mercredi 1 janvier 2020

Top 10 films 2019

2019 c'est la fin d'une décennie, le temps de régler les comptes. 

Pour Quentin Tarantino et Martin Scorsese, deux grands cinéastes connus pour leur grande cinéphilie, leur patte et influence indéniable dans l'Histoire du Cinéma, c'est tout simplement la grande classe. Tous les deux signent deux grands coups de maître. Ce sont aussi les chants du cygne mélancoliques de cette belle année cinéma.

L'un est sorti en salle, l'autre sur une plateforme. Symbolisation parfaite du cinéma aujourd'hui. Profitons-en car il y a tout de même pas mal de risque que cela ne dure par longtemps, vu l'uniformisation des supports mais surtout de la créativité. Que ce soit Once Upon a time in Hollywood ou The Irishman, ce sont des introspections des deux cinéastes dans leurs filmographies respectives et respectées. En plus d'un rendez vous d'acteurs iconiques absolument jouissif et l'aboutissement absolu de deux des plus grands cinéastes contemporains, ce sont des grands films sur l'Amérique. L'heure des bilans. 

Une année particulièrement sous le signe de la rétrospection car on peut le voir aussi chez Robert Zemeckis. Le réalisateur de Bienvenue à Marwen revisite toute sa filmographie et nous livre une oeuvre personnelle que je trouve particulièrement virtuose, audacieuse et même bouleversante. C'est son meilleur film depuis des années, qui vient se glisser entre Qui veut la peau de Roger Rabbit et Seul au Monde. Immense coup de Coeur avec un Steve Carrel enfin dans un rôle à la "hauteur" de son talent. 

2019 sera (enfin) la Palme d'Or pour Bong Joon Ho avec le génial Parasite. Introspectif sur son oeuvre le cinéaste signe un "Transperceneige à la verticale" cependant on ressent la touche Claude Chabrol ou Dino Risi, Ettore Scola. On ne peut passer à côté de ce nouveau chef d'oeuvre du cinéaste qui a connu un véritable succès en salle. Dix ans après l'oublié Mother, justice rendue.

Toujours au Festival de Cannes, introspectif encore une fois, très inspiré de huit et demi de Fellini, Almodovar signe son testament avec Amour et Gloire. C'est un excellent film mais contrairement à Parasite, le film est beaucoup plus policé, calibré que d'habitude pour un Almodovar. L'impression de revoir son cinéma avec moins d'émotion que Volver et une démarche moins radicale que La Piel Que Habito. "Pedro" Banderas tient là quand même un de ses meilleurs rôles. Grand film.

Introspectif une fois encore chez Pixar qui signe un quatrième opus (dispensable) de la saga Toy Story. On retrouve un peu tout ce qu'à proposé la firme de meilleur dans la décennie (Vice Versa, Coco) mais cette fois avec un regard plus mélancolique développant le personnage de Woody. C'est virtuose et s'impose comme une belle conclusion, cela même si la fin du troisième était suffisante. Toy Story 4 est agréablement plaisant.

Outsider, François Ozon se retrouve souvent dans mes coups de coeur. Avec Grâce à Dieu il signe son meilleur film à l'heure actuelle. En tout cas son plus bouleversant et essentiel. En toute sobriété le cinéaste s'attaque à un sujet sensible, avec la crème des acteurs français. D'une écriture toute en délicatesse et justesse, le cinéaste vise juste et mettra d'accord tout le monde sur la monstruosité des faits. Cela que l'on soit religieux ou non, juste des personnes avec un peu d'humanité. Le film est parfaitement nuancé et poignant, il mérite tous les César.

La chute de l'empire américain signe le retour de Denys Arcand et clôt une trilogie entamée il y a trente ans. Libre comme l'air, le cinéaste signe un troisième opus sur le monde actuel des paradis fiscaux avec beaucoup de désinvolture. Comme chez Bong Joon Ho les genres sont mélangés pour notre plus grand plaisir et les acteurs s'en donnent à coeur joie. Bien mieux que The Big Short et moins démonstratif que Le Loup de Wall Street sur le sujet. L'humour et le capitalisme peuvent faire bon ménage durant le temps de ce film exemplaire. 

Oscarisé cette année, Green Book signe le retour de Peter Farrelly dans un registre autre que la pure comédie. 2019 marque la mutation des réalisateurs de comédies comme Adam McKay (Vice) et Todd Phillips (Joker), c'est un oscar mérité. Il y a longtemps que je ne validais pas les films oscarisés et celui là le mérite. Simplement car on retrouve un film humain porté par deux acteurs exceptionnels dans une histoire finalement pas si classique. Ce n'est pas un remake de Miss Daisy et son chauffeur ni d'intouchables, c'est bien mieux. Le film parle encore une fois d'une Amérique qui perd ses racines, comme le raconte Tarantino et Scorsese, de manière très académique dans la forme mais dans le bon sens du terme. On retrouve le cinéma de Capra, Wilder et même Lumet dans Green Book car il est remarquable de sensibilité et de justesse, contournant tous les pièges du genre. Ce n'était pas gagné.

Le jeu du Cluedo et les romans d'Agatha Christie se retrouvent sous la plume et la caméra de Rian Johnson dans A couteaux tirés. C'est sans prétention, très drôle et ludique avec un poil de politique actuelle. Sans aller dans la démonstration magistrale de l'intrigue à tiroir et suspense de Mankiewicz, Mamet ou Altman, Johnson confirme qu'il est un cinéaste rafraîchissant et créatif. Il manipule bien mieux les vrais (ou faux) couteaux que les sabres laser. Excellent divertissement au casting étincelant. 


Jonah Hill a bien retenu la leçon des films de Judd Appatow : il a gardé le meilleur et a surtout enlevé l'heure de trop. Il signe avec 90's un sublime teen movie sur la décennie des années 90, cela que ce soit formel mais aussi sur le fond. Hill parle lui aussi d'une Amérique en pause, celle des années 90. Cette décennie cristallisée entre deux générations : celle des années 80 plus rebelle et celle des années 2000 qui sera plus numérique. Un bijou.

La grande palme de l'originalité revient à Border. Brillant en tout point, je souligne la mention spéciale pour les acteurs, sous un maquillage "monstrueux", réussissent une performance incroyable. C'est un film atypique comme on en voit nulle part ailleurs tout comme dans le film d'animation le brillant J'ai perdu mon corps de Jeremy Clapin. Je les ai préféré au Joker et même Midsommar simplement parce que Phillips et Aster restent trop sur des rails de leurs références. Ce qui n'est pas le cas d'Abbasi et Clapin qui utilisent radicalement la grammaire scénaristique et cinématographique pour faire exploser les émotions et exprimer leur créativité débordante. 

Impossible donc de passer à côté du phénomène Joker de Todd Phillips. Trop ancré dans les rails de La Valse des Pantins et Taxi driver dans un premier temps, le film est une réussite dans son dernier tiers. Puis cartonne car il offre du cinéma très seventies, psychologique et politique dans le genre du film de superheros souvent dénué de tout cela. Un film puissant qui consacre Joaquin Phoenix sur le devant de la célébrité. Le Joker, c'est bien lui avant tout.

Midsommar d'Ari Aster. Après le mi figue mi raisin Hérédité, Aster monte un grand pas en avant en revoyant à sa manière Le dieu d'Osier de Robin Hardy. Comme Suspiria l'an dernier c'est formellement brillant, audacieux et rempli de trouvailles mais un peu long au point d'en voir les défauts d'un scénario parfois un peu light. Mais ça reste quand même une proposition de cinéma de haute volée. Sensations et traumatismes assurés. 


Mes 10 films de l'année : 

Parasite de Bong Joon Ho
Once Upon A time in Hollywood de Quentin Tarantino
The Irishman de Martin Scorsese
Grâce à Dieu de François Ozon
Border d'Ali Abbasi

90's de Jonah Hill
Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis
La chute de l'empire américain de Denys Arcand
Green Book de Peter Farrelly
J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin

J'ai bien aimé aussi :

A couteaux tirés de Rian Johnson
Joker de Todd Phillips
Midsommar d'Ari Aster
Douleur et gloire de Pedro Almodovar
Les Misérables de Ladj Ly

J'accuse de Roman Polanski
Le Mans 66 de James Mangold
Toy Story 4 de Josh Cooley
Une intime conviction d'Antoine Raimbault
Undercover : une histoire vraie de Yann Demange



Meilleurs documentaires


Rolling Thunder Revue de Martin Scorsese, 
Le 13ième d'Ava DuVernay 
Eric Clapton Life in 12 bars de Lili Fini Zanuck. 


Meilleure bande originale composée
Ex Aequo Dan Levy J'ai perdu mon corps et Bobby Krlic Midsommar

Meilleure bande originale précomposée
Ex Aequo 90's et Once Upon a Time in Hollywood.


Meilleure animation : J'ai perdu mon corps
Meilleur son : Jeremy Bowker Bienvenue à Marwen
Meilleur Montage : Jim Mo Yang Parasite
Meilleure photographie : Robert Richardson Once Upon A time in Hollywood


Meilleurs dialogues : Quentin Tarantino Once Upon a Time In Hollywood
Meilleur scénario tiré d'un roman : Steven Zaillan The Irishman et Ali Abbasi, Isabella Eklof et John Ajvide Lindvist pour Border
Meilleur scénario original : Quentin Tarantino pour Once Upon A time in Hollywood et Bong Joon-Ho pour Parasite

Meilleurs réalisateurs

Martin Scorsese, Quentin Tarantino, Bong Joon Ho et Robert Zemeckis

Meilleur Acteur : Ex aequo Leonardo Di Caprio dans Once Upon A Time in Hollywood et Joaquin Phoenix dans Joker.

Meilleure actrice : Eva Melander (Border

Meilleur second rôle masculin : Brad Pitt dans Once Upon a time in Hollywood (et en bonus Ad Aastra)

Meilleur second rôle féminin : Merritt Weaver dans Bienvenue à Marwen (et en bonus Unbelievable et Marriage Story).

Casting d'honneur : Al Pacino, Robert De Niro, Joe Pesci, Harvey Keitel pour The Irishman.





Quelques découvertes de cette année : 

Le Pont de la Rivière Kwai, Lawrence d'Arabie et Docteur Jivago sont sans aucuns doutes les films plus connus de David Lean. Après une très belle rétrospective sur le cinéaste, je vous recommande fortement Brève rencontre et La fille de Ryan. Pour les plus curieux, ses adaptations des romans de Dickens De Grandes espérances et Oliver Twist valent le coup d'oeil dans sa première période. La route des Indes clôt parfaitement sa filmographie. 

Au festival Lumière, j'ai découvert enfin Tucker de Francis Ford Coppola et j'ai adoré. Un grand film du cinéaste familial comparable aux plus grands films de Capra, avec un Jeff Bridges optimiste et brillant. 

Un classique du cinéma Fantastique : Le Village des Damnés de Wolf Rilla. Une série B  excellente qui n'est pas sans rappeler l'excellent film de Don Siegel L'invasion des profanateurs de sépultures. A voir sans hésiter. 

Toujours en Angleterre, je recommande Bloody Kids de Stephen Frears, une perle située entre Les 400 coups de Truffaut et Scum d'Alan Clarke. 

Un western qui paye pas de mine comme ça mais qui vaut quand même le coup d'oeil pour son scénario assez original : Bravados d'Henry King avec Gregory Peck, toujours impérial. 

Retrospective en cours d'Andreï Tarkovski, Mike Leigh, Jean Pierre Melville et Henri George Clouzot. 

2020 sera l'approfondissement des filmographie d'Otto Preminger, Douglas Sirk, Elia Kazan et Werner Herzog.


Meilleure série : Mindhunter (saison 2).

Meilleure mini série : Dans leur regard et Unbelievable (Netflix). 

Meilleur album : Kiwanuka de Michael Kiwanuka. 

Meilleures lectures : Just Kids de Patti Smith, Life de Keith Richards, Roman par Polanski de Roman Polanski et Friedkin Connection de William Friedkin.



Je vous souhaite à toutes et à tous une excellente année ( cinématographique ) !

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