mardi 29 septembre 2015

Discount



Réalisation : Louis-Julien Petit
Scénario : Samuel Doux et Louis-Julien Petit
Durée : 1 h 40
Interprétation : Olivier Barthélemy, Corinne Masiero, Pascal Demolon, Sarah Suco, Zabou Breitman...
Genre : Thriller social

Synopsis

Pour lutter contre la mise en place de caisses automatiques, les employés d'un supermarché Hard Discount créent clandestinement leur discount alternatif en récupérant les produits qui auraient du être gaspillés. 


Vendu à tort comme une comédie, le premier film de Louis-Julien Petit est plutôt un drame social particulièrement intelligent et digne. Avec la forme d'un thriller, Discount possède la force des films d'Outre Manche étant donné qu'il ne rentre jamais dans le pathos lourdingue et les grosses ficelles. 

Le sujet est tabou depuis des années et il est ici vraiment bien exploité du début à la fin. On se retrouve face à des situations qui nous interpellent tous auprès de personnages très humains. Ces derniers sont humbles et qui ont la rage de (sur)vivre. Aucun d'eux ne s'apitoient sur leur sort en plus et les acteurs jouent tous plutôt bien. Si le film reste un peu froid et lent parfois dans son cheminement, on ne peut lui enlever sa très grande qualité de ne jamais entrer dans les caricatures et le déjà vu. Discount est un film vraiment emballant par son regard précis et son montage équilibré entre le thriller et le documentaire qui ne cherche pas à ouvertement critiquer mais plus à faire un état des lieux à travers une bonne histoire.  

Le scénario à l'intelligence de ne pas en faire trop dans la dénonciation car il juge assez intelligent le public pour faire son avis sur la question. On suit du coup des personnages victimes de l'échelle sociale et de la crise économique à la manière d'une tragédie plutôt bien menée. Les montées de suspense sont à l'image des émotions et du sujet, traités avec pudeur et efficacité. Si le scénario manque un peu de mordant avec la partie de la directrice du Hard Discount, on ne peut que saluer la démarche de vouloir équilibrer les points de vues. 

Discount n'est pas parfait mais reste une très agréable surprise. Ne vous attendez pas à une comédie mais simplement à un film très intéressant autant dans le fond que dans la forme. Du film social bien fait et juste, ça fait du bien de temps en temps et quand c'est bien fait comme ici, c'est remarquable. Le film de Louis-Julien Petit est quant à lui loin d'être "discount" sur le marché du cinéma français. Bien au contraire. 


dimanche 27 septembre 2015

Un peu, beaucoup, aveuglément



Réalisation : Clovis Cornillac
Scénario: Lilou Fogli, Tristan Schulmann et Clovis Cornillac
Durée : 1 h 25 
Interprétation : Clovis Cornillac, Mélanie Bernier, Lilou Fogli, Philippe Duquesne... 
Genre : Charmant

Synopsis

Lui est inventeur de casses têtes et a besoin de concentration et de silence, Elle est pianiste professionnelle et a besoin de s'entraîner pour son concours. Ils ne vivent pas dans le même appartement mais une cloison totalement insonorisée les sépare. Ils vont apprendre à vivre sans se voir puis lentement s'aimer. 

Globalement le premier film de l'acteur Clovis Cornillac est une agréable surprise. L'idée est sympathique et honnêtement traitée du début à la fin. Si le film manque un peu de punch, de rebondissements et finalement de sortir un peu des conventions de la comédie romantique, il possède les bons ingrédients. 

Le scénario possède une bonne idée et une réflexion pas si bête sur la relation. Si on connaît la fin dès le départ, comme tous les films du genre, le concept séduit. Dommage que la construction trop classique manque un peu de donner des ailes nécessaire au scénario de donner une ampleur très intéressante. Cependant l'écriture est formellement fraîche et soignée. Il en est de même pour la mise en scène très appliquée mais qui reste également dans sa bulle. On notera une bonne maîtrise technique du début à la fin où le réalisateur ne manque pas d'émailler de références ses plans, notamment aux classiques hollywoodiens des années 50. 

Les atouts principaux de la comédie romantique sont cependant présents. Nous avons droit à de bons acteurs qui donnent vie à  de bons dialogues et une non mièvrerie qui fait plaisir à voir et entendre. Si le scénario se serait un peu plus initié à l'aventure et au décalage comme dans sa première demie heure le film aurait gagné en force. On peut dire également qu'un travail un peu plus approfondi sur les personnages et le thème et ce serait devenu un très bon film. En attendant, c'est un film avec plus de charme que d'ambition et qui remplit honnêtement le cahier des charges, celui de nous faire passer un bon moment. Sur ce point là, c'est une réussite. 

Note : 6 / 10

mardi 22 septembre 2015

N.W.A - Straight Outta Compton



Réalisation : F Gary Gray
Scénario : Alan Wenkus et Andrea Berloff
Durée : 2 h 25
Interprétation : O'Shea Jackson Jr, Corey Hawkins, Jason Mitchell, Paul Giamatti... 
Genre : Méfiez-vous des glaçons en cubes du docteur Andre

Synopsis

Les origines du Gangsta Rap avec le succès du N.W.A avec Ice Cube, Dr Dre et Easy-E de 1987 à 1992. 

Je ne suis pas fan de rap à la base et je ne connaissais donc rien du film que j'allais voir. Finalement, j'ai été assez emballé. Si le fond n'a rien de révolutionnaire et au final un peu convenu, la forme est pleine d'énergie, nous épargne des clichés et des lourdeurs que l'on nous offre souvent dans le genre. On est entre le film musical à la 8 Mile de Curtis Hanson et le film de gangster presque à la Scorsese tout le long. Le cinéaste F Gary Gray, toujours sous estimé selon moi, réussit avec beaucoup d'habileté à mettre en scène tout cela. Il brille en faisant juste ce qu'il faut pour faire monter la température et rendre la densité nécessaire au scénario. Devant la caméra, des jeunes acteurs très prometteurs font monter la tension, l'émotion et surtout font ressortir la matière brute de la haine et donc du sujet principal, à l'image des morceaux de raps. 

Si le film traite des origines de grandes célébrités et d'un courant musical culte, il fait surtout échos aux émeutes raciales qui sont hélas toujours d'actualités. Ce qui explique en partie le succès du film aux Etats-Unis. Si le côté policier raciste et qui fait la loi manque de nuance, il nous touche forcément. Si Ice Cube et Dr Dre sont producteurs du film, leurs portraits ne tombent jamais dans les éloges. Ils sont agréablement nuancés du début à la fin, même si un peu policés par moment. Si les quelques scènes d'émotions freine la nervosité du film, la mise en scène de F Gary Gray oscille entre violence et un aspect documentaire très efficace. Sans fioritures, le cinéaste vise constamment entre le film d'auteur et le biopic à Oscar tantôt sincère tantôt d'une redoutable efficacité. 

Le scénario lui s'attache plus (un peu trop) au côté business et les embrouilles d'argent qui joueront un moment sur leur amitié. On y trouve  également leurs rapports avec les gangs durant leur ascension. L'amitié, la vie personnelle des membres et même la musique reste souvent en second plan, comme beaucoup de biopics. Seulement les intérêts politiques et historiques sont judicieusement mêlés à l'intrigue principale. Cela donne l'effet de suivre une fresque prenante, à mi chemin entre du film de gangster efficace et biopic bien écrit. La partie documentaire assez rageuse prend à la gorge, la personnalité du trio de tête gagne rapidement une ampleur tout à fait intéressante, et surtout juste. 

Mais le plus jouissif du film reste clairement l’atmosphère qu'insuffle le cinéaste. Du début à la fin le rythme est effréné, reste clair et sait monter une tension dans tous les domaines qu'il aborde. Pour cela c'est un film réussi. Les concerts sont vraiment spectaculaires; surtout celui de Detroit. Les différentes tensions, les scènes de violence sont explosives, l'utilisation de la musique de l'espace et du rythme sont d'une grande grande maîtrise.  Il en est de même pour les scènes d'enregistrements avec la justesse des acteurs, tout est clairement une réussite formelle. Il est dommage que le scénario ne développe pas plus la vie personnelle des protagonistes et que leurs côtés obscurs restent convenus. Le sujet s'attarde plus sur le côté label, commercial et les déboires du succès et de la création. Que vous aimez ou non le rap, je recommande ce film pour sa mise en scène nerveuse et la matière brute qu'il dégage, digne des morceaux de rap. Le contrat est rempli, et cinématographiquement ça tient la route !

Note : 7,5 / 10

lundi 21 septembre 2015

Marguerite



Réalisation et scénario : Xavier Giannoli
Due : 2 h 
Interprétation : Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Denis Mpunga...
Genre : Demi classique. 

Synopsis

Dans le Parls des années 20, Marguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d'opéra. Elle chante dans un petit cercle d'habitué mais personne n'ose lui dire qu'elle chante terriblement faux. Quand Marguerite cherche à faire un récital dans un véritable Opéra, tout se complique. 

Le film de Xavier Giannoli possède pour moi autant de qualités que de défauts, et pour le coup je suis assez partagé. Dans l'ensemble c'est un film qui a un sujet plus passionnant que le film en lui-même. On se retrouve dans un film cruel à l'ancienne comme l'aimerait Billy Wilder mais avec un peu de comédie italienne dedans. Dommage que le scénario s'épuise vite au niveau de la cruauté et de son cynisme de départ. Dommage également que le cinéaste s'acharne à suivre ses chapitres et organiser son film sur une trame tragique trop proche de l'Opéra. Cela en devient presque ridicule sur la fin. L'ensemble du coup est plus distrayant qu'intense et virtuose. 

Je vais commencer par les grandes qualités du film. C'est avant tout le sujet qui est excellent. Je comprend pourquoi il plaît et il a plu au cinéaste. On retrouve le thème de la célébrité qui lui est cher, dans un monde hypocrite et cruel, à l'image de l'Homme et de la société. où personne n'ose avouer et s'exprimer et préfère profiter à se faire de l'argent facile. Marguerite possède également la qualité de n'être jamais mièvre et possède de très bonnes scènes tout comme une interprétation remarquable. Plus particulièrement de Catherine Frot et Michel Fau, qui font à eux deux portent le film dans le ventre mou. On notera également une superbe séquence d'introduction à la risée d'un Robert Altman et Milos Forman réunis qui brosse et traite parfaitement le sujet. 

Dommage qu'après une demie heure, le scénario s’essouffle et stagne jusqu'à la fin. Il se débarrasse  de certains personnages présentés dans l'introduction; comme dans une série. Il s'accroche à ses chapitres de manière assez décevante et rallonge les scènes, ce qui dilue la dénonciation et la cruauté du sujet. Heureusement que certaines scènes de répétitions sont drôles et plutôt bien écrites car le film nous dépeint une histoire d'amour qui manque de panache et d’ambiguïté. Marguerite est présentée comme une femme monstrueuse par son mari alors qu'elle ne l'est absolument pas, mi même complètement pathétique d'ailleurs. Le scénario manque d'enjeu et se repose sur un comique qui finit par manquer de noirceur, de crédibilité, un peu comme du Billy Wilder coupé à l'eau. 

Billy Wilder parlons en, et en particulier de Boulevard du Crépuscule. Tout au long du film j'ai eu l'impression de suivre une pâle copie du film de Wilder, même si la relation entre le majordome et sa maîtresse est ici à la base plus cynique. J'ai trouvé les références mais pas le talent derrière la caméra et l'écriture. Après une belle introduction, Giannoli illustre plus son scénario qu'il ne met en scène son film. La forme reste soignée mais parfois est bizarrement maladroite avec des défauts un peu surprenants. Par exemple des scènes d'opéra en play back ratées quand ce n'est pas Catherine Frot ou encore la mise au point de la photo sur une bonne partie des plans.  

Catherine Frot trouve ici son premier grand et meilleur rôle de sa carrière. Elle a un personnage intéressant mais hélas pas assez développé et fort, comme le film. Dommage que le script n'aille pas plus loin dans sa démarche. Une demie heure en moins aurait je pense été plus pertinent. Le scénario est composé de pas mal de remplissage et d'une mise en scène qui manque de décoller. Je salue tout de même la qualité des dialogues. Je sais que Giannoli est un fan de Martin Scorsese, d'ailleurs je ne connaissais que son fameux Blow Up sur Arte sur le cinéaste avant de voir ce film. Il utilise un morceau de musique d'Aviator sur la scène de suspense finale mais hélas il n'atteint pas la cheville de La Valse des Pantins qui doit sans doute être une de ses grandes références

Je recommande ce film tout de même assez distrayant et avec de très bons moments. Les fans comme moi de Catherine Frot vont aimer ce biopic différent de ce que l'on voit d'habitude de nos jours. Le film aurait pu être bien mieux et aurait pu être un classique avec un scénario plus intense ou/ et une véritable mise en scène. Attendons de voir la version américaine de Stephen Frears avec soi disant Meryl Streep dans le rôle titre. Film à Oscars en vue comme il y a Meryl mais en attendant pour Catherine Frot elle peut largement décrocher le César. Elle le mérite. 

Note : 6 / 10 

Life



Réalisation : Anton Corbijn
Scénario : Luke Davies
Durée : 1 h 50
Interprétation : Robert Pattinson, Dane DeHaan, Ben Kingsley, Joel Edgerton...
Genre : Mythe mélancolique 

Synopsis

La rencontre entre le photographe Dennis Stock et James Dean entre les tournages d'A l'est d'Eden et La Fureur de Vivre. Les clichés seront devenus légendaires, à l'image de l'acteur qui décédera tragiquement quelques mois après cette rencontre.  

Voici un biopic qui change un peu de ce que l'on voit d'habitude. On suit une tranche de vie de la vie de James Dean à travers celle du photographe qui immortalisa l'image de l'acteur médiatiquement.et fera de lui l'icone qu'on lui connaît. Ceux qui s'attendent à un biopic classique sur la vie de l''acteur ne devront se contenter pour l'instant que d'un mauvais téléfilm de Mark Rydell avec le très ressemblant James Franco dans le rôle titre. 

Life a un peu la démarche du film My Week with Maryilyn de Simon Curtis mais avec beaucoup plus d'approfondissement psychologique et surtout une démarche cinématographique passionnante. La photographie est la star principale du film ce qui est plutôt osé et dépaysant à la fois. Le scénario et la mise en scène dépeignent avec brio le côté mélancolique des deux personnages. Différents et semblables à la fois, la rencontre entre les deux personnages est toujours intense et délicate. On retrouve ce qui faisait la force du premier film du cinéaste Control sur la vie de Joy Division cette fois avec celui du métier de photographe, comme celui à l'origine d'Anton Corbijn. 

Le film est lent et se contemple comme un superbe album photographique jazzy dont chaque plan, ou photogramme, parle bien plus que les dialogues et le scénario. On se retrouve un peu dans du cinéma à la Jerry Schatzberg, ou même le Blow Up d'Antonioni pour parler de grande référence. La photo est mise en avant de manière magnifique que ce soit de manière explicite qu'implicite. La photo est sublime dans toutes ses formes et son fond. D'ailleurs le film suit l'approche d'un photographe sur un personnage insaisissable du début à la fin. 

A côté de cela, on a droit à un film assez hermétique au niveau des émotions et de la trame dramatique. C'est au public de recoller les morceaux et de penser, c'est ambigu et la démarche aussi clinique que sincère. Une tranche de vie petite mais riche, absolument pas romancée, ni clichée et encore moins guimauve. On se retrouve devant deux jeunes hommes qui se sont fait voler leur jeunesse. Tout reste sobre et intense à l'image de la superbe composition des deux acteurs principaux.  Il sont tous les deux exceptionnellement juste. Robert Pattinson a enfin un grand rôle dans un bon film et James DeHaan qui ne ressemble pas trop à James Dean physiquement  l'incarne à sa manière tout en subtilité et fidélité à la fois. Il est parfait. Le reste du casting tient la route, Ben Kingsley après Mélies dans Hugo Cabret interprète Jack Warner ici et le fait comme toujours avec beaucoup de conviction. On notera également une belle bande son, utilisée par le cinéaste avec nuance et subtilité. 

Pour ma part je vais essayer de voir The American et Un homme très recherché du réalisateur, car pour l'instant Control et Life sont deux très bons films et se démarquent des biopics par des qualités et des prises de risques trop rares. Je recommande Life pour ceux qui veulent voir autre chose qu'un biopic classique, voir deux formidables acteurs incarner des personnages passionnants et mélancoliques du début à la fin. Je recommande surtout si vous aimez la photographie et le cinéma. 

Note : 8 / 10

mercredi 16 septembre 2015

La volante




Réalisation et scénario : Christophe Ali et Nicolas Bonilauri

Durée : 1 h 25
Interprétation : Nathalie Baye, Malik Zidi, Johan Leysen, Sabrina Seyvecou... 
Genre : Hitchcock et Kubrick version Inspecteur Derrick 

Synopsis

En amenant sa femme Audrey à la maternité, Thomas percute et tue Sébastien, le fils de Marie-France. Cette dernière n'arrive pas à se remettre de la mort de son fils. Neuf ans plus tard elle décide de se venger et se fait embaucher en tant que secrétaire de Thomas. Elle va s'approcher au plus proche de son entourage pour mieux se venger. 

Dans l'idée de base c'est un peu le concept de Que la bête meure le grand film de Claude Chabrol mais avec les codes cinématographiques situés entre le cinéma d'Hitchcock et d'Almodovar. Ces références, ces modèles sont hélas très loin devant La Volante car le scénario est très plat et prend des pistes faciles et décevantes de début à la fin. Tout est mal joué, c'est mou niveau scénario et surtout enchaîne les clichés éventés. Les dialogues sont mauvais, tout est sans suspense et la mise en scène manque de se renouveler très rapidement. Sur ses dix dernière minutes le film vire carrément à du Shining et c'est hélas bien terne une nouvelle fois. Un peu comme l'ensemble du film, rien ne fonctionne. 

Un peu comme le film Un homme idéal sorti l'an dernier mais avec moins de forme, on se retrouve devant un thriller avec un bon sujet mais qui déçoit trop par son traitement. Le scénario manque ici clairement d'enjeu, de fraîcheur et de force. Rien n'est développé et aucunes tensions ne fonctionnent, le résultat est digne d'un épisode de l'Inspecteur Derrick. C'est dire le niveau et c'est sur que les vieux vont adorer. Si on apprécie quand même une bande originale plutôt inspirée, elle reste à l'image de la mise en scène, trop sage si ce n'est pas pour dire transparente tout le long. 

Nathalie Baye joue tel un robot névrosé qui peine à nous toucher. Elle est ridicule. Malik Zidi peine à relever le niveau tant il est mal dirigé à l'image des seconds rôles. Le film a pourtant un emballage séduisant avec sa musique et ses (quelques) tentatives de mise en scènes plutôt ambitieuses. La volante est un film plat qui manque d'un scénario travaillé et intéressant. Un curieux objet mal interprété qui donne l'impression de seulement nous offrir une copie d'un film d'Hitchcock et de Kubrick en un mais pour les vieux. 

Note : 3 / 10

jeudi 10 septembre 2015

Dheepan



Réalisation : Jacques Audiard
Scénario : Noé Debré, Thomas Bidegain et Jacques Audiard
Durée : 1 h 50
Interprétation : Anthonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers, Marc Zinga, Joséphine De Meaux... 
Genre : Les Miller famille sans herbe

Synopsis

Fuyant la Guerre Civile au Sri Lanka, un ancien soldat, une jeune femme et une petite fille se font passer pour une famille. Réfugiés en France dans un quartier sensible, se connaissant à peine, ils tentent de se construire un foyer. 

Si Pialat ou Kechiche ont eu la palme d'or il était logique que Jacques Audiard la reçoive un jour. Cela car non seulement il est le meilleur des cinéastes français palmés pour ma part, surtout parce qu'il se renouvelle de film en film et ceci depuis ses tout débuts contrairement aux autres. Ce qui est loin le cas de beaucoup de cinéastes d'ailleurs.

Autant De rouille et d'os m'avait complètement laissé de marbre que pour Dheepan j'ai beaucoup aimé. Beaucoup diront qu'il y a des clichés et une idéologie douteuse sur l'Angleterre comme paradis terrestre pour tous les migrants. Seulement Jacques Audiard n'a jamais eu la prétention d'être réaliste ni pertinent sur le sujet, il fait un film et soigne sa qualité cinématographique avant tout. Ici on retrouve un mélange des genres du drame social qui vire lentement au thriller d'action vers sa fin. Un peu comme si le meilleur du cinéma anglais et coréen se mêlaient l'un et l'autre pendant plus d'une heure et demie pour un résultat exceptionnel. La  transition des genres manque un peu de virtuose scénaristique dans les dernières vingt minute et du coup laisse place une légère amertume à la fin. Avec le recul,l'ensemble est d'une cohérence implacable. Seulement cette petite faiblesse l'empêche d'être pour moi un chef d'oeuvre et d'avoir la continuité magnétique d'Un Prohète et De Battre Mon Coeur s'est arrêté, pour ma part ses deux plus grands films. 

L'actualité a aujourd'hui rattrapé le sujet du film et peut-être que les critiques seront plus dures et les spectateurs moins nombreux dans les salles. Dommage car pour ma part Dheepan est un exercice de style comme le tente Bong Joon Ho. Ici il n'y a pas d'humour mais on apprécie la formidable exploitation du sujet. Les trois quart du film sont absolument bouleversantes quand on suit cette famille qui se construit sans se connaître, entre crise, amour, déception, espoir et les problèmes du quotidien. Le scénario nuance beaucoup et nous touche vraiment au cœur de leur situation. On ressent bien la patte du scénariste de Saint Laurent de Bonnelo Thomas Bidegain. C'est un scénariste à suivre de près qui a une très grande maîtrise de l'émotion juste et avec un crescendo parfait. Les acteurs sont parfaits et la mise en scène très juste et jamais tape à l'oeil d'Audiard fait des merveilles. Cette partie là relève du chef d'oeuvre et mérite amplement la Palme d'Or. 

Il reste la dernière partie qui se transforme lentement en cauchemar Scorsesien et en fusillade à la Peckinpah. Le final est filmé de manière toute aussi intense et spectaculaire qu'un film d'Amérique du sud et que Michael Mann ne doit pas renier. Du grand art. Dommage que le scénario pêche un peu juste avant lorsque l'identité de Dheepan se fait menacer. Cette piste est inutile, peu intéressante et la plus maladroite du scénario. A côté de cela Vincent Rottiers est très bon, tout comme l'ensemble de l'interprétation française. Audiard signe son tour de force à la fin car oui le passage à l'Angleterre peut-être de trop. Mais Audiard n'est pas niais encore moins naif, c'est une référence évidente à Taxi Driver. Faux happy end, ou faux paradis évidemment. On les retrouve peut-être plus intégré mais n'est ce pas simplement juste le milieu social qui veut cela. Sont-ils heureux ensemble ? Nous n'en savons strictement rien sur eux, d'ailleurs il n'y a pas un dialogue. Bien qu'elle reste complètement décalée du reste du film elle est pertinente et ambiguë. Le scénario brosse aussi un état des lieux de la banlieue française peu nuancé parfois mais fort, comme celui fait sur la prison dans Un Prophète

Jacques Audiard a toujours été influencé par le cinéma de Scorsese, surtout dans son remake de Melodie pour un meurtre, avec De Battre mon Cœur s'est arrêté. Ici c'est plus flagrant dans le scénario sur la fin et moins dans sa mise en scène. Ce qu'il a en commun avec le cinéaste italo-américain, c'est d'avoir la capacité de lui aussi se renouveler et d'avancer de film en film mais aussi de garder son style et de se servir de ses références et influences intelligemment J'ai trouvé Dheepan exceptionnel et unique, virtuose pendant une heure trente puis pertinent et avec une très grosse mise en scène sur les dernières vingt minutes. Peut-être pas le Jacques Audiard le plus grand et parfait mais loin d'être son plus mauvais. Si le film a été primé pour l'ensemble de la carrière du cinéaste Dheepan ne démérite pas son prix, il est bien à l'image de son réalisateur, en pleine forme. J'ai trouvé que c'était du grand cinéma et ce n'est pas le cas de tous les films, surtout en France. 

Note : 9 / 10

dimanche 6 septembre 2015

We Are Your Friends



Réalisation : Max Joseph
Scénario : Meaghan Oppenheimer et Max Joseph
Durée : 1 h 30
Interprétation : Zac Efron, Emily Ratajkowski, Wes Bentley, Jon Berntal, Shilow Fernandez...
Genre : Clip sans enjeux

Synopsis

Cole, un jeune DJ de 23 ans, fait connaissance de James, un DJ expérimenté, qui décide de le prendre sous son aile pour le faire évoluer et lui offrir l'opportunité de faire son métier en plein temps. 

Le premier film de Max Joseph est un film distrayant mais hélas aussi vite vu qu'oublié. Son plus gros défaut est d'être surtout calibré comme un produit MTV. Le film surfe formellement avec les effets stylistiques à la mode du moment. que ce soit Youtube ou MTV. Les clichés sont plutôt bien filmés et peu pompeux mais l'ensemble reste toujours dans le superficiel. On se retrouve comme devant un long clip d'un morceau electro maîtrisé mais qui peine à illustrer un semblant de scénario. Ce dernier est bien trop pauvre pour convaincre. 

Le résultat est finalement très bancal et on sort de We Are Your Friends avec une impression de ni bien ni mauvais. Globalement bien interprété et proprement mis en scène, il n'y a hélas aucun enjeu dans le scénario. On dirait que le film contente le public en lui montrant ce qu'il veut. Derrière le scénario ou la caméra, personne ne prend la peine de faire quelque chose de construit et d’intéressant. On suit donc une succession de scènes anecdotiques plutôt faiblardes avec de beaux personnages qui font la teuf en Californie sur de la musique electro. Pourquoi pas. De là à suivre pendant une heure et demie des longs effets étirés au ralenti, un semblant d'émotion, des pistes dramatiques légères et téléphonées longtemps à l'avance par le spectateur, faut quand même pas pousser. 

Cependant, il y a du rythme et une application permanente à bien faire le boulot. Et cela fait plaisir à voir car au final même si ça ne raconte rien le produit tient la route dans sa forme. Max Joseph rend une copie loin d'être exécrable comme on pourrait le voir dans la plupart des produits calibrés et vides de la sorte. Dommage que le fond et le style soient si insipides. Ce film est un peu un Magic Mike sans ses shows et la virtuosité et / ou le cynisme d'un cinéaste derrière tout cela. C'est distrayant mais sans intérêt sauf pour les fans d'electro et de Zac Efron. Heureusement ces deux là sont souvent au premier plan et gèrent du début à la fin. 

Note : 5 / 10

Les Nerfs à Vif ( Cape Fear )




Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : Wesley Strick
Durée : 2 h 
Interprétation : Robert De Niro, Nick Nolte, Jessica Lange, Juliette Lewis, Gregory Peck, Robert Mitchum...
Genre : Thriller violent

Synopsis

Condamné pour viol et voie de fait sur mineure, Max Cady sort de prison. Avec détermination et rigueur, il entreprend de se venger de l'avocat Sam Bowden, qu'il estime responsable de son incarcération. 


Au départ l'idée de faire un remake du film de Jack Lee Thomson était de Robert De Niro. L'acteur mythique avait contacté Steven Spielberg qui a été rapidement séduit par le concept mais également de collaborer pour la première fois. Spielberg développa le projet en tant que producteur, metteur en scène et même scénariste. Martin Scorsese après Les Affranchis devait adapter l'histoire de La liste de Schindler. Le cinéaste peu inspiré estimait que le film serait bien mieux entre les mains d'un réalisateur aux origines juives comme son ami Steven Spielberg. Le cinéaste des Dents de la Mer accepta avec grand honneur et c'est donc Martin Scorsese qui reprend en main le projet du remake. C'est donc la seule des huit collaborations avec Robert De Niro qui s'est faite par hasard.

Scorsese détestait le scénario qui avait une famille toute gentille et niaise, à la Spielberg. Il décide alors de refaire écrire totalement le scénario et cela même plusieurs fois pour mettre un couple en instance de divorce que le diable incarné par Max Cady allait définitivement briser. Le cinéaste voulait innover, changer complètement de technique dans un genre qu'il n'avait alors que tâter durant vingt minutes dans la série des Histoires Fantastiques avec son court métrage "Mirror Mirror". Scorsese signe alors un pur thriller qui oscille entre humour et tension avec des belles et mémorables montées de suspense et de violence. Si le film n'atteint pas la force de l'original à cause d'un scénario un peu trop longuet l'interprétation une nouvelle fois sensationnelle de Robert De Niro emporte tout sur son passage, y compris notre adhésion. La mise en scène du cinéaste oscille entre Sam Raimi et Brian De Palma et instaure son sens du rythme, de l'humour, de la violence et surtout d'une peinture de la justice particulièrement noire et perverse. Un peu comme pour la coupe iroquoise de Travis Bickle, Robert De Niro est l'auteur de la moitié des idées sur le personnage de Max Cady. Que ce soit les tatouages sur tout le corps, le langage biblique et dément dans toutes les langues et sa détermination jusqu'à s'accrocher comme un Alien sous l'essieu du 4X4 sont des idées de l'acteur.

Le scénario est plutôt bon et souvent à l'image du personnage complètement fou et démoniaque de Max Cady. Effrayant et drôle à la fois la caricature est poussée aux extrêmes pour mieux nous effrayer, à l'image de la musique intense et flippante d'Elmer Bernstein. On a droit un peu la démarche de Wes Craven avec Scream quelques années plus tard avec brio, de la parodie référencée flippante. Le film original était un film noir violent et cynique, Scorsese lui rajoute une note de série B parfois jubilatoire et essentiel pour se démarquer de l'original. L'humour est toujours une bonne solution et surtout quand il est réussi comme ici , comme souvent chez Scorsese. On regrettera une dernière partie sur le bateau un peu trop longuette et démonstrative, même si le défi technique du cinéaste est relevé à l'image de la performance de Robert De Niro. Le scénario dépeint avec habileté une famille américaine aux allures classiques mais intérieurement décomposée. Nick Nolte est très bon dans le rôle de la proie traquée en père de famille lâche et sans aucun pouvoir sur les événements qui s'enchaînent. Jessica Lange comme toujours joue avec talent et subtilité la femme trompée et à bout de nerfs cherchant à protéger sa fille. L'innocente et surprenante Juliette Lewis, pour un de ses premiers rôles, assure également ses passages face à Robert De Niro, même avec beaucoup de finesse. Scorsese fait hommage au film original en offrant un second rôle à Robert Mitchum et Gregory Peck. Avec un bon crescendo et des scènes fortes, le film fonctionne autant sur la mise en scène nerveuse que sur le script qui va à l'essentiel et contourne habilement les clichés que l'on peut facilement voir dans le genre. On est embarqué dans un thriller américain qui joue avec une certaine classe et perversion sur les limites du système et la liberté de chacun. Le fond est joyeusement dérangeant pour un film commercial et c'est aussi son point fort. Ce n'est pas un simple thriller divertissant car il interroge limites de nos libertés, nos actes et de la loi. On retrouve les origines de la violence dans notre société, des thèmes purement scorsesiens. 

La photographie quant à elle ressemblait à un téléfilm moche avant sa sortie en Blu Ray il y a peu de temps. Du coup, cette redéfinition ressuscite l'impact cinématographique du film et possède de très beaux plans qui s'imprègnent bien dans la rétine. L'excentricité et la force indéniable du cadre sont accompagnés par la sublime musique, également présente dans le film original. La composition de Bernstein épouvante et nous hante pendant longtemps sur un générique brillant et stressant à souhait. L'image et la musique fonctionnent bien également sur le feu d'artifice immense, les plans sur le corps tatoués de De Niro,  la violence au sommet dans une scène de viol suggérée et une non suggérée avec un arrachage de joue particulièrement marquant pour les démarquer l'une de l'autre. Que ce soit dans la forme ou dans le fond c'est intelligent et divertissant à la fois. Scorsese signe à l'époque son premier grand succès commercial qui sera par la suite doublé par Les Infiltrés et Shutter Island, c'est à dire quand le cinéaste sera beaucoup plus populaire. Les Nerfs à Vifs est un bon thriller qui ne vaut pas l'original mais qui a fait le même impact dans leur décennie. C'est à dire une oeuvre violente, habile et forte qui mérite d'être vue et transmise de génération en génération pour les fans du genre. Si ce n'est pas le meilleur film du cinéaste c'est une des plus grandes compositions de Robert De Niro. Il est une nouvelle fois sensationnel. Maintenant il est désolant de constater qu'il était dans un de ses derniers grands rôles dans un grand film, avant Casino

Note : 7,5 / 10

samedi 5 septembre 2015

Cerise



Réalisation : Jérôme Enrico
Scénario : Irina Gontchar et Jérôme Enrico
Durée : 1 h 25
Interprétation : Zoé Adjani-Vallat, Jonathan Zaccaï, Tania Vichkova, Olivia Côte...
Genre : Sage

Synopsis

Cerise, adolescente de 14 ans rebelle, est envoyée par sa mère chez son vrai père en Ukraine. Elle va se retrouver avec son père qu'elle ne connaît pas dans un pays en pleine révolution. 

Ce petit film passé quasiment inaperçu est loin d'être désagréable à suivre. On se retrouve dans un produit sur et destinés aux adolescents plutôt honnête et qui n'empile pas de manière bête et méchante les gros clichés. Car oui il y en a des clichés mais ils sont bien écrits et encore mieux, ils sont bien interprétés. L'ensemble fonctionne plutôt bien. On y trouve la justesse dans le parcours initiatique de cette ado typique et souvent l'humour fait mouche, même si rien ne transcende vraiment, comme le film au final.

Si le scénario manque de pêche et d'inventivité par moment, on peut dire de même pour la mise en scène de Jérôme Enrico qui reste trop souvent illustrative. Elle manque de donner l'ampleur, la dimension révolutionnaire que le sujet traite. Cependant, tous les défauts ne sautent pas aux yeux grâce surtout à l'actrice principale. La fille d'Isabelle Adjani ajoute la note juste tout le long pour nous faire passer un bon moment de divertissement, elle porte presque le film par son naturel. Le film aurait pu être mieux c'est sûr mais pour le cinéaste c'est bien moins lourd et bien plus subtil et honnête que sa comédie précédente : Paulette

Cerise est donc un petit film distrayant qui n'entre jamais dans la facilité. Si le script ne contourne hélas pas les clichés, il est honnête et bien interprété, ce sont ses deux grandes forces. Dommage qu'au final rien ne reste mémorable. Même dans le genre, c'est beaucoup mieux et plus subtil qu'un film comme La Famille Bélier. La qualité et le succès ne se serrent pas souvent la main au cinéma et comme ici, c'est bien dommage. 

Note : 5,5 / 10

jeudi 3 septembre 2015

Le Tout Nouveau Testament



Réalisation : Jaco Van Dormael
Scénario : Thomas Gunzig et Jaco Van Dormael
Durée : 1 h 50
Interprétation : Pili Groyne, Marco Lorenzinin, Benoit Poelvoorde, Yolande Moreau, François Damiens, Catherine Deneuve, Serge Larivière... 
Genre : Testament hétéroclite 

Synopsis

Dieu existe, il habite à Bruxelles, il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils, mais pas de sa fille. Sa fille, c'est moi : Ea et j'ai dix ans. Pour me venger j'ai balancé par SMS la date de décès de tout le monde. 

L'idée originale du film est drôle et soulève rapidement des thèmes très intéressants. On retrouve derrière cela une nouvelle fois le cinéaste belge Jaco Van Dormael. Cette fois c'est dans la comédie mais bien à sa manière, dans son style du début à la fin. C'est à dire racontée à la manière d'un conte toujours entre l'espoir et le désespoir, la drôlerie et le drame et bien entendu la confrontation directe entre le bien et le mal et la candeur face à la maturité et la nostalgie. Le cinéaste en profite pour nous tisser par cette occasion son testament cinématographique de ses trois précédents films. Il n'atteint pas la force de ses deux premiers et c'est bien dommage car il manque autant d'amertume que de féerie nécessaire trop souvent dans son film. 

Le scénario danse et nage une nouvelle fois dans une multitude de thèmes abordés dans les précédents films du cinéaste et cela de manière plus ou moins drôles et pertinentes. Le délire initial du synopsis reste rapidement (trop) sage pour se concentrer sur un conte social et philosophique qui reste à l'instar de Mr Nobody, bien trop maladroit et mou dans la forme et trop peu approfondi pour convaincre totalement dans son fond. Cependant tout est bien interprété et parfois avec des beaux moments d'émotions. Seulement le film alterne sans grande virtuosité les scènes drôles et émouvantes. C'est beau par moment, ennuyeux durant d'autres quand ce n'est parfois un peu frustrant niveau créativité. Au bout d'une heure, je n'ai fini que par voir une reprise plutôt plate de son premier très beau premier film Toto le Héros avec le traitement maladroit de Mr Nobody. La dernière partie d'ailleurs avec le jeune garçon est un hommage direct à Toto Le Héros. Le film est quand même distrayant dans l'ensemble mais reste au final loin de nous faire rêver. Le traitement est une nouvelle fois un peu frustrant mais plus à la portée de main du cinéaste. J'ai trouvé beaucoup ce film moins ambitieux que son précédent film. Mr Nobody qui reste à mon avis un film à l'idée et à la démarche superbe mais au traitement trop raté pour convaincre. 

Le meilleur du film se repose sur les rares parties avec Benoît Poelvoorde en Dieu qui refait un peu le numéro de C'est arrivé près de chez vous mais plus en version Louis De Funès. Une nouvelle fois l'acteur est irrésistible. Le film est insolite par moment avec une Catherine Deneuve qui tombe amoureuse d'un gorille, et c'est quand même quelque chose de voir ça dans sa vie. Ces quelques bribes d'idées cyniques et les décalages sur la religion , les idéologies sont toujours les bienvenues et les plus drôles. Dommage que le film ne se soit pas plus engagé et développé dans cette voie. Le fossé entre le drame et l'humour est souvent beaucoup trop grand pour en faire un film bien maîtrisé. Cela aurait pu être mieux, mais bien pire aussi. Même si le charme d'avoir vu un film sympathique et original reste en tête, une sensation de déception domine également. 

Note :5,5 / 10