jeudi 23 octobre 2014

Le Juge (The Judge)



Réalisation : David Dobkin.
Scénario : Nick Schenk et Bill Dubuke.
Durée : 2 h 15
Interprétation : Robert Downey Jr, Robert Duvall, Billy Bob Thornton...
Genre : Les grands Robert à la Barre.

Synopsis :

Hank Palmer, fils de Magistrat, est un avocat reconnu. Il revient dans la petite ville de son enfance pour l'enterrement de sa mère. Il revoit son père qu'il évite depuis longtemps et le voit soupçonné de meurtre avant de repartir. Il finit par décider de le défendre, mener l'enquête et chemin faisant renoue avec sa famille avec laquelle il avait pris ses distances.

Toute la qualité et l’intérêt du film repose sur la relation ombrageuse entre un père (Duvall) juge de son métier et de son fils (Downey Jr) avocat qui s'entendent comme chien et chat depuis plusieurs années. Merveilleusement interprété par ces deux monstres d'acteurs aux générations différentes, Le juge possède une intrigue policière sous une forme de plaidoirie très captivante. Toutes les deux finissent par se réunir et réussir son tour de force de manière admirable sur sa fin, se complétant l'une l'autre comme dans les grands films du genre. Cependant il est dommage que le scénario à l'ambition de faire plus que cela en collant une intrigue sentimentale loin d'être aussi puissante, subtile et bien écrite que l'intrigue principale. Clint Eastwood, Francis Ford Coppola ou encore Costa Gavras n'aurait sans doute pas renié réaliser ce film à l'ancienne au final plutôt bien réussi.

Dobkin signe un film assez classique dans le fond comme sa forme comme dans n'importe quel film du genre. Le réalisateur filme le tout de manière propre et vraiment rythmé (je n'ai pas vu passer les deux heures et quart) qui permet à l'interprétation à prendre l'ampleur nécessaire pour donner vie à un scénario prenant, touchant et sachant allier humour, drame, suspense et tension avec un savoir faire pour le moins excellent. Le casting est impressionnant, l'interprétation des seconds rôles très propre et on ne peut que reconnaître un grand magnétisme des acteurs à faire passer l'émotion. Psychologie assez fouillée de manière générale, une sobriété des sentiments avec un savoir faire à l'ancienne, c'est à dire sans musique lacrymale, sobre comme du bon cinéma. La composition de Thomas Newman est comme souvent discrète d'ailleurs, pas vraiment marquante.

Alors pourquoi après toutes ces qualités je reste sur seulement l'impression que Le juge ne reste qu'au stade de bon film ? Dans le paysage contemporain du cinéma c'est un film très bon car il ne possède que très peu de fioritures, n'a pas la prétention de faire un chef d'oeuvre et ne se repose pas uniquement sur sa tête d'affiche et encore moins sur ses effets spéciaux car il y en a pas un. C'est du bon cinéma à l'ancienne. Seulement, je trouve que le film à un peu un effet de calibrage pour les oscars à vouloir ouvrir trop de pistes sur le personnage de Hank. On dirait que les intentions de départ étaient aussi de vouloir forger un rôle à oscar pour Robert Downey Junior. Ce qui donne un peu un mélange du personnage de Jessica Lange dans Music Box et celui de Georges Clooney dans The Descendants. Il est donc bien dommage que le scénario s'étale sur les histoires de couple et de coucherie ancienne en intrigue secondaire car du coup cela désamorce la force installée précédemment dans le film. Il y avait selon mon avis bien plus de matière à approfondir le procès et l'enquête qui sont déjà presque digne d'un Sidney Lumet et le règlement de compte magistral entre le père et le fils, déjà de haute volée.

Robert Duvall connaît ce genre de film et comme à l'accoutumé il est au rendez vous, comme chez Coppola, Lumet ou encore après l'excellent La nuit nous appartient d'un cinéaste moderne de la même trempe, James Gray. Duvall n'a certainement pas dis non à ce scénario, sauf que Dobkin n'a pas le talent de ces cinéastes et hélas se penche plus dans le larmoyant. Explication également venant d'un des deux scénaristes du film ayant écrit le Eastwood Gran Torino. Le cinéaste négocie le larmoyant proprement mais pas aussi bien que le grand Clint, meilleur dans le genre bien sûr, et surtout pas aussi bien que l'opposition au tribunal. Robert Downey Junior se donne l'occasion de faire autre chose que des films plus commerciaux, même s'il n'a pas besoin de prouver son talent depuis son tout jeune âge dans son interprétation formidable dans la peau de Chaplin du regretté Richard Attenborough.

A noter un rôle secondaire de Billy Bob Thornton toujours classe, comme la façon de dégainer son verre d'eau. Bref, il y a du pour et du contre mais de manière générale c'est le pour qui l'emporte car si cela à un peu d'arrière goût de film à oscars, il reste simple, prenant, honnête et surtout pas prétentieux, et ça fait du bien. Sans atteindre les grands modèles du genre, Le Juge est un bon film, surtout d'interprétation, qui possède donc plus de qualités que de défauts. Les défauts étant de faire majoritairement un film plus grand public. A vous de juger bien sûr, mais pour ma part je recommande quand même aller le voir dans les salles obscures. Votre billet de cinéma est amorti, c'est déjà beaucoup. 


Note : 6,5 / 10

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