jeudi 28 avril 2016

Dalton Trumbo (Trumbo)



Réalisation : Jay Roach
Scénario : John McNamara
D'après Dalton Trumbo de Bruce Cook
Durée : 2 h
Interprétation : Bryan Cranston, Diane Lane, Hellen Mirren, Elle Fanning, John Goodman, Louis C.K, Alan Tudyk...
Genre : Biopic au poil 

Synopsis

La vie du célèbre scénariste Dalton Trumbo, victime du maccarthysme et de la fameuse liste noire à Hollywood. 


Si Bryan Cranston n'avait pas été nominé à l'Oscar du meilleur acteur pour ce rôle, je pense que l'on aurait jamais pu avoir la chance de voir ce film sortir en salles en Europe. Sans être le film de l'année, la vie de Dalton Trumbo est si intéressante que, passionné de cinéma ou pas, vous trouverez votre compte et ne verrez pas les deux heures de film passer. Bryan Cranston pour sa première tête d'affiche est formidable dans la peau du scénariste américain, il fait oublier dès les premiers plans qu'il jouait Walter White dans Breaking Bad

Alors qu'Hollywood produit des biopics en masse, je dirais que celui là est presque essentiel. On en a vu des biopics sur Hollywood mais bizarrement pas grand chose jusqu'à maintenant sur Dalton Trumbo et même globalement sur l'époque du Maccarthysme. Sauf peut-être La liste noire d'Irwin Winkler avec Robert De Niro et (le même) John Goodman. Cet écrivain, qui est devenu un symbole avec le temps, a eu une vie si extraordinaire, qu'il en fallait peu pour en faire un scénario prenant. Le réalisateur de comédies Jay Roach se colle au travail de metteur en scène et c'est plutôt une bonne surprise car les scènes comiques sont brillantes et permet de garder l'émotion et les thèmes plus graves en second plan. 

Pas de larmoyant, du rythme, des dialogues frais, une bonne histoire et un casting solide, il n'en faut pas plus pour apprécier ce film qui a tout du produit à Oscar sur le papier mais dont la mécanique fonctionne à merveille. Un peu comme Truman Capote de Bennett Miller, c'est un film de bonne facture mais l'acteur qui interprète le personnage principal offre une dimension nécessaire au film pour se démarquer des autres. Dalton Trumbo est l'anti Steve Jobs de Danny Boyle sortit cette année et qui cassait les codes du biopic classique et innovait dans la mise en scène. Les deux sont tout aussi agréable à découvrir pour des raisons différentes. 

Le cinéaste est à l'aise dans le contexte et le sujet historique, il n'a pas la prétention d'être moralisateur, ni maladroitement cynique sur Hollywood non plus. Ce que l'on peut reprocher restera le manque d'approfondissement sur certains points familiaux mais là aussi le scénario n'a pas la prétention de se lancer dedans, à part offrir un rôle plutôt sympathique à Elle Fanning. On pense par moment à Ed Wood de Tim Burton quand le scénariste réécrit les navets où John Goodman est comme d'habitude irrésistible. Mais le film est surtout plaisant parce qu'il est généreux dans ses répliques et les détails comiques qui font toujours mouche, un peu comme un ton à l'anglaise. Niveau mise en scène, c'est classique mais efficace le point fort de Jay Roach, ici dans son meilleur film.

Tout scénariste se régalera devant ce biopic classique mais honnête. Que ce soit Kirk Douglas, John Wayne, Edward G Robinson ou encore Otto Preminger, les clins d'oeil et les personnalités sont à la fois drôles et fidèles aux faits. Un beau compromis que je vous recommande particulièrement car il est assez rare que je trouve un produit américain dont on ne ressent pas les ficelles scénaristiques et de mise en scène sur un sujet comme celui-ci. Le film vous donnera envie de (re)voir les films écrits par le scénaristes ce qui est synonyme, on peut le dire, de réussite. 

Note : 8 / 10

mercredi 27 avril 2016

Vinyl



Genre : Sexe drogue and rock and roll

Cela faisait de longues années que Mick Jagger et Martin Scorsese se consentaient pour faire un film sur le rock. Au fil du temps c'est donc une série qui s'est lentement profilée et finalement produite par la célèbre chaîne HBO. Scénarisée par Terence Winter, le pilote de presque deux heures est réalisé par Martin Scorsese et les neuf autres par de solides artisans sur les pas du cinéaste. Alors bien ou pas bien ? Sans être une grande série, Vinyl ravira avant tout ceux qui ont surtout les références musicales et les fans du cinéaste. 

Je pense qu'avant tout pour apprécier cette série tout dépendra de votre génération et surtout de votre culture musicale. Le public visé sont les quinquas qui connaissent leurs standards musicaux de l'époque ou ceux qui ont de la culture musicale de ces années là. Niveau climax et développement, on est loin des produits à la mode également. L'écriture, de Terence Winter prend le temps de développer ses nombreux personnages, une époque et une industrie qui partent en vrille. Tout est baigné dans la nostalgie, le chao de la violence, l'argent, la drogue et la route du succès. Toutes les pistes s'éparpillent entre les dégâts de la drogue et le "bordel" musical de l'époque où l'on ressent en permanence une mutation des goûts du public pour la musique, ainsi que des générations musiciens, de cultures et de modes.

Le personnage campé par le génial Bobby Cannavale est un genre de Tony Montana qui a déjà réussi son ascension et qui voit se profiler lentement une mort au niveau professionnel et sentimental. Finestra est un personnage très Scorsesien, hanté par ses démons, toujours troublé par le choix du bon et du mauvais chemin ou encore témoin d'une illumination, tel un messie, un prophète incompris dans l'univers musical des années 70. Tout cela est abordé sans véritablement être approfondi. C'est d'ailleurs ce que l'on peut reprocher à la série de seulement esquisser une époque et ne pas vraiment aller au fond des sujets. Mais aussi peut-être n'est ce pas son plus grand plaisir ? Celui de se laisser bercer par les reconstitutions, la merveilleuse bande son et les anecdotes assez succulentes sur des légendes de la musique. A vous de voir, les acteurs quant à eux se font plaisir et cela se voit. 

Ceux qui ont les références de séries télévisuelles actuelles ne manqueront pas de faire un gros parallèle avec Mad Men. Je pense que bien d'autres grandes séries peuvent ombrager l'originalité de Winter pour le coup mais au fond d'elle même, Vinyl est honnête et c'est peut-être ce qui est le plus important. Il n'y a qu'à voir le pilote de Scorsese qui est le plus virtuose, le plus étiré et surtout le plus cinématographique. On est entre Le loup de Wall Street (écrit par Terence Winter aussi) et le génial A tombeau Ouvert, soit un long métrage scorsesien assez bluffant qui se penche également sur un côté beaucoup plus nostalgique à la Jim Jarmusch. On retrouve la touche musicale et les anecdotes de Mick Jagger et les thèmes de Martin Scorsese tous écris avec un savoir faire aussi classique que solide. Toute l'essence de la série est dans le pilote. Sans doute aussi la meilleure scène de la série, la plus surréaliste et la plus représentative de l'ensemble de la structure : celle de la salle de concert qui s'effondre par la musique. Du grand Scorsese d'ailleurs, encore une fois. 

Le pilote est porté par la maîtrise du cinéaste des Affranchis, les suivants par un peu plus de rebondissements. Entre classicisme et points de vue beaucoup plus envoûtants, la série est toujours le cul entre deux chaises mais plaisante à suivre en terme de mise en scène. Tout est maîtrisé pour faire ressortir assez finement une touche à la fois très artistique et documentaire sur le New York de l'époque. A la fois assez humaine et complètement dénuée de pathos, l'écriture garde le cap et reste tranquillement sur son îlot musical. Est ce que c'est de la non prise de risque et une énorme imposture de finalement ne pas raconter d'histoire sur dix épisodes ? Cela peut se ressentir mais à mon avis, tout est calculé dès le départ pour que le plaisir de la série viennent ailleurs que pour ses péripéties et son air de déjà vu. 

Le grand charme de cette série se dégage à mon goût par le parfum seventies et le bain musical qu'il se dégage. Vinyl est un grand film qui a juste le format et l'ossature d'une série classique. Comme dans pas mal de films de Scorsese tout est bien plus profond que la simple intrigue contée. On retrouve dedans ce qu'il y a de plus excitants dans ces années, un New York qui bouge et une musique, une culture carrément qui est en constante effervescence, mouvance et évolution. Une ébullition de culture qui fait plaisir à voir dont les créateurs rappellent avec une certaine élégance que finalement l'art et son public est un peu à l'image de New York, une grande ville composée de pleins de communauté différentes et qui ne se mélange pas tant que ça. Il en faut pour tous les goûts, il n'y a pas vraiment de recettes ni au succès, ni à la qualité. Un produit réussit ne dépend que des références d'une époque et d'une attente du public bien précises.

La série est aussi plaisante que de se réécouter des vieux standards mais avec l'âme, la touche visuelle et immersive de l'époque en plus. Le générique correspond tout à fait à la série d'ailleurs. Vinyl est une série qui porte parfaitement bien son nom, couvrant de plaisir le public qui aime se replonger dans ces différentes références musicales mais au risque de profondément ennuyer celui qui ne les connais pas et qui recherche une série plus proche des standards actuels. 

La saison 2 étant annulée, cette série se retrouve à moitié handicapée au niveau de son développement de personnage et désormais se repose uniquement sur la nostalgie, le côté documentaire et immersif de la musique des années 70. Finalement, peut-être que l'on retiendra de Vinyl, un pilote qui fait figure d'un film de Martin Scorsese, une coquetterie du cinéaste à part entière que l'on peut prolonger en regardant les autres épisodes. 





mardi 19 avril 2016

Demolition



Réalisation : Jean-Marc Vallée
Scénario : Bryan Sipe
Durée : 1 h 40
Interprétation : Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper, Judah Lewis...
Genre : Burn out version Ikea

Synopsis

Banquier d'affaires ayant brillamment réussi, Davis commence à voir son mariage battre de l'aile. Il a un accident de voiture dont il sort presque indemne contrairement à sa femme, tuée sur le coup. Sur l'instant, il ne ressent rien et dans la salle d'attente un distributeur automatique ne veut pas lui donner ses M&M's. Il décide durant l'enterrement de sa femme d'écrire à la société privée des distributeurs pour faire une réclamation ainsi que de raconter sa vie. Un soir Karen Moreno, la responsable du service client, l'appelle en lui disant que ses lettres l'ont bouleversé. Ils vont alors se rencontrer. Davis de son côté a besoin de tout détruire autour de lui pour mieux se reconstruire. 

Le deuil est un thème toujours intéressant. C'est d'ailleurs peut-être ce qui m'a poussé à aller voir le dernier film de Jean-Marc Vallée. Après Dallas Buyers Club, le cinéaste s'empare à nouveau d'un sujet intéressant et confirme son attachement pour les personnages solitaires à la recherche de survie après un drame, et surtout d'eux même. Une nouvelle fois le sujet est plus intéressant que le film en lui-même. Un manque de personnalité se ressent dans l'écriture et la mise en scène. 

Que ce soit dans la mise en scène comme dans le scénario, tout est trop peu inspiré, peu approfondi pour convaincre. On dirait que le cinéaste ne croit pas vraiment à son sujet et alterne les moments d'humours et d'émotions sans originalité et sincérité. Un peu comme Her de Spike Jonze, Demolition est un film pour hyspter qui a une bonne idée et des thèmes passionnants mais qui s'oriente rapidement vers un produit classique et vain. Dieu merci l'interprétation sauve l'ensemble de l'ennui qui aurait pu nous prendre rapidement s'il n'y avait pas un si bon casting.

Le film en soit n'est pas mauvais. Il est bien réalisé, proprement écrit et les acteurs procurent l'énergie et la justesse nécessaire. Je trouve que le scénario est soit trop sérieux ou pas assez dans son sujet. Ce n'est ni une comédie noire sur le Burn out, ni un drame subtil et fort sur le deuil, mais un peu des deux ou l'écriture alterne sans grande conviction ni originalité. Le cinéaste fait le boulot de mettre ça en scène de manière assez académique mais sans véritablement prendre partie lui non plus au personnage principal, ni aux sujets du film. Du coup on a un film formaté pour le festival de Sundance. Typiquement le même reproche que l'on peut faire à beaucoup de films, notamment ceux de Richard Linklater ou de Jason Reitman (ici producteur d'ailleurs). Le scénario manque de rebondissements, de finesse, de tour de force mais pas de fraîcheur. Dommage qu'il reste tout le long si superficiel sur la psychologie de Davis et qu'il n'approfondisse pas plus le personnage de Karen. La narration se contente trop rapidement de seulement raconter des faits plats et déjà vu. 

J'avais découvert Jean-Marc Vallée avec son premier film C.R.A.Z.Y, qu'on aime ou pas, qui réussissait un juste équilibre entre le documentaire et la fresque familiale avec profondeur et maîtrise. Quand le cinéaste est arrivé à Hollywood, il a perdu sa personnalité et ses films sont finalement trop insipide pour marquer. L'idée originale et le casting sont plus aguicheurs que le film en lui même et ressemble à tous les drames ou les feel good movies aux ficelles classiques. Comme après Her, je suis ressorti de la salle distrait mais avec une pointe d'amertume et de déception. Celle de ne pas avoir un film plus original, plus profond et surtout avec quelque chose de plus long à raconter qu'un court métrage après deux heures de film. 

Demolition est donc un film séduisant par son idée de base et son casting mais il est hélas trop calibré pour les festivals et totalement impersonnel. Il est finalement assez anecdotique avec une dose de feel good movie, des acteurs à la mode et des sujets qui touchent du monde. Heureusement que Jake Gyllenhaal a du talent (autant que Joaquin Phoenix dans Her), à lui seul il donne du mouvement,de l'émotion, du charme au script qui en manque trop souvent. Le jeu de l'acteur est la seule personnalité du film et les fans de l'acteur se régaleront donc une nouvelle fois.  Bien sûr il y a pire que ce film (La rage au ventremais il y a surtout bien meilleur (Night Call) avec ce brillant acteur qui fait parti des grands que les Oscars boudent. Alors, a quand l'oscar pour Jake ? 


Note : 4 / 10

jeudi 14 avril 2016

A Bigger Splash




Réalisation : Luca Guadagnino
Scénario : David Kajganich et Alain Page
Durée : 2 h 05
Interprétation : Tilda Swinton, Ralph Fiennes, Mathias Schoenaerts, Dakota Johnson...
Genre : Remake rock'n'roll

Synopsis

La légende du rock Marianne Lane part sur l'île méditerranéenne de Pantelleria avec Paul, son compagnon, pour se reposer suite a une extinction de voix. Mais quand Harry, un producteur de disque iconoclaste avec qui Marianne a eu une liaison autrefois, débarque avec sa fille Pénélope, la situation se complique. Le passé qui resurgit et beaucoup de sentiments différents vont faire voler la quiétude des vacances en éclat. 

Remake du film La Piscine de Jacques Deray. 


Il n'était pas vraiment nécessaire de réaliser un remake du film de Jacques Deray. Aujourd'hui La piscine repose toujours beaucoup sur son grand casting, son ambiguïté et ses formidables scènes de dialogues et de mise en scène. Cependant ce n'est pas le pire des choix car avec un œil neuf le film pourrait être vraiment intéressant.  Le cinéaste italien n'a pas pris le parti d'être novateur et encore moins celui d'être sérieux. Au contraire, il a décidé d'enlever du trouble pour privilégier l'outrance, le cabotinage et une touche rock'n'roll dans l'aspect formel du film. Pour le spectateur c'est pour meilleur ou pour le pire comme on dit. 

Bien que cette reprise soit moins intelligente que La Piscine, je l'ai trouvé bien sympathique. Sans comparer même au film original, je trouve qu'A Bigger Splash est un thriller plein d’énergie avec quatre acteurs qui se donnent à cœur joie de jouer dedans. J'avoue que pour ma part rien que la présence de Ralph Fiennes et la musique des Stones me font avaler des couleuvres. Heureusement pour moi, il n'y en avait que sur la terrasse des personnages de ces bêtes là. Le film n'est pas mauvais, je dirai même qu'il est réussi sur pas mal de points. Je ne repense ni au film de Deray, ni à un autre film que l'on voit d'habitude ce qui est plutôt bon signe. Avec le recul, j'ai l'impression d'avoir visionné un pot pourri qui virait à l'exercice de style enchaînant avec un montage sous coke les bonnes idées et les clichés plus laborieux. Le tout est honnête et généreux, et si on aime le cabotinage énormes de Ralph Fiennes, on accroche. Le réalisateur également en fait des tonnes dans son rôle pour notre plus grand plaisir. 

Que ce soit dans l'humour comme dans le plus grave, il y a un esprit rock qui se ressent tout le long. On retrouve l'apogée avec l'énergie débordante de Ralph Fiennes sur avec la musique des Rolling Stones sur le titre Emotional Rescue (titre homonyme du dernier album du groupe qui s'écoute) avec une danse assez mémorable tout comme sa mort, en train de contempler un vinyle au fond de la piscine. On suit quatre personnages aux tempéraments différents et deux intrigues qui se referment lentement sur l'événement tragique. La mise en scène ne manque pas de rester assez proche de l'état d'esprit de ses personnages, des tensions, du mystère du script. Il est même assez moqueur, surtout sur sa fin, avec des policiers stupides comme dans un giallo mettant tout sur la faute des migrants. Les vacanciers n'ont jamais d'ennuis, encore plus si ce sont des stars. Bref franchement tout est si grossier et assumé que c'est au fond très drôle même quand l'émotion et le trouble dans la forme prend le dessus.

La bande son est donc très rock, presque essentiellement composée de morceaux des Stones sauf Jump into the Fire d'Harry Nilsson, génialement récurrente. Les musiques composées sont plutôt pas mal aussi, particulièrement celle après la mort qui est géniale, donnant une toute autre dimension au drame. Quand au montage il ne manque pas d'augmenter la paranoïa par son rythme soutenu avec une accumulation de plan par l'exploitation plus ou moins efficace des échelles. Les acteurs sont bien sûr brillants. Ralph Fiennes comme toujours est fantastique, il donne de l'ampleur au film assez souvent, Tilda Swinton a toujours son charisme envoûtant à chacune de ses apparitions, Mathias Schoenaerts confirme qu'il est un des plus grands acteurs aujourd'hui et la jeune Dakota Johnson tient son rôle même si on ne lui demande pas grand chose hormis de porter des tenues légères et minauder. Si on lui demande de faire dix ans de moins. Actrice quoi. 

On peut aimer ou s'ennuyer devant A Bigger Splash, passé trop inaperçu et injustement descendu par les critiques. Dommage car je trouve ce genre de film bien plus intelligent que pas mal de daubes qui sortent toutes les semaines. Pour ma part je n'ai pas vraiment cherché à comparer avec le film de Jacques Deray et ne me suis pas ennuyé sans pour autant adorer. Je n'irai pas jusqu'à le recommander mais dire que c'est un bon petit film, il l'est assurément. 

Note : 7 / 10



mercredi 13 avril 2016

13 Hours



Réalisation : Michael Bay
Scénario : Chuck Hogan
Durée : 2 h 20
Interprétation : John Krasinski, James Badge Dale, Max Martini, Pablo Schreiber, David Denman... 
Genre : Du sang et des armes

Synopsis

Benghazi (Libye), 11 septembre 2012. Face à des assaillants sur-armés et bien supérieurs en nombre, six hommes ont eu le courage de tenter l'impossible. Leur combat a duré 13 heures. 

Malgré leurs défauts (ou limites) je sauve Rock et The Island de la filmographie de Michael Bay. Après j'avoue que je n'aime pas du tout ce cinéaste. Je trouve intéressant tout d'un même qu'un cinéaste comme lui se penche sur un fait divers de l'Histoire récente comme l'a fait à l'époque le grand Ridley Scott avec La chute du Faucon noir, et surtout bien loin des effets spéciaux et le spectaculaire insipide que l'on a l'habitude de voir dans ses produits marketings. 

Comme d'habitude, c'est trop long pour ce que ça raconte, tout est sérieux et très patriotique. Si on supporte ces quelques défauts propres au "style" du cinéaste, ça passe. La démarche est plutôt sincère et le cinéaste montre qu'il est un technicien qui a du talent dans le spectaculaire. Il manipule plutôt bien la caméra à l'épaule (mais pas aussi bien que Greengrass bien entendu) et surtout des superbes séquences d'attaques de nuit qui ont de la gueule. Le milieu du film est le plus réussi, faisant référence à Alamo de John Wayne (directement cité d'ailleurs) ou Assaut de John Carpenter. 

Le début et la fin du film particulièrement sont des scènes qui vont trop vites ou sont inutiles, si elles ne sont pas uniquement là pour montrer le drapeau américain en fond. Dommage car cela casse le point fort du film : l'immersion. Sans aller aussi loin que Ridley Scott, Michael Bay donne facilement vie, de la tension et du corps à ses scènes d'actions qui sont d'un réalisme souvent brut et violent. Pour ceux qui me connaissent je ne suis pas bourré et je le dis haut et fort, c'est agréablement surprenant pour du Michael Bay. Il réussit tout ce que Peter Berg n'avait pas fait malgré son application dans Du Sang et des larmes. On y croit donc et à la fin on regrette vraiment que 13 Hours ne fasse pas quarante minutes de moins. Sans quoi on aurait peut-être vu le plus grand film de Michael Bay, même si paradoxalement cela aurait été son plus court. Une reconversion aussi impersonnelle qu'intéressante pour le réalisateur de Bad Boys presque recommandable. 

Note : 5 / 10

lundi 4 avril 2016

Five



Réalisation et scénario : Igor Gotesman
Durée : 1 h 40
Interprétation : Pierre Niney, François Civil, Igor Gotesman, Margot Bancilhon, Idrissa Hanrot...
Genre : Film de potes

Synopsis : 

Cinq amis d'enfance ont toujours rêvés d'être en colocation. Cela devient possible quand l'un d'eux Samuel se propose de payer la moitié du loyer. En plein aménagement, Samuel se retrouve sur la paille et préfère le cacher à ses amis pour ne pas mettre tout en l'air. Il va donc se lancer dans le trafic de drogue. 

Il y a bien longtemps que l'on avait pas vu de film de potes aussi sympathique que ce Five. Du moins pas depuis l'Auberge Espagnole de Cédric Klapisch qui avait fait un tabac à l'époque. Le film de Klapisch est une grosse influence qui se voit dans le scénario comme le nez au milieu de la figure mais on retrouve également celle de séries télés comme Breaking Bad ou Friends offrant un mélange assez classique mais fortement sympathique du début à la fin. Le gros point fort du film reste la belle bande de comédiens qui prend plaisir à jouer et nous régaler dans les moments les plus drôles comme les plus classiques. 

Pour son premier film, Igor Gotesman évite les clichés lourds et la mise en scène copiée du film sentimental ou du teen-movie à l'américaine. Tout est très sympathique dans la forme, bien écrit, bien joué mais tout reste finalement assez classique, manquant un peu de personalité pour faire décoller le film en grand moment de comédie. Cependant pour un premier film le résultat est très prometteur, le cinéaste est d'ailleurs peut-être plus à l'aise derrière la caméra que devant, étant l'acteur qui joue le moins juste de la bande. 

Le grand plaisir du film est dans l'écriture et l'interprétation. Si le film se laisse regarder si agréablement c'est par la sympathie des acteurs qui ont des personnages plutôt bien travaillés. On ressent une écriture entre finesse et grossièreté qui trouve un équilibre très maîtrisé du début à la fin. A défaut d'être surprenante, l'histoire dépasse le simple divertissement bien léché et calibré pour le dimanche soir. Il est assez généreux et d'une facture plus qu'honnête par sa maîtrise des codes et du rythme du montage et du scénario. Si on devait le classifier, Five serait niché quelque part entre les films de Klapisch donc et le brillant Dope sorti l'an dernier. Five possède lui aussi une énergie et des moments comiques par moments très brillants mais globalement reste trop sage pour s'imposer dans un genre, comme dans la grande comédie. Peut-être que les ressorts dramatiques et plus classiques sur la fin du film sont trop longs, attendus et répétitifs ? Cela a stoppé un peu toute l'envolée que j'attendais.

Toujours est il que Five est une bonne comédie à ne pas rater et qui se discerne de beaucoup de productions françaises actuelles. Pierre Niney est une nouvelle fois impeccable face François Civil qui interprète un débile à souhait. A eux deux le show est assuré pour notre plus grand plaisir. Rien de neuf mais c'est bon et très plaisant à voir !


dimanche 3 avril 2016

Batman vs Superman : L'Aube de la Justice



Réalisation : Zack Snyder 
Scénario : Chris Terrio et David S.Goyer
Durée : 2 h 30
Interprétation : Ben Affleck, Henry Cavill, Jesse Eisenberg, Gal Gadot, Amy Adams, Diane Lane, Jeremy Irons, Laurence Fishburne, Holly Hunter, Kevin Costner, Michael Shannon...
Genre : Poisson d’avril. 

Synopsis

Craignant que Superman n'abuse de sa puissance, Batman décide de l'affronter. Le Monde a t'il davantage besoin d'un super héros aux pouvoirs sans limites ou à un justicier humain à la force redoutable ? Pendant ce temps, une menace se profile. 

Pour le coup je serai un critique peu assidu car je ne suis pas un lecteur des comics originaux, je n'ai pas vu Man of Steal et puis le genre de blockbuster de la trempe Avengers ce n'est pas vraiment pas ma came.  Du réalisateur j'avais trouvé à l'époque L'armée des morts et 300 sympathiques et j'adore Watchmen. Ici il faut bien avouer que tout cela est bien loin de ce qu'il proposait avant, tant ce film représente à lui tout seul les limites de la surproduction des adaptations des supers héros comics à l'écran. 

Comme j'ai été voir le film le 1er avril, j'ai fais le rapprochement avec le poisson d'avril. Avec le recul, je ne pensais pas être finalement si juste. Avec un casting monstrueux (totalement sous exploité), on est dans une bande annonce de deux heures et demie où tout est au premier degré, scénaristiquement décousu et fade. Un interminable poisson d'avril de deux heures et demie dont des questions de désespoir ou de détresses arrivent rapidement Ça va commencer ? Ben non. Ça va devenir peut-être intéressant ? Ben pas encore. On commence à poser une intrigue ? Ben pourquoi ? On met de l'humour ? Ben... non encore moins, l'affaire est sérieuse là. Bon alors c'est bientôt fini ? Même pas. 

Snyder a toujours quelques belles idées visuelles, mais elles sont tellement peu nombreuses qu'elles se noient dans une masse d'effets spéciaux inutiles. Encore un sous produit aseptisé qui tente de s'approcher de la noirceur du Dark Knight de Christopher Nolan, sans sincérité et le minimum de savoir faire au niveau de l'écriture. Surprenant de la par du scénariste d'Argo. Par pitié arrêtez ce massacre ! Vous avez déjà fait des (non) Amazing Spiderman pour rien et puis la ficelle est usée depuis des lustres, faites des séries B c'est plus possible ! Alors qu'il sort très régulièrement des adaptations Marvel depuis des années, combien allons nous en retenir finalement ? Pas beaucoup. Comme fut à l'époque les westerns, les comédies musicales ou encore les péplums, le film de super héros va s'épuiser et disparaître lentement. Seulement quand on voit la pauvreté de ce Batman vs Superman, il faudrait que cela s'arrête maintenant. 

Tout est une pâle copie du cinéma de la trilogie Batman de Christopher Nolan avec les ficelles du blockbusters typiques des années 2010. C'est à dire une intrigue psychologique et policière bidon entrecoupée de combats ou de poursuites remplies d'effets spéciaux sans âmes ni cohérences. Le pire pour ma part et qui me rend le spectacle très compliqué, c'est le manque d'humour. Tout se prend très au sérieux alors que ce n'est même pas bien dans un genre ou un domaine particulier. C'est mal écrit, ni palpitant et encore moins intelligent et honnête, bref il y a rien dans ce film sauf ce que veulent voir des ados formatés par la pub et la mode Avengers

Bon je vais pas m'attarder sur Jesse Eisenberg qui est un acteur que j'aime bien et qui en fait des tonnes en méchant pas crédible pour un sou. Son rôle est tellement en décalage avec le sérieux du film qu'il ressemble au joker interprété par Heath Ledger mais en bouffon non déguisé en roue libre. Rôle pauvre et surtout ingrat pour un acteur qui n'a pas du tout de charisme de grand méchant, unique condition qui aurait pu rattraper le rôle de la sinistre farce. Je ne vais pas énumérer tous les problèmes du film, il y en a tellement, surtout le fait que Superman prenne une lance de Kryptonite. Sans doute que Man of steal me manque sur des détails, mais quand même sans ça il y a surtout dans des incohérences sur les différentes actions et la psychologie des personnages. Le combat entre les deux super héros est purement marketing et tout ce qui a de plus bidon dans son écriture. La fin termine comme n'importe quel autre Marvel et essaie même d'aller sur le terrain des Xmen. Côté musique c'est du Hans Zimmer (encore lui) avec seulement un instrument en plus avec l'arrivée (improbable) de Wonder Woman. Si seulement il n'y avait que ça qui battait de l'aile, mais c'est un tout. Comme si les deux scénaristes se sont dit : "On va mettre plein de trucs, y vont rien comprendre et on va pas se faire chier à les lier et les développer car c'est juste pour le duel que le public veulent voir le film.". A ce compte là on refait une série B, comme 300 monsieur Snyder. Pas de fond que du visuel mais au moins on en a pour son argent. 

Après Star Wars l'an dernier, voilà un autre film qui est une interminable bande annonce de deux heures sans humour et avec comme seul ressort de la redite fade. Snyder essaie d'insuffler son style avec celui plus sombre des Batman de Nolan mais en vain. Son scénario et son casting sont complètement sous exploités et le film confine à la blague de mauvais goût. Si Ben Affleck a le charisme d'un Batman impeccable, il est dans un naufrage collectif où tout est sans saveurs et surtout sans grand intérêt. Même pas distrayant, ce navet a une forme plus soignée que les deux Batman de Joel Shumacher mais ils sont finalement à ranger au même rayon. En hommage à Jean Pierre Coffe, si je peux résumer le film en quelques mots : "Mais c'est de la merde" !

Note : 2 / 10

Un monstre à mille têtes



Réalisation : Rodrigo Pla
Scénario : Laura Santullo
Durée : 1 h 10
Interprétation : Jana Raluy, Sebastian Aguirre Boeda, Hugo Albores, Nora Huerta... 
Genre : Thriller social 

Synopsis

Dans l'attente d'une opération qui pourrait sauver la vie de son mari, Sonia Bonet essaie d'accélérer les procédures auprès de son assurance corrompue et négligente. Elle va finir par utiliser la violence pour essayer d'arriver à ses fins. Seulement quand on sort une arme, le point de non retour est inéluctable. 

Avant de tomber presque par hasard sur ce film, je n'avais vu que le premier long métrage de Rodrigo Pla il y a maintenant presque dix ans. Son cinquième film est simple, peut-être trop quand on pense à la force du sujet, mais il est sans prétention et mérite le coup d’œil. 

On peut reprocher au film de ne pas assez développer son idée principale et de mêler maladroitement le procès en voix off à la narration. Cependant il est court, intense et ne juge personne dans ses actes, que les personnes soient bonnes ou méchantes. Le scénario reste adroit et juste dans sa façon de critiquer une société corrompue et injuste. On suit une femme (très convaincante Jana Raluy) gentille et qui se transforme en criminelle par désespoir. Un peu à l'image du personnage principal, le ton oscille entre la bonne conscience et la crise de nerfs à cause d'une société gangrenée à l'avenir destiné aux gens fortunés. C'est un peu Chute libre de Joel Shumacher en plus subtil, avec plus de nuances. Ce qui n'est pas très compliqué cela dit. 

Le cinéaste est audacieux d'adapter une mise en scène différente, précise et originale à chaque étape de la cavale. Ce qui nous fait oublier la répétition. De plus il dirige bien ses acteurs, ne met pas de pathos et s'arrête au bon moment dans son histoire. Malgré le drame, à la fin, on note même une touche d'humour assez grinçante idéalement placée. Ce film est en quelque sorte une version simplifiée du pamphlet social brillant dans le Couperet de Costa Gavras avec la démarche d'Un après midi de chien de Sidney Lumet et un zeste d'After Hours de Martin Scorsese.

Trêve de références, Un monstre à mille têtes est un film qui fonctionne surtout car il attaque directement le monstre de beaucoup de monde : l'administration. C'est simplement jouissif de voir une personne lambda qui s'attaque directement avec une arme la sécurité sociale et tout un système qui classifie la vie d'autrui comme un simple dossier en papier. Le film est globalement de bonne facture mais il reste à mon goût trop limité car il pointe du doigts des sujets sociaux et dramatiques puissants. J'ai plus pris du plaisir par la démarche et la sincérité du propos que pour les qualités de cinéaste de Rodrigo Pla. Finalement pas grand chose n'a pas changé depuis son premier film La Zona. Ses deux films sont recommandables. 

Note : 6 / 10