Mon avis sur les saisons 1 et 2
Synopsis :
Un meurtre a été commis a Twin Peaks, une petite bourgade de l'État de Washington en apparence tranquille. La jeune Laura Palmer est retrouvée morte nue au bord d'un lac, enveloppée dans du plastique. L'agent spécial du FBI, Dale Cooper, envoyé sur place pour démasquer le coupable, mène l'enquête avec le soutien du shérif local, Harry Truman. Ces investigations les amènent à révéler au grand jour les sombres secrets des uns et des autres. Pendant ce temps d'inquiétants phénomènes se produisent...
Genre : Lynch sans
lynchage.
Créée par Mark Frost et
David Lynch, cette remarquable série est un must incontournable à
savourer sans modérations. Aux premières allures d'un soap opéra
des années quatre-vingt, Twin Peaks possède un merveilleux
et unique scénario qui mêle le style Lynchéen, pas toujours très
accessible, et celui de Frost, qui l'est beaucoup plus. Avec une
intrigue palpitante ainsi qu'une galerie de personnages
charismatiques, cette série ne laisse indifférente le spectateur
pour son cachet unique. Une série justement culte.
Tout commence par un
pilote d'une heure trente signé David Lynch à la réalisation.
L'intrigue, les personnages de toute la petite bourgade de Twin
Peaks sont présentés et posés avec légèreté et ambiguïté
avec une grande élégance. Le spectateur tombe sous le charme de
l'enquête, du mystère mais aussi l'inéluctable Dale Cooper, campé
par Kyle MacLachlan. Avec beaucoup d'humour et d'humanité, ce genre
de Sherlock Holmes moins arrogant et plus flegmatique est pour le
moins attachant et identifiable aux yeux du public pour pénétrer
dans l'univers de la ville étrange de Twin Peaks.
Le scénario dépeint une
galerie de personnages qui ont tous des secrets plus ou moins cachés.
Que ce soit dans leur passé, leur différentes tensions ou liaisons
les uns avec les autres ou encore les trafics de drogue, d'argent,...
le quotidien. Seulement à Twin Peaks, il se passe des phénomènes
fantastiques. Les esprits de la forêt sont dans les croyances du
bourg, un peu comme chez les indiens des Etats-Unis. Beaucoup de
personnages sont assez étranges à leur manière, la femme à la
bûche en tête de la liste. Le scénario nous met en bouche
progressivement ces différents mystères. Ces derniers, paranormaux
ou simplement policiers, sont dépeints sous une plume aussi légère
qu'intriguante avec une totale maîtrise du suspense. Si l'intrigue
est remplie de rebondissements, en ce qui concerne le suspect sur la
mort de Laura Palmer, c'est toute la ville qui possède des détails
étranges et qui font susciter le plus d'interrogations, le plus
grand suspense du côté du téléspectateur.
Le scénario est
remarquablement intrigant. Une mécanique merveilleusement équilibrée
et orchestrée crée dans un univers à la fois étrange et réaliste,
aidé par une bande son légère, mystérieuse et étrange. Le thème
du compositeur attitré de Lynch, Angelo Badalamenti, illustre
parfaitement le ton de la série, bien que quelques instrumentations
font penser à du kitch des années quatre vingt. A l'aide d'un
casting assez judicieux, on a droit autant à des personnages
caricaturaux que de personnages atypiques et louches.
La première saison est
un régal d'écriture, de suspense et d'initiation dans une vaste
intrigue qui ouvre une multitude de pistes fascinantes, repoussant un
peu plus les limites de la narration d 'épisode en épisode.
Elle se termine sur un suspense intenable comme dans les grandes
séries, ou rien est prévisible. On peut dire qu'il y a une
différence entre les deux saisons. Alors que dans la première,
Lynch était complètement impliquée dedans, la deuxième fut marqué
par le désintéressement du réalisateur de Blue Velvet par
l'obligation de révéler le coupable à la moitié de la deuxième
saison par la production. Mark Frost et David Lynch ont donc suivis
les instructions à contre cœur. Jusqu'à la révélation inattendue
et génialissime, l'intrigue reste du calibre de la précédente
saison : magistrale. Pour la suite, il a fallut offrir au public une
autre intrigue pour tenir l'intérêt de la série jusqu'à la fin.
Avant d'avoir un final quasiment cent pour cent Lynchéen, tous les
épisodes sont majoritairement signés Mark Frost au scénario.
L'intrigue est beaucoup moins dense et reste plus proche des
personnages auquel le public s'est heureusement attaché. On dissocie
bien plus largement le paranormal Lychéen et le côté léger et
soft de Frost. Si tout se suit agréablement par une écriture plus
qu'honorable, cette deuxième partie de la saison deux laisse un
léger goût d'inachevé. On reste déçu par cette contrainte qui a
en quelque sorte coupé l'herbe sous les pieds des créateurs.
Twin Peaks reste
tout de même une excellente série car l'univers, les différentes
intrigues ouvertes par le scénario sont tellement fascinantes,
prenantes que le spectateur savoure chaque instant qu'on lui propose.
Une série friandise devenue sepuis le temps une œuvre charnière
qui a donné inspiration et naissance à nombreuses grandes séries
actuelles notamment Desperate
Housewives dans le plus
connu, ou même la dernière anglaise Broadchurch.
Twin Peaks réussi la prouesse à l'époque de
démontrer, et cela plus de vingt ans avant notre ère, que la série
peut-être d'aussi bonne facture que des grands films par un
développement qui va encore plus loin sans jamais épuiser les
ficelles. Les grands charmes de la série restent jusqu'à la fin,
dont particulièrement de ne pas prendre son public pour un idiot.
Pour ma part cette grande
série prouve qu'avec une simple intrigue on peut toujours repousser
les limites, surprendre et fasciner. Lynch est un cinéaste il faut
avouer à la fois capable de signer un film purement d'auteur
(Mulholland drive) ou tout ce qui a de plus classique
(Elephant Man). Frost a donné plus d'accessibilité au style
de Lynch et inversement Lynch a donné toute ampleur fantastique au
ton de Frost. Les deux auteurs ont fait un travail très
complémentaire pour notre plus grand plaisir.
Si Twin Peaks est
une savoureuse série, le film homonyme, uniquement signé par Lynch,
est à mon goût trop Lynchéen. Twin Peaks : Fire walk with me
vire plus à un exercice de style, un essai sensoriel axé plus sur
l'étrange, le paranormal de la série que sur les personnages et
l'intrigue de la série. Tout le film est un travail de montage assez
impressionnant et très obscur, peut-être même plus que ses films
les plus tortueux. Les fans purs et durs du cinéaste trouveront leur
bonheur, les autres seront sans doute déçus et pourront sans
problème se rabattre sur la série beaucoup plus homogène et moins
anxiogène.
Dans tous les cas, Twin
Peaks est une pièce maîtresse de la télévision, une série
culte à voir absolument et à ne pas négliger actuellement en
pleine explosion du domaine ces dernières années. Je peux vous
assurer qu'elle est loin d'être has-been. Une référence sûre.
Mon avis sur la saison 3 :
Genre : Lynchage complet.
Fallait-il vraiment faire revivre la série mythique des années 90, vingt-cinq ans plus tard ? C'est la question que je me suis posée devant cette troisième saison qui m'a dérouté, déçu et très souvent agacé.
Après sa tentative de série ratée avec Mulholland Drive (qui sera finalement un film charnière du cinéaste), David Lynch tenait à tenir sa revanche artistique sur le petit écran. On peut dire qu'il se donne corps et âme pour affirmer sa liberté totale. Sa revanche est bien là avec cette saison où il est seul aux commandes. Seul oui car il n'y a pas l'once du classicisme (essentiel) qu'apportait Mark Frost à la série originale. Les deux auteurs s'étaient brouillés à l'époque, et je doute qu'ils ne se soient mieux entendus, tant tout est purement Lynchéen. Cette saison passe donc du côté de la Black Lodge.
Si les défenseurs (et ils sont nombreux) diront que c'est une oeuvre d'art, je n'ai trouvé dans ce souk lynchéen qu'un délire pédant et tortueux de plus de dix-huit interminables heures. Chaque épisode ne cherche que constamment à aller à contre courant de toutes productions cinématographiques et séries télévisuelles actuelles. Comme souvent chez Lynch, il a le mérite d'être radical et c'est certainement ce qui est le plus remarquable dans cette saison mais aussi dans notre époque actuelle, de plus en plus balisée. Seulement le cinéaste est devenu une caricature de lui-même. Pire même, il est hautain, aigrit, et paradoxalement à ce que voudrait être cette série, complètement dépassé et démago. Parfois c'est au point de vraiment se foutre de la gueule du monde car il faut voir sa direction artistique, l'indécence des dialogues et de sa direction d'acteur minable (pour rester gentil). Formellement, il a eu les yeux plus gros que le ventre, le budget n'est jamais ajusté à la taille de ses ambitions. Résultat : c'est moche et souvent cheap. Sa suggestion était la force de ses chefs d'oeuvre et même le mystère de la série originale, il n'en a rien retenu.
Son dernier film Inland Empire était son film de trop car il refait ce qu'il a déjà fait auparavant en moche, chiant et prétentieux. Exactement comme cette saison 3, soit le délire de trop qui ne se renouvelle pas et n'offre que de la haine au système actuel avec un regard pour le moins méprisant. Voilà mon sentiment devant ce "truc" indigeste, et pourtant j'aime des films de Lynch. Je suis désappointé d'avoir eu a supporter si longtemps un délire qui démystifie l'univers et la série originale mais aussi un cinéaste que j'apprécie à la base beaucoup. Une immense déception pour l'exécution publique d'une série mythique et surtout de dix-huit heures que j'aurais préféré consacrer à autre chose que tout ce qui se passe par la tête de Lynch. Autant revoir le film Twin Peaks, de très loin bien plus intéressant cinématographiquement, plutôt que de suivre ce chemin de croix d'un cinéaste qui se prend avant tout pour Dieu.
Après sa tentative de série ratée avec Mulholland Drive (qui sera finalement un film charnière du cinéaste), David Lynch tenait à tenir sa revanche artistique sur le petit écran. On peut dire qu'il se donne corps et âme pour affirmer sa liberté totale. Sa revanche est bien là avec cette saison où il est seul aux commandes. Seul oui car il n'y a pas l'once du classicisme (essentiel) qu'apportait Mark Frost à la série originale. Les deux auteurs s'étaient brouillés à l'époque, et je doute qu'ils ne se soient mieux entendus, tant tout est purement Lynchéen. Cette saison passe donc du côté de la Black Lodge.
Si les défenseurs (et ils sont nombreux) diront que c'est une oeuvre d'art, je n'ai trouvé dans ce souk lynchéen qu'un délire pédant et tortueux de plus de dix-huit interminables heures. Chaque épisode ne cherche que constamment à aller à contre courant de toutes productions cinématographiques et séries télévisuelles actuelles. Comme souvent chez Lynch, il a le mérite d'être radical et c'est certainement ce qui est le plus remarquable dans cette saison mais aussi dans notre époque actuelle, de plus en plus balisée. Seulement le cinéaste est devenu une caricature de lui-même. Pire même, il est hautain, aigrit, et paradoxalement à ce que voudrait être cette série, complètement dépassé et démago. Parfois c'est au point de vraiment se foutre de la gueule du monde car il faut voir sa direction artistique, l'indécence des dialogues et de sa direction d'acteur minable (pour rester gentil). Formellement, il a eu les yeux plus gros que le ventre, le budget n'est jamais ajusté à la taille de ses ambitions. Résultat : c'est moche et souvent cheap. Sa suggestion était la force de ses chefs d'oeuvre et même le mystère de la série originale, il n'en a rien retenu.
Son dernier film Inland Empire était son film de trop car il refait ce qu'il a déjà fait auparavant en moche, chiant et prétentieux. Exactement comme cette saison 3, soit le délire de trop qui ne se renouvelle pas et n'offre que de la haine au système actuel avec un regard pour le moins méprisant. Voilà mon sentiment devant ce "truc" indigeste, et pourtant j'aime des films de Lynch. Je suis désappointé d'avoir eu a supporter si longtemps un délire qui démystifie l'univers et la série originale mais aussi un cinéaste que j'apprécie à la base beaucoup. Une immense déception pour l'exécution publique d'une série mythique et surtout de dix-huit heures que j'aurais préféré consacrer à autre chose que tout ce qui se passe par la tête de Lynch. Autant revoir le film Twin Peaks, de très loin bien plus intéressant cinématographiquement, plutôt que de suivre ce chemin de croix d'un cinéaste qui se prend avant tout pour Dieu.
PS: Une récente
ressortie en blu ray vaudrait l'investissement pour sa restauration, d'après les critiques. A voir donc.
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