Réalisation et scénario : Paul Thomas Anderson
Durée : 2 h 30
Interprétation : Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Owen Wilson, Reese Whiterspoon, Benicio Del Toro...
Genre : The very long Goodbye with Bugs Bunny
Synopsis :
C'est la toute fin des années soixante et la paranoïa règne en maître. Doc Sportello est un privé qui ne peut pas se passer de fumer en longueurs de journée. Son ex petite amie vient lui dire qu'elle est tombée amoureuse d'un riche promoteur immobilier millardaire. Elle craint que sa femme et son amant se conspirent pour le faire interner. Rien est si simple.
Tout dépendra de vos goûts pour
apprécier le dernier film de Paul Thomas Anderson. Il pourra être
très bon pour certain comme absolument vain et soporifique pour
d'autre. Pour ma part j'ai assez aimé parce que j'apprécie
particulièrement le genre noir ainsi que le film atmosphérique qui
ne raconte pas grand chose. Je n'ai pas lu le livre de Thomas Pynchon
mais le cinéaste insuffle dans le genre noir une sorte de trip de
drogué à double vitesse, mettant toutes les ficelles du genre au
ralenti. Comme dans les précédents films du cinéaste, la drôlerie
et le sérieux s’emboîtent avec une maîtrise quasi parfaite. Ici
l'enquête est aussi foireuse que l'ambiance est fumeuse, on en voit,
ni palpe jamais l'intérêt, ni le pourquoi du comment, ni le dernier
mot. Honnêtement on s'en moque totalement, c'est l'ambiance l'humour et le décalage qui
priment. Le spectateur suit donc un genre de trip de plus de deux
heures lui aussi. Ce film ressemble à une parodie du genre avec
l'intrigue principale écrite, réalisée et interprétée au premier
degré. Étonnant mais cela fonctionne. D'ailleurs tout
ce qu'il y autour de l'intrigue sont des pointes d'humours
particulièrement absurdes très drôles. Le montage est fait de manière assez
habile pour emballer l'ensemble à être envoûtant. Le film est
une parenthèse, une pause clope cinéma mais qui manque sérieusement de coupes,
d'élagages pour en faire un très bon film. Une demie heure en moins
aurait été bénéfique au niveau de l'histoire et un quart d'heure
pour l'ambiance installée.
Au début le cinéma de Paul Thomas
Anderson était surtout proche de celui de Robert Altman et de Martin
Scorsese. Facile est de constater que le cinéaste a changé de fusil
d'épaule et sa manière de mettre en scène depuis son épique There
Will Be Blood. Le rythme du cinéaste est devenu beaucoup plus lent,
autant dans sa mise en scène que dans sa narration. Tout est quasiment composé de plans fixes (parfois séquences bien
entendu) tous maîtrisés à la perfection qu'il n'a plus besoin de
démontrer. Cela crée une atmosphère et une tension particulière
faisant vraiment la force du film. Son précédent film The Master
est formellement identique, c'était un film à thèses et à oscars au
vide sidéral et à la prétention absolue de faire un chef d'oeuvre. Inherent Vice est largement meilleur, on ne ressent pas la signature du cinéaste de faire un chef d'oeuvre à chaque plan. On a
droit a du cinéma, ou du moins a un produit cinématographique
regardable. Le cinéaste suit à nouveau un Joaquin Phoenix pour le
moins drôle avec des mimiques et un esprit assez limités.
Contrairement a depuis bien longtemps chez Paul Thomas Anderson, les
acteurs ne portent pas le film et ne sont pas trop en avant par
rapport à la mise en scène. Les seconds rôles de Josh Brolin à
Owen Wilson en passant par l'excellent Benicio Del Toro complètent aux petits oignons un
casting parfait.
Accompagné d'une belle bande son
composée de deux morceaux déjà composés de Neil Young et une composition
en totale symbiose sur la mise en scène accompagnant l'apesanteur
du trip. On est loin du virtuose des meilleurs films du genre et du cinéaste mais
l'originalité, le ton des années seventies sont bien là, c'est bien
plaisant. Sans être un ovni Inherent Vice est loin d'être un film
formaté et prévisible. C'est tordu et atypique, bien loin de ce que
le cinéaste nous avait offert jusqu'à maintenant. Une œuvre différente et mineure du
cinéaste mais qui reste toute de même de bonne facture. On regrette un peu son
côté trop autiste et intello par moment. Alors que les Coen avec
The Big Lebowski avait royalement dépoussiéré le genre avec
leur cynisme, leur humour entre drogue et loufoquerie, Paul Thomas
Anderson reste ici trop sérieux, bien trop sérieux par rapport au
fond du film. C'est bien dommage mais cela n'empêche pas quand même pas à Inherent
Vice d'être un drôle de film quand même. C'est un film exclusivement réservé aux fans du cinéaste et du
genre noir qui est ici quand même bien revisité. Je ne conseille pas ce
film aux non initiés car deux heures trente peuvent être très
longues quand on entre pas dedans. Pour ma part, c'est un film
dispensable dans la filmographie du cinéaste mais tout de même
plaisant. Il est mieux que son premier film de mise en scène Hard
Eight, sa comédie technique mais vaine Punch Drunk Love et surtout son fiasco absolu The Master. Au
moins dans Inherent Vice la technique et les références se serrent
plus souvent la main pour notre plaisir. Le cinéaste confirmerait-il
une remontée dans son prochain film ? Affaire à suivre.
Note : 6 / 10
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