lundi 9 janvier 2017

La fille de Brest



Après le nerveux La tête haute, Emmanuelle Bercot s'attaque à l'actualité brûlante de l'affaire du Médiator. La cinéaste confirme définitivement qu'elle est meilleure cinéaste qu'actrice en mettant en scène ce film dossier que Costa Gavras ne rechignerai pas de réaliser. La fille de Brest est un portait de femme fort sur un sujet important et essentiel. 

Sur le papier on peut craindre à une redite du film de Steven Soderbergh Erin Brockovitch. Heureusement pour nous c'est différent notamment par ces scènes glauques d'autopsies. On est dans le pur film dossier intense avec des étapes bien précises parfaitement amenées. On avance lentement mais sûrement avec des personnages gentiment esquissés attachants et surtout rempli de rage de vaincre. L'an dernier le brillant film Le Labyrinthe du silence m'avait passionné et redonnait des lettres de noblesse au genre. Dans La fille de Brest, Emmanuel Bercot possède un sujet récent et casse gueule. Par chance elle a un très bon scénario. La cinéaste avec une grande maîtrise l'adapte avec une solide mise en scène qui oscille entre le téléfilm léger et les morceaux de bravoure bien concis et scotchant. Si par moment on peut noter une certaine irrégularité, on ne peut quand même enlever une nouvelle fois la sincérité et l'énergie de la cinéaste. 

Emmanuelle Bercot fait un état des lieux qui fait froid dans le dos dont l'énergie principale passe essentiellement par l'actrice principale. Sidse Babett Knudsen réalise ici une indéniable performance, elle est le moteur du film et oublie un peu de nuancer son personnage. Elle a tellement d'énergie qu'elle en devient à longue épuisante et empêche de donner un peu de remou, de sensibilité qui serait par moment essentiel au film. Emmanuelle Bercot a du confondre énergie et subtilité mais comme pour La tête haute tout passe plutôt bien. On pense plus à la force des bons films qu'au plus simple téléfilm. Comme souvent les autres interprétations sont en dents de scie, dans le lot Benoît Magimel est en bonne forme et reste la seule nuance dramatique. 

Le sujet du médiator est en lui même très fort et universel. C'est un sujet de santé et d’intérêt public qui peut toucher n'importe qui. Cette difficile victoire est le premier pavé dans le mare auprès des grandes grandes firmes intouchables de ce monde et d'un milieu à complètement revoir. Un peu comme Spotlight oscarisé cette année, c'est un film important même si l'ensemble reste très classique. On retrouve une certaine sobriété, un sujet assez fort et proprement traité pour ne pas être déçu de l'expérience. Dommage qu'il manque du souffle cinématographique derrière tout ça sans quoi on aurait droit à du grand cinéma. 

Réalisation : Emmanuelle Bercot 
Scénario : Séverine Bosschem et Emmanuelle Bercot
Durée : 2 h 
Interprétation : Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Isabelle de Hertogh, Gustave Kervern...

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