mercredi 14 janvier 2015

Queen and Country



Réalisation et scénario : John Boorman
Durée : 1 h 50
Interprétation : Calum Turner, Caleb Landry Jones, Pat Shortt...
Genre : Qui a volé a volé a volé la pendule du Sergent

Synopsis :

En 1952, Bill a l'avenir devant lui. Il rêve d'aborder une fille qu'il croise de temps en temps. Cette idylle naissant est contrarié par ses deux années de service militaire obligatoire. Bill sera instructeur dans un camps d'entrainement pour jeunes soldats partant pour la Corée. Il se lie d'amitié avec Percy, un grand farceur dépourvu de tout principes, avec lequel il compte faire tomber de son piédestal le psychorigide Sergent Major Bradley. Lors d'une ses rares sorties, il rencontre la fille qu'il croisait de temps en temps à l'opéra.

Après Hope and Glory ( La Guerre a sept ans en français), voici une sorte de suite avec Bill, l'alter ego du cinéaste, pour un nouveau film autobiographique sur la décennie suivante. Au programme, l'armée, l'amitié, l'amour et le tout parfumé de cinéma. Avec Queen and Country le cinéaste de Delivrance signe un film tout aussi drôle que MASH de Robert Altman à son époque dans une Angleterre à l'empire colonial partant en lambeaux. Comme souvent les films de John Boorman sont des réussites, Queen and Country ne déroge pas à la règle.

John Boorman reste dans les manuels de cinéma et dans les mémoires des cinéphiles surtout pour Délivrance. Seulement, il a une filmographie si riche et intéressante que ce serait dommage de ne pas s'y pencher plus dessus. Boorman est un grand cinéaste et à en voir son dernier film, il le prouve une nouvelle fois car c'est d'une drôlerie particulièrement réussie à tous les degrés. Satyrique, cynique ou même bouffonnerie sont au rendez vous de manière rythmée, régalant de décadence. Le film parle ouvertement des grands classiques, des références du cinéma de Boorman. On suit également l'éducation sentimentale du cinéaste, des anglais de cette époque avec un choc des générations souvent traités au cinéma de manière très dramatique. Boorman le fait avec humour majoritairement et parfois glisse du drame, du noir et de l'émotion de manière subtile et délicate qui rend le résultat jouissif et sans cesse surprenant. Un vrai travail d'orfèvre se ressent tout le long, tout est bien plus réussit et honnête que la plupart des films que l'on peut voir d'habitude. Le parfait compromis entre film d'auteur et commercial.

Avec peu de fil narratif principal, Queen and Country possède plusieurs sous intrigues qui développent les différents thèmes de manière ample et généreuse pour ne pas s'ennuyer et ne jamais donner l'impression au spectateur d'avoir raté quelque chose d'important dans la vie du cinéaste pour comprendre. C'est à la fois simple et bien plus fin qu'il n'y paraît au vu de certains passages humoristiques. Les personnages sont bien développés avec des portraits bien brossés, tous très emprunt de drôlerie et de mélancolie. On notera une interprétation juste et délicate de tous les acteurs pour faire passer dans tous les états le spectateur, lui au paradis. Sans prétention et loin de faire un film d'auteur nombriliste, le cinéaste nous divertit, nous transporte et nous offre à nous un public un témoignage touchant et intéressant sur sa vie de cinéaste, sa passion et également celle de l'Angleterre. Le cinéaste joue ici plus la corde sensible proche d'Hope and Glory donc que la plupart de ses films plus secs et efficaces.

Un mélange des genres particulièrement brillant, innovant et extrêmement frais fait de Queen and Country le très bon film de ce début d'année 2015. Si le cinéaste de 81 ans ne signe peut-être pas un chef d'œuvre, il offre un testament historique et de son cinéma brillant qui plaira énormément aux cinéphiles, tout comme au grand public. Un brassage des émotions virtuose dont il est une nouvelle fois dommage que la publicité et la distribution soit presque complètement transparente (visible dans un seul UGC à Lyon). Je recommande de guetter le cinéma d'art et essais ou la sortie en dvd Blu ray. Boorman n'a jamais fait de navet, c'est une valeur sûre. 


Note : 9 / 10

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