Réalisation et scénario : David
Robert Mitchell
Durée : 1h40
Distribution : Maika Monroe, Keir
Gilchrist, Daniel Zovatto...
Genre : Maladie sexuellement horrifique
Synopsis :
Après une expérience
sexuelle apparemment anodine, Jay se retrouve confrontée à
d'étranges visions et l'inextricable impression que quelqu'un, ou
quelque chose, la suit. Abasourdis, Jay et ses amis doivent trouver
une échappatoire à la menace qui semble les rattraper...
Qu'on se le dise, It Follows n'est pas un simple film d'horreur. C'est avant tout un drame
psychologique, utilisant l'horreur comme métaphore, à l'instar de
grands films comme Carrie, Shining, ou encore certains films de
Cronenberg.
Dès l'introduction, le
spectateur est plongé dans l'angoisse et l'horreur. En effet, nous
voyons cette fille apeurée, courant en rond, pour échapper à
quelque chose dont elle n'échappera jamais... En 2 minutes on voit
une ado sexy en petite tenue, un père, la mer, et du sang. Voilà le
résumé du film.
Car effectivement tout le film tourne autour de ces sujets : l'adolescence, le sexe, l'eau, l'angoisse, et plus discrètement la filiation.
Car effectivement tout le film tourne autour de ces sujets : l'adolescence, le sexe, l'eau, l'angoisse, et plus discrètement la filiation.
Le film en lui-même est
assez distrayant. Trop sensible pour m'intéresser de près aux films
d'horreur, je flippe un peu mais prend néanmoins du plaisir à
suivre cette petite bande de potes livrés à eux-même dans une
banlieue qui nous rappellera évidemment celle d'Halloween de
Carpenter. C'est une première qualité. La photographie est très
réussie. Beaucoup de symétrie comme j'aime, on pensera parfois à
du Kubrick, notamment à la vilaine de la baignoire de Shining qui
avance lentement en plein centre de l'écran. La musique n'est pas en
reste, ultra présente et très efficace, on pense de nouveau à
Carpenter avec ces synthétiseurs très 80's, et parfois aussi au
Ligeti de Shining avec ses nappes angoissantes. Inutile de le dire,
ce film est très référencé, et on prend plaisir à découvrir ces
références. Cela peut d'ailleurs justifier les notes dithyrambiques
des critiques journalistes : forcément, plus on s'y connait en ciné,
plus on voit les références, et plus on est contents (tant que ça
reste des références et pas du pompage bien sûr). Pour ce qui est
des acteurs, ils ne crèvent pas l'écran, mais ils ne sont pas pour
autant mauvais.
Venons en maintenant au
plus important : le fond. C'est bien simple, si on ne réfléchit pas
plus que ça, on reste dans le film d'horreur de base. Une jeune
fille poursuivie par une chose flippante. La seule originalité
viendrait du fait que cette chose se refile comme une MST. Oui mais
voilà, ce n'est pas aussi simple que ça. Tout au long du film un
je-ne-sais-quoi essaie de nous faire chercher à comprendre ce que
c'est que cette chose et d'où ça vient. Le cerveau est en
ébullition. D'abord, il n'y a que Jay (et son minable petit copain)
qui voient cette chose. On se demande alors si ce n'est pas dans sa
tête, des hallucinations paranoïaques suite à un traumatisme. Puis
cette chose devient de plus en plus réelle. Les amis de Jay ne la
voient toujours pas, mais constatent une fenêtre brisée, puis les
cheveux de Jay qui se soulèvent tout seuls, puis, crescendo,
certains d'entre eux commencent même par être blessés par cette
chose. Bref, ça existe pour de vrai. On notera l'absence quasi
totale d'adultes pour les aider, même pire, la plupart des
personnages utilisés pour représenter la chose SONT des adultes.
Bon, on ne comprend toujours pas... Puis vient une scène importante
d'un des mecs de la bande qui se fait tuer et violer par la chose,
qui, à ce moment là a pris la forme de sa propre mère. Hum hum,
des parents qui tuent et violent leurs enfants, bon, allons voir un
peu plus loin. Nous arrivons à la scène très importante de la
piscine. Voilà que Jay refuse de décrire quelle forme a prit la
chose, alors que nous voyons un banal monsieur, rien d'effrayant. La
scène se termine dans un bain de sang, qui rappellera sans doute à
certains le test de Rorschach (le test des tâches d'encre en
psychologie, dans lequel une réponse « sang » servira à
mesurer le degré d'angoisse du sujet). La piscine se remplit de ce
sang, le niveau d'angoisse est maximal... Quelques scènes plus tard,
nous distinguons quelques photos de famille de Jay : le mec de la
piscine était son père (semble-t-il), qu'on ne voit à aucun moment
dans le film, qui est même certainement mort. J'arrêterai
l'exposition des indices ici, car malheureusement, le spectateur
manque d'informations pour pouvoir assembler le puzzle et donner une
interprétation plausible et non raccourcie par des clichés. Nous
pouvons bien sur supposer, cependant, le réalisateur a fourré
tellement d'indices qu'on se demande si on peut même avoir une
interprétation personnelle. C'est le défaut du film, on nous en dit
trop ou pas assez, ou peut être suffirait-il d'un second
visionnage... Dans tous les cas ce film fait cogiter tout en étant
aussi distrayant, et c'est bon pour le cerveau et les yeux.
La fin est ouverte, c'est
assez agréable, en espérant que le film ne marche pas assez (même
s'il le mérite largement) pour que des producteurs aient la mauvaise
idée de faire une suite.
Je donnerai la bonne note
de 8/10, la forme (bien que très référencée) est très réussie,
mais le fond, même s'il est très intéressant pêche un peu selon
moi, je ne pourrai donc pas mettre plus.
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