mardi 2 juin 2015

Brewster McCloud



Réalisation : Robert Altman
Scénario : Doran William Cannon
Durée : 1 h 40
Interprétation : Bud Cort, Sally Kellerman, Shelley Duvall, Michael Murphy, Rene Auberjonois... 
Genre : "Petit oiseau si tu n'as pas d'ailes ahh ! Tu peux pas voler"

Synopsis :

Considéré par son entourage comme un étrange jeune homme, Brewster McCloud veut voler. Pour se faire il a élu domicile dans l'Astrodome, un abri antiaérien désaffecté à Houston. Seulement Brewster a beaucoup d'ennemis et bientôt la police va retrouver des morts, le visage recouvert d'une matière qui ressemble à de la fiente d'oiseau. 

Réalisé après M.A.S.H, ce film annonce définitivement la fabuleuse touche que cinéaste à marqué sur le cinéma hollywoodien. Sur un ton provocateur, un fond et une critique toujours pessimiste et cynique de la société Robert Altman est ici au diapason dans son humour ce qui fait Brewster McCloud un véritable ovni cinématographique à redécouvrir. 

Comme souvent chez le cinéaste, le film part dans tous les sens pour finalement ne se concentrer que sur une mince intrigue de fond. Dans ce film c'est le parcours initiatique de ce jeune adolescent incarné par le futur Harold d'Harold et Maude d'Al Ashby. Son histoire ne se terminera au devant de l'écran véritablement que lors de la scène finale. Tout le reste du film est avant tout une comédie policière, de mœurs tout ce qui a de plus parodique et particulièrement délirante. Altman n'a peur de rien il ridiculise et rend des situations, des dialogues et des personnages rarement rendus aussi loufoques au cinéma. Le fond et la démarche sont sont complètement opposés à la forme ce qui donne une impression de liberté absolue. Nous avons droit à une voix off par un ornithologue complètement siphonné particulièrement poilant, un policier qui parodie Paul Newman et Steve McQueen en un et qui s'appelle Shaft ainsi qu'une poursuite de voiture aussi drôle que folle en hommage à Bullit de Peter Yates. Sans parler du policier fan du comics Captain America ou tout simplement des autres policiers tous plus stupides les uns que les autres pour un spectacle assez irrésistible. 

Dans la touche plus sérieuse, si j'ose dire, on a droit à un dépoussiérage de la culture américaine particulièrement réjouissant : dès l'intro les chaussons rouges de Dorothy du Magicien d'Oz sont souillés par du guano. Altman avec ses génériques décalés, ses voix off et ses narrations qui partent dans tous les sens ainsi que l'intrigue policière qui ne se résout pas signe un sacré pied de nez au cinéma et à son public. La morale quant à elle est bien plus triste et poétique : la seule fille qui permet à ce notre héros de prendre un peu des ailes l'empêche de s'envoler. Superbe scène finale qui reste en tête. Pour tous les sous entendus et le destin beaucoup plus triste du jeune Brewster je n'en dis pas plus, je vous laisse penser par vous-même, il y beaucoup de thèmes qui s'en dégagent et à méditer. Un peu comme un excellent Teen Movie ou un beau film sur l'adolescence les thèmes sont universels, riches et tristes. Je peux juste rajouter que l'ensemble est d'une maîtrise technique absolue. Que ce soit dans l'interprétation bien entendu, les dialogues, les images, les gags et l'utilisation de la musique : c'est un régal. Pour résumer ce film est un genre de conte de fées détourné où tout part en cacahuète à la manière du film Canal + Le Grand détournement de la Classe américaine sur la même démarche que Birdy d'Alan Parker. Cet ovni se défile devant nos yeux comme un moment de cinéma que l'on nous propose que bien trop rarement et qu'il serait dommage de rater. 


Ce film est un des plus concentrés du style du cinéaste et sans aucun doute le plus drôle notamment par sa loufoquerie absolue. Bien qu'un peu désuet par certains moments par les propos de l'époque, Brewter McCloud est un film unique et atypique que je ne peux que recommander pour ceux qui aiment le cinéaste, la nouvelle vague hollywoodienne des années soixante dix ou tout simplement le cinéma déjanté. Ceux qui aiment les Monty Python, les frères Coen avec Arizona Junior, Sam Raimi avec Mort sur le Gril, Brian de Palma avec Phantom of the Paradise ou encore Martin Scorsese avec After Hours ce film a de très grandes chances de vous plaire. Après comme c'est particulier ça passe ou ça casse. Pour moi j'ai simplement pris une sacrée bouffée d'air cinématographique bien plus light et aussi intelligente que les films du cinéaste les plus reconnus, mais souvent plus longs et éprouvants que celui çi. Un ovni comme on en voit trop peu. Par chance que Robert Altman soit une référence sûre dans le domaine du cinéma, cela a permit une ressortie en DVD de ce film dans les introuvables Fnac. A vous de jouer. 

Note : 9 / 10


La dévédéthèque parfaite

Phantom of the Paradise de Brian De Palma, The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman, After Hours de Martin Scorsese, Arizona junior de Joel et Ethan Coen, Mort sur le gril de Sam Raimi. 

Aucun commentaire: