mardi 9 janvier 2018

Star Wars VIII : Les derniers Jedi



*Attention, risque de spoils, si vous ne l'avez pas vu*


Deux ans après l'ennuyeuse coquille vide de J.J Abrams, l'épisode VII, je n'étais pas vraiment emballé de me relancer dans cette suite, si ce n'est que pour découvrir l'apport du réalisateur Rian Johnson. Le cinéaste sabre (enfin !) l'univers Star Wars et prend le risque d'offrir de nouvelles pistes. Moitié mauvais, moitié brillant, j'ai trouvé cet épisode VIII plus intéressant et cinématographiquement bien plus convaincant. J'ai eu l'impression de voir une commande Disney par Bong Joon-Ho, soit un mélange palpable de grotesque et de pur spectacle. 

Pour ce qui est de mauvais, je dirai que c'est tout l'héritage et la cohérence scénaristique avec le précédent épisode. Une écriture plate qui manque de rigueur, de panache et de charme. Le plus gros problème reste le faible développement et charisme des nouveaux personnages car il faut quand même avouer que c'est aussi cela la grande force des films originaux, les personnages. Que ce soit dans le développement ou le choix des acteurs, c'est une véritable catastrophe. Daisy Ridley et John Boyega sont vraiment mauvais et ont des charismes de moules zyeutant des frites hors champs tout le long. Insupportables. Adam Driver est bien plus convaincant mais là lui aussi limité à de la caricature, tout comme Domhnall Gleeson. Oscar Isaac est à l'image de cette saga Disney, bien plat par rapport à ce que voudrait être son personnage, révolutionnaire et impulsif. On repassera donc. Tout ça ne suffit vraiment pas pour me captiver ou même me donner envie d'avoir de la compassion envers cette nouvelle génération, plus désespérante qu’intéressante.

L'humour est souvent très lourd, alternant entre le rentre dedans et celui pour les gamins, pas forcément le plus subtil et assumé comme dans une production Les gardiens de la Galaxie. Des fautes de goûts, des rebondissements crétins, et des personnages inutiles (comme celui de Benicio Del Toro) alourdissent une nouvelle fois des intrigues et des interêts qui manquent d'intelligence et même d'originalité. Même si John Williams est un peu plus inspiré que dans l'épisode 7, il est toujours un peu à la redite. Comme l'épisode précédent, c'est la foire du trône, on oscille entre la médiocrité de la prélogie et la forme de la trilogie originale pour le pire, mais cette fois un peu plus, pour le meilleur.  

Parce que oui, il y a du bon cette fois, et du très bon même. Si on peut reprocher à Rian Johnson de faire lui aussi "La photocopieuse contre attaque", il insuffle et fait un merde jouissif à l'épisode 7, à Disney et surtout aux conventions des personnages principaux de la saga. Cela d'abord avec le coup de force de tuer Snoke (Andy Serkis encore lui) au milieu du film. Johnson fait cela avec toujours beaucoup de respect pour la trilogie originale, disant ouvertement que la nouvelle ne vaut pas et ne vaincra jamais la première. Un message sur le cinéma actuel à voir ? Peut-être. Il distille radicalement la disparition de Mark Hamill ( ici dans son meilleur rôle de composition) avec je trouve une certaine élégance, poésie et nostalgie. Moins réussit mais il en est de même pour Princesse Léia, dans une scène improbable, plus immortelle et liftée que jamais. Je trouve la démarche beaucoup plus universelle (un peu comme A la poursuite de Demain de Brad Bird, dont le dernier plan de cet épisode 8 pourrait être parfaitement raccord) de l'esprit du Jedi que celle proposée par Lucas dans sa (mauvaise) prélogie. 

Le tour de force de tuer Snoke est aussi audacieux que radical. Je trouve que c'est à partir de là, que cette trilogie devient enfin intéressante. Cinématographiquement, la mise en scène a par la suite vraiment de la gueule. Particulièrement dans la dernière heure et demie que je n'ai pas vue passer. La première heure est un mélange foutraque entre l'épisode 7 et une introduction au passage de relai définitif. La deuxième moitié du film est peut-être ce qu'il y a de mieux chez le cinéaste, soit l'intelligence de Looper et l'efficacité magistrale de son avant dernier épisode de Breaking Bad. C'est brillant, spectaculaire et le sel n'a jamais été si présent et pourpre à l'écran. Comme le spin off Rogue One, si l'on passe au dessus d'un scénario et de personnages creux et qui pataugent dans la semoule, on a droit a une prise de risque qui redonne un coup de fouet et des lettres de noblesses modernes à l'univers original. Soit à l'opposée de la mise en scène sans âme et automatique de l'épisode précédent. 

J'ai toujours des réserves quant à la cohérence de cette trilogie. Pourquoi ne pas avoir commencé tout simplement par cet opus ? Tuer le père oui, mais deux fois, non et puis mettre si longtemps, ce n'est pas une trilogie de film mais une série Netflix. Imaginons que l'épisode 9 soit réussit, la moitié de cette trilogie restera un hologramme de la première trilogie et du fan service, que je trouve sans aucun intérêt. Et surtout sans âme. L'autre moitié serait un coup de sabre plus couillu qui propose de nouvelles pistes narratives et introduisant des personnages nouveaux, peu développés à cause de l'autre moitié. Cet épisode 8 est un mélange du bon et du moins bon qui vexe logiquement les fans. La faute à Disney (et Abrams) qui a caressé dans le sens du poil le fan de la saga, cherchant à choper la vieille comme la jeune génération facilement. L'arnaque vient de Disney, pas de Johnson. 

Je ne suis pas fan pur de Star Wars mais de cinéma, et je dis clairement que je ne boude pas mon plaisir sur la dernière heure et demie de cet épisode, excellente cinématographiquement. Globalement je me suis moins ennuyé que devant le précédent, mais aussi peut-être parce que je préfères Rian Johnson qui a plus de couilles, d'âme que J.J Abrams et surtout de personnalité. Les derniers Jedi est imparfait, pas toujours convaincant à cause de son cahier des charges et son héritage lourd de platitude, mais avec plus de personnalité, une mise en scène spectaculaire entre hommage et modernité et des prises de risque. 

Réalisation et scénario : Rian Johnson
Durée : 2 h 30
Interprétation : Daisy Ridley, Oscar Isaac, Mark Hamill, Carrie Fisher, Adam Driver... 

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