mercredi 23 décembre 2015

Back Home ( Louder Than Bombs )




Réalisation : Joachim Trier
Scénario : Eskil Vogt et Joachim Trier
Durée : 1 h 50
Interprétation : Gabriel Byrne, Jesse Eisenberg, Devin Druid, Isabelle Huppert...
Genre : Essence cinématographique pure

Synopsis

Le mari et les deux fils d'une célèbre photographe décédée il y a trois ans se retrouvent à la maison familiales pour évoquer les fantômes du passé.

Il y a des films comme celui là dont je n'ai aucune attente particulière et qui me transporte par l'audace et le tourbillon d'émotions cinématographiques que je recherche tant ces temps ci dans les salles obscures. Sans être parfait, on retrouve un superbe scénario au service d'une mise en scène précise et sensible. Une grande surprise.

A l'aide d'un casting impressionnant, le spectateur se retrouve plongé dans un scénario et une mise en scène en parfaite adéquation la plupart du temps entre drame et étude de mœurs introspective. Sous forme d'un exercice de style les thèmes du deuil, du secret , du manque de communication et de la reconstruction sont brillamment utilisés et traités. Avec beaucoup d'aise et d''intelligence, le cinéaste sans en faire trop exploite finement les différents points de vue psychologique des personnages. Il dépeint chaque personnage à travers les yeux d'un autre membre de la famille, ainsi on prend un plaisir à découvrir différentes versions du deuil de chacun. C'est à la fois glaçant et passionnant. Par moment bouleversant dans tous les sens du terme. Le grand cinéma avec ses lettres de noblesses est là, un peu comme les meilleurs moments d'American Beauty et d'Ice Storm.

Si le film parfois est un peu trop démonstratif, il n'en est pas moins percutant par sa grande maîtrise des codes cinématographiques du début à la fin. Un peu comme si Gus Van Sant rencontrait le cinéma de John Cassavetes avec une délicatesse et une sensibilité proche du cinéma de Stephen Frears et de Sean Penn. Joachim Trier ne fait pas beaucoup de références et reste très souvent sobre, au service de son histoire. C'est peut-être ce qui le différencie d'un film comme Mommy qui croule sous le style du cinéaste rapidement. Ici le style est un peu comme la parole du secret, très épuré et plutôt subtil à défaut d'être très marquant. Le style et l'écriture du scénario et de la mise en scène se renouvellent en permanence et forme lentement un puzzle passionnant du personnage fantôme et énigmatique (excellente Isabelle Huppert). 

Un peu comme du Robert Altman sous somnifère, le film nous brosse des portraits touchants laissant la part belle à l'interprétation. Car si le scénario et la mise en scène sont vraiment réussis, impossible de passer à côté du jeu impressionnant des acteurs. Gabriel Byrne fait un retour enfin dans un rôle à sa hauteur, Eisenberg plus tendre et dépassé par les événements que d'habitude est toujours excellent. C'est surtout la révélation Devin Druid, digne de Miles Teller dans Whiplash l'année dernière qui vaut son pesant d'or. Le cinéaste se sert d'eux à la perfection tirant un réalisme remarquable, bien loin du sur jeu et des sur émotions que l'on a l'habitude de voir, et parfois supporter, dans le drame, et même dans les bons. Back Home est une réussite qui réussit le parfait équilibre entre le cinéma intense et subtil et l'étude psychologique passionnante. Certains pourront être déçus de la fin, mais elle est ouverte un peu comme le scénario avec ses différents portraits. Je trouve que c'est l'excellent juste milieu.

C'est le premier film que je vois de Joachim Trier dont j'avais entendu parlé avec Oslo 31 Aout que je pense vite voir. En attendant, je trouve que ce film vaut absolument le coup d'oeil, car il est un des plus beaux et grands films de cette année 2015. 

Note : 9 / 10

PS : A souligner également une très belle bande son.

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