lundi 3 mars 2014

Only lovers left alive



Réalisation : Jim Jarmusch
Scénario : Jim Jarmusch
Durée : 2h03
Distribution : Tom Hiddleston, Tilda Swinton, Mia Wasikowska, John Hurt...
Genre : psychévampire

Synopsis :

Dans les villes romantiques et désolées que sont Détroit et Tanger, Adam, un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu'ont prise les activités humaines, retrouve Eve, son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d'amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l'arrivée de la petite soeur d'Eve, aussi extravagante qu'incontrôlable. Ces deux êtres en marge, sages mais fragiles, peuvent-ils continuer à survivre dans un monde moderne qui s'effondre autour d'eux ?



Only lovers left alive était le film à voir en ce début d'année selon moi. En effet, fan de Jarmusch depuis que j'ai vu Broken Flowers dans mon adolescence, découvert grâce au groupe The Greenhornes ayant participé à la BO, je me languissais de ce nouveau film, dont le thème me semblait bien surprenant, et je ne regrette pas.

Dès l'introduction donnant le tournis, nous sommes plongés dans une ambiance psychédélique underground dans laquelle nous perdons tout repères temporels. En effet, si certains trouveront ce film lent et long, j'ai pour ma part été comme engloutie par ce film, grâce notamment à une bande originale parfaite et impeccablement en rythme avec la démarche de Tilda Swinton.
Je ne cache pas qu'il est possible que je manque quelque peu d'objectivité sur ce film : il représente tout ce que j'aime : de nombreux clins d'œil à une culture underground que j'adore, en commençant par la ville de Détroit, berceau du rock, le thème de la musique en général, le rétro, Jack White, l'amour, et une sorte d' « inquiétante étrangeté » comme dirait Freud, faisant écho à nos angoisses.

Le casting, quant à lui, est sans faute. La présence de Tilda Swinton est bluffante, envoutante et tout à fait étrange (dans le bon sens du terme). Tom Hiddleston est magnifique en vampire rocker suicidaire, quant à Mia Wasikowska, elle joue parfaitement la petite peste fouteuse de merde. John Hurt dans le rôle du dramaturge Marlowe est bon aussi, bien qu'il ne crève pas autant l'écran que les trois acteurs principaux.
Le couple principal fusionne tellement bien que nous avons le sentiment à la fin du film de n'avoir à faire plus qu'à un seul et unique personnage, double et puissant, et nous comprenons ainsi toute la justesse du titre.

Au niveau de la photographie (puisque c'est un des aspects qui me fait autant aimer Jarmusch), je pense que c'est sa plus belle depuis Down by law. En effet, les images sont soignées, symétriques, les couleurs sont remarquables malgré l'omniprésence de la nuit. C'est sombre et rayonnant à la fois, un peu comme des étoiles dans un ciel noir (qui d'ailleurs font l'objet du premier plan du film).
Un peu aussi comme les personnages : Adam est brun, vit dans une ville bitumée, dans une maison où tout est noir. De plus, il vit dans un passé et la vie tend à le dégouter. Ève quant à elle est peroxydée, toute de blanc vêtue, dans un Tanger chaud et lumineux, et pleine de vie. Cette dualité contrastante aurait pu compromettre le pari de Jarmusch à rendre ce couple si fusionnel, et c'est pourtant ce qui fonctionne le mieux.

Du côté du scénario, c'est comme souvent chez Jarmusch, très simple et épuré. Cependant, je trouve que la place à l'imagination est plus présente ici qu'elle ne l'était dans ses films précédents, même si Jarmusch semble y avoir toujours apporter une certaine importance.
La musique apporte un quelque chose de très mystérieux et énigmatique. Certains détails également nous laissent réfléchir à différentes significations, comme par exemple ce rite bizarre des gants (??), ou le fait d'appeler les personnages principaux Adam et Ève.
La beauté des images, des personnages, de la musique, prime sur le scénario. On préférera ici se laisser contempler, se laisser flotter dans une atmosphère tout en apesanteur plutôt que de suivre moultes intrigues, ce n'est pas l'intérêt.
Je n'oublie pas les quelques touches d'humour très bien écrites qui parsèment ce film et nous permettent de souffler un peu.
Only lovers left alive est donc pour moi une œuvre d'art, une véritable pépite, au point que je n'ai pu m'empêcher d'en faire la critique élogieuse, pourtant habituellement seulement correctrice sur ce blog.


Note : 10/10


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