dans ce sujet fort, sans pour autant être plombé. On a aussi jamais l'impression de suivre un cour pédagogique. Voilà surtout la grande force de ce film où le sujet et le film sont tous les deux aussi passionnant l'un que l'autre. Rien dans les thèmes et les ressorts n'est de calibré. Tout est nuancé et particulièrement juste et sobre. Très intéressant politiquement et psychologiquement dans cette génération faite sur l'oubli et la non connaissance, la grande force de ce film est d'être avant tout d'une grande maîtrise dans toutes les pistes qu'il prend. Jamais on ne s'ennuie et à la fin ni frustré ni assommé de détails plombants. Rien est de trop ou pas assez développé.

Le labyrinthe du silence est donc un film passionnant sur une partie historique qui l'est tout autant. C'est classique mais absolument pas lourd et bateau comme un film à Oscars, comme par exemple Imitation Game de Mortem Tyldum sorti cette année, car elle dessert le sujet. Objectivement dans la forme nous avons droit a un thriller élégamment écrit et interprété jamais frustrant, sans aucune artifice et d'une émotion d'une justesse absolue. Après l'excellent Phoenix de Christian Petzold sorti en début d'année, voici une deuxième perle du cinéma allemand à ne rater sous aucun prétexte. Évidemment la distribution en salles n'est pas à la hauteur de la qualité du film et de son message. Précipitez-vous en salles !


Note : 9,5 / 10