Réalisation et scénario :
Martin Scorsese
Durée : 1 h 25
Interprétation : Harvey Keitel,
Zina Bethune...
Genre : Brouillon magnétique
Synopsis :
Petite frappe du quartier italien de
New York, J.R décide de se poser pour épouser la femme qu'il aime.
Il apprend que celle-ci a été violée quelques temps plus tôt et
il ne peut supporter l'idée.
C'est officiellement le
premier film de Martin Scorsese réalisé après ses études de
cinéma et avant qu'il ne parte pour les studios Roger Corman. On y
trouve déjà ses sujets de prédilections et ses influences de sa
première partie de carrière (Mean Street,Taxi Driver). L'excellent
Harvey Keitel était alors le premier acteur fétiche du cinéaste et brille dans
le rôle titre de ce premier long métrage qui plaira avant tout aux
fans les plus assidus du cinéaste et du nouveau cinéma des années 60.
A l'origine Martin
Scorsese voulait réaliser deux courts métrages sur le personnage de
J.R. Un qui racontait sa relation amoureuse, le second dans sa vie de gangsters et ses préoccupations, son choix entre le Bien et le Mal. L'ensemble n'était pas assez long pour en faire des longs métrages mais beaucoup trop pour en
faire des courts métrages rentables. C'est alors que les
distributeurs ont proposés de le distribuer en salles si les deux
courts métrages étaient tous les deux assemblés l'un l'autre. Scorsese
accepte et pense à un montage alterné avec des morceaux de
musiques pour les associer et rendre les raccords plus cohérent. Les distributeurs ont
ensuite obligés au cinéaste de faire une chose inconcevable dans notre
temps : Inclure une scène de sexe pour que le film soit
distribué en salles. Assez embêté sur le coup, le réalisateur de The Big Shave accepte et signe un peu à l'arraché alors une scène sensuelle en hommage au cinéma italien (notamment à Antonioni) sur la magnifique musique des Doors.
Pour un premier film on
sent que le célèbre cinéaste se cherche encore pas mal. Cependant
il reste assez souvent passionnant par sa maîtrise technique et le
souffle de son écriture constamment frais et ponctué de beaux morceaux
de bravoures. On ressent son influence et son amour pour la Nouvelle
Vague française et le cinéma néo réaliste italien avec l'histoire
d'amour entre Harvey Keitel et Zina Bethune tous les deux parfaits et
touchants. D'un autre côté on ressent déjà de manière palpable son amour pour New York et
ses origines ainsi que la description de son quartier comme dans Mean
Streets. Le film reste très personnel, beaucoup trop pour celui qui s'attend à se divertir. On retrouve déjà
les tourments du cinéaste, ses questionnements sur le choix du bien
et du mal ou encore le poids et l'importance de la religion dans la
société et chez un Homme. Si le film ne raconte au final pas grand chose, il y a
beaucoup de fond. La forme reste rythmée par un montage qui permet déjà
de très belles envolées de mise en scène. Le cinéaste manie déjà
à la perfection la bande son et les images sans aucune fioriture et effets : il commence à mettre le doigt sur ses futures séquences mythiques de Casino et des Affranchis. On repère déjà un cinéaste mature et qui sait ce qu'il fait. Il
va au bout de ses idées et il n'oublie pas de les rendre intéressantes pour le spectateur. Sinon globalement c'est un peu mou et le
scénario reste trop creux pour vraiment briller. Avec en plus les modifications apportées
à l'arrachée, le film perd une certaine force narrative et le prive d'une bonne fin.
Who's That Knocking At My
Door est un film avec plein de brouillons, d'influences et de références qui prennent
vie avec un esprit très libre et parfois virtuose qui fait penser à
la Nouvelle Vague française. Si le film est un peu trop référencé par
moment, on se retrouve comme devant le premier film de Brian De Palma
Murder a la Mod, un brouillon inventif et intéressant où se trouve déjà l'ensemble des thèmes que le cinéaste va traiter par la suite le long de sa
carrière. On notera déjà que Martin Scorsese était un formidable
directeur d'acteur où l'improvisation faisait déjà des merveilles dans ses films.
D'ailleurs dans le domaine le cinéaste était un grand fan de John
Cassavetes et il devint avec ce film très ami avec lui. Pour la petite
anecdote, c'est John Cassavetes qui a parlé de Martin Scorsese
aux producteurs et qui lui a permit d'entrer dans le cercle du
cinéma. Ce premier film reste donc pour le moins très atypique et c'est une expérience pour ma part assez convaincante. Si le film est trop long pour ce l'histoire qu'il raconte, cela reste un Juke box avec beaucoup de cachet. Cela autant dans la musique que dans les
références cinématographiques du cinéaste; le tout est porté par un Harvey Keitel magnifique, à l'image de la mise en scène.
Note : 6,5 /
10
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