jeudi 27 août 2015

Mission Impossible - Rogue Nation



Réalisation et scénario : Christopher McQuarrie
Durée : 2 h 10
Interprétation :Tom Cruise, Simon Pegg, Jeremy Renner, Rebecca Ferguson, Sean Harris, Ving Rhames, Alec Baldwin... 
Genre : Old School

Synopsis

L'équipe du MIF est dissoute, Ethan Hunt se retrouve désormais isolé alors que le groupe doit affronter un réseau d'agents spéciaux particulièrement entraînés. Cette organisation sans scrupules est déterminée à mettre un nouvel ordre mondial à travers des actes terroristes. Le MIF doit se reformer pour accomplir la plus impossible des missions : éliminer le Syndicat. 

La saga Mission Impossible se bonifie avec ce cinquième opus qui prolonge la démarche séduisante du précédent. Si on moins de scénario qui cherche à repousser les limites, c'est le contraire, on a bien plus de forme et d'humour. Chaque films sont différents par la patte de son réalisateur, ici Christopher McQuarrie rend hommage aux quatre films précédents tout en insufflant la fougue et ses influences de cinéma old school. Avec un savoureux mélange d'humour et d'action parfaitement maîtrisé, voilà le bon blockbuster de l'été.

Après un bon Jack Reacher il faut avouer que de confier un Mission Impossible à McQuarrie était très judicieux. C'est un cinéaste reconnu à l'origine pour ses scripts dont notamment The Usual Suspects mais qui a su montrer également ses preuves en tant que metteur en scène comme un bon faiseur efficace avec un côté Old School et des envolées plutôt inattendues en termes d'audace. A côté de tous les blockbusters, les films de super héros ou d'actions que l'on voit actuellement la démarche est très rafraîchissante. Le spectacle plus honnête. Il est très plaisant de voir un scénario et une mise en scène drôle et qui prend le temps de nous faire savourer le spectacle. On retrouve donc ici un méchant manipulateur digne de Seymour Hoffman chez JJ Abrams sur une forme parodique assumée comme dans celui de Brad Bird. On a une poursuite en moto bien menée qui fait un pied de nez sympathique au John Woo avec un plan juste avant où Tom Cruise n'oublie pas de prendre ses lunettes de soleil dans un scénario très proche du jeu de dupes de celui de De Palma. McQuarrie ajoute sa séquence à lui celle dans un Opera particulièrement réjouissante en hommage à Hitchcock. 

Comme dans le précédent opus, le scénario épure encore plus la psychologie des personnages pour mettre en relief la manipulation. On remarquera un superbe personnage féminin aussi troublant que mélancolique du début à la fin, ce qui n'est pas si commun. Sur un fond de Thriller bien fait, l'action brille par de superbes scènes visuelles et audacieuses qui ne manquent pas de rester en tête par son suspense et son exagération jouissive. La scène sous marine reste un moment d'anthologie du film d'action. C'est spectaculaire et drôle souvent par l'intermédiaire de Simon Pegg, toujours impeccable. Il y a de l'humour sur la hiérarchie et du second degré un peu partout comme dans Skyfall. La démarche est un peu la même que dans le James Bond de Sam Mendes, l'hommage à la saga et particulièrement généreux avec les ingrédients de la recette attendue. Si on peut regretter que finalement ce n'est que du savoir faire et qu'il n'y a rien d'innovant, l'ensemble est tellement de bonne facture que je considère ce cinquième opus comme un bon film. Du cinéma frais et audacieux sans prétention qui fait du bien, je suis preneur. Finalement McQuarrie a signé l'épisode le plus maîtrisé, le plus distrayant et fidèle à la série mais aussi le plus stylé de ses influences avec son alliance de savoire faire virtuose d'ancien et moderne. Ce qui en fait de ce film un très bon cru dans le genre du film d'action. 

Note : 7,5  / 10

mardi 25 août 2015

Interstellar



Réalisation : Christopher Nolan
Scénario : Jonathan et Christopher Nolan
Durée : 2 h 50
Interprétation : Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Michael Caine, Jessica Chastain, Matt Damon, Casey Affleck, John Lithgow...
Genre : Mission to Mat(t)

Synopsis :

Un groupe d'explorateurs traverse une faille récemment découverte dans l'espace temps afin de repousser les limites humaines et part à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire.

Contrairement à The Dark Knight Rises et Inception, j'ai attendu quelques mois après la sortie en salles d'Interstellar avant de le visionner, histoire que le tapage médiatique retombe complètement afin d'essayer de gagner en objectivité. Au résultat, je n'accroche toujours pas. Comme dans Inception il y a des choses à sauver dans l'idée principale, dans certains thèmes abordés et sa démarche cinématographique initiale, très rétro dans le genre. Seulement il y en a aussi beaucoup à jeter car elles sont souvent vides, barbantes, quand elles ne sont prétentieuses par moment et surtout, pour la première fois chez le cinéaste, horriblement niaises.

Dans la forme on retrouve peut-être ce que Nolan a fait de plus maîtrisé jusqu'à aujourd'hui. Tout du moins dans son style. C'est à dire un scénario magistralement bien construit, un découpage efficace et rythmé ainsi qu'une belle photographie qui mêle le non et le très spectaculaire avec brio. Ce sont les qualités d'écriture et de mise en scène propres au cinéaste qui font rendre cette odyssée distrayante à suivre malgré le vide qu'il nous raconte au final. Qui dit style Nolan dit comme bien entendu la musique d'Hans Zimmer toujours omniprésente pour faire passer l'intégralité des émotions au spectateur. Mais qui dit style Nolan dit aussi casting avec des acteurs prestigieux partout. McConaughey est heureusement là avec sont talent pour faire la grande majorité du boulot. Sans lui le film serait mauvais, à l'image de la fadasse Anne Hathaway qui ne s'en sort toujours pas. Jessica Chastain et Matt Damon sont les plus ravis de tous en étant simple second rôle malgré leur petite forme. Quant aux autres acteurs, ils n'ont pas grand chose à faire comme d'habitude à part meubler un rôle d'un personnage du rôle d'un pion assez morne, limite vide d’intérêt au vu de la longueur du film. 

Ensuite si on parle du contenu, je suis beaucoup plus réservé. J'ai trouvé la démarche bonne et intéressante de faire un film de science fiction, ou plutôt de science et de fiction, qui reprenait les codes du cinéma à l'ancienne. D'un autre j'ai trouvé le film racoleur et une nouvelle fois trop handicapé du style des frères Nolan. Tout comme dans Inception, le style du cinéma de Nolan est beaucoup trop froid, démonstratif, mathématique et surtout bien trop cartésien pour en faire un film dans la dimension cinématographique attendu et mérité. Surtout que la fin du film est censée faire rêver. Tout du moins être un peu plus féerique, comme un film à la Steven Spielberg, dont le film était justement destiné à l'origine. C'est raté car Nolan n'a absolument rien d'onirique dans son cinéma et il ne change pas du tout ici. Il peut utiliser les tonnes d'effets spéciaux qu'il veut, la plus belle des musiques d'Hans Zimmer ou des mouvements de caméras sublimes, rien y fait : Nolan a une recette limité parfaite pour le thriller mais pas pour le cinéma d'une autre envergure. Son style ne fait place uniquement qu'au spectaculaire et se repose sur sa structure scénaristique virtuose. Finalement on ne voit à la fin que la niaiserie d'un très mauvais film américain dont il est interdit de faire dans le soi disant chef d'oeuvre que le cinéaste prétend nous pondre depuis plus de deux heures. Pourtant rien est surprenant car tout se recoupe gentiment et on se dit malgré plein de trucs improbables qu'on est bien dans l'esprit cartésien du cinéaste, tout le puzzle est au complet.

Pour ce qui est du racolage, je m'explique. Je n'ai pas vu Contact de Robert Zemeckis, toujours avec McConaughey d'ailleurs, mais il est beaucoup comparé avec Interstellar. Moi j'ai trouvé que le film ne dégage rien d'autre qu'un produit fait et destiné pour plaire à un maximum de monde. C'est du commercial vide et avec un fond assez hypocrite sur l'espèce humaine. Un coup cette dernière est à sauver, un coup non elle ne le mérite pas car elle est lâche et menteuse puis finalement non car c'est son amour qui va sauver le monde. Cela même si je trouve par moment que le cinéaste y met de la sincérité dans ses idées, je trouve que rien est nuancé, ni développé et encore moins évolutif, à l'image de la psychologie de Murphy qui vraiment lamentable. En revanche le cinéaste n'est pas très honnête en ne glissant rien de vraiment moderne technologiquement à la NASA pour pas que son film prenne un coup de vieux avec le temps. Du coup on se retrouve dans un cheap assumé certes avec le côté apocalyptique mais que je trouve pas très cohérent, comme une station de la Nasa censée être introuvable ou comme le départ du personnage principal en mission dans l'espace du jour au lendemain sans ré entrainement. On retrouve dans le scénario de l'écologie, de la science, de la philosophie, de la spiritualité le tout parsemé d'un (soi disant) humour et une bonne couche d'émotion. Le film n'est pas mauvais dans sa forme mais il est creux et n'est pas bon dans son fond. Je le trouve assez ingrat car il va dans un peu toutes les directions pour toucher le maximum de monde pour n'approfondir rien du tout. Du coup Interstellar n'est qu'un blockbuster hollywoodien comme les autres avec plus d'intention de faire un chef d’œuvre du cinéma à la clé que les autres. Il se catégorise comme Inception comme un film du dimanche plus sensoriel que les autres il est vrai mais également bien plus prétentieux. Ce qui est tout de même bien triste vu l'idée et le potentiel de départ.

Le cinéaste cherche également à plaire les cinéphiles avec des clins d’œil à Solaris et 2001 l'odyssée de l'espace, dont le scénario est de manière globale une mauvaise copie de ces deux derniers films. On remarquera aussi techniquement un changement de format du cadre entre les scènes intérieures et extérieures. Un format cinémascope pour les scènes extérieures qui en mettent plein les yeux (et les oreilles) et en 16/9 pour l'intérieur qui est censé renforcer l'oppression. A la longue ça ne sert pas à grand chose pour la grammaire du film. Je trouve ça même anecdotique ou plutôt une superficialité en plus. Bien sûr il y a des incohérences comme dans tous les films de science fiction et surtout avec un scénario comme celui là, assez invraisemblable dès le départ si on entre pas dans le trip. En même temps mêler le jeu de la temporalité avec celui de la science fiction, c'est pas une partie loin d'être gagnée d'avance. D'ailleurs je ne suis pas scientifique, au contraire, et c'est peut-être pour ça que je n'aime pas ce cinéma mais je pense que ce ne sont presque que des bêtises qui nous sont racontées, comme dans la plupart des films du genre. Là ça prend vraiment la tête, surtout que Nolan tient à tout expliquer de manière bien sérieuse, c'est très lourd. Le pire étant la dernière partie qui pour ma part sonne complètement faux. Même si bien entendu elle est bien faite techniquement, je la trouve ratée quand McConaughey se retrouve dans l'espace temps et qu'il boucle la boucle comme chez tous les Nolan. Seulement le personnage principal en perd son cerveau dans ce passage quand il se met à pleurer et agir en panique à essayer de communiquer avec sa fille et lui même derrière la bibliothèque. Alors qu'il sait ce qu'il va se passer, qu'il a déjà vécu ça, il refait les mêmes codes qu'il a déjà fait alors avant qu'il ne comprenne que ce soit lui qu'il se soit tracé la route pour la survie de l'espèce. Je trouve que c'est une grosse erreur de scénario, une erreur de construction carrément loupée. Pour le reste c'est frustrant de repenser que sur presque trois heures le scénario ne raconte qu'une demie épopée spatiale et physique peu approfondie où tout se repose sur l'acteur principal.

Interstellar est plus distrayant mais plus niais qu'Inception qui est pour moi soporifique et frustrant. Les fans de Christopher Nolan seront ravis car il se renouvelle un peu avec la démarche initiale et se démarque des blockbusters contemporains dans le genre. Comme pour Cloud Atlas des Wachowski, que je n'ai pas aimé non plus au passage, le film a au moins ce mérite qu'on ne peut lui enlever d'être différent. Même si le style Nolan a marqué des blockbusters actuels, il ne renouvelle pas pour autant dans sa forme ici et c'est trop fortement présent pour un tel sujet. Tout le monde est content, les fans comme les détracteurs au final. Ou pas, comme moi qui au final n'apprécie que la moitié de son oeuvre. Quand on voit le succès du film ça fonctionne tout comme pour Inception, mais au final je trouve tout cela beaucoup trop surestimé. Je ne demande pas au cinéaste de refaire un produit semblable à 2001 L'odyssée de l'espacece serait bien trop abstrait pour le grand public. Surtout à l'encontre des grandes productions qui sortent de nos jours qui ne font pas réfléchir. Ce film est une nouvelle preuve du grand succès actuel de Christopher Nolan, il suffit de thèmes qui plaisent à tout le monde avec un bon savoir faire et un tapage médiatique énorme pour cartonner un maximum et lui crier au génie. Au final ce n'est pas plus honnête qu'un remake ou la suite d'un film qui a eu du succès il y a quelques années. Et puis ce n'est pas parce qu'une idée est bonne et que les effets spéciaux sont impressionnants que cela en fait un bon et un grand film. Encore moins un chef d'oeuvre. On peut reprocher la même chose à Nolan qu'à Alfred Hitchcock, mais Hitchcock lui adaptait son style au service du scénario. Nolan, c'est le contraire. Ici il a eu tendance en plus à être plus niais que d'habitude et c'est la goutte d'eau. Personnellement j'attendais plus qu'un film qui n'a la prétention de faire un grand chef d'oeuvre du cinéma avec un simple mixage de L’étoffe des Heros de Philip Kaufman et de Mission to Mars de Brian De Palma  

Le cinéma de Christopher Nolan transporte les foules uniquement par son style dans cette épopée spectaculaire. Nolan n'est pas complaisant dans sa démarche mais il y a une chose qu'il n'a jamais réussi à faire et je pense ne réussira toujours pas : faire rêver et laisser place à l'imaginaire à son public. Ce qui reste un comble tout de même pour du cinéma qui se veut aussi grand fort, beau et philosophique. Comme avec InceptionInterstellar avait beaucoup trop d'ambitions et d'essences dans ces idées et son concept à la base pour finalement n'être qu'un film frustrant car beaucoup trop marqué au fer du style Christopher Nolan. Cela pour le meilleur ou pour le pire, c'est à vous de voir si vous entrez dans son jeu ou pas.  

Note : 4 / 10


dimanche 23 août 2015

Raging Bull



Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : Paul Schrader et Mardik Martin
Durée : 2 h 
Interprétation : Robert De Niro, Joe Pesci, Cathy Moriarty, John Turturro... 
Genre : Chef d'oeuvre qui met K.O

Synopsis

Évocation de la vie flamboyante et violente du champion de boxe Jake La Motta. 

A l'origine, Martin Scorsese ne voulait pas faire ce film tout simplement car le sport ne l’intéressait pas à l'écran. Mais le cinéaste était surtout déprimé par le bide commercial de New York New York qui mettait déjà sa carrière sur la sellette. Martin Scorsese avait complètement plongé entre temps dans l’héroïne et enchaînait les cures de désintoxication. C'est Robert De Niro pour le sortir de cette impasse qui lui proposa de faire ce projet. Une fois le début de sa métamorphose en Jake La Motta entamée, l'acteur lui imposa de le faire et qu'il comptait vraiment sur lui. Scorsese n'avait donc pas d'autres choix que de le faire. Comme il le dit aujourd'hui, De Niro lui a sauvé la vie avec ce film. Depuis il n'a plus touché à la drogue. 

Scorsese appréciait la biographie de Jake La Motta qui dépeint un homme à l'enfance particulièrement difficile éduqué entre maisons de corrections et prisons. Le cinéaste ne souhaitait bien entendu pas entrer dans cette dramaturgie émotionnelle et voulait absolument se concentrer sur lui dans ses heures de gloires et sa chute. Il veut mettre en relief sa facette effroyable autant physiquement que moralement en avant et laisser planer son passé, son côté de torturé et d'incompris tout le long. Le scénario fut confié à son ami Paul Schrader qui a fait une nouvelle fois un travail pour le moins remarquable. Le cinéaste ne se sentait cependant toujours pas capable de filmer les scènes de combats. Tout le long du tournage, il a improvisé et filmées des prises vues en plus de celles qu'il avait préalablement story-boardées. Au montage, le résultat est sensationnel, on trouve une modernité et un spectaculaire jamais vu et aujourd'hui jamais égalé. 

Raging Bull est sans aucun doute le chef d’œuvre cinématographique de Martin Scorsese, mais également son film le plus massif, à l'image de la performance de Robert De Niro à l'écran. La vie de Jake La Motta est une fresque psychologique aussi viscérale que sociale d'un magnétisme unique. De Niro est impressionnant et la mise en scène clinique et violente du cinéaste propulse le spectateur dans une étude de mœurs très Scorsesienne et digne des meilleurs films du cinéma. Le sublime noir et blanc entre réalisme cru et esthétique sublime est un spectacle glaçant comme un pic à glace. On suit un homme tout ce qu'il y a de plus antipathique durant deux longues heures dont chaque plan, chaque dialogue, chaque regard de Robert De Niro font l'effet d'un coup de poing, de poignard absolument inoubliable et traumatisant. La violence a beau être sur le ring, elle est aliénée dans le personnage de Jake La Motta. Scorsese et De Niro ont bien retenu le surnom donné par le public Taureau. La Motta est représenté sur toutes les coutures comme une monstrueuse bête sauvage et violente sans état d'âme, sur les nerfs et prêt à exploser en permanence. Toute sa vie, il sera un homme limité intellectuellement qui ne s'exprime que par les poings et la violence physique. Une analyse violente, cynique et magistrale sur une nouvelle quête de rédemption chez le cinéaste. On y retrouve un scénario et une mise en scène sans cesse bouillonnant, à l'image de la psychologie du personnage principal, et comme souvent chez Schrader et Scorsese, libre à nous de penser nos idées et de panser nos blessures intimes. 

Beaucoup pense que Raging Bull n'est qu'un film de Boxe traditionnel ainsi qu'un rôle à Oscars pour Robert De Niro devenu mythique par la suite. C'est plus que cela. C'était le début d'une "mode" où les cinéastes ont pu s'emparer des biographies de personnages célèbres pour en tirer des films exceptionnels, avec des thèmes personnels et universels. The Elephant Man de David Lynch ou encore Amadeus de Milos Forman par la suite seront justement récompensés les années suivantes. Ces deux films là ont pu se faire grâce aux Oscars reçus du film de Martin Scorsese. Le film est ensuite la démonstration de la technique payante de la technique d'Actors Studios. De tous les grands films et de toutes les nominations que De Niro enchaînaient chaque année aux Oscars, c'est dans ce film qu'il eu fait sensation. Pour Martin Scorsese c'est aussi la rencontre officielle avec Thelma Schoonmaker qui sera jusqu'à aujourd'hui sa monteuse officielle pour ses longs métrages. Mais ce qu'il faut surtout retenir, c'est que Raging Bull est surtout la synthèse du cinéma de Martin Scorsese. On retrouve la fresque qu'on lui connaîssait et connaîtra avec ses gangsters mêlée avec le brûlot psychologique et social de Taxi Driver. Le film regroupe toujours à l'heure actuelle ses deux grandes phases de son cinéma et reste peut-être celui le plus Kubrickien de sa filmographie. Si Raging Bull est assez hermétique pour le grand public, un peu à l'image de Jake La Motta, il n'en dégage pas moins une puissance et une maîtrise technique unique et sensationnelle. Rares sont les films qui dégagent une telle force cinématographique et dans la constance durant ses deux heures. 

Raging Bull sera sans doute avec Casino le film qui vieillira le moins formellement de tous les films du cinéaste confondus. On y trouve tout au meilleur de sa forme, un grand acteur, un excellent scénario, un sublime montage, et surtout un grand cinéaste qui sait être universel et personnel à la fois. C'est un film où il y a tant à dire et si peu à la fois, c'est aussi pour toutes ces raisons qu'on parle de chef-d’œuvre. Pour les plus froids devant, il reste la performance de Robert De Niro qui est incontestablement aussi marquante et indélébile que la fameuse phrase : «  You Fuck My Wife ». Oui c'est un des plus grands films de l'Histoire du cinéma avec l'une des plus grandes répliques. 

Note : 10/ 10

PS

Le film fut un succès critique mais un flop commercial. A l'inverse, dans le même domaine, Rocky de John G Avildsen fut un grand succès public. Aujourd'hui ce sont deux films incontournables sur la boxe et reconnus comme des classiques du cinéma. 

Robert De Niro s'est tellement entraîné au point de briser le nez au vrai Jake La Motta.

Scorsese et De Niro s'étaient logiquement vu proposés ensuite de faire le remake de Scarface. Scorsese ne se sentait pas d'attaque et c'est ensuite tombé un long moment sur Sidney Lumet avant que ce ne soit finalement Brian De Palma comme on le sait. Il est clair que c'était un projet pour eux, cela aurait pu donner une fresque entre Raging Bull et Casino et aurait certainement était un grand film aussi. 

samedi 22 août 2015

American Ultra




Réalisation : Nima Nourizadeh 
Scénario : Max Landis
Durée : 1 h 40
Interprétation : Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Topher Grace, Connie Britton, Bill Pullman, John Leguizamo...
Genre : Loupé


Synopsis

Mike Howell a une vie paisible et sans ambition avec sa copine Phoebe. Un jour tout est chamboulé car il apprend qu'il est un agent sur entraîné dont la mémoire a été effacée. Des gens veulent sa peau, d'autre le sauver. C'est encore un peu trop de choses compliquées à assumer pour un jeune homme souvent drogué. 

Au départ, il y a une bonne idée originale pour de la comédie d'action. Au final ce sera à peu près tout car tout le reste est paresseux, lisse et devient frustrant. Les acteurs principaux sont en petite forme, le scénario est trop maladroit pour convaincre et Nima Nourizadeh confirme surtout qu'il n'est pas un bon metteur en scène. 

Le cinéaste était encore meilleur quand il fallait faire du Found Footage comme son premier film Projet X. Sa piètre inventivité ici ne fait décoller que 10 % du potentiel du scénario. Scénario qui à la base reprend le concept de Jason Bourne et Traqué de Friedkin de manière plutôt pas mal mais un peu trop maladroit et lisse dans l'ensemble pour être bon. C'est bien dommage car le film commence de manière assez séduisante, pour ne finalement ne jamais décoller et rester au sol. On a le droit a de l'humour assez lourd, des scènes d'actions qui sentent le déjà vu ou qui suivent à la lettre les conventions du genre. 

En plus de cela on a une mauvaise utilisation de la musique, les effets de montage sont plats, la violence toujours mal chorégraphiée et confirme la mise en scène pataude du début à la fin. Les dialogues souvent sont ternes et manquent de cachet. Sans être un navet pour autant, le film se suit sans saveurs et frustre plus qu'il ne fait rire ou distrait. Si l'on excepte le bon générique de fin, on désire un Mathhew Vaughn ou un Edgar Wright aux manettes. 

On pense à ce qu'aurait réalisé un Friedkin ou un Tarantino comme le dit si justement Télérama car ici out n'est qu'une pâle copie du genre qui ne décolle jamais. C'est bien dommage car il y avait tous les ingrédients en main pour faire un sacré cocktail Molotov du genre. Le génie et le savoir faire n'est pas à la portée de tout le monde et ce film en est la preuve. 

Note : 3,5 / 10

La Isla Minima



Réalisation : Alberto Rodriguez
Scénario : Rafael Cobos et Alberto Rodriguez
Durée : 1 h 40
Interprétation : Raul Arevalo, Javier Gutierrez, Salva Reina, Manolo Solo... 
Genre : Dans la brume franquiste

Synopsis

En 1980, dans l'Espagne après Franquiste, deux flics que tout oppose sont envoyer en Andalousie, dans une toute petite ville, résoudre le double meurtre de deux adolescentes. 

On connaît des bons polars mais très peu marquent pour leurs côtés novateurs dans le fond et la forme. Ce ne sera pas le cas de La Isla Minima pour ma part même si j'avoue avoir été fort séduit par bien des qualités que n'ont pas la majorité des polars contemporains. Je n'ai pas encore vu la série True Detective mais ce film à l'air assez parenté avec. La Isla Minima possède avant tout une superbe mise en scène et d'excellents acteurs et un bon scénario. 

On pense un peu à Memories of Murder de Bong Joon-Ho et Dans la Brume électrique de Bertrand Tavernier par la facilité du metteur en scène à créer l'ambiance poisseuse et ambiguë ainsi que la dimension particulièrement oppressante et sauvage par ses magnifiques plans de la nature. Seulement le scénario reste finalement dans le convenu, on reste sur une enquête plutôt classique même si elle est brillamment écrite et parfois passionnante par son contexte historique. Le script reste donc un peu trop superficiel sur la psychologie des personnages et les ficelles de l'intrigue. Ces dernières s'étirent un poil trop sur la fin et possèdent quelques clichés (la voyante et les flics véreux sont trop peu nuancés). Ces ficelles discrètes nous font deviner la résolution presque au deuxième tiers du film. Dommage, mais l'utilisation d'une très bonne musique et d'une photographie magistrale nous font passer quand même un bon moment de cinéma, comme on aimerait en voir bien plus souvent. 

Du montage aux poursuites, tout est à l'ancienne et c'est foutrement jouissif de nos jours d’apprécier celà. Très dépaysant ne voir un film sans effets spéciaux à tout va et des trames scénaristiques simples et bien léchées. Toute la fin du script est en format de sablier. Une fois l'enquête résolue tout se ferme puis se rouvre comme la cicatrice d'une plaie quand on se concentre à nouveau sur le non dit qui planait entre les personnages et leur passé depuis le début. Le léger doute sur une photo s'installe et ouvre une piste de manière un peu trop simple. Ce doute séduisant tout le long reste du coup un peu trop anecdotique à la fin. On clôt une enquête pour finalement ouvrir une morale, une dénonciation un peu trop facile à mon goût. Du moins je la trouve pas assez développée ni avant ni à la fin pour être intéressante. Elle n'est pas suffisamment pertinente pour en faire un grand film. Il manque peut-être plus de prise de risque au niveau de l'écriture, un peu comme à l'époque au final pour Dans ses Yeux de Juan José Campanella. 

La Isla Minima est un bon film avec avant tout beaucoup de forme et une grande maîtrise technique et scénaristique. Tout est très bien fait et proche de ce qui se fait de mieux dans le genre et le suspense. Seulement il manque la touche qui fait la différence et qui rend le film unique. Ce n'est pas donné à n'importe qui. Denis Villeneuve avec Prisoners avait le même souci pour ma part il y a deux ans. Tous les cinéastes ne sont pas comme David Fincher, Roman Polanski ou Bong Joon-Ho pour ne citer qu'eux mais Alberto Rodriguez signe cependant un bon polar très recommandable, surtout pour les fans du genre. 

Note : 7,5 / 10

Comme un avion



Réalisation et scénario : Bruno Podalydès
Durée : 1 h 40
Interprétation : Bruno Podalydès, Agnès Jaoui, Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès... 
Genre : Voyage léger

Synopsis

Michel, la cinquantaine, est infographiste. Passionné d'aviation, son quotidien l'ennuie jusqu'à ce qu'il tombe sur l'image d'un Kayak. Il en achète un, le monte et souhaite faire une échappée avec, tout seul à partir d'une rivière. 

Chez Podalydès, il y a toujours une atmosphère sympathique, un travail du script tendre, subtil et drôle le tout porté par des acteurs excellents. Dans son dernier film, c'est toujours le cas. On retrouve un conte doux amer porté par le charme des comédiens plutôt sympathique et particulièrement destiné au quinquagénaire qu'aux autres générations. Dommage que le cinéaste n'aille pas plus loin dans ses idées et dans les thèmes qu'il aborde, son film perd du coup de sa qualité. Cela aurait pu nous faire mieux rêver. 

Le film est un peu lent et reste au final assez superficiel par rapport aux thèmes qu'il nous offre. Le scénario ne fait qu’effleurer les sujets de crises existentielles du couple, du travail, des liaisons sociales et technologiques. On reste également un peu sur la faim des rêves enfouis de chacun. Le film se contente de seulement nous laisser penser ce qui aurait pu être bien si c'était un peu plus poussé. Un peu frustrant même si le charme des comédiens et la démarche nous font passer tout de même un agréable moment. Des passages sont assez insolites et fonctionnent bien. Du coup c'est presque suffisamment réjouissant pour faire oublier un scénario qui se contente trop souvent de cumuler des scénettes plus ou moins efficaces.

Du début à la fin on reste attaché au personnage principal. On savoure quelques belles idées de mises en scène oniriques et le spectateur, à l'image de Michel, prend un petit bol d'air frais sympathique. A défaut de nous faire voyager, le film reste aussi sympathique qu'une petite ballade à pied après un long travail sur un écran. 

Note : 5,5 / 10

vendredi 21 août 2015

The Last Waltz



Réalisation : Martin Scorsese
Montage : Jan Roblee et Yeu-Bun Yee
Durée : 1 h 50
Avec la participation de : The Band, Bob Dylan, Neil Young, Neil Diamond, Muddy Waters, Ringo Starr, Eric Clapton, Joni Mitchell...
Genre : Voyage musical temporel

Synopsis :

Le dernier concert du groupe The Band en Novembre 1976 avec des invités de luxe.

Après quinze ans d'activités, le groupe The Band se sépare. A cette occasion ils font un concert d'adieu avec des invités de prestige pour leurs fans. Alors que pour Martin Scorsese New York New York est un bide total, la production lui propose de filmer ce concert en attendant de lui confier un autre projet. Ravi le cinéaste accepte car il adore la musique, particulièrement ces musiciens. Il sera par la suite très lié à Robbie Robertson. Le cinéaste arrive même à prendre les techniciens de Taxi Driver pour rendre la scène un lieu de spectacle bien plus photogénique à l'écran.

Entrecoupé d'images d'archives et d'interviews judicieusement choisies, cette captation du concert est absolument sublime. The Last Waltz est certainement ce qu'il se fait de mieux dans le genre, ce que tout groupe de musique rêve de posséder comme testament. Le film possède de superbes plans, une mise en scène qui fait dégager toute l'intensité, toute l'émotion des musiciens, interprètes et surtout de la musique. Pendant presque deux heures, nous sommes plongés dans un fabuleux hommage à la musique. Comme pour le cinéma, la passion du cinéaste pour la musique est ici très communicative.

Martin Scorsese avait fait du montage sur Woodstock de Michael Wadleigh qu'il avait beaucoup apprécié. Ici il transcende son modèle. Lentement le concert filmé gagne une énergie musicale rarement si bien retranscrite à l'écran. Tous les morceaux sont excellents, à l'image des guests qui défilent devant nos yeux, avant de tous venir sur scène ensemble. Non non ce ne sont pas Les Enfoirés, ni les NRJ music Awards même si la démarche et la même. Rien de commercial, puis c'est de la vraie musique que l'on parle ici. Si The Last Waltz reste moins virtuose techniquement que son dernier concert filmé sur les Rolling Stones Shine a light, il est bien plus réussi. Beaucoup plus de chaleur se ressent et la technique est en adéquation avec ce qu'il filme du début à la fin. Nous sommes dans une époque et un contexte beaucoup moins commercial, où c'est donc la musique qui parle avant tout. Scorsese a préalablement tout story-boardé et préparé l'éclairage, ce qui donne vraiment du cachet à son concert filmé. 

Pas de papier glacé donc, on ressent une ambiance à la fois tendue entre les membres du groupe qui se séparent mais aussi une superbe solidarité entre eux à finir leur carrière en beauté. Les superbes captations de ce live m'ont donnés envie de découvrir ce qu'avait fait le groupe. Personnellement je trouve que c'est un groupe un peu comme The Byrds, il y a un peu de tout. On retrouve beaucoup de morceaux biens mais tous un peu similaires, avec un léger style bien à eux. Le concert est ce qu'ils ont fait de mieux, sans vouloir être méchant. En même temps, ce concert est d'une telle force qu'il n'y a aucune honte à la dire. Voir Muddy Waters, Bob Dylan ou Neil Young ainsi qu'un brassage génial de plusieurs styles musicaux comme le Blues, la Country, la Soul, le Bluegrass et bien entendu le Rock : c'est juste du caviar pour n'importe quel mélomane. Je n'en dis pas plus, vous l'aurez compris, c'est une perle de concert filmé que je recommande absolument.

Note : 10 / 10





L'interview qui tue ( The Interview )



Réalisation : Seth Rogen et Evan Goldberg
Scénario : Dan Sterling
Durée : 1 h 50
Interprétation : James Franco, Seth Rogen, Lizzy Caplan, Randall Park...
Genre : Farce lourde

Synopsis

Un animateur de Talk Show et son producteur se retrouvent impliqués dans un complot meurtrier à l’échelle internationale.

Après C'est la fin et le coup de promo pour Sony ( polémique n'est pas le bon mot pour ce qu'il s'est passé) que le film a engendré avant sa sortie en salles, il ne fallait pas s'attendre à du lourd. Enfin si mais plutôt en matière grivoise et en humour gras. Effectivement sur ce point là on est rassasié très rapidement. 

Le problème de L'interview qui tue est d'avoir un sujet que l'on aimerait voir bien traité par un cinéaste. Ce qui attire forcément des déçus et des désillusions. Seulement on ne changera pas Seth Rogen et sa bande qui font ici leur cinéma avec leur trip bien à eux. Si leur précédent film était plus drôle que lourdingue, ici c'est l'inverse. Parfois c'est drôle mais souvent c'est très lourd, trop potache à mon goût. C'est à la limite du supportable tant James Franco et Randall Park en font des caisses dans leur jeu qui cependant n'ont pas d'autre choix que de meubler leurs personnages, des caricatures vides. Il faut reconnaître qu'en tant que comédie américaine, L'interview qui tue n'est pas ce qu'il se fait de pire. C'est la combinaison humour des fois très trash et très vulgaire que l'on retrouve souvent chez Seth Rogen acteur et réalisateur. Il y a de l’honnêteté dans ce cinéma qui n'a pas la prétention de faire plus que de divertir son public. 

Le film est pas si mal dans l'ensemble mais moins réussi que C'est la fin vous l'aurez compris. Parfois il y a des idées sympathiques mais elles sont vite avortées. Seulement on ne va pas demander à Judd Apatow à faire du John Cassavetes. Idem ici, c'est une comédie comme une autre mais avec un sujet qui aurait plus convenu à Sacha Baron Cohen. Si ce n'est pour quelques sourires de temps en temps pour un amateur d'humour pas fin du tout ainsi que pour la sympathie des acteurs, ce film est dispensable. 

Note : 5 / 10

jeudi 20 août 2015

Into The Woods - Promenons-nous dans les bois



Réalisation : Rob Marshall
Scénario : James Lapine 
Durée : 2 h 05
Interprétation : Meryl Streep, Emily Blunt, Anna Kendrick, James Corden, Chris Pine, Daniel Huttlestone, Lilla Crawford, Johnny Depp...
Genre : Musical plutôt fun 

Synopsis

Jack et le Haricot Magique, Raiponce, Cendrillon, Le petit Chaperon rouge se retrouvent "dans les bois" pour une revisite des contes originaux assez modernes, originales et surtout musicales. 

Into The Woods n'est pas resté en salles très longtemps sans doute parce que le public attendait autre chose qu'une comédie musicale remplie de second degrés de la part de Disney. Du coup le film a fait un flop monumental, que ce soit de la part de la critique que du public, et c'est bien dommage. Cela confirme hélas que la firme Disney doit toujours être sérieuse et niaise au premier degrés pour plaire au grand public, ce qui n'est pas le cas du cinquième film de Rob Marshall. 

Quand on sait qu'une production Disney glisse des morts sans violons, des dialogues et des situations complètement déjantées et grossières avec un scénario qui dépeint des personnages de Contes comme des vulgaires pantins décérébrés dans un seul film... que demander de plus ? Loin d'être un chef d'oeuvre, je trouve que la démarche est vraiment sympathique et le traitement plutôt bien maîtrisé. A noter que la morale n'est pas pompeuse, la niaiserie ne prend jamais le devant et cela même si les numéros musicaux se ressemblent tous. Ces derniers tiennent cependant le cap grâce au bon savoir faire de Rob Marshall, revenu enfin en bonne forme après deux films plutôt nuls. Les acteurs en font des tonnes pour notre plaisir, Meryl Streep en particulier. D'une fluidité de mise en scène et d'une cohérence narrative très correcte, Into The Wood est une revisite aussi sympathique que distrayante des Contes dans les Bois. Le scénario ne manque pas de faire des clins d'oeil réjouissants aux contes comme au cinéma (Monty Python et Magicien d'Oz) et de rendre un spectacle agréable particulièrement pour ceux qui connaissent les histoires. On se retrouve devant une sorte de musical entre le mauvais goût très assumé et la trame dramatique typiquement des shows de Broadway. 

Rob Marshall ne retrouve pas la force de la mise en scène de son premier film Chicago mais il retrouve le savoir faire plutôt bon et parfois jouissif de son deuxième film Mémoires d'une GeishaCette revisite est moins sérieuse et frustrante que Maléfique de Robert Stromberg sorti l'an dernier mais reste victime quand même de sa longueur. Vingt minutes en moins seraient bienvenues car le scénario s’essouffle sur la fin, comme pas mal de films de nos jours, tous un peu long pour ce qu'ils racontent. Attention cependant car Into The Woods n'est pas une comédie musicale classique. Cinématographiquement le genre est loin d'être bouleversé, loin de là, on reste très éloigné des numéros musicaux qui restent en tête comme dans les grands classiques du genre. Pour apprécier le film je pense qu'il faut prendre le tout comme un opéra moderne au grotesque assumé dans la mode du radio crochet. Il faut avoir un second, même un troisième degré affûté pour l'apprécier pleinement. Cette dérision est clairement assumé tout le long de la part du scénario et du metteur en scène, une prise de risque pour Disney qui le paye pour le coup bien trop cher. Parfois c'est très drôle et très loin de l'esprit de base de la firme. 

Sans être un grand film, Into The Woods signe le retour d'un bon Rob Marshall avec quasiment uniquement de l'autodérision. Ce show musical filmé ne vieillira sans doute pas très bien avec ses effets mais reste drôle et original par rapport à l'ensemble des autres productions. C'est sa grande force mais forcément comme souvent quand c'est un produit Disney, sa faiblesse auprès de son public qui n'accroche pas et le dénigre. Il est rare qu'un Disney sans grosses ficelles soit apprécié à sa juste valeur. Exactement comme trois mois plus tard avec le film de Brad Bird A la poursuite de Demain. En dessin animé, Kuzco l'empereur mégalo de Mark Dindal reste mon meilleur exemple. Le seul dessin animé Disney qui possède comme chez Dreamworks presque uniquement du second degrés et qui reste pour moi un des meilleurs de la firme. Les goûts et les couleurs comme on dit si bien, surtout pour changer de conversation. Pour résumer Into The Woods est un musical rafraîchissant pour ceux qui ont encore de l'humour et de la dérision. 

Note : 6 / 10

mardi 18 août 2015

La Rage au ventre ( Southpaw )



Réalisation : Antoine Fuqua
Scénario : Kurt Sutter
Durée : 2 h 
Interprétation : Jake Gyllenhaal, Rachel McAdams, Forest Whitaker, Curtis"50 Cents" Jackson... 
Genre : Gros sabots sur le ring

Synopsis

Billy Hope est champion du Monde de Boxe et mène une vie paisible avec sa femme Maureen. Lorsque sa femme est tuée, il perd tout ce qu'il possède y compris la garde de sa fille Leila. Au plus bas il va rencontrer Tick Willis, un ancien boxeur qui va l’entraîner pour gagner un ultime combat face à l'assassin de sa femme. 


Comment peut-on écrire un scénario aussi mauvais de nos jours ? Je suis sidéré de voir en plus que ce film est très bien noté sur Allociné ou Imdb. La Rage au ventre n'est rien d'autre qu'une pathétique accumulation de clichés lisses et de mauvais goûts filmés à gros sabots. Si Jake Gyllenhaal essaie de donner un semblant d'épaisseur à son personnage fadasse, tous les personnages secondaires sont catastrophiques. Même Forest Whitaker c'est dire ! La musique pompeuse du regretté James Horner n'arrange pas la donne. Sa bande son composée essentiellement de violons et utilisée à la louche rend le film purement indigeste. Un vrai navet qui ferait passer le fadasse Warriors de Gavin O'Connor pour un très grand film de Boxe. 

Sur deux heures de film, pas une seule idée de plan ou de scénario originaux, pas un seul bon dialogue, pas une seule qualité ne se dégage de ce film plat et d'une insipidité absolue. Les scènes de combats n'ont rien de transcendant et c'est le drame car les personnages et leurs psychologies sont plus que minables. Ce navet n'est pas une simple reprise ratée de Rocky mais un véritable carnage cinématographique qui n'épargne rien au personnage principal comme au spectateur. Un véritable supplice de regarder ce film jusqu'au bout. Un supplice oui car c'est une grosse parodie prise au plus grand sérieux avec un metteur en scène qui essaie de faire du Clint Eastwood à chaque scène. L'accumulation des déboires du personnage principal se fait en un quart d'heure. La façon dont cela est amené est destiné à David Zucker tant c'est exagéré et mal écrit. C'est loupé sur toute la ligne car tout sonne faux, de l'écriture à la mise en scène. On se retrouve comme devant un film de Luc Besson, on est prit pour un benêt du début à la fin devant un film qui se croit bien plus intelligent qu'il ne l'est. 

Antoine Fuqua était bien plus convaincant dans Training Day et ici il tombe de haut dans mon estime. Ce nanar est loin de mettre au tapis n'importe quel film de Boxe comme son modèle Rocky ou même dernièrement Fighter de David O'Russell. Ce film est un des plus mauvais dans le genre que j'ai eu l'occasion de voir, un des plus mauvais que j'ai vu tout simplement. 

Note : 1 / 10

New York New York




Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : Mardik Martin et Earl Mac Rauch
Durée : 2 h 40
Interprétation : Robert De Niro, Liza Minnelli, Lionel Stander, Barry Primus...
Genre : Musical Noir

Synopsis :

Après sa victoire sur le Japon, New York est en liesse. Jimmy Doyle, saxophoniste et jeune soldat, rencontre Francine Evans, jeune chanteuse au Starlight Club en pleine fête. Le hasard et leur métier les font se rencontrer de nouveau. Ils vont s'aimer, faire une carrière ensemble, connaître la gloire puis finir par se séparer. Ils se retrouveront seulement dix ans plus tard.

New York New York fut un tel échec financier à sa sortie en salles que l'on a retenu à tort que cela du film pendant des années. La presse avait accueilli le film assez tièdement, le public quant à lui ne voulait plus du tout voir ce genre depuis des années. Par la suite la notoriété de Robert De Niro et de Martin Scorsese redonnera heureusement une second chance à ce très grand film qui est bien plus qu'un musical banal. Sous sa carapace de film musical se cache un grand Scorsese, sa première fresque avant Les Affranchis, Casino Gangs of New York et Le Loup de Wall Street. Le cinéaste signe donc une magnifique fresque intemporelle, très sentimentale et violente sur la vie d'artiste. Le cinéaste en profite par la même occasion pour rendre hommage à l'âge d'or des comédies musicales des années quarante et cinquante avec de superbes numéros et chansons.

Même si c'est un commande, ce film tenait à cœur à Martin Scorsese car c'était déjà un grand cinéphile. Il faut tout de même avouer que cette commande était quand même à la base assez ingrate de la part des studios car la comédie musicale était dépassée. Le genre était éteint auprès du grand public depuis des années et faisait des flops financiers depuis au moins quinze années. Surtout pour le public et la presse qui n'a pas vraiment apprécié et eu la curiosité de voir un des cinéastes les plus provocateurs de leur époque avec Taxi Driver faire une comédie musicale "old school". Les apparences sont trompeuses comme on dit car New York New York est un très grand drame avec une violence sentimentale particulièrement forte et émouvante. Malgré ses propositions et ses tournages très nombreux, De Niro souhaitait absolument être de nouveau avec Martin Scorsese pour interpréter le rôle de Jimmy. Perfectionniste, l'acteur s'est transformé en saxophoniste avec l'aide de Clarence Clemons. Il est impressionnant une nouvelle fois par son jeu et ses improvisations au saxo qui restent en tête. En face de lui, on retrouve la fille d'un des mentors du cinéaste et de la comédie musicale : Liza Minnelli. Elle est excellente et trouve avec Cabaret de Bob Fosse son meilleur rôle. Les deux acteurs donnent toute la profondeur possible à leurs personnages, au couple et au potentiel du scénario. Poignant, émouvant, le spectacle est tout aussi violent que les gangsters ou névrosés habituels du cinéaste. On est dans du pur cinéma de Martin Scorsese qui nous donne un magistral avant goût d'un de ces chefs-d’œuvre émotionnel hélas toujours bien trop méconnu Le temps de l'innocence.

Martin Scorsese dans sa mise en scène garde une forme relativement classique. Un académisme qui met en relief l'interprétation et le scénario. Mais quand je parle d'académisme ce n'est absolument pas celui qui est pompeux, lisse ou celui des oscars. Non celui des grands comédies musicales où chaque plan sont d'une élégance, d'une émotion, d'une idée qui font décoller le film vers le haut, presque le chef d'oeuvre ici. On est baigné dans une superbe photographie dans des décors de studios particulièrement travaillés pour un pur moment de bonheur. Tout est un vibrant hommage à la fois personnel et passionné au genre musical. Le cinéaste s'est entouré de Boris Leven le décorateur de nombreuses comédies musicales dont West Side Story de Robert Wise et Jerome Robbins. Il utilise des cadrages souvent très carrés en hommage aux films de Cukor, Minnelli, Stanley Donen et Gene Kelly et fait durer des numéros pour faire passer le temps à la narration du scénario. Ce n'est pas tout car c'est aussi pour faire un dernier adieu au genre à son public amateur de comédie musicale. Le fait en plus d'avoir Liza Minnelli, fille de Vincente Minnelli et de Judy Garland confirme l'hommage absolu.

Ne nous trompons pas pour autant car c'est aussi un film d'un grand réalisme. Le cinéaste comme d'habitude fait confiance à l'improvisation et une nouvelle fois ça paye. Les deux tiers du films sont d'ailleurs des scènes improvisées. On pourrait presque dire que seules les parties chantées sont répétées auparavant. New York New York reste avant tout un film sur la musique. Les deux personnages sont musiciens, se rencontrent par la musique, feront carrière dedans mais se sépareront également à cause d'elle. Une histoire d'amour rude et poignante sur toute une époque où les artistes sont en compétition au point d'en sacrifier leurs sentiments. Scorsese passionné de Powell ne se manque pas de faire des clins d'oeil aux fameux Chaussons rouges, comme tout au long de sa carrière d'ailleurs. On retrouve beaucoup de références assez savoureuses mais le tout prend au tripes quand on voit la hargne et la force des deux acteurs se battre en duel pendant presque trois heures tout en émotion et violence psychologique. New York New York est un superbe film sur la musique mais aussi un superbe drame sentimental. Le tout est mené comme un combat de Boxe savoureux avant qu'il fasse Raging Bull. De Niro est presque aussi abominable qu'en Jake La Motta, il est bien plus manipulateur et vicieux ici. 


Scorsese fait souvent disputer le couple dans une voiture quand ils sont isolés de leur public ou de leurs proches. On retrouve des images assez glaçantes des coulisses du show biz, des coulisses du succès, des collaborations entre mari et femme. On retrouve la vie, les pensées, les influences de beaucoup d'artistes tout le long de cette fresque sublime. Beaucoup de symboliques, d'analyses de références se dégagent et nous poussent à un autre visionnage. C'est un film fameux sur le couple, très bien écrit et dirigé avec beaucoup de subtilités et qui dégage une dimension tragique particulièrement forte et amère. New York New York est une fresque dense qui se termine ni comme un Happy End comme la chanson peut le suggérer, ni comme une fin complètement pessimiste. Je dirais plus comme nostalgique, triste et belle à la fois, un peu comme le testament d'une relation et la sensation d'avoir vu cinématographiquement le dernier film musical typiquement dans la trempe des années quarante et cinquante. Scorsese qualifie que son film est un « musical très noir » et il résume parfaitement le tout. Pour ma part il reste et restera toujours un des plus grands films du cinéaste. Le titre n'est pas hasardeux non plus, Scorsese et New York c'est une longue histoire. Celle là est incontournable. 


Note : 9,5 / 10

vendredi 14 août 2015

Absolutely Anything



Réalisation : Terry Jones
Scénario : Gavin Scott et Terry Jones
Durée : 1 h 20
Interprétation : Simon Pegg, Kate Beckinsale, Rob Riggle, Robin Williams, The Monty Pythons...
Genre : Simon tout puissant

Synopsis

Avant de détruire la planète Terre, des Aliens décident de mettre à l'épreuve l'espèce Humaine voir si elle est capable de faire plus de bien que de mal. Ils vont donner tous les pouvoirs possibles à Neil Clarke, un enseignant désenchanté. Quand Neil s'aperçoit de son pouvoir il doit apprendre à l'utiliser, il ne sait pas que l'avenir de l'espèce humaine repose sur lui.

Avec une campagne promotionnelle étrangement transparente, Absolutely Anything sur le papier a tout pour devenir culte. Le film annonce le retour des Monty Python, la dernière voix de Robin Williams et l'excellent Simon Pegg en tête d'affiche dans une comédie fantastique et romantique à l'humour très british.

Il n'y a pas erreur sur la marchandise. On a de l'humour anglais, un Simon Pegg très bien comme d'habitude, un Robin Williams drôle et attachant en chien et on retrouve les Monty Python en Aliens destructeurs et avec parfois mêmes des petites pointes d'humours réjouissantes. Le gros problème de ce film reste son scénario qui, il faut le dire tel qu'il est, est mauvais. Le traitement reste complètement superficiel et ne développe que le tiers du potentiel de ce qui aurait pu faire une comédie travaillée. Le script n'est qu'une succession de scènes drôles mais toutes assez bouches trous de la pauvreté du traitement.

Absolutely Anything est un remake de Bruce tout puissant de Tom Shadyac avec de l'humour anglais qui heureusement fonctionne. Oui ça fonctionne pas mal car les scènes sont souvent drôles. Le tout est bien rythmé et même parfois on peut trouver des idées sympathiques au niveau de l'avalanche de catastrophes, elles aussi très british. C'est rafraîchissant. Dommage que le scénario reste trop sage et se contente trop de rester sur le schéma mièvre de la comédie romantique américaine. Cet hybride de comédie pour le coup rend le divertissement aussi sympathique que frustrant.

Absolutely Anything n'est pas une grande comédie, encore moins un grand retour des Monty Pythons mais il reste un film sympathique si vous n'avez pas trop d'attente dessus.

Note : 5 / 10