Réalisation : David Dobkin.
Scénario : Nick Schenk et Bill
Dubuke.
Durée : 2 h 15
Interprétation : Robert Downey
Jr, Robert Duvall, Billy Bob Thornton...
Genre : Les grands Robert à la
Barre.
Synopsis :
Hank Palmer, fils de Magistrat, est un
avocat reconnu. Il revient dans la petite ville de son enfance pour
l'enterrement de sa mère. Il revoit son père qu'il évite depuis
longtemps et le voit soupçonné de meurtre avant de repartir. Il
finit par décider de le défendre, mener l'enquête et chemin
faisant renoue avec sa famille avec laquelle il avait pris ses
distances.
Toute la qualité et l’intérêt du film
repose sur la relation ombrageuse entre un père (Duvall) juge de son
métier et de son fils (Downey Jr) avocat qui s'entendent comme chien
et chat depuis plusieurs années. Merveilleusement interprété par ces
deux monstres d'acteurs aux générations différentes, Le juge
possède une intrigue policière sous une forme de plaidoirie très captivante. Toutes les deux finissent par se réunir et réussir son
tour de force de manière admirable sur sa fin, se complétant l'une
l'autre comme dans les grands films du genre. Cependant il est
dommage que le scénario à l'ambition de faire plus que cela en collant une intrigue sentimentale loin d'être aussi puissante, subtile et bien
écrite que l'intrigue principale. Clint Eastwood, Francis Ford
Coppola ou encore Costa Gavras n'aurait sans doute pas renié
réaliser ce film à l'ancienne au final plutôt bien réussi.
Dobkin signe un film assez classique
dans le fond comme sa forme comme dans n'importe quel film
du genre. Le réalisateur filme le tout de manière
propre et vraiment rythmé (je n'ai pas vu passer les deux heures et
quart) qui permet à l'interprétation à prendre l'ampleur
nécessaire pour donner vie à un scénario prenant, touchant et
sachant allier humour, drame, suspense et tension avec un savoir
faire pour le moins excellent. Le casting est impressionnant,
l'interprétation des seconds rôles très propre et on ne peut que
reconnaître un grand magnétisme des acteurs à faire passer
l'émotion. Psychologie assez fouillée de manière générale, une
sobriété des sentiments avec un savoir faire à l'ancienne, c'est à dire sans musique
lacrymale, sobre comme du bon cinéma. La composition de Thomas Newman est comme souvent discrète d'ailleurs, pas vraiment marquante.
Alors pourquoi après toutes ces
qualités je reste sur seulement l'impression que Le juge ne reste
qu'au stade de bon film ? Dans le paysage contemporain du cinéma
c'est un film très bon car il ne possède que très peu de
fioritures, n'a pas la prétention de faire un chef d'oeuvre et ne se
repose pas uniquement sur sa tête d'affiche et encore moins sur ses
effets spéciaux car il y en a pas un. C'est du bon cinéma à l'ancienne. Seulement, je
trouve que le film à un peu un effet de calibrage pour les oscars à
vouloir ouvrir trop de pistes sur le personnage de
Hank. On dirait que les intentions de départ étaient aussi de
vouloir forger un rôle à oscar pour Robert Downey Junior. Ce qui
donne un peu un mélange du personnage de Jessica Lange dans Music
Box et celui de Georges Clooney dans The Descendants. Il
est donc bien dommage que le scénario s'étale sur les histoires de
couple et de coucherie ancienne en intrigue secondaire car du coup cela désamorce la
force installée précédemment dans le film. Il y avait selon mon avis bien plus de matière à
approfondir le procès et l'enquête qui sont déjà presque digne d'un Sidney
Lumet et le règlement de compte magistral entre le père et
le fils, déjà de haute volée.
Robert Duvall connaît ce genre de film
et comme à l'accoutumé il est au rendez vous, comme chez Coppola,
Lumet ou encore après l'excellent La nuit nous appartient d'un
cinéaste moderne de la même trempe, James Gray. Duvall n'a
certainement pas dis non à ce scénario, sauf que Dobkin n'a pas le
talent de ces cinéastes et hélas se penche plus dans le larmoyant.
Explication également venant d'un des deux scénaristes du film
ayant écrit le Eastwood Gran Torino. Le cinéaste négocie le
larmoyant proprement mais pas aussi bien que le grand Clint, meilleur
dans le genre bien sûr, et surtout pas aussi bien que l'opposition
au tribunal. Robert Downey Junior se donne l'occasion de faire autre
chose que des films plus commerciaux, même s'il n'a pas besoin de
prouver son talent depuis son tout jeune âge dans son interprétation
formidable dans la peau de Chaplin du regretté Richard
Attenborough.
A noter un rôle secondaire de Billy
Bob Thornton toujours classe, comme la façon de dégainer son verre
d'eau. Bref, il y a du pour et du contre mais de manière générale
c'est le pour qui l'emporte car si cela à un peu d'arrière goût de film à oscars, il
reste simple, prenant, honnête et surtout pas prétentieux, et ça fait du bien. Sans
atteindre les grands modèles du genre, Le Juge est un bon film,
surtout d'interprétation, qui possède donc plus de qualités que de
défauts. Les défauts étant de faire majoritairement un film plus grand public. A vous de juger bien sûr, mais pour ma part je recommande quand même aller le voir dans les salles obscures. Votre billet de cinéma est amorti, c'est déjà beaucoup.
Note : 6,5 / 10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire