Réalisation et scénario : Saverio Costanzo
d'après l'oeuvre de Marco Franzoso
Durée : 1 h 50
Interprétation : Adam Driver, Alba Rohrwacher, Roberta Maxwell...
Genre : Anti-vegan
Synopsis :
Jude et Mina se rencontrent à New York tombent fou amoureux et se marient. Lorsque Mina est enceinte, une nouvelle vie s'offre à eux. Seulement l'arrivée de ce bébé bouleverse leur relation. Mina est persuadée que son enfant est unique et le protège de manière obsessionnelle du monde extérieur. Par amour Jude respecte sa position dans un premier temps jusqu'à ce qu'il comprenne que Mina perd contact avec la réalité et que l'état de santé du bébé est en jeu.
L'affiche du film fait penser a du John
Cassavetes, le film en lui-même un peu moins et plus à du Polanski. Le Polanski de Répulsion et bien sûr de Rosemary's Baby mais avec le syndrome
vegan à l'honneur. Si le sujet est intéressant et les acteurs
tous deux parfaits, l'écriture, même si elle est adroite dans un premier
temps, tombe relativement dans la facilité et le ratage à la fin.
Les effets de mise en scène abusifs et lourds handicapent un
scénario qui manque également de fluidité entre ses différentes étapes.
Tout commence par une scène
d'introduction très drôle et pour le moins loufoque. Le cinéaste
nous présente donc sur un plan séquence fixe de six minutes ses
deux personnages de manière à la fois gênante et attachante. C'est
aussi insolite qu'habile niveau écriture car c'est bien entendu
voulu pour mieux accentuer le déchirement qui va venir. Le film vire ensuite à
la romance plus classique et a du ciné indé bien typé Hypster.
Heureusement très rapidement l'écriture s'attaque à l'exercice
délicat de mêler et équilibrer l'amour, psychologie et puis la
peur et la pitié. L'horreur et la tension deviennent de plus en plus
viscérale pour le spectateur par des étapes assez bien écrites en
elle même mais qui manquent toutes de fluidités. Il est vrai que le
temps passe mais de là a mettre des ellipses toutes les deux minutes
c'est assez épuisant et trop scolaire. La mise en scène assez peu inspirée n'aide pas
trop à donne de l'ampleur et de la force à l'écriture. L'amour protecteur et la
raison ensuite sont également plutôt bien écris, l'angoisse est
de plus en plus présente et fonctionne. L'écriture est donc assez maîtrisée jusqu'à la confrontation totale entre le couple. A partir du point
de vue extérieur donné par le médecin, le film prend un virage
apprécié mais pas vraiment bien négocié par le scénario et le
cinéaste. La seconde vitesse et dimension attendue ne
fonctionne pas assez.
La suite est une guerre du couple de
plus en plus violente, aussi dure que dérangeante pour le spectateur
uniquement parce que c'est un innocent petit bébé au centre du conflit. Dommage que la tension et les pistes pourtant bien
installées se referment et finissent rapidement par tomber comme un
soufflet dans la dernière partie du film. Le scénario n'étale pas
assez l'engrenage juridique dans lequel est placé Jude pour
protéger son enfant de sa mère. Du coup cette démarche n'est
présente presque que pour justifier le kidnapping et c'est bien
dommage. Tout le déroulement dramatique se fait dans une certaine
logique, une certaine crédibilité tout à fait louable mais
l'impression de regarder un film peu maîtrisé se fait ressentir.
Les effets de focales d'un Judas vieillottes inutiles et tape à
l'œil, pics de violons qui font penser a des vieux slasher et
surtout un manque de fluidité entre les actes épuisants rendent le
tout assez maladroit. On retrouve des fondus au noir toutes les fins
des (trop) petites séquences comme dans un film de fin d'études. La
fin quant à elle se veut certainement dénonciatrice du système
mais elle reste quand même bien trop facile et faussement dérangeante tellement elle est grossière et déjà vue.
Regarder Hungry Hearts m'a fait un peu
la même conclusion que de regarder Mommy. Si c'est un peu moins bien écris et
beaucoup moins excentrique que le film de Dolan, ce film fait quand même bien plus
réfléchir et c'est sa plus grande force. Saverio Costanzo est comme
Xavier Dolan, un cinéaste avec du potentiel assumant à moitié ses références, englué dans la mode actuelle et si obnubilé par ses goûts personnels qu'il en oublie d'en
faire un film plus personnel, avec une grammaire cinématographique essentielle.
Plus de sobriété dans la mise en scène et une écriture plus fluide auraient été les
bienvenus dans ce film qui possède finalement autant de qualités que de
défauts. Les qualités sont les acteurs et un sujet vraiment
intéressant. Dommage que la fin ratée et la mise en scène
laisse une telle amertume. Hungry Hearts est un film qui a du mérite
et de l'intérêt mais au final reste trop brouillon pour convaincre.
On retiendra deux acteurs excellents.
Note : 5 / 10
Note : 5 / 10
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