Réalisation :
Samuel Fuller
Scénario : Samuel
Fuller et Curtis Hanson
d'après Chien blanc de Romain Gary.
d'après Chien blanc de Romain Gary.
Durée : 1 h 25
Interprétation :
Kristy McNichol, Paul Winfield, Bob Minor, Burl Ives...
Genre : Magistral
plaidoyer.
Synopsis :
Sur les collines
d'Hollywood, Julie, une jeune actrice, renverse avec sa voiture un
berger allemand blanc perdu. En attendant que les propriétaires
récupérent leur chien, elle se prend d'affection pour ce dernier
qui, un soir, la sauve d'un violeur. Cependant il s'avère que ce
chien est un « white dog», un animal dressé pour tuer les
hommes de couleur noire.
Film inédit en dvd et
blu ray dans notre zone, la ressortie en salles fin mai de Dressé
pour tuer a poussé ma curiosité à aller le voir au cinéma.
Bien sûr si uniquement les petites salles parrainées par le CNC le
proposent, il est tout de même extrêmement plaisant de découvrir
des films de cette qualité. Adaptation du roman de Romain Gary Chien
Blanc, le film de Samuel
Fuller est un formidable plaidoyer contre le racisme, un portrait
réaliste et pessimiste sur la race humaine traité avec une
intelligence remarquable. Un film très fort qui mérite d'être
réhabilité d'urgence.
Mis à part quelques
détails vestimentaires très eighties, ce film est concentré du
meilleur du cinéma des années soixante dix autant dans la
forme que dans le fond. Dressé pour tuer possède un sujet
très délicat qui peut vite tomber dans le ridicule, le too much
ainsi que le pathos très lourdingue. Ce ne sera jamais le cas car le
formidable scénario ne tombe jamais dans la niaiserie et défend
intelligemment jusqu'à la fin ses objectifs ainsi que son plaidoyer.
Si l'intrigue paraît simpliste aux premiers abords, Samuel Fuller et
Curtis Hanson (le futur réalisateur de L.A Confidential)
arrivent à établir un formidable crescendo entre thriller
horrifique de série B de grand luxe vers la conquête, l'espoir
d'une reconversion du mal en bien pour le moins bouleversante.
Dressé pour tuer
est un brillant mélange des genres qui mêle de manière magistrale
le drame, l'expressionnisme en lorgnant avec du fantastique. Samuel Fuller
s'en tire avec les honneurs. On retrouve du suspense horrifique, du
drame émotionnel, un soupçon de comédie (sur le cinéma
particulièrement) et surtout une critique extrêmement virulente sur
les vices de la race humaine. Le film dénonce la haine raciale
(racisme) ainsi que l'Être humain et son utilisation matérielle des animaux. Une peinture juste et féroce plombée par un réalisme
scotchant. Le scénario nous porte tour à tour à croire, penser et espérer tout le long à réparer le mal de l'homme sous les traits de ce merveilleux chien blanc, parfaitement
charismatique. Le cinéaste s'applique à filmer les animaux et les
hommes de la même manière et en dégage des portraits fouillés et
très émouvants. A l'aide également une nouvelle fois d'une
merveilleuse bande originale de l'incontournable Ennio Morricone,
l'émotion bouillonne encore plus. Le public est immergé devant ce
bijou terriblement triste, saisit à la gorge par ce suspense
horrifique et émotionnel qui grandit sans cesse jusqu'au bouquet
final, tragique.
Fuller nous donne
l'espoir à l'aide du très juste Paul Winfield dans le rôle du
dresseur auquel le public s'identifie sans mal. Tous les personnages
sont formidables, intenses y compris ce fameux Chien blanc, touchant.
Le cinéaste est très tranchant et sec avec la
transformation de ce chien blanc en animal dangereux et lorgne
proche du meilleur de Spielberg et de Cronenberg. Par la
suite, les scènes étirées au ralenties situées particulièrement
lors des fabuleuses scènes du dressage rajoutent de l'émotion au
suspense permanent. On est plongé dans du De Palma ou du Léone. Le cinéaste signe un résultat atypique, d'une
émotion et d'un suspense absolument magnifique au point de rendre un
film complètement épique. Samuel Fuller réussit à démontrer ses
différents messages et propos avec une mise en scène entre fureur
et une sensibilité émotionnelle époustouflante, sans oublier de particulièrement nuancer l'ensemble. La tristesse, la peur ainsi que la haine
envers la cruauté de la race humaine en général s'installent de
manière viscérale chez le spectateur. Ce dernier est rarement habitué
à voir autant de thèmes soulevés et transporté dans un ballet cinématographique intense. Si White Dog a des allures de Série B c'est aussi parce que la commande originale des Studios pour ce film était un remake des Dents de la Mer de Spielberg mais avec des chiens. Mais ne vous y trompez pas il est rare de voir une œuvre de cette envergure, un peu à l'image du livre de Romain Gary.
Dressé pour tuer
fut proposé à Tony Scott et Roman Polanski avant que ce soit
finalement le cinéaste Samuel Fuller. Avant
même sa sortie en salles, le film fut attaqué par des associations et gouvernements de
lutte pour les droits civiques malgré son message anti raciste. Un
boycott a rendu ce chef d'œuvre complètement transparent et
inconnu du grand public. Une bien triste histoire également pour ce
fabuleux White dog qui est pourtant bien plus pertinent,
intelligent, original et surtout beaucoup plus réussit que beaucoup
de films qui ont abordés ces thèmes. Un tourbillon cinématographique dense, passionnant et rare un peu à l'image du roman de Romain Gary. L'auteur lui dans son livre va plus loin dans sa démonstration avec la démarche du dresseur qui va jusqu'à inverser l'utilisation du chien sur les hommes de couleur blanche. Si le livre de Romain Gary est un peu foutraque dans sa forme, son fond et ses envolées de styles et philosophiques sont absolument sublimes. Chien Blanc est un pensum réfléchi sur le racisme formidable. Je recommande autant la lecture du livre que la vision du film. Tous les deux différents mais superbes et passionnant dans le sujet.
Dressé pour tuer
est un formidable coup de maître pour le moins atypique à
voir, à redécouvrir, absolument à la seule condition de ne pas
être déprimé de la race humaine.
Note : 10/10
La
dévédéthèque parfaite dans le même genre :
Taxi driver de
Martin Scorsese, Il
était une fois la Révolution de Sergio Léone, Les dents de
la mer de Steven Spielberg, La mouche de David Cronenberg
et Obsession de Brian De Palma.
2 commentaires:
Voilà qui donne envie, je l'ai à portée de main depuis quelques temps il faut absolument que je saute dessus !
Oui c'est un gros coup de coeur ! On dirait du Brian De Palma et du Sergio Leone avec un message touchant ! C'est triste qu'il ne sorte pas en support en Europe
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