Réalisation et scénario
: François Ozon.
Adapté librement de la nouvelle The
new girlfriend de Ruth Rendell.
Durée : 1 h 45
Interprétation : Romain Duris,
Anaïs Demoustier, Raphaël Personnaz...
Genre : Comédie psychologique
tordue
Synopsis :
A la suite du décès de sa meilleure
amie, Claire fait une profonde dépression, mais une découverte
surprenante au sujet du mari de son amie va lui redonner goût à la
vie.
François Ozon est un des seuls
cinéastes français qui propose toujours des nouvelles idées, des
films avec du fond, de la nuance, du trouble et avec des intrigues jamais tissées de fil
blanc. Le cinéaste cherche toujours à proposer une nouvelle chose à
chacun de ses nouveaux films, tout en ne se reposant pas sur ses acquis et son style particulier, souvent réjouissant. Surtout Ozon ne se regarde pas filmer comme la plupart des cinéastes d'auteurs,
d'ailleurs c'est peut-être pour cela qu'il n'a jamais eu de succès aux
Césars. Deux ans après son exercice de style virtuose avec Dans la
maison, il revient donc avec Une nouvelle amie, une autre
adaptation libre dont le cinéaste signe comme toujours le scénario.
Pour notre plus grand plaisir, Ozon signe encore un de ses meilleurs
films et une nouvelle fois il réussit avec maestra un exercice de
style brillant proche d'un Brian De Palma de la grande époque (comme
pour Dans la Maison) mais sur le terrain et avec des thèmes chers à
Roman Polanski et surtout à Pedro Almodovar (dont l'affiche et
d'ailleurs assez inspirée du style). Le résultat est fantastique
autant dans le fond que dans la forme, c'est troublant, tourmenté, drôle, respectueux et touchant comme il se doit de l'être sans jamais en faire trop dans tous les domaines et les pistes empruntées.
Une nouvelle amie est un film au
genre assez inédit, un produit typiquement du cinéaste. Un ovni magnifique à la fois beau et troublant,
d'une grande justesse et d'une intensité dramatique sobre et efficace.
On a l'habitude de voir des drames psychologiques, mais là on serait
plus dans la comédie psychologique accompagné par des pointes de thriller et de
mélodrame. On a l'impression de voir le meilleur du cinéma de chez Almodovar. Les bons sentiments et le too much remplacés par le trouble
et un ton plus clinique, plus sensible à la place. Ozon améliore ce qui est si
unique et atypique du cinéaste espagnol et le réussi. Par dessus, Ozon
s'essaye à un exercice de style qui s’avérait absolument casse mirettes sur les intentions mais qui fonctionne parfaitement grâce à
une interprétation exceptionnelle de ses acteurs principaux, une
mise en scène et un scénario implacable. Si des fois ça va un peu
vite, étant donné que ce sont des ressorts plutôt comiques, le style d'Ozon est à son apogée. Comme souvent Ozon appuie les traits de son écriture pour mieux nous régaler, ici proche parfois de son Huit Femmes. Ses différents changements de tons, de genres sont amenés et interprétés de
manières si justes, habiles, drôles et le tout traîtés avec une grande subtilité que le film
fonctionne à finalement tous les niveaux.
Le film est d'une grande richesse
psychologique. Sous la forme d'un grand mélodrame, Ozon ajoute du
trouble Hitchockien, comme l'identité de ses personnages. Le
cinéaste alterne entre imagination, les degrés des dialogues, les
sentiments et les différents ressentis avec des notes morbides, d'hallucinations,
du désir ou encore de mélancolie qui ajoute du piment et de l’ambiguïté comme rarement on peut voir au cinéma. Nous sommes servit à volonté dans le trouble et la nuance. On
savourera tous le long sans modération donc ce trouble psychologique à travers les
yeux et les pensées incertaines de Claire (Anaïs Demoustier
formidable). Le film soulève bien des sujets tabous que l'actualité
jallone depuis quelques temps avec le mariage pour tous, mais il y a
surtout une vision, un regard fascinant sur l'ambiguïté des
personnages. Ozon joue d'une manière absolument magnifique sur
l'identité, la suggestion et surtout éclate tout stéréotype
possible avec une histoire comme celle çie, qui aurait pu facilement n'être
qu'une accumulation de clichés plus ou moins drôlement détournés.
Une nouvelle amie n'est pas du tout cela, c'est du vrai cinéma
absolument pas anecdotique qui sait alterner des ingrédients
d'humour et dramatique sur une franchise, une honnêteté et une émotion puissante
et viscérale qui fait un bien fou.
On savait Romain Duris bon acteur avec
son interprétation massive dans De Battre mon coeur s'est arrêté,
il réussit ici un tour de force à l'image du film, celui à la fois
d'être drôle, troublant et touchant à la fois. Anaïs Demoustier
est d'une très grande justesse, apportant par son expression toutes
les émotions nécessaires. Elle est la parfaite liaison entre le spectateur et la psychologie que propose le scénario. On appréciera comme souvent ces derniers temps un Raphaël Personnaz au poil, moins caricatural qu'il n'y paraît et bien troublant lui
aussi. Une osmose totale se ressent entre les comédiens principaux. Sans mettre de bons sentiments, ni rajouter du
glauque ou de l'humour potache, Ozon conte son histoire en nous offrons toujours pile
ce qu'il faut dans ses proportions d'émotions. Il en fallait pas plus pas moins dans la dernière
demie heure quand le scénario s'ouvre sur des pistes, des ambiguïtés qui
laissent à penser pour un final aussi gracieux et ambigu. Le cinéaste propose ses ambitions et ses essais virtuoses sur un beau conte honnête, touchant et respectueux sur le deuil et le thème du transgenre. Ce n'est non sans twists et non sans
subtilités qu'Ozon réussit sa fin gentiment ouverte. Sans aucun moment être pompeux, le cinéaste respecte avec une grande intelligence tous les thèmes,
les personnages de son histoire tout en aimant nous les saborder avec un plaisir certain et communicatif. L'introduction est extrêmement bien brossée et importante pour y déceler les plupart des ambiguïtés. Ne prenez pas le film en cours de route. Les
décors tournés entre la France et le Canada donnent une atmosphère particulière au film qui permet de nous dépayser et nous transporter dans un décors atypique et intriguant aussi. On notera
pour finir un excellent thème musical qui sublime et fustige l’atmosphère de cet ovni à la passion troublante, dévorante et
passionnante. Là aussi c'est digne d'un Polanski et d'un Almodovar réunis au sommet. Ozon est un grand et se trouve à la hauteur de ses
modèles.
On passe donc un peu dans tous nos
états devant ce nouveau coup de maître de François Ozon qui
s'avère être un des cinq meilleurs films de l'année, le meilleur
film de l'hexagone depuis un bon moment. Certainement depuis Dans
la maison d'ailleurs pour ma part et j'avoue ne pas être un
inconditionnel du cinéaste. Plusieurs visionnages s'imposent tant
le film déborde de richesse, de rebondissement et d'ambiguïté. Je ne
saurai que vous recommander d'aller le voir en salles car c'est du
très grand cinéma avec toutes les lettres de noblesses du mot.
C'est accessible pour tous (enfin à partir des grands adolescents) et le tout est mené
d'une main de maître.
Une nouvelle amie mérite un succès commercial non pas uniquement car il en a les ingrédients et qu'il est excellent, mais surtout parce que c'est bien plus intelligent, subtil, honnête que ce ce que l'on peut voir habituellement. Bien plus que la plupart des films portés par un buzz médiatique, ou par un larmoyant lacrymal pour faire pleurer les chaumières. On remarquera la encore une fusion confondante et passionnante entre le cinéma commercial et d'auteur où le cinéaste excelle une nouvelle fois sur tous les tableaux. Dans le paysage bien terne du cinéma français, Une nouvelle amie est une pépite qui brille à mes yeux et j'espère brillera dans les votre. Merci à Monsieur Ozon pour ce moment de grand cinéma.
Une nouvelle amie mérite un succès commercial non pas uniquement car il en a les ingrédients et qu'il est excellent, mais surtout parce que c'est bien plus intelligent, subtil, honnête que ce ce que l'on peut voir habituellement. Bien plus que la plupart des films portés par un buzz médiatique, ou par un larmoyant lacrymal pour faire pleurer les chaumières. On remarquera la encore une fusion confondante et passionnante entre le cinéma commercial et d'auteur où le cinéaste excelle une nouvelle fois sur tous les tableaux. Dans le paysage bien terne du cinéma français, Une nouvelle amie est une pépite qui brille à mes yeux et j'espère brillera dans les votre. Merci à Monsieur Ozon pour ce moment de grand cinéma.
Note : 9,5 /10
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