jeudi 12 novembre 2015

Le fils de Saul ( Saul Fia )



Réalisation : Laszlo Nemes
Scénario : Clara Royer et Laszlo Nemes
Durée : 1 h 40
Interprétation : Geza Rohrig, Levente Molnar, Urs Rechn...
Genre : Demi choc. 

Synopsis

Octobre 1944, Auschwitz-Burkenau. Saul Auslander est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camps et forcé d'assister les nazis dans leur plan d'extermination. Il travaille dans l'un des Crématoriums quand il découvre le cadavre d'un garçon dans les traits duquel il reconnaît son fils. Alors que le Sonderkommando prépare une révolte, il va alors tenter d'accomplir l'impossible : sauver le corps de l'enfant des flammes et lui offrir une véritable sépulture. 

Objectivement, je pense que Le fils de Saul est un bon film. D'abord parce qu'il ne tombe à aucun moment dans le piège d'être trop démonstratif, ni trop mièvre et naïf dans le sujet délicat qu'il traite. Aussi et surtout parce qu'il possède des morceaux de bravoures qui ne laisse pas indemne, force d'un grand film. Ce film est une expérience, une immersion forte et mémorable au plus proche de ce prisonnier cerné par la mort dans tout ses états. Un choc à ne pas conseiller aux âmes sensibles et à tout public. 

Tout le long du film on est dans un format d'image quatre tiers, net devant flou derrière et on suit quasiment tout le temps le personnage de Saul en plan très serré. On est comprimé dès le départ par tous les moyens techniques possibles de la mise en scène et intégralement guidé par la bande son. Travail cinématographique remarquable au passage. La violence et l'enfer sont dans le hors champs et rôdent en permanence, rendant l'impossible à filmer, possible à nous imaginer. C'est la grande audace et la force du film mais hélas aussi sa limite. Je trouve qu'une fois la demie heure passée, la mise en scène a déjà épuisée son concept, son énergie et sa force. Pourtant puissant dans sa forme, le film perd en intérêt et rend une copie dont il manque finalement l'audace nécessaire pour aller au bout de son propos. Le scénario file droit dans l'objectif de cet homme qui incarne la raison et la foi dans ce camps nazi, avec plus ou moins d’ambiguïté. 

Finalement, j'ai trouvé le film trop long car il campait trop sur ses positions, qu'elles soient cinématographiques ou narratives. Le début est brillant et fort, on est vraiment embarqué par ces plans séquences virtuoses d'un réalisme terrifiant. Le concept choc et puissant ne retrouvera que l'ampleur du début sur le dernier plan, formidable. Tout le milieu du film est formellement réussi mais il stagne et n'a pas grand chose à raconter. On est à la limite du documentaire et du jeu vidéo ce qui est plutôt frustrant. Un court métrage aurait mieux fait l'affaire et fait gagner de la puissance à l'ensemble. Pessimiste évidemment Le Fils de Saul l'est, et du début à la fin. Il ne faut pas avoir le moral à plat pour le voir. Du moins ce n'est pas conseillé. Dans tous les cas je trouve que c'est un film plus important que brillant. Important car c'est une façon d'aborder le sujet intéressante et forte. Non brillant car je trouve que si le film porte ses plans et séquences chocs, il manque de finalement de prise de risque autant dans la forme que dans le fond. Le cinéaste pouvait rendre ce cinéma vérité peut-être moins réel formellement mais tenter de rendre symbolique et plus maniéré le personnage de Saul. Au risque d'être plus critiqué mais d'être moins ennuyeux aussi. Soit tout l'inverse d'un film comme Birdman sorti cette année. Une expérience à vivre mais loin d'être véritablement excitante. 

J'ai du coup eu l'impression globale de regarder un demi film choc. A la sortie de la séance, je n'ai gardé en tête que deux scènes clés : celle de la découverte du gamin et le final. Le reste est un acheminement habile et avec une ambiguïté par moment fascinante, mais au concept limité et inutilement rallongé. Dommage mais le film vaut vraiment le coup d'oeil car c'est le film le plus impressionnant formellement que j'ai eu l'occasion de voir sur la Shoah, hors documentaires et témoignages. 

Note : 6 / 10

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