dimanche 3 avril 2016

Un monstre à mille têtes



Réalisation : Rodrigo Pla
Scénario : Laura Santullo
Durée : 1 h 10
Interprétation : Jana Raluy, Sebastian Aguirre Boeda, Hugo Albores, Nora Huerta... 
Genre : Thriller social 

Synopsis

Dans l'attente d'une opération qui pourrait sauver la vie de son mari, Sonia Bonet essaie d'accélérer les procédures auprès de son assurance corrompue et négligente. Elle va finir par utiliser la violence pour essayer d'arriver à ses fins. Seulement quand on sort une arme, le point de non retour est inéluctable. 

Avant de tomber presque par hasard sur ce film, je n'avais vu que le premier long métrage de Rodrigo Pla il y a maintenant presque dix ans. Son cinquième film est simple, peut-être trop quand on pense à la force du sujet, mais il est sans prétention et mérite le coup d’œil. 

On peut reprocher au film de ne pas assez développer son idée principale et de mêler maladroitement le procès en voix off à la narration. Cependant il est court, intense et ne juge personne dans ses actes, que les personnes soient bonnes ou méchantes. Le scénario reste adroit et juste dans sa façon de critiquer une société corrompue et injuste. On suit une femme (très convaincante Jana Raluy) gentille et qui se transforme en criminelle par désespoir. Un peu à l'image du personnage principal, le ton oscille entre la bonne conscience et la crise de nerfs à cause d'une société gangrenée à l'avenir destiné aux gens fortunés. C'est un peu Chute libre de Joel Shumacher en plus subtil, avec plus de nuances. Ce qui n'est pas très compliqué cela dit. 

Le cinéaste est audacieux d'adapter une mise en scène différente, précise et originale à chaque étape de la cavale. Ce qui nous fait oublier la répétition. De plus il dirige bien ses acteurs, ne met pas de pathos et s'arrête au bon moment dans son histoire. Malgré le drame, à la fin, on note même une touche d'humour assez grinçante idéalement placée. Ce film est en quelque sorte une version simplifiée du pamphlet social brillant dans le Couperet de Costa Gavras avec la démarche d'Un après midi de chien de Sidney Lumet et un zeste d'After Hours de Martin Scorsese.

Trêve de références, Un monstre à mille têtes est un film qui fonctionne surtout car il attaque directement le monstre de beaucoup de monde : l'administration. C'est simplement jouissif de voir une personne lambda qui s'attaque directement avec une arme la sécurité sociale et tout un système qui classifie la vie d'autrui comme un simple dossier en papier. Le film est globalement de bonne facture mais il reste à mon goût trop limité car il pointe du doigts des sujets sociaux et dramatiques puissants. J'ai plus pris du plaisir par la démarche et la sincérité du propos que pour les qualités de cinéaste de Rodrigo Pla. Finalement pas grand chose n'a pas changé depuis son premier film La Zona. Ses deux films sont recommandables. 

Note : 6 / 10

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