dimanche 31 juillet 2016

Elvis & Nixon




Réalisation : Liza Johnson
Scénario : Joey Sagal, Hanala Sagal et Cary Elwes
Durée : 1 h 20
Interprétation : Michael Shannon, Kevin Spacey, Alex Pettyfer, Johnny Knoxville, Colin Hanks, Evan Peters... 
Genre : Inutile

Synopsis

Retour sur la brève entrevue entre le président des Etats-Unis Nixon et la légende Elvis Presley. 

L'anecdote originale est hélas bien plus drôle que ce film décevant. Contrairement à la bande originale, le scénario et la mise en scène sont sans saveurs, parfois d'une totale insipidité, faisant cette rencontre historique un petit téléfilm sans aucune âme dont le postulat de départ était trop léger pour des scénaristes pas inspirés. 

L'ennui est en partie sauvé par deux immenses acteurs que l'on ne présente plus et qui sont au centre de l'affiche pour seulement vingt minutes de face à face. Spacey et Shannon s'approprient donc comme ils peuvent des personnages peu approfondis, quand ils ne sont pas à la frontière du ridicule. On est dans le comique de situations et le grotesque pas si bien assumé par la réalisatrice, où les comédiens sont les seuls à faire le boulot. Ils en font des caisses mais leurs charismes rendent l'ensemble plus ou moins cohérent. 

Même si je n'attendais pas grand chose de ce film, c'est une déception car il y a de belles choses à faire sur le sujet. Historiquement le contexte est passionnant, le choc des deux générations, des pouvoirs médiatiques et politiques, entre ces deux hommes l'est tout autant. Il est bon de souligner également que cette anecdote est absente dans les deux biopics consacrés sur Nixon (Oliver Stone) et Elvis (John Carpenter), ce qui serait une occasion bien sympathique  de ce film de se démarquer d'eux. On est hélas bien loin de la qualité ces films, si ce n'est que d'avoir des grands acteurs dans les rôles titres. 

Michael Shannon interprète un Elvis plutôt convaincant car il le fait à sa manière. Le King était dans une période où il était en train de décliner lentement du statut d'icône en objet publicitaire pour beauf américain. Shannon le montre avec une certaine classe bien à lui en ajoutant un peu de folie et de dérision malgré des dialogues faiblards. Quant à Kevin Spacey, (je n'ai pas vu House of Cards et je le regrette) il grime à mort un Nixon reconnu pour être un homme assez controversé. L'acteur sait qu'il ne joue que vingt minutes à tout casser et qu'il peut en faire des tonnes ça ne fera pas de mal à son image. Chose qu'Anthony Hopkins ne pouvait pas se permettre bien entendu dans le film d'Oliver Stone, un de ses meilleurs rôles d'ailleurs. 

Dieu merci il n'y a pas de larmoyant (ce serait un très mauvais film à Oscars) mais je ne vous recommande pas pour autant le visionnage. Même si le film est court, il ne possède que peu de qualités et surtout finalement aucun intérêt. 

Note : 3 / 10



lundi 25 juillet 2016

Comme des bêtes ( The Secret Life of Pets )




Réalisation : Chris Renaud et Yarrow Cheney
Scénario : Brian Lynch, Cinco Paul et Ken Daurio
Durée : 1 h 25
Avec les voix de : Philippe Lacheau, François Damiens, Florence Foresti, Willy Rovelli...
Genre : Dog Story

Synopsis :

Max est un chien heureux jusqu'à ce que sa maîtresse lui amène, Duke, un chien venant de la fourrière. C'est la guerre entre eux jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux obligés de collaborer ensemble pour rentrer chez eux après s'être égarés dans New-York. 

Il y a un an sortait Les Minions Le film, un carton mondial, que déjà les studios Sony présentait le premier teaser de The Secret Life of Pets. C'était tentant jusqu'à une seconde bande annonce plus décevante, narrant une histoire plus classique. Comme des bêtes s'impose cependant comme un excellent divertissement et confirme que les Studios Sony sont quelque part entre Dreamworks et Pixar, du film d'animation drôle et malin pour toute la famille. Souvent toute l'émotion reste sobre et juste comme il le faut sans entrer dans les clichés. 

Les scénaristes cette fois trouvent le bon équilibre entre action, humour, émotion et buddy movie efficace, un peu comme Le monde de Dory. Les scénaristes ne manquent pas de référencer le film avec des classiques (de La fièvre du Samedi soir à Grease en passant par La Planète des Singes ou encore Certains l'aiment chaud) ainsi que de nous inviter une nouvelle fois dans un trip sous acide jouissif (la scène des saucisses). Efficace et drôle, on est en dessous de Zootopie bien sûr mais le divertissement est là et c'est ce qui compte. 

Mieux écrit et plus audacieux que Les Minions, on retrouve un peu le charme de Moi, Moche et Méchant, un pot pourri de déjà vu frais et extrêmement bien tenu. Au hasard on a déja vu  des airs du film dans Toy Story, Volt, La véritable histoire du petit chaperon rouge, L'incroyable voyage ou encore l'an dernier avec Shaun le mouton. Une galerie de personnages très drôles et sans pour autant être tous bien développés, généreux en apparition et drôlerie.  

Je n'ai pas vu le film en 3D mais je pense qu'il y a des trucs sympas à voir. En tout cas le divertissement est bien là et profitez en, car ce n'est pas toujours le cas de voir des bons films d'animations qui mêlent aussi bien humour et émotion en dehors des Pixar et Disney. Je recommande. 

Note : 8 / 10

jeudi 21 juillet 2016

La Tortue rouge



Réalisation et scénario : Michael Dudok de Wit
Durée : 1 h 15
Genre : Odyssée poétique 

Synopsis

A travers l'histoire d'un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d'oiseaux, La tortue rouge raconte les grandes étapes de la vie d'un être humain. 

Loin d'une narration classique et sans un seul dialogue, La Tortue rouge s'impose dès le départ à des lieues des standards du film d'animation. Le film est une brillante réussite visuelle et poétique qui vaut le coup d’œil, surtout dans notre monde de brute. 

La Tortue rouge est superbe sur l'ensemble des pistes et sujets qu'il aborde. C'est à la fois philosophique et poétique, nous sommes submergés par une animation sublime. Chacun de vous (du moins je l'espère) sera touché au moins par un passage du film, il y en a beaucoup car c'est simplement le parcours de la vie de l'Etre humain au centre de la narration.

Loin de toutes les multiples versions (et dérivations) du film d'aventures à la Robinson Crusoé ainsi que toutes les morales philosophiques plus appuyées et lourdes que l'on a l'habitude de voir, le cinéaste Dudok de Wit réussit à garder une cohérence et un discours envoûtant et touchant. Toutes les générations s'identifieront à cette aventure humaine avec ces thèmes universels, entre cruauté et bonheur. L'alchimie fonctionne. Il y a cependant quelques petites choses qui m'empêchent de crier au chef d'oeuvre. Je regrette un petit manque de rythme et, une fois passé la mort de la tortue, de scène avec une véritable force dramatique. Même si la musique possède de superbes moments (et un thème principal magnifique), elle n'est pas à la hauteur de la force des thèmes et de la mise en scène. Le compositeur manque d'envolées et parfois de mordant tout simplement. 

Pour mon interprétation personnelle, La Tortue reste le symbole de la nature. Le film parle d'abord de l'opposition puis de l'histoire entre l'Etre humain et de la nature aujourd'hui. Au début la nature est âpre et cruelle mais une fois qu'on découvre sa véritable beauté, on en tombe amoureux. On peut vivre avec et être tout le temps heureux ainsi qu'affronter les catastrophes naturelles. Fantastique en tout point, La Tortue rouge est un des plus beaux film d'amour sur la nature que j'ai eu l'occasion de voir, surtout parce qu'il est loin de tout sentimentalisme. On peut vivre avec la nature à condition de l'aimer et de la respecter. Nous y sommes issus tous et nous l'oublions trop souvent. 

Ce n'est que ma vision et dans le film il y a beaucoup de choses à voir. Le mélange animation belge et des Studios Ghibli est parfaitement complémentaire, la touche de Pascale Ferran au scénario ajoute une touche de surprises et de justesses bienvenue. Un bijou d'animation que je vous recommande, surtout qu'il est assez distribué en salles pour aller le voir facilement. 

Note : 9 / 10

vendredi 15 juillet 2016

The Strangers ( Goksung )




Réalisation et scénario : Na Hong-Jin
Durée : 2 h 30
Interprétation : Kwak Do-Won, Hwang Jeong-min, Chun Woo-hee...
Genre : Polar surnaturel 

Synopsis

La vie d'un village coréen est bouleversée par une série de meurtres aussi barbares qu'inexplicables. Face à l'incompétence de la police, les vieilles rumeurs et superstitions surnaturelles se mettent au premier plan. Face aux esprits maléfiques, seul un chaman peut faire quelque chose. 

The Chaser marque toute la force du cinéma coréen avec un scénario de série B plutôt classique, un peu comme Le point de non retour de John Boorman dans les années soixante. Alors qu'il me manque le deuxième film d'Hong-Jin à voir, The murderer, il est facile de voir que le cinéaste à fait un grand pas depuis son premier film en voyant The Strangers. Memories of murder de Bong Joon-Ho, L'exorciste de William Friedkin et Rosemary's Baby de Roman Polanski sont des références évidentes pour le cinéaste qui nous offre un polar fantastique somptueux sur toutes ses coutures, pour le pire et le meilleur des personnages, mais également du spectateur. 

Ceux qui n'aiment pas les films coréens, The Strangers n'est pas pour vous. Ici comme dans les films de Bong Joon-Ho l'exercice de style est bien là, en permanence et à tous les niveaux. On passe du policier au burlesque ainsi qu'au Fantastique dans une même scène. C'est jouissif, étincelant, intelligent bref pour ma part du cinéma comme on en voit trop rarement, et bien entendu qu'en Corée. Un peu comme le Transperceneige, nous sommes là dans un film qui a des tripes et qui va au bout des choses, que ce soit dans le script ou la mise en scène. Il y a des messages, de l’ambiguïté, de la mise en scène à toutes les séquences. Un pur concentré de références et de souffle cinématographique salvateur qui ne s'arrête jamais. 

Après deux visionnages, le film gagne en puissance car il possède deux épilogues qui se recoupent de manière très intelligente. Le premier clôt de manière forte et virtuose l'intrigue principale, le second ne fait qu'ouvrir des pistes d'interprétations et de réflexions. Le cinéaste maîtrise tous les codes du genre mais avant tout du potentiel de son film. Son langage est pertinent et souvent transcendant dans un genre souvent considéré comme grand guignolesque. En une scène, Hong-Jin renvoit toute la filmographie et les tentatives de James Wan à la poubelle. Avec The Strangers on se retrouve dans le haut du panier, un peu comme Old Boy dans le film de vengeance ou The Host dans le film de monstres. Deux films d'une maîtrise et d'une intelligence folle en tout point de vue et qui possède comme ici une forme et une maîtrise exceptionnelle avec tranchant aussi visuel que narratif et subversif pour le spectateur. C'est très rare. Les codes du film fantastique, du policier, de l'horreur sont tous transcendés, au dessus de tout ce que l'on peut voir depuis des années, surtout si l'on compare avec toutes les nombreuses daubes que l'on peut voir (ou subir) en salles (ou direct en dvd). 

La photographie est remarquable (chef opérateur de Bong Joon-Ho), montage superbe et que dire de la musique si ce n'est qu'elle aussi fait partie des plus grandes réussites du film. Franchement il y a très longtemps que je n'avais pas vu un film aussi brillant dans sa forme et son écriture. Formellement c'est splendide et dans le fond vraiment intelligent, on se glisse entre du Park Chan Wook et du Bong Joon-Ho, du Friedkin et du Sam Raimi côté américain. Tout dépendra de votre goût mais j'y ai trouvé ma came les deux visionnages. Objectivement je crois que l'on peut reprocher au film d'être trop long et même de se fourvoyer sur son final, même si pour ma part je ne trouve pas. Je trouve justement que le cinéaste va au fond de ses démarches, il offre au genre et au cinéma toutes les lettres de noblesses que l'on puisse attendre d'un grand film. Au final, le cinéaste laisse un message extrêmement fort sur la croyance, les a priori, la religion ou encore le racisme tout en jouant sur les illusions. Le scénario n'en fait jamais trop, cela même avec un burlesque au rendez-vous assez souvent. Le frisson est au rendez-vous avant tout, préparez-vous à flipper comme devant Alien et Zodiac. Pas commun hein ? Comme un film coréen. 

Si je devais résumer le film en quelques mots, The Strangers est un très grand film, comme d'habitude trop peu distribué dans les salles (37 seulement) et n'aura pas le succès qu'il mérite. C'est un film choc, culte dont chaque scène et séquence me rassasie de cinéma comme dans les plus grands films que je revois fréquemment. En gros c'est un peu la version coréenne d'Angel Heart d'Alan Parker qui est indispensable à voir pour les fans du genre et du cinéma oriental. Incontestablement la bouffée cinématographique de l'année. 

Note : 10 / 10 

Films similaires

Memories of Murder (Bong Joon-Ho), Zodiac et Seven (Fincher), Jusqu'en enfer, Evil Dead (Raimi), Rosemary's Baby (Polanski), L'exorciste (Friedkin) ou Old Boy (Chan Wook).

Irréprochable




Réalisation et scénario : Sébastien Marnier
Durée : 1 h 35
Interprétation : Marina Foïs, Joséphine Japy, Jéremie Elkaïm, Benjamin Biolay...
Genre : Thriller semi-psychologique

Synopsis :

Sans emploi depuis un an, Constance revient dans sa ville natale. Quand elle apprend qu'un poste se libère dans l'agence immobilière où elle a démarrée sa carrière, elle renoue contact avec ses anciens collègues. Seulement une jeune candidate est retenue à sa place. Constance va tout faire pour récupérer son poste.  

Voici un premier film avec de belles choses dedans dans un genre en plus qui n'est pas vraiment apprécié (ou bien reconnu) en France, le thriller. Toutes ces belles ambitions et intentions ne sont hélas pas assez abouties, parfois trop lourdes et explicatives, pour rendre un ensemble solide et maîtrisé. Beaucoup de pistes manquent de convictions mais le cinéaste ne se repose jamais sur ses acquis et les clichés ce qui est plutôt plaisant et finalement assez rare pour être remarqué.

Porté par une interprétation solide de Marina Foïs et une partition musicale de Zombie Zombie inspirée, le film est entre deux eaux du début à la fin. Il ne prendra jamais une direction franche, un peu comme les pensées et les actes de Constance. Dès le départ on suit donc Marina Foïs (dans le rôle de sa carrière), une névrosée globalement plus pathétique qu'effrayante. Constance pourrait être un personnage d'un film de Claude Chabrol d'ailleurs, par son ambiguïté et son caractère insaisissable qui nous trouble tout le long. Cependant, on retrouve plus une malade qu'une femme dangereuse et lucide. On s'approche plus presque de l'érotomanie de Anna.M de Michel Spinosa ou Isabelle Carré pour le coup est une malade effrayante. 

Irréprochable est un peu une fusion d'Harry un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll et du couperet de Costa Gavras, deux très bons films dans le genre. Seulement le scénario s'encombre de maladresses qui entravent toutes les bonnes intentions. Tout ce qui est en rapport avec le personnage interprété par Benjamin Biolay s'avère finalement inutile, son passé à Paris se suffit à lui même, tout comme sa confrontation avec son avocate. Ensuite, le film s'arrête clairement où tout commence à devenir intéressant pour le personnage et l'intrigue psychologique. Ce qui est très dommage, car on a l'impression de voir un semi thriller et un semi exercice de style, plutôt sympa mais qui pourrait être mieux.

Dommage car la plupart des idées et quelques scènes fonctionnent très bien, tout comme le duo d'actrice Foïs et Japy qui font une liaison pas commune. L'idée et les pistes sont à moitié exploitées car le scénario s'auto suffit et s'auto justifie souvent. Cela coupe les ailes à un suspense qui fait de belles envolées par moment, surtout quand le cinéaste ne souligne plus sa mise en scène de manière classique. Irréprochable possède la qualité d'avoir des intentions de nous balader dans un bon thriller incalculable et c'est ce qu'il y a de plus plaisant. Le cinéaste ne cède pas à la facilité mais son scénario manque de conviction et de discours franc. Si l'ensemble est plutôt distrayant, on se retrouve devant un film qui mérite un meilleur développement. 

Les acteurs et la musique tirent le film vers le haut, la forme quant à elle manque de "constance" et de fraîcheur tout le long pour rendre ce premier essai convaincant. A voir pour la suite si les défauts laissent place à plus de confiance chez le cinéaste. 

Note : 5 / 10

vendredi 8 juillet 2016

L'Outsider



Réalisation : Christophe Barratier
Scénario : Laurent Turner et Christophe Barratier 
Durée : 1 h 50 
Interprétation : Arthur Dupont, François-Xavier Demaison, Sabrina Ouazani, Benjamin Ramon...
Genre : Des petits pions des petits pions toujours des petits pions

Synopsis

Adaptation libre du livre de Jerôme Kerviel. Retour sur la vie de cette "cash machine" de 31 ans couverte par la Société Générale, très récemment célèbre pour avoir pu faire basculer le système économique mondial. 



L'histoire Kerviel est fraîche, trop fraîche même pour prendre un certain recul sur l'ensemble de cette affaire. Le piège est tout de même contourné car le scénario oscille sur le biopic assez sobre d'un trader et le sujet de la finance entre sérieux et humour qui ne cherche pas vraiment à entrer dans la polémique. Tout est très classique, superficiel et avec des clichés mais l'ensemble honnête et efficace. L'interprétation impeccable de Dupont et Demaison en particulier tirent le film vers le haut. 

Sans être cynique ni trop édulcorée, cette copie bien rythmée de Christophe Barratier est un mélange entre le sérieux de Margin Call de JC Chandor et la désinvolture du Loup de Wall Street de Martin Scorsese. Inutile de comparer les mises en scène car Barratier n'est pas dans la même courre, l’honnêteté est là et c'est bien l'essentiel car cette dernière est souvent l'essence d'un film réussi. Le réalisateur des Choristes reste entre le biopic lisse et le film dossier palpitant mais ne tranche jamais vraiment entre les deux. Il réussit l'humour et la précision documentaire mais beaucoup moins l'émotion, les moments plus dramatiques. Le scénario manque aussi d'un peu de prise de risque, de franchise car on voit l'évolution de Kerviel dans sa boîte mais psychologiquement c'est beaucoup moins bien traité, limite transparent. Les années passent et finalement on observe qu'à moitié le tempérament de ce trader. Je trouve cela assez dommage, la facilité du scénario de trop qui empêche de considérer L'Outsider comme un bon film. 

Si le manque d'aller au fond des choses se fait ressentir après coup, le sujet du film reste tout de même assez bien mené. On suit avec intérêt ces fourmis qui se comportent comme des hyènes, jouant sans cesse des milliers d'euros comme à de interminables parties de poker. Si la folie, l'addiction du jeu elle aussi ne sont pas bien retranscrits, les scènes les plus marquantes sont celles devant les écrans d'ordinateurs, les scène de fausses collaborations, les moments de licenciements quand on s’aperçoit que le système peut te virer quand il veut et que l'esprit d'équipe est complètement superficiel. Le film fonctionne donc par intermittence (toujours le cul entre deux chaise donc) mais reste plaisant à suivre. Bien qu'il soit un peu longuet sur sa dernière demie heure, on apprécie qu'il n'a pas l'heure en trop du film de Martin Scorsese mais on regrette que ce ne soit pas un Costa Gavras derrière tout ça. Christophe Barratier fait du sous Oliver Stone mais ce n'est pas déplaisant car il y a de l'humour, chose que le réalisateur de Wall Street ne connaît pas beaucoup. 

Le plus grand plaisir du film vient sans doute de l'interprétation. Le jeune Arthur Dupont s'en tire bien, il est même impeccable dans la peau de ce jeune trader. Cependant c'est François-Xavier Demaison (qui vient lui aussi de la finance avant d'être comédien) qui est le plus impressionnant. Il interprète un trader entre désinvolture et prise de conscience des limites dépassées, le tout brillant de naturel et possède en plus de bons dialogues. C'est un peu le personnage de MacConaughey du début du Loup de Wall Street éparpillé façon puzzle dans l'ensemble de l'intrigue, c'est très plaisant, peut-être le plus grand plaisir du film. Alors que le comédien avait frappé fort dans son jeu dans la peau de Coluche, il faut avouer qu'ici il porte à merveille son rôle entre humour et émotion. Il a la dimension que le scénario manque : du panache et de l’exubérance. Si la bande annonce du film était désastreuse, L'outsider vaut le coup d'oeil car il est prenant sur une affaire qui a fait la une pendant des semaines. Une sorte de pari réussi pour Christophe Barratier, il a fait un film qui traversera les années, ce qui n'était pas gagné d'avance avec un tel sujet. 

Note : 6 / 10


jeudi 7 juillet 2016

La Loi de la Jungle



Réalisation : Antonin Peretjatko
Scénario : Frédéric Ciriez et Antonin Peretjatko
Durée : 1 h 35 
Interprétation : Vincent Macaigne, Vimala Pons, Fred Tousch, Mathieu Amalric, Pascal Legitimus...
Genre : De Broca sous coke

Synopsis

Marc Châtaigne, stagiaire au Ministère de la Norme, est envoyé en Guyane pour la mise aux normes du projet Guyaneige. Elle est en concurrence avec une autre stagiaire : Tarzan. 

Enfin une comédie qui sort des sentiers battus et qui change de toutes celles que l'on voit depuis des années. A côté de La loi de la jungle ces dernières paraissent toutes aseptisées par leurs cahiers des charges et même limitées narrativement. La loi de la jungle est la comédie de l'été, si ce n'est pas de l'année 2016 et c'est àa ne pas rater. 

Le cinéaste nous offre une comédie folle et farfelue remplie de maîtrise et avec un scénario qui fait penser à un mélange de deux films de De Broca des années 60 : L'homme de Rio et Les tribulations d'un chinois en Chine. On se rappelle de l'âge d'or Bébel/ De Broca devant La loi de la Jungle, qui profite de l'occasion de faire un petit état des lieux sur le monde politique et du travail actuel. Tout est chargé en humour, qui peut autant vous agacer que vous faire délirer pendant plus d'une heure et demie. Des dialogues et des acteurs qui en font des caisses pour notre plus grand plaisir et ça fonctionne. 

Le spitch est stupide mais à la fois drôle et juste. On rit de l'averse d'absurdités qui nous tombe dessus, parfois l'état des lieux est si proche de la réalité, qu'on l'on rit un peu jaune. Si le rythme effréné du script et du montage s’essouffle un poil dans les dix dernières minutes, on savoure l'absence de pathos et les numéros des acteurs qui campent des personnages tous dépaysants et d'une drôlerie savoureuse. 

La loi de la jungle est une comédie que je trouve très drôle car elle va au fond de son délire. Il y a une idée par plan, faisant penser aux films de Tati et de Godard mais aussi des cinéastes de comédies plus populaires des années 70, comme Gérard Oury ou Yves Robert.  Je le range au même titre que les OSS 117 de Michel Hazanavicius, bien que moins référencée et moins bien produite, elle est plus généreuse et se repose moins sur le jeu et les répliques de Jean Dujardin. Le film surprend par ses non limites et sa maîtrise totale des différents styles.

Du gag bête bien vu de l'aéroport er de la politesse qui t'handicape, au cerveau que l'on reconstruit avec du fromage blanc en pot, il y a de la marge en terme de type d'humour mais la comédie brille comme rarement. Comme c'est très plaisant de voir une bonne comédie, je ne peux que vous recommander La loi de la jungle surtout si vous trouvez la plupart des films actuels convenus. Pour ma part, j'aime beaucoup et j'espère que vous partagerez mon avis.

Note : 8,5 / 10