Réalisation et scénario
: Gregg Araki.
Durée : 1 h 25
Distribution : Juno
Temple, Thomas Dekker, Roxane Mesquida...
Genre : Apocalypse
? Yes.
Synopsis :
Smith s'installe dans un
campus et commence à prendre ses aises. Mais lorsqu'il ingère des
space cookies à une fête, il est persuadé avoir assisté au meurtre
de la fille rousse qui hante ses rêves. En cherchant la vérité il
va découvrir une machination bien plus profonde qui va changer sa
vie, et celle de l'humanité.
Sans atteindre la grâce
et la perfection de Mysterious Skin (difficile en même temps),
Kaboom est un Teen movie complètement déjanté qui fonctionne avant
tout par un coup de coeur du spectateur. Ce dernier risque d'être
autant agacé qu'ennuyé qu'au contraire séduit et dans le trip.
J'ai adhéré.
Tout en gardant les
thèmes d'adolescents qui lui sont chers, Gregg Araki, auteur une
nouvelle fois du scénario, lance le spectateur sur plusieurs
intrigues sans pour autant le perdre. Avec une atmosphère
oppressante, stressante et mystérieuse directement pompée de chez
Lynch (référence assumée de Lost Highway et Twin Peaks par le
cinéaste), le scénario joue avec les codes du Teen Movie, de la
comédie et du thriller paranormal pour en signer un exercice de
style réjouissant. Araki alterne avec habileté le premier et le
second degré pour en faire ressortir un patchwork savoureux rythmé
d'humour, de suspense et surtout de dérision. Un peu comme chez Baz
Lurhmann mais avec plus de goût, tous les clichés sont tellement
grossis à l'écran que rapidement le côté parodique et édulcoré
est une évidence pour le spectateur dès le départ. Ce qui permet
au cinéaste d'emmener son public où il le souhaite et surtout quand
il le veut. Pour notre plus grand plaisir ce brassage virtuose des
genres nous tient en haleine du début à la fin. Rempli de culot et
de non attendu et sans pour autant jamais faire de la provocation
gratuite, le scénario est un exercice de style brillant, autant
ambigu que décontracté. Un trip cinématographique écrit de façon
très équilibré qui fonctionne au poil qui fait de Kaboom un bordel
réjouissant.
L'image, extrêmement
léchée et constamment sur éclairée comme une pub, apporte un côté
clip et pop assez hallucinatoire en contrepoint total à la noirceur
de certains faits de l'intrigue. Un peu comme si Lost highway ou
Donnie Darko étaient retournés avec l'équipe de la publicité de
l'invisible de Dim. Écrit de cette manière on peut penser que ce
serait digne d'un délire des Nuls, mais le cinéaste reste quand
même même plus subtil car il mène un fabuleux et respectueux hommage au thriller Lynchéen en toile de fond. Même si dans le
genre du cliché distorsion, il est parfois tout aussi vachard que
la troupe d'Alain Chabat. Tout du long nous suivons un réalisateur
qui a un sens de l'humour aussi aiguisé que délirant sur
l'apocalypse, la fin du Monde. Sans doute l'ensemble sous emprise de drogue.
Incorrigible, incorruptible et intraitable niveau montage, le
réalisateur californien flirte avec le cinéma intelligent, provocateur et la série B pure. Un peu comme Tarantino avec toute sa
culture cinématographique, Araki fait de même avec le cinéma de
David Lynch, Richard Kelly, Alejandro Amenabar ou encore de Steven
Soderbergh. Sans jamais entrer dans le piège des caricatures (et) de
son scénario, le cinéaste nous emmène dans une originalité et un
rythme effréné. Un pot pourri d'une heure vingt de cinéma
d'auteur, indépendant, du thriller sérieux et de série B avec
parfois une petite allure de bande dessinée. Le tout saupoudré d'un
je m'en foutisme réjouissant qui atteint sa minute de gloire dans la
dernière scène du film. Culte pour les amateurs.
Comment réceptionner Kaboom ? Je dirai comme un film indépendant sans règles, sans
limites, avec de l'humour et une âme d'adolescent (drogué) toujours
hanté sur la sexualité la fatalité et le sens de sa vie. Tout ces
thèmes abordés auparavant chez le cinéaste sont esquissés ici de
manière brève et plus grand public que Nowhere. Kaboom est tout
simplement le genre de film dont rêve tout cinéaste : une carte
blanche qui transpire un atypisme certain, de la provocation, en
hommage à ses œuvres références et le tout avec un style bien
personnel.
Le trip que Terry Gilliam
n'avait pas réussi à tenir avec Las Vegas Parano malgré ses deux
excellents acteurs, Araki le réussit ici sans prétention avec des
jeunes acteurs en grande forme. Kaboom est donc un trip bien ficelé
pour le veinard qui prend un plaisir communicatif avec le réalisateur
de Mysterious skin. Puis un film avec un ton d'auteur et
psychédélique du type des années soixante dix au cinéma est si
rare de nos jours qu'il serai dommage de ne pas y jeter un coup
d'œil. Pour le meilleur ou pour le pire, Kaboom est un film qui
reste en tête, et c'est tout à son honneur.
Note : 9 /10
La dévédethèque parfaite :
Lost Highway de David Lynch, Mysterious Skin de Gregg Araki, En Quatrième vitesse de Robert Aldrich et The Wicker Man de Robin Hardy.
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