Réalisation :
David Gordon Green
Scénario : Gary
Hawkins
Durée : 2 h.
Interprétation :
Nicolas Cage, Tye Sheridan, Gary Poulter...
Genre : Clichés
violents
Synopsis :
Dans une petite ville du
Texas, l'ex-taulard Joe Ransom essaie d'oublier le passé avec une
vie de monsieur Tout le monde le jour en tenant une entreprise de
bois. En s'immolant dans l'alcool la nuit. Gary, un jeune homme de
quinze ans à la vie familiale complexe va être embauché par Joe
pour subsister aux besoins de sa famille. Cherchant la rédemption,
Joe va prendre Gary sous son aile.
D'un côté plaisant de
revoir Nicolas Cage dans un rôle plus intéressant que ce à quoi il
nous a habitué ces dernières années et le retour de Tye Sheridan,
avec certes des boutons d'ados partout, après l'excellent Mud.
D'un autre assez décevant avec un film souvent mal écrit et surtout
dépourvu subtilité, je suis sorti de la séance de Joe très
partagé.
Tout le monde vantait
avec ce film le retour du grand Nicolas Cage ce qui faisait une
certaine forme de promotion pour ce film assez ridicule. Nicolas Cage
est un excellent acteur qui n'a rien à prouver avant même sa
consécration pour Leaving Las Vegas. Ici l'acteur est dans un
rôle qui aime encore bien la bouteille, moins que dans le film de
Mike Figgis mais quand même pas mal, et interprète Joe, un ex
taulard alcoolique en quête de rédemption. Son personnage est bien
plus antipathique que sympathique contrairement a ce que veut nous
prétendre le film. Psychologie et scénario ne possèdent absolument
aucunes nuances. Ce qui est rare a un tel point que je pense que
c'est vraiment un parti pris. Pas de subtilité donc, ce sera le bien
d'un côté, le mal de l'autre et bien distant l'un de l'autre. Le
problème dans tout cela est que le film est un peu bâtard lui aussi
en ne trouvant pas vraiment d'harmonie.
Niveau cliché et
violence c'est l'apothéose, voilà sûrement ce qui rend ce film si
particulier. Les personnages sont tous prisonniers de leur démons, condamnés par un alcoolisme évident. Seulement David Gordon Green
n'est pas John Huston. Cela se voit car le cinéaste n'accentue que
le mal, ne développe rien si ce n'est que la violence superficielle
des alcooliques. Le spectateur suit ses personnages tous horribles et
antipathiques qui n'ont pas vraiment de profondeur. Même le jeune
et gentil bouc émissaire Gary (Tye Sheridan joue quand même juste)
n'a aucune raison de croire encore à son père, ce dernier n'est
présenté par le scénario uniquement comme un ignoble alcoolique
(effrayant Gary Poulter). La relation entre Gary et Joe ou même le
vrai père est complètement zappée, aux oubliettes. En revanche la
haine que le public exerce sur ses personnages est vraiment réussie.
Pour cela il faut avouer que ce film possède la force et
l'originalité d'avoir des personnages abominables et parfaitement
détestables comme on voit assez rarement.
Le scénariste du premier
film de Jeff Nichols Shotgun Stories n'a pas su tirer avec Joe
un vrai film sur les campagnes profondes sans alourdir les clichés.
Si le scénario n'a également pas grand chose à raconter, il n'y va
pas de main morte. Joe, si
on reste dans l'esprit du script, n'est qu'une histoire de violence
et de vengeance entre péquenots alcooliques filmés avec sérieux.
Seulement on dirait que ce film est un exercice de style : celui
d'appuyer un maximum les clichés pour faire en ressortir uniquement
le côté réaliste et violent au point de ne pas avoir honte et
assumer. Pour en faire un film tellement noir stupidement qu'il en
est attractif. Le grand manque de subtilité est parfois tellement
poussé que le personnage de Joe (Nicolas Cage toujours très pro
sans fond vert) se limite à vouloir juste se payer une prostituée
dans la foulée d'un conflit intense pour « se détendre ».
Le tout accentué de violence gratuite au niveau de la mise en scène,
Joe est tellement sombre et pessimiste si on enlève la
lamentable et niaise conclusion qu'il attise bien la curiosité.
La grande question reste
de savoir si tout cela est vraiment fait exprès. De tels clichés,
si mal assemblés et filmés si sérieusement a tout d'un film raté.
Cependant d'un autre côté, le cinéaste prend sa caméra (épaule
pour changer) et suit de manière peu conventionnelle au scénario,
le désespoir, la violence de ces hommes avec quelques moments pour
le moins forts et inattendus. La séquence du père de Gary suivant
un clochard pour une bouteille de vin est une parenthèse
imperceptible dans la narration qui dérange de manière
particulièrement efficace.
Tout est si poussé à
l'extrême qu'à défaut de détester ou d'adorer, j'en repars avec
un avis plus mitigé qu'autre chose sur les intentions du cinéaste.
L'impression que le cinéaste a voulu détruire complètement ses
personnages car ce n'est pas possible d'avoir un tel vide total à
raconter sans en avoir conscience. Gordon Green se serait uniquement
appliqué sur un portrait très pessimiste et réaliste plus choc en
toc qu'intelligent. A vous de voir, mais Joe n'est pas vraiment un bon film, ou en tout cas un film dispensable.
Note : 4,5 /10
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