samedi 6 septembre 2014

Twin Peaks (intégrale)



Mon avis sur les saisons 1 et 2

Synopsis :

Un meurtre a été commis a Twin Peaks, une petite bourgade de l'État de Washington en apparence tranquille. La jeune Laura Palmer est retrouvée morte nue au bord d'un lac, enveloppée dans du plastique. L'agent spécial du FBI, Dale Cooper, envoyé sur place pour démasquer le coupable, mène l'enquête avec le soutien du shérif local, Harry Truman. Ces investigations les amènent à révéler au grand jour les sombres secrets des uns et des autres. Pendant ce temps d'inquiétants phénomènes se produisent...


Genre : Lynch sans lynchage.

Créée par Mark Frost et David Lynch, cette remarquable série est un must incontournable à savourer sans modérations. Aux premières allures d'un soap opéra des années quatre-vingt, Twin Peaks possède un merveilleux et unique scénario qui mêle le style Lynchéen, pas toujours très accessible, et celui de Frost, qui l'est beaucoup plus. Avec une intrigue palpitante ainsi qu'une galerie de personnages charismatiques, cette série ne laisse indifférente le spectateur pour son cachet unique. Une série justement culte.

Tout commence par un pilote d'une heure trente signé David Lynch à la réalisation. L'intrigue, les personnages de toute la petite bourgade de Twin Peaks sont présentés et posés avec légèreté et ambiguïté avec une grande élégance. Le spectateur tombe sous le charme de l'enquête, du mystère mais aussi l'inéluctable Dale Cooper, campé par Kyle MacLachlan. Avec beaucoup d'humour et d'humanité, ce genre de Sherlock Holmes moins arrogant et plus flegmatique est pour le moins attachant et identifiable aux yeux du public pour pénétrer dans l'univers de la ville étrange de Twin Peaks.

Le scénario dépeint une galerie de personnages qui ont tous des secrets plus ou moins cachés. Que ce soit dans leur passé, leur différentes tensions ou liaisons les uns avec les autres ou encore les trafics de drogue, d'argent,... le quotidien. Seulement à Twin Peaks, il se passe des phénomènes fantastiques. Les esprits de la forêt sont dans les croyances du bourg, un peu comme chez les indiens des Etats-Unis. Beaucoup de personnages sont assez étranges à leur manière, la femme à la bûche en tête de la liste. Le scénario nous met en bouche progressivement ces différents mystères. Ces derniers, paranormaux ou simplement policiers, sont dépeints sous une plume aussi légère qu'intriguante avec une totale maîtrise du suspense. Si l'intrigue est remplie de rebondissements, en ce qui concerne le suspect sur la mort de Laura Palmer, c'est toute la ville qui possède des détails étranges et qui font susciter le plus d'interrogations, le plus grand suspense du côté du téléspectateur.

Le scénario est remarquablement intrigant. Une mécanique merveilleusement équilibrée et orchestrée crée dans un univers à la fois étrange et réaliste, aidé par une bande son légère, mystérieuse et étrange. Le thème du compositeur attitré de Lynch, Angelo Badalamenti, illustre parfaitement le ton de la série, bien que quelques instrumentations font penser à du kitch des années quatre vingt. A l'aide d'un casting assez judicieux, on a droit autant à des personnages caricaturaux que de personnages atypiques et louches.

La première saison est un régal d'écriture, de suspense et d'initiation dans une vaste intrigue qui ouvre une multitude de pistes fascinantes, repoussant un peu plus les limites de la narration d 'épisode en épisode. Elle se termine sur un suspense intenable comme dans les grandes séries, ou rien est prévisible. On peut dire qu'il y a une différence entre les deux saisons. Alors que dans la première, Lynch était complètement impliquée dedans, la deuxième fut marqué par le désintéressement du réalisateur de Blue Velvet par l'obligation de révéler le coupable à la moitié de la deuxième saison par la production. Mark Frost et David Lynch ont donc suivis les instructions à contre cœur. Jusqu'à la révélation inattendue et génialissime, l'intrigue reste du calibre de la précédente saison : magistrale. Pour la suite, il a fallut offrir au public une autre intrigue pour tenir l'intérêt de la série jusqu'à la fin. Avant d'avoir un final quasiment cent pour cent Lynchéen, tous les épisodes sont majoritairement signés Mark Frost au scénario. L'intrigue est beaucoup moins dense et reste plus proche des personnages auquel le public s'est heureusement attaché. On dissocie bien plus largement le paranormal Lychéen et le côté léger et soft de Frost. Si tout se suit agréablement par une écriture plus qu'honorable, cette deuxième partie de la saison deux laisse un léger goût d'inachevé. On reste déçu par cette contrainte qui a en quelque sorte coupé l'herbe sous les pieds des créateurs.

Twin Peaks reste tout de même une excellente série car l'univers, les différentes intrigues ouvertes par le scénario sont tellement fascinantes, prenantes que le spectateur savoure chaque instant qu'on lui propose. Une série friandise devenue sepuis le temps une œuvre charnière qui a donné inspiration et naissance à nombreuses grandes séries actuelles notamment Desperate Housewives dans le plus connu, ou même la dernière anglaise Broadchurch. Twin Peaks réussi la prouesse à l'époque de démontrer, et cela plus de vingt ans avant notre ère, que la série peut-être d'aussi bonne facture que des grands films par un développement qui va encore plus loin sans jamais épuiser les ficelles. Les grands charmes de la série restent jusqu'à la fin, dont particulièrement de ne pas prendre son public pour un idiot.

Pour ma part cette grande série prouve qu'avec une simple intrigue on peut toujours repousser les limites, surprendre et fasciner. Lynch est un cinéaste il faut avouer à la fois capable de signer un film purement d'auteur (Mulholland drive) ou tout ce qui a de plus classique (Elephant Man). Frost a donné plus d'accessibilité au style de Lynch et inversement Lynch a donné toute ampleur fantastique au ton de Frost. Les deux auteurs ont fait un travail très complémentaire pour notre plus grand plaisir.

Si Twin Peaks est une savoureuse série, le film homonyme, uniquement signé par Lynch, est à mon goût trop Lynchéen. Twin Peaks : Fire walk with me vire plus à un exercice de style, un essai sensoriel axé plus sur l'étrange, le paranormal de la série que sur les personnages et l'intrigue de la série. Tout le film est un travail de montage assez impressionnant et très obscur, peut-être même plus que ses films les plus tortueux. Les fans purs et durs du cinéaste trouveront leur bonheur, les autres seront sans doute déçus et pourront sans problème se rabattre sur la série beaucoup plus homogène et moins anxiogène.

Dans tous les cas, Twin Peaks est une pièce maîtresse de la télévision, une série culte à voir absolument et à ne pas négliger actuellement en pleine explosion du domaine ces dernières années. Je peux vous assurer qu'elle est loin d'être has-been. Une référence sûre.







Mon avis sur la saison 3

Genre : Lynchage complet.


Fallait-il vraiment faire revivre la série mythique des années 90, vingt-cinq ans plus tard ? C'est la question que je me suis posée devant cette troisième saison qui m'a dérouté, déçu et très souvent agacé.

Après sa tentative de série ratée avec Mulholland Drive (qui sera finalement un film charnière du cinéaste), David Lynch tenait à tenir sa revanche artistique sur le petit écran. On peut dire qu'il se donne corps et âme pour affirmer sa liberté totale. Sa revanche est bien là avec cette saison où il est seul aux commandes. Seul oui car il n'y a pas l'once du classicisme (essentiel) qu'apportait Mark Frost à la série originale. Les deux auteurs s'étaient brouillés à l'époque, et je doute qu'ils ne se soient mieux entendus, tant tout est purement Lynchéen. Cette saison passe donc du côté de la Black Lodge

Si les défenseurs (et ils sont nombreux) diront que c'est une oeuvre d'art, je n'ai trouvé dans ce souk lynchéen qu'un délire pédant et tortueux de plus de dix-huit interminables heures. Chaque épisode ne cherche que constamment à aller à contre courant de toutes productions cinématographiques et séries télévisuelles actuelles. Comme souvent chez Lynch, il a le mérite d'être radical et c'est certainement ce qui est le plus remarquable dans cette saison mais aussi dans notre époque actuelle, de plus en plus balisée. Seulement le cinéaste est devenu une caricature de lui-même. Pire même, il est hautain, aigrit, et paradoxalement à ce que voudrait être cette série, complètement dépassé et démago. Parfois c'est au point de vraiment se foutre de la gueule du monde car il faut voir sa direction artistique, l'indécence des dialogues et de sa direction d'acteur minable (pour rester gentil). Formellement, il a eu les yeux plus gros que le ventre, le budget n'est jamais ajusté à la taille de ses ambitions. Résultat : c'est moche et souvent cheap. Sa suggestion était la force de ses chefs d'oeuvre et même le mystère de la série originale, il n'en a rien retenu.

Son dernier film Inland Empire était son film de trop car il refait ce qu'il a déjà fait auparavant en moche, chiant et prétentieux. Exactement comme cette saison 3, soit le délire de trop qui ne se renouvelle pas et n'offre que de la haine au système actuel avec un regard pour le moins méprisant. Voilà mon sentiment devant ce "truc" indigeste, et pourtant j'aime des films de Lynch. Je suis désappointé d'avoir eu a supporter si longtemps un délire qui démystifie l'univers et la série originale mais aussi un cinéaste que j'apprécie à la base beaucoup. Une immense déception pour l'exécution publique d'une série mythique et surtout de dix-huit heures que j'aurais préféré consacrer à autre chose que tout ce qui se passe par la tête de Lynch. Autant revoir le film Twin Peaks, de très loin bien plus intéressant cinématographiquement, plutôt que de suivre ce chemin de croix d'un cinéaste qui se prend avant tout pour Dieu. 


PS: Une récente ressortie en blu ray vaudrait l'investissement pour sa restauration, d'après les critiques. A voir donc.  

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