mercredi 11 juin 2014

Joe




Réalisation : David Gordon Green
Scénario : Gary Hawkins
Durée : 2 h.
Interprétation : Nicolas Cage, Tye Sheridan, Gary Poulter...
Genre : Clichés violents

Synopsis :

Dans une petite ville du Texas, l'ex-taulard Joe Ransom essaie d'oublier le passé avec une vie de monsieur Tout le monde le jour en tenant une entreprise de bois. En s'immolant dans l'alcool la nuit. Gary, un jeune homme de quinze ans à la vie familiale complexe va être embauché par Joe pour subsister aux besoins de sa famille. Cherchant la rédemption, Joe va prendre Gary sous son aile.

D'un côté plaisant de revoir Nicolas Cage dans un rôle plus intéressant que ce à quoi il nous a habitué ces dernières années et le retour de Tye Sheridan, avec certes des boutons d'ados partout, après l'excellent Mud. D'un autre assez décevant avec un film souvent mal écrit et surtout dépourvu subtilité, je suis sorti de la séance de Joe très partagé.

Tout le monde vantait avec ce film le retour du grand Nicolas Cage ce qui faisait une certaine forme de promotion pour ce film assez ridicule. Nicolas Cage est un excellent acteur qui n'a rien à prouver avant même sa consécration pour Leaving Las Vegas. Ici l'acteur est dans un rôle qui aime encore bien la bouteille, moins que dans le film de Mike Figgis mais quand même pas mal, et interprète Joe, un ex taulard alcoolique en quête de rédemption. Son personnage est bien plus antipathique que sympathique contrairement a ce que veut nous prétendre le film. Psychologie et scénario ne possèdent absolument aucunes nuances. Ce qui est rare a un tel point que je pense que c'est vraiment un parti pris. Pas de subtilité donc, ce sera le bien d'un côté, le mal de l'autre et bien distant l'un de l'autre. Le problème dans tout cela est que le film est un peu bâtard lui aussi en ne trouvant pas vraiment d'harmonie.

Niveau cliché et violence c'est l'apothéose, voilà sûrement ce qui rend ce film si particulier. Les personnages sont tous prisonniers de leur démons, condamnés par un alcoolisme évident. Seulement David Gordon Green n'est pas John Huston. Cela se voit car le cinéaste n'accentue que le mal, ne développe rien si ce n'est que la violence superficielle des alcooliques. Le spectateur suit ses personnages tous horribles et antipathiques qui n'ont pas vraiment de profondeur. Même le jeune et gentil bouc émissaire Gary (Tye Sheridan joue quand même juste) n'a aucune raison de croire encore à son père, ce dernier n'est présenté par le scénario uniquement comme un ignoble alcoolique (effrayant Gary Poulter). La relation entre Gary et Joe ou même le vrai père est complètement zappée, aux oubliettes. En revanche la haine que le public exerce sur ses personnages est vraiment réussie. Pour cela il faut avouer que ce film possède la force et l'originalité d'avoir des personnages abominables et parfaitement détestables comme on voit assez rarement.

Le scénariste du premier film de Jeff Nichols Shotgun Stories n'a pas su tirer avec Joe un vrai film sur les campagnes profondes sans alourdir les clichés. Si le scénario n'a également pas grand chose à raconter, il n'y va pas de main morte. Joe, si on reste dans l'esprit du script, n'est qu'une histoire de violence et de vengeance entre péquenots alcooliques filmés avec sérieux. Seulement on dirait que ce film est un exercice de style : celui d'appuyer un maximum les clichés pour faire en ressortir uniquement le côté réaliste et violent au point de ne pas avoir honte et assumer. Pour en faire un film tellement noir stupidement qu'il en est attractif. Le grand manque de subtilité est parfois tellement poussé que le personnage de Joe (Nicolas Cage toujours très pro sans fond vert) se limite à vouloir juste se payer une prostituée dans la foulée d'un conflit intense pour « se détendre ». Le tout accentué de violence gratuite au niveau de la mise en scène, Joe est tellement sombre et pessimiste si on enlève la lamentable et niaise conclusion qu'il attise bien la curiosité.

La grande question reste de savoir si tout cela est vraiment fait exprès. De tels clichés, si mal assemblés et filmés si sérieusement a tout d'un film raté. Cependant d'un autre côté, le cinéaste prend sa caméra (épaule pour changer) et suit de manière peu conventionnelle au scénario, le désespoir, la violence de ces hommes avec quelques moments pour le moins forts et inattendus. La séquence du père de Gary suivant un clochard pour une bouteille de vin est une parenthèse imperceptible dans la narration qui dérange de manière particulièrement efficace.

Tout est si poussé à l'extrême qu'à défaut de détester ou d'adorer, j'en repars avec un avis plus mitigé qu'autre chose sur les intentions du cinéaste. L'impression que le cinéaste a voulu détruire complètement ses personnages car ce n'est pas possible d'avoir un tel vide total à raconter sans en avoir conscience. Gordon Green se serait uniquement appliqué sur un portrait très pessimiste et réaliste plus choc en toc qu'intelligent. A vous de voir, mais Joe n'est pas vraiment un bon film, ou en tout cas un film dispensable. 

Note : 4,5 /10


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