Réalisation et scénario : Kornel
Mandruczo.
Durée : 1 h 55
Interprétation : Zsofia Psotta, Sandor
Zsoter...
Genre : Coup de poing
Synopsis :
Pour favoriser les chiens de race, le
gouvernement inflige à la population une lourde taxe sur les
bâtards. Les propiétaires s'en debarassent, les refuges sont
surpeuplés. Lili, 13 ans, adore son chien Hagen. Confiés tous les
deux à son père biologique après le départ de sa mère, ce
dernier l'abandonne refusant de payer la taxe. Alors que Lili le
cherche dans toute la ville, Hagen, livré à lui même découvre la
cruauté de l'Etre Humain. Hagen forme alors une meute et se venge
sur les hommes.
Assurément l'un des films les plus
forts de cette année justement primé à Cannes dans la catégorie
« Un certain regard ». C'est effectivement la force de ce
film, le regard d'un cinéaste sur son pays, La Hongrie, mais qui
peut-être également valable de manière internationale. White God
fait directement référence au fabuleux film de Samuel Fuller White
Dog (d'ailleurs ressorti en salles cette année) et il en a également
un fond et un discours tout aussi réaliste, juste et intelligent.
Ce film est absolument terrifiant et
cela dès sa formidable séquence d'introduction qui par son
authenticité et son réalisme absolu balaye tout ce que l'on a pu voir
dans les films horrifiques jusqu'à aujourd'hui. La mise en scène
frappe très fort dès le départ. Le scénario propose ensuite une double
intrigue entre Lili une jeune fille de treize ans (Zsofia Psotta est
une révélation) et celle de son chien Hagen séparé par un
gouvernement totalitaire. Les deux personnages ont un parcours avec
des hauts et des bas, remplis de faux espoirs pour finir par se
retrouver à la toute fin métamorphosé à leur manière. Un Disney Fullerisé si on veut. Traité de manière simple dans la forme et ambiguë dans le fond, le scénario est
formidable dans les pistes qu'il propose à son spectateur. Cette
parabole du totalitarisme est pertinente et efficace avec une
hiérarchie qui donne froid dans le dos. Tous le monde a un supérieur
sur son dos ainsi que des obligations qui lui enlèvent toute moralité.
C'est avec une très grande organisation de ses différents thèmes
que le script laisse également à se poser pas mal de questions sur
l'avenir de l'Homme, des animaux, de la société, la sur population, la politique, la crise et les mesures prises en général mais surtout la
peinture d'une société qui devient de plus en plus discriminatoire entre les classes. Un peu comme l'an dernier dans le fabuleux
Snowpiercer de Bong Joon-Ho, le film est d'une grand richesse en tout
point et d'autres visionnages s'imposent pour y déceler l'audace et la grandeur, la
portée du fond de ce film que le cinéaste soulève avec l'art et la manière. De plus White God ne
souffrira jamais du temps car il ne possède pas d'effets spéciaux ainsi qu'une sobriété particulièrement remarquable dans son esthétique.
Sur un rythme général mené sans
temps morts, une superbe photographie, une impressionnante bande
originale, le cinéaste s'avère être au diapason techniquement pour
faire monter la tension ainsi que développer ses différents discours
pendant les trois quart de son film. Le cinéaste maîtrise par la
suite de manière bien plus incisive et frappante son merveilleux
montage dans les trois derniers quart d'heure absolument grandiose et
menée avec une rare virtuosité. Avec un peu de gore, il revisite le
genre horrifique avec une implacable fraîcheur et fougue qui revigorerai un
zombie. On peut effectivement penser à un remake canin de Spartacus
mais également de La planète des singes avec une toile de fond de
film d'anticipation plutôt intrigante et d'actualité, un peu comme Fahrenheit 451. Ce brillant et savoureux pot pourri fait directement
au White Dog de Samuel Fuller. En plus de son message similaire
mettant le doigt sur l'influence de l'Homme sur l'animal on retrouve également
la violence et le pessimisme de la race humaine de manière générale.
White God propose plus de sujets de manière générale que le film
de Fuller mais développe moins celle du racisme et laisse à la fin
la réflexion au spectateur sur toutes ces dernières.
Le film de Mandruzco oscille entre
horreur, drame, émotion, thriller et psychologie durant une bonne
heure au point de se demander où l'on va. On suit donc le parcours
de Lili dans les tourments de l'adolescence et la descente aux enfers
de Hagen. Une fois que les deux parcours finissent de presque se
croiser dans une courte parenthèse de sérénité, le film se
transforme rapidement en un formidable film d'horreur où tous les
thèmes se rejoignent avec beauté, émotions et intelligence avec la
musique comme trait d'union entre l'homme et l'animal. Le magistral
dernier plan est à la fois sublime, cruel et pousse à la réflexion,
à l'image de ce film sublime.
White God est un film d'horreur très
intelligent et unique. C'est aussi une de ses nombreuses qualités de ne
pas être purement social comme souvent dans le cinéma d'auteur. J'encourage fortement ce genre de démarche. Un ovni qui remue et prend aux tripes.
Si le tout n'est peut-être pas parfait c'est du cinéma bien trop rare, si intelligent et si impressionnant que ce véritable coup de poing mérite toutes les
louanges et du succès en salles obscures. Je recommande donc très
fortement ce film tant qu'il passe en salles car évidemment il est
bien trop peu distribué.
Note : 9,5 / 10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire