Réalisation : Mortem Tyldum
Scénario : Graham Moore
Durée : 1 h 50
Interprétation : Benedict Cumberbatch,
Keira Knightley, Marc Strong...
Genre : Cliché même du film aux oscars
Synopsis :
En 1940, Alan Turing, mathématicien et
cryptologue, est chargé par le gouvernement britannique de percer le
secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma.
L'histoire tout comme celle de la vie d'Alan Turing ont été tenus confidentiels durant des années et officialisées il y a très peu de temps. Les deux sont vraiment
intéressantes et auraient même pu être passionnantes si le
traitement du film n'était pas si proche de la catastrophe. Sur le plan formel et surtout réflectif c'est un plantage sur toute la ligne. Si on ne peut que
reconnaître une nouvelle fois le talent de l'acteur anglais Benedict
Cumberbatch, Imitation Game est d'une fadeur pour le moins
déconcertante dans un peu tous les domaines. Dans la peau d'Alan
Turing l'acteur retrouve le personnage aussi antipathique et
attachant et avec un peu l'ambiguïté du personnage qui l'a révélé en Sherlock. Dommage que lui aussi soit trop sérieusement et sévèrement
poncé, lissé pour les Oscars.
Il est vrai que les films à Oscars on
les repère vite. Académisme plombant, lourdeurs, prétention et
des démonstrations en veux tu en voilà. Si on peut reprocher au
Discours d'un Roi de Tom Hooper à l'époque d'avoir un académisme
trop scolaire et d'une absence de personnalité, il faut quand même
avouer que l'interprétation transcendante du duo principal et le
scénario bien écrit rendait le film plutôt réussit. Ici ça
ressemblerait plus au film de Ron Howard Un homme d'exception auquel
on aurait dépouillé, aseptisé totalement le scénario et le savoir faire (pourtant classique) du cinéaste pour en faire un téléfilm niais et
grand public à l'image de La couleur des sentiments de Tate Taylor.
C'est impersonnel, fade, sirupeux, c'est du cliché pour du cliché
trempé dans du mielleux. Une mise en scène d'un académisme terne
sans ton, ni fougue encore moins d'audace et de prise de risque.
Cette illustration plate de ce scénario très fade est surtout
plombé par une musique aussi envahissante que ratée d'Alexandre
Desplat pour couronner le tout. Si c'est vrai que l'on suit le film
sans grandes difficultés, il faut avouer que tout est calibré et
aussi fluide qu'un téléfilm de l'après midi. Même les petites
pointes d'humour anglais sentent le réchauffé et tombent toutes à
plat. C'est dire à quel point c'est la catastrophe.
L'âge des acteurs principaux ne
correspond pas d'une dizaine d'années avec leurs personnages. Le peu
de ressorts narratifs sont tous éculés. Tout est d'une insipidité
totale et prend le spectateur par la main du début à la fin bien
sûr, sans lui donner la peine de le laisser apprécier et réfléchir
sur ce qu'il regarde. Il n'y a pas grand chose à sauver malgré une
technique soignée mais loin d'être bien dosée et utilisée à bon
escient. A l'image même du rôle de Cumberbatch sur sa fin avec la
fameuse "séquence émotion", tout manque de nuance, de naturel et de
surtout de franchise. Si par malheur les émotions pointent leur nez,
elles manquent de subtilités. Beaucoup de sous-thèmes sont
traités de manière niaises et sans intérêts. La seule piste
intéressante abordée est lors de l'interrogatoire quand Turing
cherche à se faire juger. Seulement elle est trop vite enterrée
comme celle de son enfance (inutile presque) pour se concentrer à
nouveau sur l'intrigue principale. Cette dernière d'ailleurs manque
de tout et à commencer de profondeur et de suspense bien amené,
bien construit. Imitation game est finalement qu'un film historique
plat et mou sans aucune personnalité mais surtout maladroit. Le
cliché même du film à Oscars qui n'a aucun intérêt.
Tout est sans intérêt
cinématographique sauf d'avoir un des meilleurs acteurs actuels
rendant hommage à un mathématicien qui le mérite amplement. La
démarche initiale est salutaire je l'avoue mais si seulement elle
n'est pas trop proche des billets verts et avec les frères Weinstein à
la production c'est vraiment pas sûr. Après Le discours d'un Roi,
Argo et 12 Years a Slave le film historique se porte bien à
l'académie des Oscars. Imitation Game est anecdotique ne serai ce qu'en suivant le
filon. Le résultat est une niaiserie sans audaces aux ficelles
immenses faite pour plaire à l'académie des Oscars et au grand
public qui se focalise juste sur l'histoire. En tant que passionné
de cinéma, le mot frustration me paraît bien pour résumer le tout,
même si on ne sait pas sur quel problème pointer du doigt en
premier. Un vrai mathématicien serait le bienvenu pour démêler
toute cette arnaque.
Note : 3 /10
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