Synopsis
:
Quand
Walter White, modeste professeur de Chimie, apprend qu'il a un cancer
incurable, il se lance avec l'aide d'un de ses anciens élève Jesse
Pinkman dans la création de méthamphétamine...
Genre
: Chimiquement vôtre.
Breaking Bad
est une série avec des qualités, des tours de forces indéniables
que je ne peux que saluer. Seulement je la trouve beaucoup trop
irrégulière cela dût à un allongement, un étirement sans doute
un peu commercial qui donne un goût un peu un arrière goût
galvaudé. Les nombreuses lenteurs décèlent les rouages de la
mécanique, pourtant très bien huilé sur le papier. La série
a la grande qualité de jouer en permanence jusqu'à la fin avec les
nerfs du spectateur cela notamment grâce aux personnages qui
évoluent sans cesse progressivement de l'américain basique au
personnage complètement antipathique. Le scénario de Breaking
Bad est surtout cohérent
avec son thème principal : la chimie.
Le
scénario est un immense assemblage de pour et de contre du bien et
du mal, un peu comme une expérience qui va d'un point A un point B.
Si les nuances à mon goût ne sont pas assez appuyées et à la
limite de l'incohérence, tout reste en totale alchimie et les
ressorts sont orchestrés de manière plus ou moins efficace et
précise. Seulement je suis plus resté un simple observateur devant
toute la série, un peu comme devant un tube à essai car les
ressorts du scénario sont tout ce qui de plus mathématiques, froids
et trop calculés. Rapidement il manque le charme d'une œuvre écrite
par un auteur qui a le sens de l'imperceptible et du virtuose. Les
différents rallongements font ressortir toutes les coutures du fil
narratif ainsi que les différentes intentions du scénario ce qui
donne plutôt l'impression de regarder une série bien faite et
ambitieuse mais hélas stagnante. Un peu comme pour la psychologie
des personnages, l'intrigue n'est jamais franche et bien trop peu
ambigüe. Le spectateur reste simple suiveur d'une expérience
chimique. Si les intentions veulent en permanence distancer les
différents personnages du spectateur, il en est de même pour
l'intrigue. On ne s'implique donc pas dans Breaking Bad
on su(b)it souvent l'action qu'on entre ou pas dans la série.
L'originalité et le professionnalisme éblouit beaucoup et porte
admiration mais on reste toujours loin de ses personnages sombres au
final, loin du potentiel installé. L'immersion et le parti prit (bon
ou mal) était pour ma part un peu plus que nécessaire dans une
série si allongée.
Si
le concept de la série est bon, l'interprétation de manière
générale irréprochable et ponctués de beaux morceaux de bravoures
dans certains épisodes au niveau du suspense, Breaking Bad
est de manière générale une série qu'on admire derrière une
vitrine. S'il est vrai que c'est une nouvelle fois cohérent avec son
thème, ça ne lui donne pas le poids face à des grandes séries qui
ont un vrai ton d'auteur et une intrigue dense. Avec un fil
conducteur si cynique, si riche en possibilités et ponctués de
bonnes trouvailles, il est bien dommage que cela soit désamorcés
par ce manque d'ambition, d'un parti prit plus manipulateur. Avec la
recette de toujours vouloir distancer le spectateur, la série ne
s'avère qu'une série calculée ou raisonnée comme celle d'une
formule chimique. Des films avec des personnages antipathiques comme
Scarface de De
Palma ou dernièrement Le Loup de Wall Street
de Scorsese utilisent un point de vue complètement distant avec un
regard acide et cette méthode est tout à fait justifiée et même
indispensable. Pas vraiment dans Breaking Bad car
les intentions finales se veulent plus émouvantes que celle du
simple poisson rouge qu'on critique à tourner en rond dans son
bocal.
Les
personnages eux aussi sont sans cesse présentés au spectateur avec
une totale antipathie. Le scénario nous jette un peu à la figure le
bon et mauvais côté des personnages afin de les suivre comme des
cobayes tout le long. Hélas tout ne fonctionne pas au niveau des
intentions finales au niveau de leur psychologie. Si l'étude humaine
de manière générale est plutôt bien pensée et bouclée,
l'écriture est tellement diluée, allongée que les personnages ont
des réactions et une psychologie qui manque de nuances. Ce sera
Blanc ou Noir et jamais gris. Seul le personnage de Mike reste un peu
ambigu, élégant et mystérieux à souhait, ainsi que le flegmatique
Gus Fring, mafieux pour le coup vraiment inoubliable.
Effectivement
cet étirement, ces lenteurs et cette distanciation abusive font
faire des évolutions brutales qui sautent parfois aux yeux. Skyler
change de camps presque sans aucune étape, Hank ne veut que son
enquête en terrain sans quoi il se transforme en bête inhumaine
envers sa femme. On aura aucun développement sur ses crises. Jesse
change du dealer pervers en émotif amoureux et Walter est borné
tout le temps dans la morale du bon père de famille, alors qu'il
possède une sorte de schizophrénie d'un homme mauvais qui ressort
en coup de folie de temps à autre. Outre son ego et ses actes
meurtriers rien ne sera plus développé. Toutes ses différentes
émotions resteront enfouies en lui jusqu'à la fin. Une sorte de
bombe qui n'explose jamais. Si le tour de force de rendre Walter
White attachant et de plus en plus détestable est globalement
réussi, il est toujours le cobaye du script et finalement un personnage
assez raté psychologiquement. Ces changements de comportements et de
psychologies sont de manière générale très grossiers sur chaque
personnage, ils sont amenés avec très peu de crescendo de tacts et
de subtilités. Ce qui amène a un spectacle un peu frustrant, mais
pas dans le bon sens du terme.
Beaucoup d'épisodes
traînent en longueur et mettent du coup en valeur les rares moments
de suspense que l'on trouve du coup grandiose. Avec le recul ces
derniers moments sont simplement un peu plus mouvementés comparés
au reste. On remarquera tellement peu de suspense de manière
générale qu'outre les trois derniers épisodes de la saison quatre
ainsi que l'épisode quatorze de la saison cinq que tout de suite le
suspense peut vite grandir avec un scénario plus compressé. Le
scénario qu'on désirerait avoir dès le départ. Une recette assez
anecdotique au final dont on s'aperçoit que Breaking Bad
possède avant tout sur un scénario malin et surtout avec des accroches en début
et fin d'épisode ainsi que de ses saisons qui donnent envie de voir la suite, même si on s'est ennuyé tout un épisode. La recette est
particulièrement abusée du début à la fin.
Cependant
la série a tout de même le mérite d'être dans son ensemble
régulière, cohérente et sait également s'arrêter quand il le
faut. Si la troisième saison est inférieure en nous offrant
uniquement une palpitante fusillade, elle est quand même à l'image
de la série : trop irrégulière pour être savoureuse. Alors que
l'épisode pilote dégageait un léger ton des frères Coen, ce
dernier s'évapora très vite car Breaking Bad
n'a rien à voir avec un scénario d'auteur. Le ton est bien plus
proche d'un chimiste, d'un artisan au bon savoir faire calculé que celui
d'un cinéaste doué et authentique. Si cela reste de manière globale
bien fait, bien conçu et bien mené, il faut le petit plus que
les calculs mathématiques pour faire le script d'un film ou d'une
série. Le concept a séduit du monde, je conçois, mais ce n'est ni mérité, ni démérité.
S'il
existait une formule précise pour faire un bon film ou une bonne
série, je pense que pas mal de producteurs se la disputeraient.
Breaking Bad n'est
pas une bonne, ni une mauvaise série elle est simplement originale
et unique de nos jours par son ambition. Pour ma part même si elle a un charme séduisant, cette série est trop calculée, anecdotique et ennuyeuse pour qu'elle entre dans mes
favorites.
Moyenne générale : 5,8
/10
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