Réalisation et scénario
: David Ayer
Durée : 2 h 10
Interprétation :
Brad Pitt, Logan Lerman, Shia LaBeouf, Michael Pena...
Genre : Brad, ce
héros.
Synopsis :
L'épopée de quatre hommes
à bord d'un tank Sherman nommé « Fury » dans les
dernières heures du nazisme.
Rien à voir avec le film de
Fritz Lang ou de Brian de Palma portant le même titre, Fury est un
film de guerre signé David Ayer, un cinéaste prolifique à suivre.
Fury a un concept plutôt minimaliste, celui de suivre un char et de
son équipe de soldats américains, usés et fatigués dans les
dernières heures de la Guerre. Le film
possède des qualités comme celle d'avoir une vérité
historique peu montrée au cinéma sur les dernières heures du
nazisme ainsi que des portraits de soldats déshumanisés par la
Guerre. Cependant le scénario n'est pas au rendez vous au niveau de la
crédibilité psychologique et des portraits pas assez fouillés de
ses différents personnages tous un peu trop caricaturaux. On regrettera un final aseptisé et décevant. De plus le film souffre aussi
l'interprétation à demie teinte de Brad Pitt (il a du mal à faire
passer ses tourments) et de
statut de producteur qui ombrage pas mal de crédibilité.
Tout commençait pourtant
bien avec une mise en scène d'une sobriété, d'une
solidité remarquable et rare dans le genre. Le cinéaste utilise une
technique brillante et créé une atmosphère de tension
particulièrement réussie que ce soit dans l'ambiance lourde de la
mort, de la guerre, du deuil comme celles des oppositions des personnages principaux.
L'utilisation non abusive de la musique, des acteurs qui jouent juste
même si leur rôle est un peu caricatural offre un résultat plutôt intéressant. Bien sûr si le public s'immerge un peu facilement auprès de Norman (Logan Lerman, très pro) un jeune soldat tout
fraîchement recruté face aux vieux loups de terre (ou de Guerre) soit Michael Pena, Shia LaBeouf, Jon Bernthal et bien sûr Brad Pitt. Au début
l'opposition remplit toutes ses promesses, on a droit a un des
passages âpres, durs et denses. Seulement sachant que le film se
déroule sur seulement vingt quatre heures, il paraît
invraisemblable que ce jeune Norman devienne un sanguinaire à ce
point la en si peu de temps. C'est simplement une grosse erreur de
scénario.
Il y a deux grands morceaux
de bravoures dans le travail de David Ayer. La première est une
scène dans un appartement allemand qui paraît interminable mais qui
dégage une grande intensité, une grande imagerie, une
psychologique particulièrement réussie. L'écriture excelle, les personnages sortent
de leurs caricatures pour la seule fois du film faisant ressortir
tout le fond du film de manière viscérale et palpitante. Brad Pitt
sera à son meilleur en homme aussi charismatique qu'énigmatique.
Shia LaBeouf est le plus surprenant dans ce film. Le deuxième morceaux de bravoure
est plus formel. Il sagit d'une scène d'action remarquable entre un char
Allemand et trois américains dont le fameux Fury. La mise en scène
monte en fusion et éclate en offrant au public un réalisme et un suspense
redoutable. Un très grand moment.
Avec l'introduction du film
soignée et ces deux scènes donc, on a fait hélas le tour du film.
Car le reste est incohérent surtout avec la psychologie de Norman qui passe en
vitesse lumière de l'agneau au guerrier sans peur et sans reproches. Le film
finit plus vers un sentimentalisme, un patriotisme, agréablement en sourdine au départ, de manière inutile et désarmante. Le combat final est une grosse déception, une fin
typiquement américaine qui ne dessert même pas ce qu'il y avait de
plus passionnant dans ce film, la déshumanisation des soldats. Un château de cartes à moitié construit qui s'écroule en quelque sorte. Norman retrouve son double dans le camps allemands qui lui épargne
la vie. Aucune imagerie soudoyée du « héros » et
aucune ambiguïté entre les deux camps, on a eu une image des
allemands encore une fois complètement débile à se jeter sous les
mitrailleuses comme des poulets devant du grain de plomb. Le pire restant la production
Brad Pitt à ne pas esquinter le beau gosse. Après des actes
héroïques dignes d'une série Z (Brad Pitt doit zigouiller des centaines de nazis sur le char), deux grenades sur lui mourant et seulement deux éraflures sur la joue. Même mort il est trop invincible ce Brad. Il
devrait jouer plutôt un film de super-héros pour être crédible.
Fury montre des faits
historiques peu montrés au cinéma comme les allemands qui n'avaient
pas voulu aller se battre retrouvés pendus avec un écriteau
expliquant la raison de leur mort aux entrées des villes. Il y a donc des
bonnes choses mais pas assez hélas. Si vous voulez voir un film qui traite aussi bien
le côté humain côté allemand que américain je vous recommande
plutôt de voir ou revoir Croix de fer de Sam Peckinpah. Fury change
un peu de la plupart des films de guerre par son fond, mais
rejoint quand même formellement ce que nous avons l'habitude de voir dans le genre depuis sa remise au goût du jour par Il faut sauver le soldat Ryan.
A croire que Steven Spielberg a posé toutes les bases du film de guerre depuis quinze ans. Cinéaste et spectateur prenez aussi le penchant
Polanski (Le pianiste) ou Loach (Le vent se lève) plus souvent. C'est tellement plus subtil et
réaliste que des films de combats. Fury possède donc plein de bonnes
intentions avec un peu de réussite, un peu de fond, mais ça ne
suffit pas pour en faire un bon film.
Note : 5 / 10
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