Réalisation et scénario : Mike Leigh
Durée : 2 h 25
Interprétation : Timothy Spall, Paul
Jesson, Dorothy Atkinson...
Genre : Lumineux
Synopsis :
La vie artistique et sentimentale
du peintre anglais William Turner (1775 – 1851).
On avait quitté Mike Leigh il y a
quatre (longues) années avec son chef d'oeuvre désenchanté Another
Year, le revoilà avec un biopic sur une véritable institution de le
peinture anglaise William Turner. Plus académique et sobre de son
style habituel, la forme est d'une beauté absolue mais le
cinéaste ne signe pas pour autant le grand chef-d'oeuvre espéré.
Même si c'est beau, on s'ennuie
parfois car le film manque d'un peu de coupes au montage pour être plus
tranchant. Ce qui n'empêche pas cependant au cinéaste par petites
touches à dépeindre avec une certaine rigueur et cynisme un artiste
visionnaire en recherche permanente de renouveau à travers
l'animosité apparente de Turner. Les critiques de l'époque ne suit
pas ses intentions artistiques sur la fin de sa carrière comme tous les artistes trop visionnaires. Ce sera certainement avec ces derniers, ainsi que dans
les discussions de tous ces académiciens dans la galerie d'art, que
le style d'écriture si unique et que j'adore particulièrement du cinéaste sera
le plus présent et donc la partie la plus jouissive de ce beau biopic. Un humour qui vacille toujours entre la justesse, l'émotion et la noirceur. Même si c'est bien moins cynique et beaucoup plus sobre
que d'habitude, Mike Leigh se repose pour le première fois un peu trop sur sa mise en scène
doté et c'est incontestable d'une sublime photographie proche de
l'oeuvre de Turner.
La bande son est excellente et donne
une tension tout le long du film. Son côté assez strident et
redondant donne une étrangeté de plus à ce personnage ce qui fait
de Mr Turner un biopic pas vraiment comme les autres. D'ailleurs sauf
une petite scène spectaculaire (sur un mât de bateau en pleine tempête) le film ne
l'est absolument pas. Le cinéaste montre que les grands hommes, les
artistes ou les plus grand des génies peuvent-être repoussant,
antipathique et même proche de l'animal mais avec une vraie beauté, une sensibilité et démarche intérieure exceptionnelle. Comme dans la plupart des
biopic les personnages principaux brillent, Thimothy Spall ne déroge
pas à la règle, il n'a pas volé son prix d'interprétation à
Cannes. Il est parfait dans ce rôle pour le moins atypique à
l'image du film.
Avec des émotions et une dramaturgie
très éloignées des clichés et de la romance classique, ce film
assez hermétique au final sera plus particulièrement réservé aux
fans du cinéma particulier du cinéaste de Vera Drake, même si ces derniers
risquent de trouver ça long et ennuyeux. De mon côté Mike Leigh me
touche toujours et j'ai été encore emballé par son travail de
cinéaste comme dans l'ensemble de ses films. Si je me suis un peu
ennuyé sur la fin un peu longuette, c'est toujours en beauté et
savourais également sans modération le talent de dialoguistes et de directeur
d'acteur du cinéaste, toujours un des plus majestueux et savoureux
dans le paysage cinématographique. Si Mr Turner est un biopic un peu
trop gourmand dans ses longueurs et possède un fond plus sage et festivalier que d'habitude chez le cinéaste, la démarche est
toujours aussi intelligente, subtile et sensible. Un Mike Leigh épuré
mais suffisamment atypique et touchant pour y jeter un œil.
Note : 8 / 10
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