vendredi 31 juillet 2015

La Dame dans l'Auto avec des Lunettes et un Fusil ( Lady in the Car with Glasses and a Gun )



Réalisation : Anatole Litvak
Scénario : Sébastien Japrisot et Anatole Litvak
d'après le roman de Sébastien Japrisot
Durée : 1 h 35
Interprétation : Samantha Eggar, Oliver Reed, Stephane Audran, Yves Pignot...
Genre : Polar sixties

Synopsis :

Après avoir conduit son patron à l'aéroport d'Orly, sa secrétaire Danny doit ramener la voiture à Paris. Elle se trompe de route et finalement décide de partir pour le sud voir la mer. Elle ignore qu'il y a un cadavre dans le coffre.

Le dernier film du grand Anatole Litvak est hélas introuvable sur tout support. Dommage car c'est une très bonne adaptation d'un excellent livre de Sébastien Japrisot réputé inadaptable à l'écran. Litvak a eu l'intelligence de prendre l'auteur pour écrire le scénario avec lui et s'en tire avec les honneurs. Le livre a la particularité et la force d'être composé de quatre parties différentes, soit quatre points de vues qui se recoupent les uns les autres et finissent par donner un sens à une intrigue palpitante et au trouble magistral.

On retrouve dans le livre les parties de « La dame » de « l'auto » des « lunettes » et ensuite du « fusil » dans ce film distrayant et libre comme l'air. Dans un concept qui aurait séduit Innaritu, Anatole Litvak négocie parfaitement la trame du roman en insufflant le côté naïf des années soixante avec l'originalité et le trouble du roman du début à la fin. Avec un jeu d'acteur inspiré, une mise en scène simple et un montage agréablement aéré La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil est un produit purement sixties dans tous les bons sens du terme. On y retrouve le ton naïf et libre de cette époque que ce soit dans les mœurs ou cinématographiquement tous le monde y trouve son compte.

Sur une belle bande son de Michel Legrand et Petula Clark, ce road movie policier très original se comporte dans un premier temps comme un film noir. C'est à dire que pendant la moitié du film, on ne comprend strictement rien du tout. En effet très peu d'indices, voir aucuns ne nous sont glissés et nous sommes complètement manipulés comme le personnage principal. Du trouble s'installe même parfois dans cette ballade au suspense de plus en plus grandissant. Le cinéaste depuis Raccrochez c'est une erreur est habitué de réaliser ce genre de suspense haletant et original dans un genre souvent fermé par les conventions. Le roman entretient le trouble jusqu'à la dernière partie qui est un coup de fouet magistral dans le genre du policier et de la littérature. Le film lui est plus soft mais on palpe tout de même la manipulation de manière assez jouissive sur la dernière partie. On se retrouve dans un divertissement où l'originalité et l'habileté du scénario et de la mise en scène donnent au film une fraîcheur et une qualité toujours authentique et atypique de nos jours. On est bien loin de pas mal de policiers de cette époque. 

Interprété par Samantha Eggar et Oliver Reed (qui se retrouveront ensemble plus tard chez David Cronenberg dans Chromosome III), on ressent la production franco-américaine du film par un casting pas toujours irréprochable. Voilà ce qui pêche un peu niveau crédibilité dans le film, on parle tous trop bien l'anglais en France ce qui est évidemment faux. Même aujourd'hui ce n'est toujours pas aussi bien le cas. Heureusement le cinéaste à l'habitude de jouer sur les différentes langues depuis son retour en Europe d'Hollywood. D'ailleurs La nuit des généraux était un grande production dont le français, l'anglais et l'allemand se croisaient avec beaucoup d'aise et de justesse. Ici tout ne paraît pas toujours crédible mais l'intrigue et les dialogues sont si bons et si judicieusement placés qu'on prend malgré cela un grand plaisir à suivre ce très bon film.

Si le film est moins bon que le livre de Sébastien Japrisot (en même temps c'est dur de l'égaler) ce film reste quand même un très bon moment. Le road movie et le policier sont des genres souvent vite enfermés par leurs codes, ce qui n'est pas le cas ici. Ici les codes sont habilement travaillés et même repoussés. Même si au final cela ne va pas aussi loin que le roman et n'en garde pas le même tour de force. A travers cette bonne adaptation, on retrouve un témoignage de l'époque libre des années soixante rarement si bien transposé au l'écran à l'époque et toujours l'heure actuelle. Ce dernier film d'Anatole Litvak est à découvrir, à comparer à la nouvelle version que Joan Sfar nous propose cet été 2015. Vivement une réédition de ce film ainsi qu'une plus grande reconnaissance du talent d'Anatole Litvak. Pour son dernier film il signe un film un peu à l'image de son talent à l'époque : toujours dans l'air du temps, avec une longueur d'avance et une fraîcheur narrative, visuelle toujours époustouflante. 

Note : 8 / 10


PS : Je recommande la lecture du livre La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil de Sébastien Japrisot qui est un excellent polar où l'on ne s'ennuie jamais et qui possède toutes les qualités ddu genre et d'une grand oeuvre littéraire. Ce qui n'est pas commun. 

dimanche 26 juillet 2015

Mean Streets





Réalisation : Martin Scorsese

Scénario : Mardik Martin et Martin Scorsese
Durée : 1 h 50
Interprétation : Harvey Keitel, Robert De Niro, David Proval...
Genre : Etude Sociologique chez les gangsters

Synopsis :

Dans le quartier des immigrés italiens la Mafia a pris ses marques. Johnny Boy, tête brûlée et bagarreur, a emprunté de l'argent à un parrain, sans intention de le rembourser. Son ami Charlie, jeune mafioso ambitieux, tente de le protéger de ses créanciers mais il est de plus en plus incontrôlable.

Après ses deux premiers films, John Cassavetes conseille à Martin Scorsese de se pencher sur un projet plus personnel. Le cinéaste reprend alors un projet qu'il a dans les tiroirs depuis son tout premier film intitulé Mean Streets. Il est actuellement toujours son film le plus autobiographique et celui où l'on retrouve toutes les questions, les situations, les engrenages et les psychologies des prochains films du cinéaste. Le cinéaste a avant tout demandé à Roger Corman si le projet l’intéressait et de le produire ce film. Il acceptait mais à la condition de mettre des Afro-américains à la place des italiens, histoire de surfer à la mode du moment. Scorsese refuse et préfère tourner comme il l'entend son film. Même avec un budget ridicule, ce sera le début de la genèse de sa carrière et un de ses premiers grands films. 

Tourné avec une grande économie à Los Angeles (seules quelques scènes sont véritablement à New York) Mean Streets s'impose comme un film typiquement dans la veine de ce cinéma des années soixante dix qui renouvelle ce que l'on voit à l’écran de film en film. Tourné avec beaucoup de bricolage, le film a un aspect peut-être un peu vieillit et un peu faible ce qui malheureusement l'empêche d'être objectivement un très grand Scorsese car on voit qu'il manque de s'envoler comme il le souhaiterait dans son final. Seulement, il dépasse largement le stade du brouillon et des très bonnes idées car la mise en scène et les acteurs sont tout le long bonnement excellents. Déjà il y a un bon scénario et la mise en scène nous donne l'effet d'un coup de poing toujours cinématographiquement d'actualité. Il rend ce film de gangster atypique entre comédie et documentaire violent à des lieues des films noirs classiques sur les écrans et même Le Parrain de Coppola. C'est déjà une version et une vision moderne et documentaire dans un sujet et un domaine qu'il connaît. Scorsese a toujours eu une approche documentaire dès le début  de sa carrière, c'est ancré dans son style. Comme de nombreux cinéastes, il a été monteur sur beaucoup de films (dont Woodstock de Michael Wadleigh) mais comme il n'était pas dans le syndicat des monteurs il n'était pas crédité dans les génériques. Il a alors depuis toujours glissé dans ses fresques et la plupart de ses films une grande partie documentaire et des reconstitutions et s'en sert dans sa mise en scène. C'est aussi d'ailleurs la plus grande force du cinéaste que beaucoup ne possède pas. Scorsese utilise fiction et documentaire et les deux genres se complètent mutuellement pour rendre une œuvre dense, virtuose et unique. Il donne le maximum de clés au spectateur pour s’approprier le maximum d'indices et de connaissances sur le sujet. Le pur style Scorsese est né avec Mean Streets et se développera avec Taxi Driver avant d'être à son paroxysme dans Les Affranchis, Le Temps de l'Innocence, Casino et dernièrement Hugo Cabret

Devant le film facile est de constater que le cinéaste maniait déjà avec virtuose le vocabulaire cinématographique et l'écriture romancée et documentaire. Cependant ce que l'on retrouve avec originalité et force surtout dans Mean Streets sont ses énormes contrastes. A l'image des deux personnages principaux complètement opposés, la violence, l'humour, les musiques très rock sont en permanence dans un décalage qui donne une seconde vitesse, une double profondeur au film pour le moins géniale. C'est une comédie survoltée de violence au fond très grave et scellé. Le montage est composés de ralentis et de plans rapprochés d'un magnétisme bien trempé. Nous sommes plongés dans du pur cinéma Scorsesien avec un savoureux panache d'humour avec des dialogues excellents et de violence qu'elle soit physique et psychologique. A la fois ridicule et effrayant, Mean Streets est à l'heure actuel toujours très fort dans sa démarche car il montre un film qui se moque totalement des conventions du cinéma ce qui en fait un produit typiquement modèle de la Nouvelle Vague Hollywoodienne. Le cinéaste n'oublie cependant pas que c'est destiné au public et rend le film accessible la comédie et une mise en scène vraiment prenante. Au fond il nous fait ressentir toutes ses pensées et questionnements personnels à travers le personnage de Charlie (formidable Harvey Keitel) un gangster coincé entre le bien et le mal dans un milieu ou les principes et la religion sont au dessus de tout. Bien sur la fatalité, la tragédie du milieu emporte tout sur son passage. Le contraste est fait avec le personnage intenable de Johnny Boy interprété par Robert De Niro, qui par moment fait penser à un droog d'Orange mécanique de Stanley Kubrick  avec l'intelligence d'un Rocky sous cocaïne. Johnny Boy est vraiment l'anti Corleone du Parrain qu'ironiquement De Niro interprétera l'année suivante. 

Ce que l'on retient de Mean Streets c'est surtout la révélation réussie de Martin Scorsese autant par son fond que sa forme ici pleinement exprimée mais aussi de Robert De Niro qui va enchaîner les rôles chez le cinéaste pour une collaboration légendaire mais aussi dans les plus grands films de l'Histoire du cinéma dans les années à venir (Coppola, Cimino, Leone). Mean Streets est un bon film mais peut-être plus destiné aux fans du cinéaste et de De Niro pour être pleinement apprécié. Si le film ne possède aucun temps morts scénaristique mais il possède quand même une longueur qui peut-être assez pénible en raison de l'économie du film qui a tendance à le faire tourner un peu en rond. Un film culte des années 70 qui annonce la future carrière du cinéaste ou sera tout plus approfondi en profondeur par la suite dans Les Affranchis et Casino ou même dans des films comme Taxi Driver et A tombeau ouvert. Ce film a été salué par la critique à l'époque et aujourd'hui considéré comme un film incontournable dans l'Histoire de la période et du cinéma. 

Note : 8,5 / 10

Anecdotes :

Al Pacino était un temps prévu dans le rôle de Johnny Boy. Brian De Palma a fait rencontrer Robert De Niro à Martin Scorsese et s'avérait se connaître et s'être croisés plusieurs fois durant leur enfance. Martin Scorsese joue le rôle d'un gangster dans Mean Streets, il aura l'habitude de faire des caméos et des petits rôles au cinéma par la suite. 

jeudi 23 juillet 2015

Boxcar Bertha



Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : Joyce H. Corrington et John William Corrington
Tiré du livre Sisters of the Road de Ben L. Reitman
Durée : 1 h 30
Interprétation : Barbara Hershey, David Carradine, Barry Primus...
Genre : Série B tourmentée

Synopsis

Pendant la Grande Dépression dans l'Arkansas, une jeune fille, Bertha Thompson, assiste à la mort accidentelle de son père, provoquée par un employeur tyrannique. Seule, sans toit ni travail, elle se retrouve sur les routes et utilise les wagons des trains de marchandises pour se déplacer. Son surnom de "Boxcar Bertha" Fourgon à Bestiaux lui viendra de là. Elle fait la connaissance de Bill Shelly, un syndicaliste qui va lui transmettre sa révolte. Tous deux deviennent des pilleurs de trains confirmés. 

Ce deuxième long métrage est en réalité le premier réalisé de manière professionnelle pour Martin Scorsese. Sans surprise, il débute donc dans l'écurie Roger Corman, producteur de série B à Z qui recrutait de jeunes cinéastes talentueux et motivés (et surtout pour pas très chers) pour faire des films d'exploitations. Le cinéaste avoue que c'est une de ses plus grandes chances d'avoir commencé sous l’œil Roger Corman car c'était un producteur qui travaille à l'économie mais qui laisse cependant une très grande liberté au cinéaste. Le cinéaste n'avait en revanche pas le droit de modifier le scénario mais avait la plus grande liberté sur sa mise en scène. Roger Corman n'hésitait pas à lui porter conseil de temps en temps. 

C'est d'ailleurs beaucoup du charme de ce film assez méconnu dans la filmographie du cinéaste. Boxcar Bertha est un bon film assez étonnant où l'on ressent tout le long la mise en scène électrique de Scorsese dans un scénario qui n'est hélas pas toujours à la hauteur. Le script est un peu plat et recycle l'intrigue du succès commercial de Bonnie and Clyde et les films de Série B que l'on pouvait voir à l'époque un peu partout dans les salles. L'histoire reste cependant intéressante mais traitée de manière un peu plate sans être pour autant très frustrante. Cependant le cinéaste a de la chance déjà de trouver des thèmes qui le touche ainsi qu'un scénario loin d'être très mauvais ce qui était fréquent dans les productions de ce genre. Si le cinéaste n'aimait pas trop le scénario, il s'applique nerveusement à mettre le tout en scène de manière déjà pour le moins impressionnante. Une photographie soignée et une musique composée très présente se ressent. C'est entraînant et le cinéaste joue de manière troublante le décalage entre la comédie et les parties plus dramatiques du début à la fin. On y retrouve un montage speedé avec beaucoup d'inserts et un travail d’échelle des plans remplit de rage et d'aise comme dans l'ensemble de l'oeuvre du cinéaste. C'est très nerveux parfois inventif mais parfois moins car la référence à un autre film est plus forte que l'idée exprimée. On retrouve également de fulgurantes montées de violences parfois très référencées au cinéma (génial) d'Arhur Penn ou de Sam Peckinpah. Parfois elles sont aussi intenses, c'est dire. 

A côté de toutes ces références du film de gangster et du western de l'époque, Scorsese développe de manière troublante et touchante une liaison amoureuse, sociale et psychologique très intéressante entre le personnage de Bertha et de Bill. Je la trouve personnellement assez osée et réussie. On ressent que Scorsese outre sa technique maîtrisée se penche sur l'interprétation et c'est clairement ce qui change la donne des autres films dans le genre. Le cinéaste d'ailleurs disait à son ami Coppola que ce qu'il aimait le plus dans les films de commandes était sans aucun doute l'interprétation des acteurs. L'interprétation est effectivement superbe et rend palpable les messages, les émotions et la violence du film que le scénario a du mal transmettre au spectateur. On retrouve ici son influence sur le cinéma italien avec sa simplicité du cadre et du montage à saisir l'émotion des acteurs, parfois allant dans l'intimité. Le cinéaste joue aussi sur les points de vue, on suit bien le personnage féminin de Bertha mais on reste toujours assez distant quand même pour rester dans la fiction policière et même documentaire. Oui, on est déjà dans du pur cinéma de Scorsese même si le film n'a l'allure que d'un film de commande très bien illustré. Pour ceux qui pensent que le cinéaste ne fait que des films avec des hommes, ils oublient ce film ainsi que son prochain film Hollywoodien Alice n'est plus ici. Les deux personnages principaux féminins de ces deux films sont superbes, tous deux très référencés déjà visuellement au personnage de Dorothy du Magicien d'Oz de Victor Fleming. Si Barbara Hershey n'a pas eu d'oscar d'interprétation contrairement à Ellen Burstyn, c'est une performance toute aussi remarquable qui mérite d'être soulignée. A cette époque en plus, très peu de rôle féminin était autant aussi mis en avant. Dommage que le cinéaste n'en fasse pas plus souvent car ses deux essais sont très convaincants. On trouve face à Barbara Hershey l'excellent David Carradine qui joue un Bill, avant celui beaucoup plus connu de Tarantino des années plus tard. Il est sublime également, il est aussi intéressant. Cela montre que Scorsese est avant tout un très grand directeur d'acteur, un improvisateur de génie et qui donne souvent les meilleurs rôles aux acteurs qu'il dirige.  

Boxcar Bertha est un film qui aurait pu être une série B moyenne si ce n'était pas Martin Scorsese derrière la caméra. Ce premier film au montage et à la mise en scène impressionnante nuance beaucoup de trouble et de violence sur une époque très intéressante de l'histoire des Etats-Unis. C'est un film à redécouvrir cependant pour un public averti, on y trouve une scène de crucifixion choquante et d'une violence toujours assez inouïe qui sera des années après un peu reprise dans un de ses projets les plus personnels avec La dernière Tentation du Christ. Comme d'habitude le cinéaste est violent mais n'entre jamais dans la complaisance ce qui rend ce film plutôt un film sérieux qu'une série B. Ce film d'ailleurs est toujours choquant et violent, il est classifié interdit aux moins de seize ans en France et reste toujours un des plus violents du cinéaste. 

Note : 7 / 10

L'anecdote du fan de Scorsese

Quatre années avant de réaliser ce film, le cinéaste devait mettre en scène un film sur les mêmes thèmes que Boxcar Bertha et également tiré d'un véritable fait divers : Les Tueurs de la Lune de Miel

Après une semaine de tournage l'auteur du scénario et producteur Leonard Kastle et le cinéaste ne s'entendent pour divergences artistiques. C'est finalement Leonard Kastle qui l'a réalisé et ce sera son unique film. Scorsese avouera que c'était bien mieux ainsi car c'était trop dur pour un premier film de studios. Dans les trois premières minutes du film on ressent des mouvements de caméras purement Scorsesiens, il n'y a aucun doute que Leonard Kastle ait gardé ces quelques prises. 

Le film est devenu culte à l'état pur, une réussite absolue d'une violence et d'une écriture aussi forte que remarquable qui en fait un très grand film. Je recommande très fortement le visionnage de ce grand film. 

mardi 21 juillet 2015

Who's That Knocking At My Door



Réalisation et scénario : Martin Scorsese
Durée : 1 h 25
Interprétation : Harvey Keitel, Zina Bethune...
Genre : Brouillon magnétique

Synopsis :

Petite frappe du quartier italien de New York, J.R décide de se poser pour épouser la femme qu'il aime. Il apprend que celle-ci a été violée quelques temps plus tôt et il ne peut supporter l'idée.

C'est officiellement le premier film de Martin Scorsese réalisé après ses études de cinéma et avant qu'il ne parte pour les studios Roger Corman. On y trouve déjà ses sujets de prédilections et ses influences de sa première partie de carrière (Mean Street,Taxi Driver). L'excellent Harvey Keitel était alors le premier acteur fétiche du cinéaste et brille dans le rôle titre de ce premier long métrage qui plaira avant tout aux fans les plus assidus du cinéaste et du nouveau cinéma des années 60.

A l'origine Martin Scorsese voulait réaliser deux courts métrages sur le personnage de J.R. Un qui racontait sa relation amoureuse, le second dans sa vie de gangsters et ses préoccupations, son choix entre le Bien et le Mal. L'ensemble n'était pas assez long pour en faire des longs métrages mais beaucoup trop pour en faire des courts métrages rentables. C'est alors que les distributeurs ont proposés de le distribuer en salles si les deux courts métrages étaient tous les deux assemblés l'un l'autre. Scorsese accepte et pense à un montage alterné avec des morceaux de musiques pour les associer et rendre les raccords plus cohérent. Les distributeurs ont ensuite obligés au cinéaste de faire une chose inconcevable dans notre temps : Inclure une scène de sexe pour que le film soit distribué en salles. Assez embêté sur le coup, le réalisateur de The Big Shave accepte et signe un peu à l'arraché alors une scène sensuelle en hommage au cinéma italien (notamment à Antonioni) sur la magnifique musique des Doors.

Pour un premier film on sent que le célèbre cinéaste se cherche encore pas mal. Cependant il reste assez souvent passionnant par sa maîtrise technique et le souffle de son écriture constamment frais et ponctué de beaux morceaux de bravoures. On ressent son influence et son amour pour la Nouvelle Vague française et le cinéma néo réaliste italien avec l'histoire d'amour entre Harvey Keitel et Zina Bethune tous les deux parfaits et touchants. D'un autre côté on ressent déjà de manière palpable son amour pour New York et ses origines ainsi que la description de son quartier comme dans Mean Streets. Le film reste très personnel, beaucoup trop pour celui qui s'attend à se divertir. On retrouve déjà les tourments du cinéaste, ses questionnements sur le choix du bien et du mal ou encore le poids et l'importance de la religion dans la société et chez un Homme. Si le film ne raconte au final pas grand chose, il y a beaucoup de fond. La forme reste rythmée par un montage qui permet déjà de très belles envolées de mise en scène. Le cinéaste manie déjà à la perfection la bande son et les images sans aucune fioriture et effets : il commence à mettre le doigt sur ses futures séquences mythiques de Casino et des Affranchis. On repère déjà un cinéaste mature et qui sait ce qu'il fait. Il va au bout de ses idées et il n'oublie pas de les rendre intéressantes pour le spectateur. Sinon globalement c'est un peu mou et le scénario reste trop creux pour vraiment briller. Avec en plus les modifications apportées à l'arrachée, le film perd une certaine force narrative et le prive d'une bonne fin. 

Who's That Knocking At My Door est un film avec plein de brouillons, d'influences et de références qui prennent vie avec un esprit très libre et parfois virtuose qui fait penser à la Nouvelle Vague française. Si le film est un peu trop référencé par moment, on se retrouve comme devant le premier film de Brian De Palma Murder a la Mod, un brouillon inventif et intéressant où se trouve déjà l'ensemble des thèmes que le cinéaste va traiter par la suite le long de sa carrière. On notera déjà que Martin Scorsese était un formidable directeur d'acteur où l'improvisation faisait déjà des merveilles dans ses films. D'ailleurs dans le domaine le cinéaste était un grand fan de John Cassavetes et il devint avec ce film très ami avec lui. Pour la petite anecdote, c'est John Cassavetes qui a parlé de Martin Scorsese aux producteurs et qui lui a permit d'entrer dans le cercle du cinéma. Ce premier film reste donc pour le moins très atypique et c'est une expérience pour ma part assez convaincante. Si le film est trop long pour ce l'histoire qu'il raconte, cela reste un Juke box avec beaucoup de cachet. Cela autant dans la musique que dans les références cinématographiques du cinéaste; le tout est porté par un Harvey Keitel magnifique, à l'image de la mise en scène.


Note : 6,5 / 10

lundi 20 juillet 2015

Ant-Man



Réalisation : Peyton Reed
Scénario : Adam McKay, Paul Rudd, Joe Cornish et Edgar Wright
Durée : 1 h 55
Interprétation : Paul Rudd, Michael Douglas, Michael Pena, Evangeline Lilly...
Genre : Chérie, on a encore adapté un Marvel

Synopsis :

Scott Lang, cambrioleur de haut vol, va apprendre à devoir à se comporter en héros et aider son mentor le Docteur Hank Pym, à protéger le secret de son spectaculaire costume d'Ant-Man, afin d'affronter une effroyable menace...

Longtemps destiné au scénario et à la mise en scène à l'excellent réalisateur anglais Edgar Wright, Ant-Man est finalement réalisé par le sage et bon faiseur Peyton Reed. Cette nouvelle adaptation de Marvel est globalement distrayante même si elle nous fait regretter que ce ne soit pas le cinéaste de Shaun of the dead derrière tout cela. 

Effectivement Ant Man est un film de super héros assez classique, écrit et réalisé de manière tout ce qui a de plus conventionnel. L'histoire reste originale et sympathique mais traitée comme n'importe quel autre blockbuster. Comme d'habitude il faut faire abstraction que la Guerre Froide n'est jamais terminée entre les Etats-Unis et l'URSS même après les années 90 dans ces films ou les histoires originales étaient écrites en plein conflit. Le film se démarque surtout des autres par les pointes d'humour typiquement dans le style d'Edgar Wright. Ces dernières sont très drôles et remontent le niveau des parties dramatiques et émotionnelles, toutes assez plates. Heureusement que les acteurs font bien le boulot avec un certain charme, dont un Paul Rudd très bien dans le rôle. Michael Douglas se retrouve dans une composition plutôt juste face à une Evangeline Lilly assez banale mais qui fait quand même bien le boulot. Corey Stoll lui se colle le rôle vache du méchant ni mauvais ni mémorable et s'en tire pas si mal. 

La mise en scène de Peyton Reed reste simple, assez classique, dommage qu'elle ne s'attarde pas plus à exploiter les scènes d'actions toutes trop expéditives pour apprécier le moment et le concept séduisant de la miniature. Le cinéaste illustre et n'a que trop peu d'idées de mise en scène pour en faire un très bon divertissement. La musique est à l'image du reste, dans le moule des blockbusters que l'on voit d'habitude. Le scénario quant à lui n'est pas le mieux écrit mais ni le plus ennuyeux de la firme, il est rythmé et alterne avec plus ou moins d'efficacité l'humour et l'action. On ne retrouve pas l'alliance parfaite entre l'humour et l'action du premier Iron Man ou les Spiderman de Sam Raimi, qui sont les meilleurs Marvel au cinéma à mon goût. Dommage là aussi qu'Edgar Wright ne soit pas là car s'il y a bien une chose dont on aurait pu être sûr, d'avoir de la mise en scène référencée et inventive à se mettre sous la dent. Aucune prise de risque de la part de la firme et c'est bien dommage. Même offrir le projet au prolifique Matthew Vaughn aurait été judicieux et pour nous bien plus jouissif. 

Le film en lui-même est un blockbuster plutôt divertissant car c'est drôle et avec une 3D pas mal, un peu comme Les Gardiens de la Galaxie l'an dernier. C'est bien mieux que les horribles Avengers ou le deuxième Captain America qui sont la définition même de la platitude de la mise en scène et où en plus on y côtoie les abysses de l'ennui. Avec Ant-Man sans Edgar Wright on est peut-être passé à côté d'un des meilleurs Marvel mais cela reste un divertissement où l'on ne s'ennuie pas et avec une idée séduisante qui tient la route du début à la fin. Ce qui n'est pas le cas de beaucoup des films de la firme dont on est submergé dans les salles depuis maintenant bien trop longtemps. Vivement que tout cela s'arrête ou que l'on nous offre des cinéastes qui osent faire de la mise en scène pour avoir autre chose qu'un même produit formaté à chaque fois.


Note : 6 / 10

jeudi 16 juillet 2015

Martin Scorsese : Les Courts-métrages



Martin Scorsese possède une filmographie aussi passionnante que dense. On peut y trouver des longs et courts métrages, des longs et courts documentaires, des concerts filmés, des clips, des épisodes de séries et, comme beaucoup de grands cinéastes, des publicités. Pour ses courts métrages, on peut facilement diviser sa filmographie en deux catégories : les fictifs et les documentaires. 

Ses courts métrages fictifs ou adaptés :





1963 - What's A Nice Girl You Doing In A place Like This ?

Étudiant de cinéma, Martin Scorsese commence à se faire remarquer par ses courts-métrages de fins d'études dans les années soixante. Il signe pour commencer un court métrage plutôt sympathique qui ne s'épuise pas dans l'invention et les références au cinéma formateur du cinéaste. On retrouve une aise certaine dans le ton d'écriture et la mise en scène.




1964 - It's not just you Murray !

C'est avec son second court-métrage que le cinéaste s'attaque à une espèce d'autobiographie caricaturale dans le monde des gangsters de son quartier. C'est drôle, nerveux et complètement fauché. On retrouve les matrices de ses prochains films de gangsters que sont Mean Streets, Les Affranchis ou Casino. Bien joué, bien écrit, bien rythmé, un bon court-métrage que les fans du cinéastes aimeront sans aucun doute. 




1967 -  The Big Shave 

Vient ensuite son court-métrage de fin d'étude et le plus célèbre. On retrouve tout le cinéma à venir des années soixante dix et bien entendu du cinéaste dans ce plan séquence violent d'un homme qui se rase et se tranche la gorge sans s'arrêter. Jouant sur le décalage du quotidien et du personnage jovial et de la violence insoutenable, Scorsese fait un plaidoyer contre la Guerre du Vietnam qui marque les esprits. Mémorable et annonciateur. 




1986 – Mirror Mirror 

C'est en réalité un épisode de la série télé produite par Steven Spielberg Histoires Fantastiques. On peut considérer que c'est un court métrage car tous les épisodes ne se suivent pas les uns des autres et sont en fros des courts métrages de 20 minutes avec du fantastique en commun. Celui-çi est excellent, un brillant hommage à Alfred Hitchcock et au style son copain Brian De Palma. Avec un odieux auteur prétentieux qui voit un fantôme l’étrangler dans tous les miroirs qu'il croise Scorsese s'éclate à l'envoyer en enfer comme ferait un Sam Raimi en forme. On retrouvera la nervosité de la mise en scène dans Les Nerfs à Vifs plus tard qui sera toujours produit par Steven Spielberg. On notera une des première apparition de Tim Robbins au cinéma, ici en fantôme. Très prenant et de loin le moins niais de la série, Scorsese frappe fort. Une rareté à découvrir. 





1986 – Bad

Le clip de Bad est pour moi également un court-métrage avec sa durée de 18 minutes. Si le film est très typé années 80, il reste quand même à l'image de la musique rythmé entraînant et indémodable. Ce que l'on fait de mieux dans les années quatre vingt. Chorégraphies et rythme prenant et devenu culte, on retrouve une nouvelle fois les parents du cinéaste en apparition. Un clip culte, ce ne serai pas pareil si ce n'était pas Scorsese derrière tout ça également.





1990 - New York Stories - Life Lessons

Un court-métrage rythmé et très rock sur la vie d'un peintre torturé assez frais et original. C'est rythmé, bien écrit, avec de la bonne musique et très bien interprété par Rosanna Arquette et Nick Nolte. Ce n'est pas le plus mémorable de la part du cinéaste mais un bon moment. Son court-métrage vaut plus le coup d'oeil (avec celui de Woody Allen) que celui de Francis Ford Coppola, assez lamentable. 





2007 – The Key to the reserva

C'est une publicité pour du champagne mais Scorsese reprend un script oublié d'Alfred Hitchcock. Entouré d'un making of, le cinéaste rend hommage au maître du suspense en illustrant une version personnelle de la célèbre scène de l'orchestre de L'homme qui en savait trop. Entre le pur Hommage au cinéma d'Alfred Hitchock et le virtuose de la caméra du cinéaste la mise en scène est sublime tant l'hommage est respectueux et modernisé à la fois. On regrette que ce soit si court car en plus c'est drôle, à l'image de la mise en abyme finale.


Ses documentaires :




1970 - Street Scene

Un premier documentaire impossible à voir ni à se procurer en Europe. Je ne l'ai donc pas vu et espère que le festival Lumière nous donne l'occasion de nous le faire découvrir. D'après Wikipédia il documente deux rassemblements de protestations contre la Guerre du Vietnam qui a eu lieu en Mai 1970. Une opposition entre les Hard Hat Riot de Wall Street de New York et de Kent State de Cambodia Incursion Protest de Washington. Une opposition qui a terminé dans un affrontement violent avec les travailleurs de la construction qui étaient pour la Guerre. Différent intervenants comme Verna Bloom, Harvey Keitel, Jay Cocks et le cinéaste lui même interviennent auprès du public. Pour la petite anecdote, un certain Oliver Stone est derrière une des caméras.




1974 - Italianamerican

Scorsese rend hommage à ses parents et sa communauté dans un documentaire qui ne manque pas de charme, de passion, d'humour et d’intérêt. Un beau témoignage qui montre dans le fond comme dans la forme que le cinéaste est un fabuleux documentariste, avec un sens du détail et de la narration particulièrement fort. Il emballait déjà le tout avec un charme passionnel très communicatif.




1978 – American Boy : A profile of Steven Price

Très bon documentaire sur une face peu commune et sur une époque importante dans le domaine de la drogue. On retrouve quasiment tout ce qui a inspiré Quentin Tarantino pour son Pulp Fiction jusqu'à la célèbre scène de la voiture. Une très belle bande originale (un morceau de Neil Young) et surtout le sujet est vraiment bien traité. Je recommande fortement.




1990 – Made In Milan

Un documentaire de vingt minutes impossible à voir en France sur le célèbre styliste Giorgio Armani. Je ne l'ai pas vu et attend de le voir avec une certaine impatience car le cinéaste est toujours très intéressant quand il traite un sujet. 




2010 – A Letter To Elia

Un documentaire uniquement disponible dans les coffrets dvd et blu ray regroupant l'oeuvre d'Elia Kazan aux Etats-Unis. Scorsese rend hommage a un de ses cinéastes préférés et une nouvelle fois ça donne envie de revoir plein de films et de redécouvrir tout Kazan. Critique du documentaire en intégralité en cliquant ici.



Le reste sont des longs métrages que ce soit dans le documentaire comme en fiction, ou le concert filmé. Il a signé le Pilote de la série Boardwalk Empire qu'il produit. Martin Scorsese a également réalisé des Pubs pour Bleu Chanel, Dolce Gavanna, Apple, American Express... 

PS : La plupart des premiers courts métrages sont visibles sur internet mais aussi dans la collection Fnac avec un Dvd qui regroupe ses premiers courts métrages et documentaires. 

dimanche 12 juillet 2015

Les Minions



Réalisation : Pierre Coffin et Kyle Balda
Scénario : Brian Lynch
Durée : 1 h 25
Avec les voix de : Guillaume Canet, Marion Cotillard, Gad Elmaleh... 
Genre : Happy Together 

Synopsis

Depuis la nuit des temps, les Minions cherchent à servir le plus méchant des méchants. Mais ce n'est pas simple. Il faut trouver du courage et aimer l'aventure pour essayer de le trouver et de le conquérir. 

Véritable événement depuis quelques temps Les Minions débarquent dans un Spin Off uniquement consacré à eux dans les salles obscures cet été. Ces petites « bêbêtes » jaunes directement inspirés des Lapins Crétins du film d'animation Moi Moche et Méchant sont prêt à cartonner bien plus que les deux films dont ils sont tirés. Il faut avouer que c'est une aubaine commerciale à ne pas rater que ce soit pour les réalisateurs et producteurs, mais aussi le public. 

Si le film ne brille pas par son scénario, l'esprit de la firme originale avec les méchants en Guest star reste heureusement bien conservé. On se retrouve dans les années soixante pour notre plus grand plaisir bercé par une bande originale du tonnerre et des minions toujours très drôles pour un bon divertissement. Après une introduction excellente, le scénario s'essouffle contrairement au rythme hyperactif qu'il entreprend jusqu'à la fin. Tout va très vite et les surprises et les gags ne sont pas tous bien affûtés pour tous fonctionner. On se retrouve devant un délire drôle mais avec pas mal de déjà vu qui fonce droit au but. Au risque d'en laisser certain de marbre par toute cette excentricité, les séquences s'enchaînent à toute vitesse. Parfois elles sont terminées sans qu'on est prit le temps de les savourer. Le scénariste est celui du Spin Off de Shrek avec Le Chat Potté qui souffrait du même soucis. Si c'est sans grande surprise, le film possède quand même quelques beaux morceaux de bravoures et surtout de très bonnes références pour cinéphiles, mélomanes et n'oublie surtout pas les enfants au passage. Des poursuites sur des musiques bien rock de l'époque en Angleterre, difficile de ne pas être touché. Tout comme avec le salon des méchants  qui est peut-être l'idée la plus simple et la plus réussie du film avec l'introduction. La bande originale est permanente pour nous ravir et doit faire la moitié du budget du film. On entend les Rolling Stones, les Beatles, les Who, les Kinks ou encore les Turtles ensemble dans un même film, et ça n'a pas de prix pour nous. Rien que pour cela c'est jouissif comme le langage des minions. 


Cette invasion de Minions est un divertissement sympathique, avec de la bonne musique et une 3D pour une fois qui vaut le coup. Si c'est loin d'atteindre l'originalité et la souplesse d'écriture des deux opus de Moi, Moche et Méchant, on sort de la salle non frustré et distrait. C'est bien l'essentiel. On en demandait pas plus ni moins, même si on pouvait attendre un Spin Off plus maîtrisé et surprenant comme Les Pingouins de Madagascar. Néanmoins cela reste un divertissement sympathique pour petits et grands, et c'est ce que l'on cherchait en entrant dans la salle. Du moins moi.   

Note : 6 / 10

samedi 11 juillet 2015

Magic Mike XXL



Réalisation : Gregory Jacobs
Scénario : Reid Carolin
Durée : 1 h 50
Interprétation : Channing Tatum, Matt Bomer, Joe Manganiello, Elisabeth Banks, Andy Mac Dowell... 
Genre : Numéro deux honorable

Synopsis

Trois ans après l'abandon de Mike de sa vie de Strip-teaser, la troupe des Kings Of Tampa sont eux aussi prêt à jeter l'éponge. Mais ils veulent le faire à leur façon. Mike revient dans la troupe et veut faire les choses en grand. 

Le premier opus réalisé par Steven Soderbergh est une comédie dramatique bien tenue et réalisée. Il fait penser à American Gigolo de Paul Schrader dans nos années 2000 avec la patte d'un grand cinéaste derrière. L'idée d'en faire un deuxième opus est dispensable mais apparemment pas pour les studios qui profite du succès du film auprès des femmes. Cela pour le grand bonheur de ces dernières et de Channing Tatum qui prend ici à nouveau un grand plaisir à rempiler le rôle. Les femmes vont se régaler une nouvelle fois car les numéros sont au point, le scénario hélas un peu moins.

Cette fois à la mise en scène c'est l'assistant réalisateur et le directeur de la photographie de Steven Soderbergh qui s'y colle. Gregory Jacobs n'est pas si mal derrière la caméra même si on sent que la photographie est plus appliquée que le reste. Même si le montage reste pro et la bande son au top, l'ensemble reste un peu comme le scénario, un cran en dessous du premier opus. Niveau scénario Reid Carolin se montre moins inspiré et tranchant. Dans la mise en scène c'est peu comme les frères Coen avec J.Todd Anderson pour The Naked Man : on retrouve l'esprit et l'univers de leur formateur mais en plus mollasson et avec moins d'âme. Ce second opus ressemble donc au premier mais en plus paresseux et mou mais avec quand même une bonne énergie derrière. Il est plus drôle dans son scénario (humour réussi avec Dallas et la carrière actuelle de McConaughey) mais aussi un peu plus ennuyeux et lisse.

Au programme du blabla, un peu de sentiments et des danses. Le problème du script et du film reste des longues retrouvailles et beaucoup de blabla plus ou moins drôle qui s'étale sur les deux tiers du film. On retrouve clairement en référence le classique de John Landis The Blues Brothers avec la reconstruction d'un groupe mais plus baigné dans de la comédie d'un bon Jude Apatow. Le tout reste distrayant et sans prise de tête et n'entre jamais dans la comédie bien lourde. Un bon point pour ce genre de film. On regrettera de voir qu'un immense show final et pas plus souvent au cours du film. Il reste heureusement un passage assez drôle à se mettre sous la dent (ou sous l’œil cela dépend du point de vue) sur la route durant une pause dans une station service. Channing Tatum est un excellent danseur, il est drôle (le diptyque Jump Street le démontre très bien) et peut-être sérieux quand il le faut (Foxcatcheur). Il concilie l'ensemble de ses talents et ça fonctionne bien. Le reste du casting reste pas mal et plutôt bien composé. D'Elisabeth Banks (partout en ce moment) au retour d'Andy Mac Dowell (plutôt drôle), les acteurs tiennent le cap et le rythme.

Les show musicaux sont bien filmés et chorégraphiés, c'est plaisant sans entrer dans la facilité ni pour autant dans l'originalité. On comprend rapidement pourquoi d'après les sondages aux Etats-Unis 96 % des spectateurs du film sont des femmes car tout est écrit et mis en scène pour leurs yeux et les émoustiller. Sans parler de la campagne promo et le casting. Sinon Magic Mike XXL pour n'importe qui n'est pas vulgaire et loin d'être un navet mais un divertissement plutôt honorable dans la forme et la manière. S'il a tendance à dénaturer le premier opus pour en faire un plus gros strip-tease à la fin il ne se moque pas du film original ni de son public et reste même assez généreux. Inutile de rappeler que c'est n'est pas le cas de tous les films. 

Note : 6 / 10


Amy



Réalisation : Asif Kapadia
Montage : Chris King et Jaime Leonard
Durée : 2 h 
Intervenants : Tony Bennett, Pete Doherty, Blake Fielder...
Genre : Paris Match Movie

Synopsis

L'ascension et la chute de la chanteuse Amy Winehouse, une des plus grandes artistes de ces dernières années. 

Ce documentaire a fait sa petite sensation au Festival de Cannes. Qu'on aime ou pas, Amy Winehouse avait une voix extraordinaire, c'est indéniable. Pour ma part ses musiques sont sublimes et c'est bien triste que son exploitation et son succès l'aient faite disparaître si tôt. C'est une bonne idée et je dirais essentiel de faire un documentaire sur cette personnalité encore contemporaine aussi controversée médiatiquement que respectée dans le milieu. Ce documentaire se penche sur son histoire personnelle, souvent désespérée et à la destinée particulièrement triste. Il est bien dommage que les influences de sa musique, son côté artistique et sa personnalité soient complètement absents.

Amy c'est deux heures de coupures de presse qui se visionnent sans difficultés grâce à un montage rythmé et à l'écriture drainée de manière grossière et rapide à la manière d'un reportage télé. Seulement on apprend pas grand chose de plus que ce que l'on savait déjà sur la chanteuse à travers les médias. Tout reste dans le superficiel, tout est très, trop vite traité et absolument rien n'est approfondi ni réfléchi. On a droit uniquement à des témoignages et des points de vue de journalistes et de proches pas vraiment sensationnels. Ce qui n'est pas très intéressant et encore moins digne d'un bon documentaire. Parfois on plonge dans l'émotionnel qui déborde sur le sujet digne des journaux ou des reportages People. En échange de cela aucune anecdote ni détail musical à se mettre sous la dent. C'est complètement frustrant. Frustrant c'est bien le mot car il y avait tant à apprendre et à traiter sur la vie de cette grande chanteuse. Ce que l'on voit devant ce documentaire, on le voit sur n'importe quel dictionnaire ou biographie. En plus on a droit à une psychologie de comptoir et des témoignages parfois assez bouleversant pour faire pleurer dans les chaumières. Le portait de la chanteuse reste tout de même respecté dans l'ensemble. Seulement le fait qu'il n'y a aucun point de vue dans l'écriture, l'image d'Amy Winehouse reste fade, limite une photo glacée d'un journal People. C'est finalement ce qu'il y a de plus triste. On en retient que ses paparazzis et ses scandales. 

Amy n'est donc qu'un concentré des images télévisuelles et d'archives peu intéressantes pour faire décoller le sujet. Il n'y a aucune recherche sur sa musique et ses inspirations. Ce qui finalement est la plus grosse arnaque de ce documentaire car on apprend rien et on a la désagréable impression de regarder un long reportage télé qui oublie avant tout qu'Amy Winehouse était une chanteuse et qu'elle était passionnée par la musique. Si cela se regarde sans déplaisir, c'est clairement dispensable. Fan d'Amy Winehouse passez votre chemin donc et attendez un biopic fictif par un cinéaste qui a du goût. Pour les plus curieux, je conseille de le voir quand il passera à la télévision car cela ne vaut pas le coup de l'acheter en Dvd et encore moins de le voir en salles.  

Note : 4 / 10