jeudi 7 février 2013

Six feet under (intégrale)




Synopsis : La vie des membres de la famille Fisher bascule lorsque le père meurt dans un accident, laissant ainsi la direction de la société de pompes funèbres qu'il a fondée à ses deux fils.

Genre : Mortel

Alors que la plupart des séries se focalisent essentiellement sur l'action, les intrigues classiques souvent trop alambiquées ou des adaptations plus ou moins intéressantes et novatrices, Six Feet Under prend le contre pied total en ne misant que sur le côté humain. Pari risqué mais remporté haut la main car cette série est une pure réussite.

En effet, la série créée par Alan Ball est extrêmement humaine grâce notamment aux erreurs de parcours et à la vulnérabilité des personnages qui ne nous laissent pas insensibles. Le scénario crédibilise et rend attachante cette famille atypique, dans laquelle les différents membres diffèrent les uns des autres. C'est une peinture de vie au réalisme captivant brillamment écrite. Rien n'échappe aux scénaristes.

Dans le quotidien de cette famille américaine, les personnages quelques peu déprimés, sont animés par leurs souvenirs, leurs traumatismes, leurs regrets, leurs envies, leurs pulsions, les imprévus de la vie, les obstacles sociaux, politiques ou sentimentaux ou encore leurs remises en questions. Tout y est magistralement construit. Le tout est teinté efficacement de suspense, d'émotions, de satyre et d'humour noir. Il y a du rythme et de la surprise, rien n'est téléphoné, et les dialogues sont savoureux.

Si Nate Fisher est le personnage principal, on ne peut mettre de côté le reste de la famille. En effet, malgré le fait que chacun mène sa propre vie, l'entreprise familiale se situant dans la maison familiale permet de les réunir tous les jours. Tous se ressemblent, sans pour autant être des copies conformes.
La galerie de personnages périphériques est également réussie. Tous ont une véritables personnalité, malgré des intrigues secondaires plus ou moins intéressantes (je pense notamment au personnage de Rico). Si les passages de certains personnages ne sont que très brefs, ils restent pourtant bien en tête. Nous nous attachons à eux, qu'ils soient plutôt classiques ou plutôt cinglés (plus fréquent). On nous offre de manière très équilibrée différents points de vue : celui des Fisher en plus du classique point de vue omniscient. L'écriture de cette série est digne des plus grands.

Les différents tons, subtil, cynique et noir se complètent harmonieusement et permet ainsi d'éviter toute niaiserie.
Malgré tout, tous les personnages présents dans la série étant un peu fous voir parodiques (par exemple les étudiants en arts, les psys...), les Fisher apparaissent à nos yeux moins hallucinés que s'ils existaient dans la réalité.
L'introduction de chaque épisode, nous proposant à chaque fois une mort différente plus ou moins insolite, nous permet pour notre plus grand plaisir de faire appel à notre imagination. En effet, cette mort nous annonce pour la plupart du temps le thème ou un élément de l'épisode.
Le tout est ponctué d'une touche de fantastique grâce aux différents défunts présentés en introduction qui hantent l'imaginaire des personnages, leur servant de purgatoire ou au contraire confirmant leurs inquiétudes, interrogations.
Le temps écoulé entre les épisodes (qui peut varier de quelques heures à plusieurs mois) est une autre particularité propre à cette série. Cela permet au spectateur de rentrer encore plus en immersion dans l'histoire, et donne un cachet supplémentaire à l'évolution des personnages. Le spectateur prend plaisir à découvrir les petits détails qui ont changés. De plus, pas mal de choses sont suggérées, suffisamment pour ne pas être pris pour des idiots (remarquable pour la télévision) sans pour autant que l'on se retrouve largués en cours de route. Nous restons proches de l'histoire des Fisher sans pour autant être enfermés dans leur quotidien. C'est un des grands charmes de la série.

Dans une série qui repose (presque) uniquement sur les personnages, il est impossible de passer à côté de la performance des acteurs. Tous campent sans exception leur personnage de manière atypique et charismatique, et portent ainsi le scénario à merveille. L'interprétation folle de Frances Conroy et le double jeu mi sobre, mi vulnérable de Michael C. Hall restent pour ma part les deux prestations les plus mémorables, même si tous les acteurs sont brillants.

La mise en scène, quant à elle, est extrêmement sobre et aussi incisive qu'une lame de rasoir. A mi chemin entre le cinéma de Robert Altman et des Frères Coen, un mélange subtil de film noir et d'humour illustre avec virtuosité la mécanique du scénario. Le découpage millimétré et le montage fluide et implacable donnent une mise en scène au cordeau, charismatique et élégante. On peut remarquer cependant que les épisodes réalisés et écrits par Alan Ball sont un brin plus fluides et déjantés.
Effectivement le scénariste d'American Beauty s'est chargés de certains épisodes, dont l'ultime, émouvant et virtuose. Finalement la série se rapproche du personnage de David, extrêmement sobre à la surface mais sensible et humaine dans le fond.

De manière générale, les cinq saisons sont toutes excellentes même s'il y a un petit coup de mou dans la quatrième. Cependant, c'est aussi dans cette saison qu'il y a un des meilleurs épisodes, « That's my dog » qui reste en tête car beaucoup plus dramatique, ne laissant pour la première fois aucune place à l'humour. Un grand moment.

A la fois originale, humaine et poignante, Six feet under a le cachet d'une grande œuvre cinématographique. Les cinq saisons se suivent sans fausse note. Cette série, dans laquelle la vie et la mort sont présentes du début à la fin, possède une âme merveilleuse qu'il serait dommage de ne pas découvrir. Une série culte au statut mérité, à voir avant de se retrouver « six pieds sous terre ».



Note : 10 /10

1 commentaire:

Unknown a dit…

J'adore cette série !!