vendredi 5 septembre 2014

Inside Llewyn Davis





Réalisation et scénario : Joel et Ethan Coen
Durée : 1 h 45
Interprétation : Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake...
Genre : Film festivalier 

Synopsis :

Une semaine dans la vie de Llewyn Davis un chanteur de folk dans l'univers de Greenwich Village en 1961. Dans ses mésaventures d'artistes et de maladroit, il ira jusqu'à auditionner pour Bud Grossman, un géant de la musique, avant de repartir d'où il vient.

Cela me fait un peu mal au cœur de le dire mais ce dernier film des Frères Coen est décevant. Je l'attendais trop ? Pas plus qu'un autre et j'ai appris à prendre du recul avec les films des frères Coen depuis ma déception sur Burn after Reading qui suivait de quelques mois No Country For Old men alors qu'au final c'est un délire plutôt sympathique. Deux années et demie ont passées après l'excellent True Grit, ainsi que des re visionnages fréquents de quelques uns de leurs films cultes et mineurs et Inside Llewyn Davis est bien décevant en plus d'être assez ennuyeux.

Bien sûr c'est du cinéma des Coen. C'est donc bien interprété et réalisé et avec une atmosphère et des intentions cohérentes. Rien de lourd ni de pompeux bien entendu à déplorer dans ce film au final bien trop festivalier. Même si le film est beaucoup moins captivant que les précédents films de leurs trilogie de l'homme seul (Barton Fink, The Barber et A serious man) on notera encore des références culturelles et intellectuelles qui raviront les critiques de cinéma et les gens qui ont la culture appropriée. Cela ressemble quand même beaucoup à A serious Man sauf que le ton vachard irrésistible fait plus l'effet de pétard mouillé ici.

Tous les films des frères Coen ont un loser, ici c'est donc Llewyn Davis un musicien dans les années soixante qui chante plutôt bien et au parcours de l'artiste dans sa tour d'Ivoire qui s'y colle. Comme dans A serious Man les Coen s'amusent à le torturer, à lui pourrir la vie en lui faisant accumuler de manière progressive tous les ennuis du monde. Seulement ici on remarquera avec un parcours initiatique et onirique un peu trop décousu. Oscar Isaac joue et chante très bien et si c'est tout à son honneur il ne sauve pas le film de l'ennui et du vide étonnant dont font preuve les Coen pour la première fois. Comme d'habitude une panoplie d'acteurs défile devant nous avec plus ou moins de plaisir. Timberlake et Murray Abrahams sont pour moi les plus régalant, Goodman moins percutant qu'à l'habitude par son rôle cru mais qui manque de développement. Mulligan n'est pas sensationnelle hormis le jeu des Coen sur elle de casser son image d'actrice gourde en lui faisant dire « Shit » à toutes les répliques le tout avec une teinture brune assez moche.

Le problème du film ne vient pas de son esthétique terne ni du ton ennuyeux qu'il se dégage du personnage car c'est cohérent un peu avec le genre de la folk. Le problème que j'ai particulièrement ressenti et celui d'avoir l'impression que les Coen font du Coen pour la première fois. Même si j'ai beaucoup de respect jusque là pour les deux frères car il y a toujours quelque chose d'intéressant, de novateur même dans leurs œuvres les plus mineures, ici on ne retrouve qu'un savoir faire lié avec quelques chansons folks. C'est un peu le côté délire personnel d'A serious Man avec la ligne musicale d'O'Brothers sauf que pas grand chose ne se dégage. Les Coen jouent encore avec le temps et son public. Pour preuve le voyage à Chicago est tellement long qu'on croit comme le personnage que Mulligan s'est déjà fait avorté à son retour comme le personnage principal.

Les deux frangins sont peut être trop intelligents, et font un humour cinématographique un peu plus à la Andy Kaufman qu'aux Coen habituels. Seulement hormis cela, c'est de l'ennui, un film décousu avec très peu de relief hormis une belle bande originale. Seulement les Coen sont aussi réputés d'avoir bon goût musicaux donc je considère que c'est du savoir faire aussi. 

Il suffit que cela ne deviennent pas une habitude car un faux pas arrive et ils sont, pour ma part, déjà pardonnés. Un faux pas après plus d'une quinzaine de films réussis rien d'alarmant pour autant.  

Note : 4/10

P.S : Le beau chat roux relou du film en référence au film de Robert Altman Le Privé est l'occasion ou jamais de revoir cette référence chère aux Frères Coen. Leur amour pour l'ecrivain Raymond Chandler et son influence se ressent très fortement dans leur style depuis le début de leur carrière, particulièrement dans The Big Lebowski. Un détour culturel qui vaut le coup d'oeil. 

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