Le court métrage est l'équivalent de
la nouvelle en littérature, il possède une écriture concise,
efficace et doit (souvent) posséder une chute. C'est essentiel pour
ne pas dire indispensable de faire des courts-métrages et de les
diffuser pour devenir un cinéaste. C'est même l'unique CV pour les futurs
grands de demain. Seulement le court métrage n'est jamais diffusé
ou vu ailleurs que dans quelques festivals. Aussitôt vu aussitôt
oublié et jeté après un an de vie festivalière. C'est triste et
assez déshonorant pour le travail et les efforts qui ont été fait dessus. Heureusement que La Jetée à Clermont-Ferrand les
conserve. Les grands cinéastes ont des courts-métrages de fin
d'études dont leur notoriété nous les font redécouvrir par la suite, sinon ils
restent rangés dans une case à vie, leur tombeau en quelque sorte. Sauf le festival de Clermont
Ferrand et une petite sélection (pour les mieux produits) pour les
Césars et Oscars c'est aujourd'hui du gaspillage total et tombent
tous dans l'oubli de faire un court métrage.
Pourtant Youtube au début était
l'occasion de faire parler de soi, de découvrir des « trucs »
bien comme on dirait. Maintenant c'est la poubelle du Net bien qu'elle est sponsorisée par la pub. La solution n'est même pas faire un unique festival et
même si c'est tout à l'honneur de la ville auvergnate. Non la solution est de mettre un court métrage comme le fait Pixar avant chacun longs métrages. Ce serait pour moi l'idéal à la place de la pub. Pourtant
avec le fric que coûte une place de cinéma, de plus en plus automatisé par ailleurs,
il n'y a pas tant besoin de pub que ça. Ce serait l'occasion de
découvrir et faire découvrir des œuvres. Sans parler d'en mettre des longs, mais dans un format de 5 à 10 minutes ça peut-être sympathique comme par exemple La Révolution des Crabes.
On retrouve donc vraiment de tout dans
les courts-métrages, du bon et du moins bon comme au cinéma. Parce
que c'est exactement comme au cinéma, on retrouve des idées, du
style et des petits chefs d'œuvres et des daubes interstellaires. Les meilleurs nanars aussi et les abysses du cinéma d'auteur français. C'est même souvent avec moins de fioritures comme ça se doit viser
à l'essentiel et plutôt frustrant, ou jouissif. Avec la mode de la
série actuelle, on retrouve même ce format court métrage. Black
Miror par exemple est pour ma part un ensemble de courts-métrages
comme l'est le très bon triptyque sur Tokyo de Gondry, Carax et
Joon-Ho. Souvent les courts métrages récompensés méritent leurs
récompenses contrairement aux films.
Mes goûts sont plus penchés vers l'humour car
je trouve que c'est le format court est idéal. Les plaisanteries les plus
courtes sont les meilleures dit-on, et c'est vrai aussi pour pas mal de films. C'est bien entendu mon avis personnel et mon goût, mais comme dirait Nick Park la
comédie est un domaine aussi indispensable que sérieux.
Restons avec Nick Park, véritable
génie du genre et d'une inventivité cinématographique formidable.
Les Wallace et Gromit sont des bijoux du film d'animation. Encore
plus jouissifs que les Pixar car la technique exige un travail encore
plus soigné et minutieux. De La Grande Excursion à Un sacré pétrin les
clins d’œil, l'humour anglais pour petits et grands, ainsi qu'une véritable institution se déroule devant nos yeux. Wallace et Gromit
j'adore et je suis pas objectif du coup car comme pour Chaplin je
décèle de l'invention indémodable à chaque plan. Tout est y est traité de manière universelle et intemporelle. Je conseille tout de Nick Park bien sûr les longs métrages. Dans Un mauvais pantalon un pingouin un peu louche devient locataire chez Wallace et Gromit. C'est jubilatoire et devenu culte non
pas par hasard.
Restons en terre anglaise, les
anglophones seront ravis car le prochain est signé par le génial
Mike Leigh, interprété par l'excellent Jim Broadbent. Réalisé
pour la télévision, A sense of History est un faux documentaire un
peu comme C'est arrivé près de chez vous où un noble anglais nous
raconte comment sa famille a été décimée. Grinçant, bourré
d'humour noir et comme toujours chez le cinéaste, subtil et
intelligent. Les bilingues vont se régaler.
Avant de passer du côté français, je
passe rapidement par les américains avec un court métrage que
j'adore également. Mixez Fight Club de Fincher, Le couperet de Costa
Gavras et Funny Games d'Haneke et obtenez un shaker
savoureux de vingt minutes nommé K–7. Réalisé par Christopher
Léone, ce court métrage virtuose est tout ce qui a de plus jouissif,
intelligent et plus que jamais d'actualité. Le point de vue abordé est
fort, l'humour également. Pas de sous titres hélas, les bilingues
sont des veinards.
Passons maintenant vers un court
métrage francophone mais ni Belge, ni Quebecois mais Suisse. Tous à table de la cinéaste Ursula Meier. Sur une simple réunion de
famille et avec une simple blague le scénario part dans une grande
étude des repas de familles, des liens qui les unissent tous le tout
avec un humour tantôt drôle par son réalisme tantôt par les
silences gênés auquel tous le monde ne peut-être que touchés.
Bien écrit, bien joué et bien réalisé, petit court métrage pour
un grand moment de comédie qui prend même le malin plaisir de jouer avec les nerfs du spectateur. Une grande réussite.
Il y en a certainement des meilleurs que lui mais il a été récompensé logiquement car il est
simple et touchant tout simplement. Le mozart des pickpockets de
Philippe Pollet-Villart réalisateur et acteur marque par sa justesse
de manière générale. Je recommande également La Baguette un court
métrage excellent également du même Philippe Pollet-Villard.
Évidemment il y a beaucoup de
courts-métrages brillants mais il faut savoir que ce n'est pas
forcément gage de certitudes : beaucoup de courts-métrages de
grands cinéastes ne sont pas toujours très bons, voir souvent bien
en dessous de leur œuvres.
Bon visionnage à tous !
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