Réalisation et
scénario : Spike Jonze.
Durée : 2 h.
Distribution :
Joaquin Phoenix, Amy Adams, Rooney Mara...
Genre : Vous êtes
le Joaquin des hôtes cet Apple store...
Synopsis :
Los Angeles dans un futur
proche. Théodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe,
est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors
inquisition d'un programme informatique ultramoderne, capable de
s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le
système il fait la connaissance de « Samantha », une
voix féminine intelligente, intuitive et drôle. Les besoins et
désirs de Samantha grandissent et évoluent, tout comme ceux de
Théodore, et, peu à peu, tombent amoureux...
Autant le dire de suite,
ce film est une déception. Si j'adore les deux premiers films de
Spike Jonze c'est sans aucun doute parce que les scripts sont signés
du tordu et génial Charlie Kaufman. Depuis le cinéaste avait pour
la première fois rédigé le scénario avec Max et les
Maximonstres, un trip
imaginaire enfantin plutôt mignon aux grandes allures d'un immense clip. Her confirme que Spike Jonze est un peu
comme Michel Gondry. En plus d'avoir tous les deux adaptés
brillamment les scripts de Charlie Kaufman à l'écran ainsi que de venir du
milieu du clip, ce sont deux très bons réalisateurs mais de piètres
scénaristes. Her a reçu l'oscar du meilleur scénario
original, nouvelle preuve que les oscars ne sont toujours pas
objectifs et confirme l'aridité de la créativité de nos jours. Ce
film mériterait plutôt l'oscar de la meilleure idée originale mais absolument pas celui du meilleur scénario original.
Pourtant le film
commençait plutôt bien. Le scénario et la mise en scène soignée
du cinéaste plonge le spectateur dans un futur proche qui touche le
public frontalement. Il est en effet intéressant de voir la
population (du futur vraiment ?) si dépendante à la technologie et
paradoxalement perdre tout contact humain, tout sentiments les uns
vers les autres et réfugier ses émotions dans la technologie.
Théodore (Joaquin Phoenix) a pour travail le service d'écrire des
lettres à la place des gens, un métier qui veut beaucoup de choses.
Théodore est un genre de Cyrano de Bergerac dans l'ère de
l'Iphone, un homme populaire, très sentimental, sensible mais bien
seul comme beaucoup de gens dans cette société. Tout cela est
plutôt prenant mais vite frustrant car le scénario n'ira pas plus
loin.
Her ne se hisse ni
dans la science-fiction et encore moins dans le film satyrique. Il
est hélas dans le film sentimental tout ce qui a de plus classique.
Ma plus grande frustration est de constater que le scénario
n'emprunte que des chemins convenus, uniquement axés sur les sentiments du
personnage, au final assez gnangnans et dénués d'originalités. On
reste dans la norme du film sentimental avec un dénouement qui n'en
est pas vraiment un étant donné qu'il se déroule dans la pure logique des
événements. Quand la dispute (incontournable dans le genre) entre
Théodore et Samantha arrive, j'espérais quelque chose de nouveau,
de surprenant mais ce sera hélas pas le cas. Pendant ce temps, il
est vrai que l'on a le temps de se pencher sur cette histoire
d'amour. Si les thèmes abordés sur les relations, les sentiments,
la complicité entre deux êtres (vivants et/ou virtuels ici) ainsi
que tout ce qui peut graviter autour de la philosophie de l'amour
sont nombreux, rien n'est développé et ne reste que gentiment abordé.
Tout est encore plus mou après la première heure, la mayonnaise ne monte toujours pas a cause d'un
lyrisme particulièrement en manque d'inspiration. Toutes les
approches sont aussi sages et lisses que la mise
en scène ultra stylisée du cinéaste, ce qui fait de Her un produit
100% Hipster.
Heureusement Joaquin Phoenix est un acteur formidable. Son talent permet de rendre le personnage de Théodore attachant
jusqu'à la fin. Le casting qui l'entoure est propre mais aussi
figé que l'intérêt de ce film. La psychologie et la direction des
personnages sont guindés dans les conventions d'écritures du genre.
Le cinéaste ne met jamais le doigt sur les bonnes questions hormis son idée de départ et ne déballe qu'un film sentimental au fond très mièvre. Her a mit son public et l'oscar dans la poche
rien qu'avec l'ambition de son idée principale. Black Mirror,
la série anglaise qui suscite beaucoup d'intérêt sur le pouvoir des écrans, possède un épisode qui ressemble un peu à cette
idée mais avec un être disparu et la série n'est hélas pas pour autant reconnu.
Spike Jonze déçoit donc par son impersonnalité. Cependant il reste
cohérent bien sûr avec son histoire d'amour. L'histoire se termine
bien, même si on la devine dès le début de la relation. Oui elle
se termine bien et j'insiste, même si elle se veut triste. Elle serait
bien plus réussie, plus critique et bien plus intelligente à mon
goût si justement l'aventure, la relation continuait. (Spoiler) La fin est
juste un retour très moralisateur à la réalité avec un dénouement
paradoxalement heureux. (Fin du spoiler, si s'en était un).
Le point de vue du cinéaste est une bluette, une fable toute nulle
dans un sujet que des cinéastes plus engagés auraient certainement
créés la polémique. Her ne risque pas de faire polémique
car il a caressé tout le monde dans le sens du poil avec deux heures
de balivernes frustrantes.
Dommage
que toutes les promesses du début ne soient pas tenues. Spike Jonze
n'est pas un aussi brillant scénariste que Charlie Kaufman mais
s'avère aussi ici être un dialoguiste plutôt impersonnel et pas
vraiment convaincant. Sans ses acteurs Her serait une véritable torture de deux heures dans cette longue
conversation amoureuse d'Hipster pour le moins ennuyeuse.
Her se range
dans la catégorie du film sentimental avec une idée originale. On
peut penser à l'oubliable Monique de Valérie Guignabodet
avec le bon Dupontel ainsi que dans la même veine le très
sympathique Une fiancée pas comme les autres de Craig
Gillepsie où Ryan Gosling y est brillant. Seulement il ressemblerait
au film I love You de Marco Ferreri avec Christophe Lambert.
Remake ou hasard ? On s'en moque, Her est visible dans beaucoup de
films sentimentaux, et souvent en plus distrayant.
Si Her se fond dans
la masse des autres films du genre par sa prévisibilité, sa
mièvrerie il possède un des meilleurs acteurs Hollywoodiens en tête
d'affiche pour le rendre potable. Comme dirait notre Gégé
national dans un de ses plus grands rôles : « C'est un peu court
jeune homme ».
Note : 4 /20
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