mercredi 11 février 2015

It Follows




Réalisation et scénario : David Robert Mitchell
Durée : 1h40
Distribution : Maika Monroe, Keir Gilchrist, Daniel Zovatto...
Genre : Maladie sexuellement horrifique

Synopsis :
Après une expérience sexuelle apparemment anodine, Jay se retrouve confrontée à d'étranges visions et l'inextricable impression que quelqu'un, ou quelque chose, la suit. Abasourdis, Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire à la menace qui semble les rattraper...


Qu'on se le dise, It Follows n'est pas un simple film d'horreur. C'est avant tout un drame psychologique, utilisant l'horreur comme métaphore, à l'instar de grands films comme Carrie, Shining, ou encore certains films de Cronenberg.

Dès l'introduction, le spectateur est plongé dans l'angoisse et l'horreur. En effet, nous voyons cette fille apeurée, courant en rond, pour échapper à quelque chose dont elle n'échappera jamais... En 2 minutes on voit une ado sexy en petite tenue, un père, la mer, et du sang. Voilà le résumé du film.
Car effectivement tout le film tourne autour de ces sujets : l'adolescence, le sexe, l'eau, l'angoisse, et plus discrètement la filiation.

Le film en lui-même est assez distrayant. Trop sensible pour m'intéresser de près aux films d'horreur, je flippe un peu mais prend néanmoins du plaisir à suivre cette petite bande de potes livrés à eux-même dans une banlieue qui nous rappellera évidemment celle d'Halloween de Carpenter. C'est une première qualité. La photographie est très réussie. Beaucoup de symétrie comme j'aime, on pensera parfois à du Kubrick, notamment à la vilaine de la baignoire de Shining qui avance lentement en plein centre de l'écran. La musique n'est pas en reste, ultra présente et très efficace, on pense de nouveau à Carpenter avec ces synthétiseurs très 80's, et parfois aussi au Ligeti de Shining avec ses nappes angoissantes. Inutile de le dire, ce film est très référencé, et on prend plaisir à découvrir ces références. Cela peut d'ailleurs justifier les notes dithyrambiques des critiques journalistes : forcément, plus on s'y connait en ciné, plus on voit les références, et plus on est contents (tant que ça reste des références et pas du pompage bien sûr). Pour ce qui est des acteurs, ils ne crèvent pas l'écran, mais ils ne sont pas pour autant mauvais.

Venons en maintenant au plus important : le fond. C'est bien simple, si on ne réfléchit pas plus que ça, on reste dans le film d'horreur de base. Une jeune fille poursuivie par une chose flippante. La seule originalité viendrait du fait que cette chose se refile comme une MST. Oui mais voilà, ce n'est pas aussi simple que ça. Tout au long du film un je-ne-sais-quoi essaie de nous faire chercher à comprendre ce que c'est que cette chose et d'où ça vient. Le cerveau est en ébullition. D'abord, il n'y a que Jay (et son minable petit copain) qui voient cette chose. On se demande alors si ce n'est pas dans sa tête, des hallucinations paranoïaques suite à un traumatisme. Puis cette chose devient de plus en plus réelle. Les amis de Jay ne la voient toujours pas, mais constatent une fenêtre brisée, puis les cheveux de Jay qui se soulèvent tout seuls, puis, crescendo, certains d'entre eux commencent même par être blessés par cette chose. Bref, ça existe pour de vrai. On notera l'absence quasi totale d'adultes pour les aider, même pire, la plupart des personnages utilisés pour représenter la chose SONT des adultes. Bon, on ne comprend toujours pas... Puis vient une scène importante d'un des mecs de la bande qui se fait tuer et violer par la chose, qui, à ce moment là a pris la forme de sa propre mère. Hum hum, des parents qui tuent et violent leurs enfants, bon, allons voir un peu plus loin. Nous arrivons à la scène très importante de la piscine. Voilà que Jay refuse de décrire quelle forme a prit la chose, alors que nous voyons un banal monsieur, rien d'effrayant. La scène se termine dans un bain de sang, qui rappellera sans doute à certains le test de Rorschach (le test des tâches d'encre en psychologie, dans lequel une réponse « sang » servira à mesurer le degré d'angoisse du sujet). La piscine se remplit de ce sang, le niveau d'angoisse est maximal... Quelques scènes plus tard, nous distinguons quelques photos de famille de Jay : le mec de la piscine était son père (semble-t-il), qu'on ne voit à aucun moment dans le film, qui est même certainement mort. J'arrêterai l'exposition des indices ici, car malheureusement, le spectateur manque d'informations pour pouvoir assembler le puzzle et donner une interprétation plausible et non raccourcie par des clichés. Nous pouvons bien sur supposer, cependant, le réalisateur a fourré tellement d'indices qu'on se demande si on peut même avoir une interprétation personnelle. C'est le défaut du film, on nous en dit trop ou pas assez, ou peut être suffirait-il d'un second visionnage... Dans tous les cas ce film fait cogiter tout en étant aussi distrayant, et c'est bon pour le cerveau et les yeux.
La fin est ouverte, c'est assez agréable, en espérant que le film ne marche pas assez (même s'il le mérite largement) pour que des producteurs aient la mauvaise idée de faire une suite.

Je donnerai la bonne note de 8/10, la forme (bien que très référencée) est très réussie, mais le fond, même s'il est très intéressant pêche un peu selon moi, je ne pourrai donc pas mettre plus.



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