Réalisation : Luigi Comencini
Scénario : Piero De Bernardi, Lucia Drudy Demby, Giuseppe Mangione et Leonardo Benvenuti
D'après l'oeuvre de Florence Montgomery.
Durée : 1 h 40
Interprétation : Anthony Quayle, Stefano Cologrande, Simone Gionnozzi...
Genre : Cinéma italien
Synopsis :
Le consul du Royaume-Uni à Florence, Sir Duncombe, vient de perdre son épouse. Il demande a Andrea, son fils aîné, de ne rien dire à son jeune frère Milo. Andrea, désespéré par la mort de sa mère, ne parviendra jamais à communiquer avec un père qui le croit insensible.
L'incompris avait reçu à sa sortie un
accueil plutôt timide de la part de la presse. Les critiques
considéraient le film de Luigi Comencini comme du cinéma populaire
et trop mièvre. De l'eau a coulé sous les ponts depuis tout comme les avis de pas mal de cinéphiles et de critiques de cinéma qui considèrent ce
film aujourd'hui, et justement, comme un classique du cinéma.
Souvent oublié à côté des grands
classiques et des réalisateurs les plus prestigieux du cinéma
italien, il faut avouer que le film de Luigi Comencini a prit un
sacré coup de vieux au niveau de sa mise en scène. Les
éditions Carlotta ont eu du mal à faire une bonne restauration tant
le matériel de base était médiocre. Si le grain et l'étalonnage sont désormais soignés, les restaurateurs n'ont pas pu bien sûr sauver une base avec une technique souvent
bancale et souffrant d'un manque de professionnalisme pour le moins
étonnant. Dès l'introduction la mise en scène pique les yeux et ce
sera ensuite plus ou moins flagrant jusqu'à la fin. Le cinéaste
capte cependant la force du scénario et des comédiens avec une justesse et habileté tout à fait dans le registre et le savoir
faire du grand cinéma italien de l'époque. Toute la
force de ce cinéma là met le naturel au premier plan. Clairement
en avant ici aussi quelques illuminations techniques parsèment le
film et permettent de donner une dimension émotionnelle pour le
moins exceptionnelle. Je parle surtout du dernier plan du film qui est à
l'image de la dernière séquence : bouleversante. L'image et le son
ainsi que les mouvements de caméra sont tous secondaire pour le cinéaste. On dirait que le cinéaste est comme embarrassé par la technique
par moment. Ce qui au final donne un film pas vraiment maîtrisé formellement.
Heureusement le film ne compte que peu sur cela et ne pénalise à aucun moment la force du scénario et c'est
l'essentiel. C'est même le contraire. Peu de plans particulièrement léchés,
un découpage un peu hasardeux par moment mais l'émotion et les
tours de forces fonctionnent quand il le faut.
Ce n'est donc pas dans le domaine
technique que le film éblouit mais par la force émotionnelle de son
scénario. L'écriture est aussi adulte qu'enfantine à la constante
frontière entre la naïveté et de la maturité du jeune
Andrea dans cette étape de la vie difficile. Le point de vue
emprunte un chemin universel tel un film de Chaplin dans le
regard de l'enfance et le thème du deuil. C'est particulièrement fort et touchant.
La relation entre le père et le fils est belle et nuancée. Le père
est aimant malgré ses apparences et son ancrage dans le travail et
l'éducation de l'époque. Son personnage est loin d'être une
caricature, c'est une peinture touchante autant sociale, historique que psychologique. Milo incarne la jeunesse et
l'innocence avec une fraîcheur qui fait replonger le spectateur
dans son enfance, lui ravivant également une infaillible nostalgie.
Les deux frères, aussi complices qu'émouvants, laissent une marque
indélébiles dans nos mémoires tant on s'identifie à eux. Un peu à
l'image plus récemment du Tombeau des Lucioles, l'émotion monte
légèrement par paliers avant d'exploser à la fin dans une dernière
séquence inoubliable sur la musique de Mozart. Avec de l'humour et
de la candeur mais aussi de situations psychologiques réalistes et
dures, le scénario distille une émotion progressive qui ne peut que
nous remuer, nous tourmenter intérieurement. L'intrigue simple et l'écriture
soignée et délicate rend un film subtil et profond qui touche à
vif notre émotion.
On retrouve dans L'incompris au final le meilleur de la force du cinéma italien de cette époque là. Une simplicité loin des bons sentiments et une émotion forte et touchante au diapason mise en service par un scénario merveilleusement écrit, au déroulement implacable et subtil comme les grands chefs d'œuvres. Même si la mise en
scène n'est pas exceptionnelle on ne s'ennuie pas car le film est rythmé et jamais dans l'erreur. Le travail des acteurs, particulièrement les
enfants, rend le film intemporel. Ce film a fait pleuré,
il fait toujours pleurer et fera toujours pleurer comme les plus
grands films du cinéma. Sans artifices, ni fioritures, L'incompris
est un grand film, le maillon émotionnel entre Le Kid de Charlie
Chaplin et Le tombeau des Lucioles d'Isao Takahata. Un grand film bouleversant qui
donne envie de voir et revoir ces classiques italiens bien que pas
mal hélas soient plus ennuyeux que celui-ci. Est-ce pour cela que le film
de Comencini fut boudé à l'époque ? Parce que l'on ne s'ennuie pas devant que ça ne fait pas assez "film d'auteur" ou grand film que ce fut boudé par la presse ? En tout cas il serait dommage
de ne pas voir aujourd'hui ce très beau film et qui reste dans le domaine un de
mes drames favoris.
Note : 9,5 / 10
La dévédethèque parfaite :
Le Kid de Charlie Chaplin, La vie est belle de Franck Capra, Le Tombeau des Lucioles d'Isao Takahata et La vie est belle de Roberto Benigni
La dévédethèque parfaite :
Le Kid de Charlie Chaplin, La vie est belle de Franck Capra, Le Tombeau des Lucioles d'Isao Takahata et La vie est belle de Roberto Benigni
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