mardi 31 janvier 2017

Live By Night



Après trois films réussis, Ben Affleck se lance pour la deuxième fois dans l'adaptation d'un roman de Dennis Lehane. Cette fois il a eu les yeux plus gros que le ventre, son film manque de souffle et de consistance. Malgré un soin méticuleux dans sa mise en scène, c'est un premier faux pas pour l'acteur et réalisateur. 

Le scénario est frustrant car il nous fait suivre une multitude de personnages et d'intrigues dans un contexte intéressant mais ne prend pas la peine de bien les développer. On retrouve un pot pourri de ces trois précédentes réalisations, en moins bien. Dans le genre du film de gangster, rien de neuf et cinématographiquement, hormis une belle photographie et une ou deux idées de plan par ici ou par là, il n'y a rien à se mettre sous la dent. L'interprétation est à l'image du reste, plate et sans relief. 

Tout le long, on ne sait pas trop dans quelle direction le cinéaste se dirige, ni même ses intentions niveau dramaturgie. Comme je le disais plus haut, tout manque cruellement de souffle. Je me suis ennuyé ferme car il n'y a vraiment aucun moteur, aucune énergie si ce n'est de voir Ben Affleck faire et jouer dans un film de cette époque. Les dialogues sont ternes, les personnages et les intrigues pas ou peu développés, la musique illustrative, la mise en scène sans cesse avortée et l'émotion rapidement relayée au rayon du cliché. En plus Ben Affleck sous son costume a du mal à rendre son personnage vivant, un se croirait au Musée Grévin. Comme trop respectueux ou incapable d'assumer de faire des coupes, Ben Affleck illustre et croule très rapidement sous le poids de ses ambitions. Live By Night est un roman platement adapté à l'écran avec une linéarité et un enchaînement d'intrigues qui s'enchaîne sans rapport de force, un peu comme l'a été le Da Vinci Code de Ron Howard. 

On peut sauver quelques courses poursuites ou fusillades, à la rigueur quelques plans travaillés, si on a pas vu des films de Michael Mann. De manière générale Live By Night manque d'un metteur en scène et d'un scénariste plus radical comme l'a été ce même Michael Mann avec Public Ennemies. Ben Affleck marche une nouvelle fois sur les pas de ce grand cinéaste mais cette fois il se prend les pieds dans le tapis. Rien de déshonorant mais son film est loupé, ça peut arriver aux plus grands. 


Réalisation et scénario : Ben Affleck
Durée : 2 h 
Interprétation : Ben Affleck, Zoe Saldana, Chris Cooper, Elle Fanning, Sienna Miller, Brendan Gleeson, Scott Eastwood...

dimanche 22 janvier 2017

La La Land



Après le détonnant Whiplash, le jeune réalisateur Damien Chazelle rend hommage à la comédie musicale avec La La Land. S'inspirant d'Une étoile est née de George Cukor et New York New York de Martin Scorsese, le scénario n'a pas les intentions de faire un chef d'oeuvre mais de rendre un hommage vibrant au cinéma et à la musique. Une nouvelle réussite pour ce jeune cinéaste qui s'affirme définitivement comme un des plus grands cinéastes, un des indispensables à suivre dans les années à venir. 

Le film commence comme une pure comédie musicale en plan séquence complètement fou et euphorisant pour aller lentement dans un rythme beaucoup plus jazzy et à la touche mélancolique. Toujours sur le fil du rasoir et avec un équilibre et une alchimie bien pesée et bien pensée, La La Land repose sur la mise en scène et le magnétisme des deux acteurs. Bien qu'il ne soit ni danseurs, ni chanteurs les acteurs sont parfaitement dirigés et leur magnétisme est utilisé à bon escient. 

Porté par deux heures de musique (on dirait un concert ou un opéra, moins un film) on retrouve constamment, l'amour et le respect communicatif du cinéaste de la vieille époque avec le côté très puriste du jazz et du cinéma. Opposé délicatement à ceci on se retrouve avec la vision plus moderne et réaliste comme quoi on ne peut pas vivre dans le passé et rester complètement puriste. Les intentions du cinéaste ont changés, bien que similaires, et sont à l'image de JK Simmons (encore lui mais cette fois patron d'un club de jazz) dans ce film, une main de fer dans un gant de velours. 

La La Land est un faux feel good movie, un film musical à la fois enchanteur et mélancolique, drôle et amer à la fois. Le cinéaste joue sur une palette vaste de tons, sans en prendre un véritablement avant le bouquet final, d'une superbe classe. Avec un discours frais et moderne, le cinéaste ne dit pas c'était mieux avant, ni que c'est mieux maintenant il fait un état des lieux juste et pertinent sur la création et le métier d'acteur et de musicien aujourd'hui. Si tout repose sur une simple histoire d'amour à aucun moment on sent de faiblesse ou de passage à vide. Cela même si avec un peu plus d’approfondissement narratif le film aurait sans mal gagné en originalité.  

Comme Hugo Cabret de Martin Scorsese et The Artist de Michel Hazanavicius, on peut retrouver les qualités et les défauts de ces hommages au cinéma dans ce La La Land. Cependant il y a une qu'on ne peut absolument pas remettre en cause ce sera le talent des cinéastes et leurs démarches sincères derrière tout cela. La La Land est à ne pas rater car c'est tout simplement du très bon cinéma. 

Réalisation et scénario : Damien Chazelle
Durée : 2 h 
Interprétation : Emma Stone, Ryan Gosling, John Legend, J.K Simmons...

dimanche 15 janvier 2017

Nocturnal animals



Après le maîtrisé A single man, Tom Ford se faisait attendre pour sa seconde réalisation. Une nouvelle fois un casting sensationnel est là pour le plus grand plaisir du spectateur. Le cinéaste touche à un genre qui lui correspond je pense beaucoup mieux : le thriller. 

La mise en scène de Tom Ford est d'une froideur mécanique qui faussait hélas un peu trop son premier film lors de ses moments émotionnels. Je m'étais poliment ennuyé malgré une superbe mécanique. Tom Ford cette fois a toujours du mal à glisser des émotions mais ici c'est plus à son avantage car toutes les scènes de pur thriller sont brillantes. Les scènes sentimentales sont bien faites, souvent belles mais ne sont pas à la hauteur de la partie fictive, mais surtout des ambitions de départ. Malgré cela un certain trouble reste présent jusqu'à la fin car le spectateur se retrouve quelque part entre le cinéma de David Lynch et de William Friedkin. Même de Sam Peckinpah sur une course poursuite et un "accident" pour le moins déroutant et dérangeant. 

Malgré le fait que le film soit glauque et angoissant, il y a un certain plaisir de voir un thriller si dépouillé et millimétré. Le plaisir du romancier et du lecteur se perçoit dans ce film qui prend le temps de nous intriguer. Si je pense qu'un peu plus d'audace au niveau du scénario serait le bienvenu dans les parties actuelles, le film tient une authenticité assez impressionnante. On retrouve un sens de la photographie et du montage stupéfiant de maîtrise et des acteurs qui sont là pour donner du corps a l'ensemble. Ce qui est un bien car les dialogues et les scènes sont très froides elles aussi. Si Amy Adams, Jake Gyllenhaal et Michael Shannon sont depuis longtemps des acteurs qui ont fait leurs preuves, c'est au tour d'Aaron Taylor-Johnson d'impressionner particulièrement avec son rôle de cabotin violeur. L'acteur tient ici une prestation de grande qualité qui mérite d'être soulignée.

Nocturnal animals est un thriller froid, sec, prenant et parfois âpre mais reste limité. Avec plus de développement ou moins d'ambition ce serait un grand polar. Peut-être que Tom Ford devrait la prochaine fois adapter un scénario au lieu de les écrire histoire de mettre un pied "dans la réalité". Globalement on peut une nouvelle fois remercier les acteurs de rendre le résultat vivant. Le célèbre couturier est un beau faiseur et prouve définitivement qu'il sait tailler aussi bien les films que les vêtements, mais il manque un peu d'âme pour convaincre totalement. 

Réalisation et scénario : Tom Ford 
Durée : 1 h 50 
Interprétation : Jake Gyllenhaal, Amy Adams, Michael Shannon, Aaron Taylor Johnson...

samedi 14 janvier 2017

Neruda



C'est donc avec ce drôle de biopic que je commence l'année 2017. Premier film également que je vois Pablo Larrain, un cinéaste au talent indéniable. J'étais aussi néophyte sur le poète chilien que je ne connaissais que de nom avant. En gros c'est dans la totale inconnue que je me suis plongé dans ce Neruda. Ne serai-ce que pour ses qualités scénaristiques, le film vaut le coup d'oeil. 

Après Paterson de Jim Jarmusch, la poésie est une nouvelle fois à l'honneur mais cette fois de manière beaucoup plus politique et imbriquée, impliquée dans la narration. Neruda est un film politique, c'est d'ailleurs déroutant quand on ne connaît pas cette période de l'Histoire. Bien que ce soit traité avec humour et une légèreté bienvenue, j'ai eu un peu de mal à m'accrocher à la première heure car le film traite purement de l'Histoire du Chili. Ensuite l'originalité du scénario prend magistralement le dessus pour une dernière demie heure magistrale autant dans la mise en scène que par son récit audacieux. L'ensemble reste tout de même grandiose et audacieux notamment aussi grâce à des acteurs excellents. 

Cette revisite du biopic est très saisissante, surtout à l'heure où ce dernier est ennuyeux par leur platitude. Le genre est toujours victime des codes classiques ou de la recette de la performance d'acteur pour que le film soit automatiquement nominés aux Oscars. Rien de tout ça, ici. Tout explose en finesse et on se retrouve plus vers la démarche d'Amadeus de Milos Forman et d'Arrête moi si tu peux de Steven Spielberg. Seulement on est également vers une démarche aussi astucieuse que François Ozon avec Dans la maison ou l'on joue avec les personnages principaux et les nerfs du spectateur. Trois grands films dont Neruda n'est que comparable dans sa démarche car il est et restera un film unique. C'est ce qui fait la marque des grands films. Neruda en fait partie. Cela bien que moyennement convaincu par certains moments de mise en scène, le film est passionnant et même aujourd'hui exceptionnel de voir un biopic qui s'approprie aussi intelligemment de son sujet. Le scénario n'oublie pas d'être original, subtil et fidèle à la fois. 

J'attend de pied ferme Jackie le mois prochain du même réalisateur. Cette revisite du biopic me fait ranger Pablo Larrain dans la catégorie des cinéastes aussi ambitieux que talentueux tels que Milos Forman ou Todd Haynes. Forcément un rattrapage s'impose de mon côté et si vous cherchez de l'originalité et du bon cinéma allez voir Neruda, vous ne serez pas déçu. 

Réalisation : Pablo Larrain
Scénario : Guillermo Calderon
Durée : 1 h 40
Interprétation : Luis Gnecco, Gael Garcia Bernal, Mercedes Moran...



mardi 10 janvier 2017

Gangs of New York



Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : Kenneth Lonergan, Steven Zaillan et Jay Cocks
d'après le roman de Herbert J.Asbury
Interprétation : Leonardo DiCaprio, Cameron Diaz, Daniel Day Lewis, John C.Reilly, Liam Neeson, Jim Broadbent, Bredam Gleeson...
Genre : Fresque tronquée

Un peu comme La dernière tentation du Christ on peut parler de film maudit pour Martin Scorsese. Mainte fois repoussé, Gangs of New York se réalise trente ans après les premières ébauches de scénario du cinéaste. Lors de l'écriture, les frères Weinstein veulent avoir le dernier mot encore une fois. Pendant le tournage les producteurs coupent les fonds ce qui enlèvent des centaines de figurants par jour obligeant à changer les planning et plans du cinéaste en permanence. Quand le film doit sortir sur les écrans c'est la semaine suivante du 11 septembre 2001. Il était donc hors de question de sortir un film de violence en plus sur New York pendant cette période. La sortie est donc repoussée de deux années. A savoir aussi que tous les costumes du film ont disparu dans les attentats de New York, ils étaient stockés proche du World Trade Center. 

Gangs of New York était attendu au tournant mais il arrive malheureusement après Raging Bull, Les Affranchis, Le temps de l'innocence et surtout Casino. Si Scorsese bien entendu ne se contente pas de faire de la redite dans sa mise en scène, la multitude de thèmes présents dans le scénario, tous purement Scorsesien, nous font attendre à son chef d'oeuvre. Malheureusement il n'en sera pas le cas à cause de ses nombreuses parties tronquées qui donnent un film inachevé, ceci malgré de beaux morceaux de bravoure. Quand on visionne et revisionne le film, on se retrouve devant du bon cinéma surtout par le talent du cinéaste et la prestation exceptionnelle de Daniel Day Lewis. A eux deux ils sont les deux grands monsieurs qui donnent un rythme cardiaque à un scénario qui hésite du début à la fin entre la trame classique et historique et le pur film de vengeance et religieux. 

Malgré tout cela on voit que le sujet passionne le cinéaste. Martin Scorsese n'oublie pas de renouveler sa mise en scène avec une bataille en introduction qui reste dans les mémoires et de rester un superbe metteur en scène de tragédie humaine jusqu'à la fin. A chaque séquence du film on ressent la force, le charisme de faire un grand film mais la structure et la durée n'est pas suffisante. C'est un peu comme la même impression que l'on a quand on oppose DiCaprio et Day Lewis : on a d'yeux que pour Bill Le boucher, le second rôle, soit le sous texte du film. Cameron Diaz a son rôle le plus important de sa carrière mais reste oubliable car son personnage n'est pas assez bien développé. Pour la première collaboration de DiCaprio avec Scorsese, le personnage est pas mal mais son interprétation un peu lisse. On apprécie tout de même un casting grandiose et choisit avec soin. Robert De Niro devait jouer à la place de Daniel Day Lewis mais finalement c'est mieux comme ça,. Ce dernier donne une autre dimension, une autre étiquette qu'un Scorsese De Niro a un film qui n'avait pas besoin de ça. 

Un peu à l'image de Ragtime de Milos Forman, Gangs of New York fascine autant qu'il frustre par ses nombreuses pistes scénaristiques sabotées. On est pas dans les grandes fresques intenses de Sergio Leone mais dans des films qui mériterait deux parties, comme 1900 de Bernardo Bertolucci. On note quand même de manière générale un savoir faire agréable et un beau moment de cinéma, bien meilleur que beaucoup de films que l'on a l'habitude de voir sur les écrans. De bons dialogues, une belle mise en scène et des acteurs qui font le boulot, on ne peut pas dire que le fond ne soit pas traité non plus. Il met en avant cette époque où New York n'était qu'une grosse pomme bien pourrie (comme une mafia) par des différents pays européens. L'époque est passionnante, le film est trop court et classique pour en faire un grand film, surtout quand on sait que c'est Martin Scorsese derrière la caméra. 

Je considère ce film comme un bon Scorsese (j'aime tous les films du cinéaste cela dit mais pour des raisons différentes) mais qu'il aurait été bien meilleur si les scénaristes et lui même avaient eu plus de temps et de moyens de mieux développer ce projet. Une fresque malade mais qui offre une dose de grand cinéma non négligeable. Oui l'intrigue principale n'est pas aussi intense et intéressante que les intrigues, les détails secondaires mais s'il y a bien un personnage purement dans la trempe des plus grands films du cinéaste et qui n'est pas raté c'est celui de Bill le Boucher. La confrontation et le film même se résume à une scène géniale quand Daniel Day Lewis demande à DiCaprio de se présenter. Il répond "Amsterdam" quand Bill le Boucher en riant lui répond "I'm New York". 

Note : 7 / 10


lundi 9 janvier 2017

La fille de Brest



Après le nerveux La tête haute, Emmanuelle Bercot s'attaque à l'actualité brûlante de l'affaire du Médiator. La cinéaste confirme définitivement qu'elle est meilleure cinéaste qu'actrice en mettant en scène ce film dossier que Costa Gavras ne rechignerai pas de réaliser. La fille de Brest est un portait de femme fort sur un sujet important et essentiel. 

Sur le papier on peut craindre à une redite du film de Steven Soderbergh Erin Brockovitch. Heureusement pour nous c'est différent notamment par ces scènes glauques d'autopsies. On est dans le pur film dossier intense avec des étapes bien précises parfaitement amenées. On avance lentement mais sûrement avec des personnages gentiment esquissés attachants et surtout rempli de rage de vaincre. L'an dernier le brillant film Le Labyrinthe du silence m'avait passionné et redonnait des lettres de noblesse au genre. Dans La fille de Brest, Emmanuel Bercot possède un sujet récent et casse gueule. Par chance elle a un très bon scénario. La cinéaste avec une grande maîtrise l'adapte avec une solide mise en scène qui oscille entre le téléfilm léger et les morceaux de bravoure bien concis et scotchant. Si par moment on peut noter une certaine irrégularité, on ne peut quand même enlever une nouvelle fois la sincérité et l'énergie de la cinéaste. 

Emmanuelle Bercot fait un état des lieux qui fait froid dans le dos dont l'énergie principale passe essentiellement par l'actrice principale. Sidse Babett Knudsen réalise ici une indéniable performance, elle est le moteur du film et oublie un peu de nuancer son personnage. Elle a tellement d'énergie qu'elle en devient à longue épuisante et empêche de donner un peu de remou, de sensibilité qui serait par moment essentiel au film. Emmanuelle Bercot a du confondre énergie et subtilité mais comme pour La tête haute tout passe plutôt bien. On pense plus à la force des bons films qu'au plus simple téléfilm. Comme souvent les autres interprétations sont en dents de scie, dans le lot Benoît Magimel est en bonne forme et reste la seule nuance dramatique. 

Le sujet du médiator est en lui même très fort et universel. C'est un sujet de santé et d’intérêt public qui peut toucher n'importe qui. Cette difficile victoire est le premier pavé dans le mare auprès des grandes grandes firmes intouchables de ce monde et d'un milieu à complètement revoir. Un peu comme Spotlight oscarisé cette année, c'est un film important même si l'ensemble reste très classique. On retrouve une certaine sobriété, un sujet assez fort et proprement traité pour ne pas être déçu de l'expérience. Dommage qu'il manque du souffle cinématographique derrière tout ça sans quoi on aurait droit à du grand cinéma. 

Réalisation : Emmanuelle Bercot 
Scénario : Séverine Bosschem et Emmanuelle Bercot
Durée : 2 h 
Interprétation : Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Isabelle de Hertogh, Gustave Kervern...

dimanche 8 janvier 2017

Sing Street



Incontestablement mon gros coup de coeur musical de l'année 2016. Sing Street est un splendide feel good movie extrêmement revigorant et bourré d'énergie par le réalisateur de Once et New York Melody

Sur fond de Teen movie, John Carney écrit une fiction musicale pleine d'humour et de sentiments. Un vrai plaisir musical se dégage du début à la fin et le scénario n'oublie pas de jouer avec la mode et les mœurs de l'époque. Le tout est porté par des personnages bien troussés et surtout campés par de jeunes interprètes talentueux. La légèreté et la simplicité sont sans doute les deux ingrédients phares de ce Sing Street qui permettent rapidement à l'ensemble de décoller et se démarquer des autres films. 

Impossible de ne pas penser au film d'Alan Parker Les Commitments par moment. Heureusement le cinéaste par sa sincérité et sa fraîcheur donne au film rapidement une personnalité et une authenticité. Contrairement à ses deux précédents films réussit cette fois à dépasser le film musical sympathique. Il y a dans Sing Street la fameuse touche anglaise qui change tout et fait plaisir à voir et entendre, donnant incontestablement une âme à l'ensemble. Une pêche monumentale se dégage du film et on ressort avec l'envie de faire de la musique et surtout de le revoir. 

Bande originale brillante, drôle et sensible sans jamais entrer dans la niaiserie, Sing Street est un divertissement de luxe et généreux rempli d'énergie positive qui est à voir et revoir. John Carney a trouvé le meilleur remède contre le "blues".  

Réalisation et scénario : John Carney
Durée : 1 h 40
Interprétation : Ferdia Walsh-Peelo, Lucy Boynton, Jack Reynor, Maria Doyle Kennedy...


samedi 7 janvier 2017

Sully



Après le très discutable American Sniper, Clint Eastwood continue son étude sur le héros américain des temps modernes. Sous son allure de film simpliste se cache une oeuvre faussement mineure. Oui Sully est sans doute son film le plus prenant depuis L'échange et son plus novateur depuis Mystic River

Il y a quelque chose qui empêche Sully d'être un grand film. Je dirais le manque de force, d’ambiguïté et d’intérêt lors du procès durant la seconde partie du film. Seulement c'est aussi la force, l'authenticité du film. Traité à la manière d'un feel good movie héroïque assez sérieux, Sully se termine avec un message d'espoir sur l'espèce humaine. Dans un monde bercé par la peur, le terrorisme ou encore le traumatisme, on retrouve la foi du metteur en scène et des personnages à toujours croire au miracle. Traité avec une pudeur et une élégance faussement académique propre à Clint Eastwood, tout devient intéressant. Cette brillante reconstitution à la fois sobre et spectaculaire de cet événement extraordinaire vaut le coup d'oeil. 

Le film bien entendu laisse planer le traumatisme du onze septembre, les scénarii possibles et imaginables si l'avion s'était crashé en pleine ville dans les cauchemars de Sully. Le plus flagrant c'est de découvrir un pilote d'avion, responsable de la vie de plusieurs personnes, acclamé en héros alors qu'il fait seulement son "travail"  comme tout capitaine pensant avant tout à la vie des passagers. Nous sommes dans un monde ou le moindre geste d'humanité reste remarquable. Le plus grand miracle n'est pas seulement le geste mais que tout le monde soit sorti indemne. Au cinéma en pleine mode des films super-héros Eastwood nous offre un bain de fraîcheur qui fait du bien. Après le très bon Pont des espions de Steven Spielberg, Tom Hanks se retrouve dans le rôle du héros modeste. Son interprétation subtile ne manque pas de nous épater une nouvelle fois. 

Dans American Sniper je reprochais au cinéaste de trop se coller à l'extrême patriotisme de son personnage principal, au point de flirter avec la propagande. On retrouve dans Sully pas mal de points communs avec ce dernier sauf qu'ici le personnage est beaucoup plus humain. Du coup tout passe beaucoup mieux, le message est même beaucoup plus universel. Le recul dont avait besoin American Sniper était moins nécessaire ici, mais il est tout de même bien plaisant laissant au film une belle matière à reflexion. 

Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : Todd Komamicki
Durée : 1 h 30
Interprétation : Tom Hanks, Aaron Eckhart, Laura Linney...

vendredi 6 janvier 2017

Tu ne tueras point ( Hacksaw Ridge )



Je n'ai jamais aimé un film de Mel Gibson (je n'ai pas vu son premier film L'homme sans visage) mais j'ai pas de mal à avouer que son dernier film Tu ne tueras point est ce qu'il a fait de plus abouti. L'acteur de Mad Max réussit à travers l'histoire de cet héros de guerre ce qu'il a tenté de faire avec son hideux La passion du Christ avec la forme efficace et ultra violente de Braveheart et Apocalypto

La narration classique et les nombreux clichés sont le socle de ce film de guerre qui a un goût de déja vu parfois amer. Permanent ce déjà vu freine toute personnalité, coupant toutes les ailes d'un film qui ne demanderait que de gagner en authenticité. Cependant le cinéaste est si sincère qu'il rend l'ensemble assez intègre et humble pour attirer notre attention. Les scènes de batailles sont aussi impressionnantes qu'immersives, la violence omniprésente rend le spectacle fou et pour la première fois est essentielle aux propos du film. Le cinéaste a trouvé cette fois le bon compromis entre le fond et la forme, et c'est une bonne nouvelle.

Si Mel Gibson a toujours ses thèmes et ne les nuance pas assez à mon goût, heureusement qu'il suit un héros qui bouscule le système en étant un pur croyant et patriote américain. Si on peut regretter un traitement trop superficiel des nombreuses étapes, celle de refuser de toucher une arme à l'armée, on ne peut enlever le côté iconique que ce dernier obtient dans la dernière partie. Si c'est lourd de faire gagner les américains après son acte de bravoure, il y a tout de même un superbe message sur la croyance, la foi et l'espoir dans les situations les plus désespérées qui se dégagent de tout cela. Le côté immersif de la seconde partie a fait son effet sur le spectateur.

Mel Gibson réussit tout ce qu'il a tenté de réaliser dans ces trois précédents films et c'est tout à son honneur. Ce n'est pas un grand film mais un acte de bravoure avec autant de dejà vu et de classicisme que de choses intéressantes et parfois viscérales. Andrew Garfield est aussi beaucoup pour la réussite et la cohérence du film, il est impeccable et aussi sincère que Mel Gibson. Une curiosité réservée tout de même aux âmes averties, les fans des précédents films de Mel Gibson seront aux anges.

Réalisation : Mel Gibson
Scénario : Robert Schenkkan et Andrew Knight
Durée : 2 h 20
Interprétation : Andrew Garfield, Vince Vaughn, Sam Worthington, Hugo Weaving...

jeudi 5 janvier 2017

Alliés ( Allied )




Même quand c'est un film conceptuel ou mineur de Robert Zemeckis, il y a toujours un gage de qualité. Alliés fait partie de la seconde catégorie, un genre de remake dispensable du grand classique Casablanca de Michael Curtiz. 

Sans le très bon savoir faire du metteur en scène, Alliés ne serait pas intéressant, ni distrayant d'ailleurs. Le scénario est beaucoup trop classique, peine à décoller et gagne en intérêt seulement au bout d'une heure après l'arrivée de l'enfant. Le double jeu de Brad Pitt devient alors plus saisissant. Au final tout restera assez sous écrit, ce qui est étonnant pour un scénariste qui a écrit Les promesses de l'ombre de David Cronenberg. Le film atteint ses limites rapidement car tout reste convenu et déjà vu, malgré de très bonnes scènes d'actions et d'intensités sur le territoire français. 

Les acteurs font le boulot, le plus savoureux restera d'entendre Brad Pitt parler français, et dire même "papier cul", avec un accent à couper au couteau. On est loin d'un film d'interprétation mais les deux acteurs rendent tout de même vivant des personnages classiques avec une sobriété bienvenue. Le cinéaste en plus de son savoir faire toujours millimétré, s’intéresse suffisamment à l'histoire d'amour entre les deux personnages principaux pour faire vivre un script qui manque de passion et d'ampleur. 

Le réalisateur de Seul au monde a le bon goût de rester sobre et de ne pas en faire trop afin de rendre crédible une histoire qui s'oublie facilement. Le scénario manque d'ambition, le cinéaste l'a bien compris et fait le minimum pour rendre une copie propre. Une scène d'amour dans une voiture en pleine tempête de sable et le final, toujours dans une voiture, resteront peut-être ce qu'il y a de plus marquant dans ce film. Avec le recul je reste songeur si un certain David Fincher se serait penché dessus avec un scénariste plus ambitieux. 

Réalisation : Robert Zemeckis
Scénario : Steven Knight
Durée : 1 h 55
Interprétation : Brad Pitt, Marion Cotillard, Jared Harris, Lizzy Caplan...




mercredi 4 janvier 2017

Manchester by the sea



Manchester by the sea est un film exemplaire, une rareté qui sort du lot de tous les drames ou mélodrames que l'on peut voir ces dernières années. On y retrouve la force et la grâce des grands classiques de l'âge d'or d'Hollywood avec un rôle principal marginal, torturé et incroyablement émouvant, un rôle typiquement du cinéma des années soixante dix. 

A chaque plan on sent derrière le travail d'un cinéaste simple, sensible et très subtil qui offre au spectateur un équilibre absolu et une intensité dramatique sidérante. Le tout avec le grand tour de force de ne jamais entrer ni même flirter avec le pathos. L'interprétation est aussi une grande réussite, Casey Affleck est splendide tout comme le reste de la distribution. Avec son léger sourire en coin de lèvre quelque soit les moments de sa vie, il est le mélange sobre et élégant de James Dean et de Burt Lancaster. 

La narration est composée de nombreux flash-back, qui ne sont pas jamais déroutants et dévoilent avec mélancolie des bribes du passé du personnage principal. On sent une narration sensible qui n'entre jamais dans les codes d'écritures classiques. Le scénario suit le temps qui passe et brasse avec délicatesse un thème fort comme le deuil. Depuis la brillante série Six feet under, je n'ai pas vu un film aussi brillant et réussit sur ce thème, pourtant assez présent dans le cinéma. Simplement parce que les étapes de la vie du personnage sont traités avec finesse et légèreté. Bien d'autres sujets sont traités comme l'éducation, la reconstruction après un drame, l'absence de communication ou d’engagement, tous également avec une profonde sensibilité. 

L'an dernier Back Home de Joachim Trier malgré quelques défauts m'avait bien plu sur le même thème du deuil, on peut dire que Kenneth Lonergan transcende ce dernier en tout point et nous offre un des plus grands drames de ces dernières années. J'ai résumé ce très grand film dès la première phrase de mon billet d'humeur : exemplaire. 

Réalisation et scénario : Kenneth Lonergan
Durée : 2 h 10
Interprétation : Casey Affleck, Lucas Hedges, Kyle Chandler, Michelle Williams...

mardi 3 janvier 2017

Assassin's Creed



Après une adaptation de Macbeth aussi furieuse que tronquée, Justin Kurzel s'occupe cette fois du célébrissime jeu vidéo. Si la fureur et la violence collent parfaitement à l'essence du jeu et aux scènes d'actions, le scénario est digne d'une pauvre cinématique qui ne mise que sur l'immersion.

L'esthétique est peut-être ce qu'il y a de plus réussi avec la musique mais l'association des deux nous offre un spectacle qui tourne vite à vide. Une nouvelle fois à la fin du film je me suis dit "Tout ça pour ça". Pas de personnalité, ni d'originalité, ni de compassion auprès du personnage principal car on est au niveau du néant en terme d’écriture. On dirait un mauvais film de super héros qui vire en publicité pour adolescent fan du jeu vidéo. Si Kurzel captive par intermittence, c'est uniquement visuel. Pour le reste pas grand monde n'y croit.

Le grand casting, composé d'acteurs qui font gentiment le boulot, permet de rendre lisible un scénario et une mise en scène qui ne le sont pas toujours. Je regrette juste que ce ne soit pas Quentin Tarantino qui se soit penché sur cette commande car je pense que le support original est en or pour lui. Assassin's creed se résume est une accumulation de scènes d'actions répétitives avec une musique vite assourdissante. Le résultat est plus abrutissant que divertissant. 

Réalisation : Justin Kurzel
Scénario : Bill Collage, Adam Cooper et Michael Lesslie
Durée : 1 h 55
Interprétation : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons, Brendan Gleeson, Charlotte Rampling...

lundi 2 janvier 2017

Rogue One : A Star Wars Story



Un an après une madeleine de Proust fast food totalement impersonnelle, limite immangeable, c'est au tour du spin off de nous replonger dans l'univers créé par George Lucas. On revient donc entre l'épisode III et IV quand les rebelles volent les plans de l'étoile noire pour pouvoir la détruire. 

Globalement j'ai trouvé ça mieux que le passage de main réalisé par JJ Abrams l'an dernier. Notamment dans la forme, beaucoup plus intense, noire et parfois maligne et classe. Cette fois il y a des véritables morceaux de bravoures, un fan service qui a parfois du caractère et surtout une vraie guerre des étoiles à la fin. On peut également trouver une musique omniprésente qui donne une personnalité propre à l'ensemble, parce qu'elle ne marche pas platement sur les pas des compositions de John Williams. Cependant on y retrouve toujours les mêmes défauts que je trouve dans le VII. Il n'y a toujours pas de scénario et encore moins de structure pour raconter une histoire. Impossible dans cette bouillie de bien développer une histoire, les thèmes et encore moins les personnages. 

Les personnages sont creux et l'interprétation plate. Felicity Jones est mauvaise, Diego Luna essaie de faire des efforts mais en vain, son personnage manque lui aussi d'approfondissement. Même Forest Whitaker en fait des tonnes, sûrement en colère de voir son personnage si mal écrit. Disney n'arrive toujours pas à mettre leurs Star Wars sur un piédestal et c'est bien le problème. Comme pour l'épisode VII, cette tare empêche donc ce spin off de se démarquer des autres blockbusters que l'on voit. Un scénario bâtit sur un modèle de tragédie plus classique aurait sans doute pu donner un meilleur film. Cahier des charges quand tu nous tiens. Pour nous c'est la galère, on se réfugie comme des crèves la dalle sur les quelques miettes qui changent un peu du déjà vu. Seulement des touches réussies ne font pas un bon film.

On sent que Gareth Edwards a eu des libertés car on retrouve une touche plus sombre et violente bienvenue. Rogue One est jalonné de clins d'oeil aux autres épisodes, surtout l'empire contre attaque, et à des classiques comme Blade Runner souvent au plan par plan. Il y a également une vision apocalyptique plaisante. On retiendra aussi un robot drôle qui a de la gueule et qui donne une fraîcheur à l'ensemble trop sérieux une nouvelle fois. Pour ma part la seule prouesse du film reste les apparitions de Dark Vador qui sont parfaites. La dernière demie heure du film laisse tout même de l'espoir pour les prochains Spin Off même si une nouvelle fois il n'y a rien d'original dans ce que l'on nous propose. Affaire à suivre avec l'épisode VIII réalisé par le talentueux Ryan Johnson. J'ai hélas bien peur que le lourd cahier des charges Disney flingue une nouvelle fois l'espoir de voir un bon Star Wars dans les années à venir. J'espère bien évidemment me tromper. 

Réalisation : Gareth Edwards
Scénario : Chris Weitz, Tony Gilroy
Durée : 2 h 
Interprétation : Felicity Jones, Diego Luna, Mads Mikkelsen...

dimanche 1 janvier 2017

Top des meilleurs films 2016

L'année 2016 a été une très belle année cinématographique pour ma part. Exceptionnellement il y aura deux classements : un top dix et un de cinq films d'animations. Normalement je n'aime pas trop séparer les deux catégories mais étant donnée la situation ce sera plus clair. Encore une fois tout reste une question de goût. 

De la comédie, du polar, de la science-fiction, du western, du drame, du fantastique, de l'horreur, de la romance : un peu tous les genres sont présents dans ces films.

Top dix des meilleurs films :




The Strangers 
de Na Hong-Jin

Un exercice de style d'une fraîcheur et d'une maîtrise totale et absolument bluffante. Que ce soit dans l'écriture, comme dans la mise en scène, cet ovni à mi chemin entre policier et l'horreur fantastique est une grande bouffée d'air cinématographique à ne pas rater. (Plus ici




Carol
de Todd Haynes

Un classique instantané porté par deux actrices en état de grâce et une mise en scène magistrale. Le réalisateur est au sommet de son cinéma en hommage aux classiques de Douglas Sirk. Après Loin du Paradis et sa série Mildred Pierce, Carol reste lui aussi un très grand film. (Plus ici)




Premier contact
de Denis Villeneuve

Sublime oeuvre de science-fiction sur le thème du langage et de la communication. Premier contact est absolument sidérant de maîtrise et d'intelligence. Pour ma part un grand classique au même rang que Bienvenue à Gattacca



Midnight special
de Jeff Nichols

Entre l'hommage au cinéma de science fiction et un traitement une nouvelle fois très personnel, Jeff Nichols m'a une nouvelle fois passionné. Toujours aussi magistral que bouleversant, le cinéaste retrouve la force, l'intelligence et la classe grandiose de Take Shelter. Un grand film fantastique aux thèmes denses et profonds. (Plus ici)




Mademoiselle
de Park Chan-Wook

Mise à part son Old Boy le cinéaste ne m'avait jamais complètement convaincu jusqu'à ce merveilleux exercice de style. Avec plusieurs points de vues et une esthétique à couper le souffle, Mademoiselle est une claque délicieusement retors. Le scénario et la mise en scène nous offre un délicieux moment de cinéma. Formellement le cinéaste s'est assagit pour laisser place à un classicisme gracieux. Dans le fond, on reste dans un climat pervers et malsain qui fait la renommée du cinéaste. 





Manchester by the sea
de Kenneth Lonergan

Un mélodrame riche et passionnant qui se démarque par son absence totale de pathos.  Casey Affleck est superbe, à mi chemin entre James Dean et Burt Lancaster, dans cette pépite qui retrouve très souvent la force des grands classiques hollywoodiens. Du grand cinéma tout simplement.



Les huit salopards
de Quentin Tarantino

Un retour aux sources jouissif du cinéaste qui reprend The Thing et Le grand silence sous la forme d'une pièce d'Agatha Christie. Les dialogues, la mise en scène, l'interprétation sont une nouvelle fois à la fête pour notre plus grand plaisir. Son meilleur film depuis ses deux Kill Bill. Forcément ça se savoure. (Plus ici




Sing Street
de John Carney

Sur la structure d'un teen movie so british, Sing Street est un feel good musical brillant qui ne manque pas de nous divertir mais aussi de nous transporter du début à la fin. Une réussite totale qui donne la pêche, exemplaire dans le genre du divertissement. Après les gentillets Once et New York Melody, John Carney, ancien bassiste, prend ses ailes et signe un film dans la lignée des Commitments d'Alan Parker. A consommer sans modération. 




Comancheria 
de David Mackenzie

Voici un western moderne avec des acteurs et des dialogues délicieux et une bande originale de Nick Cave qui l'est toute autant. Intelligent et classe, Comancheria est un superbe polar comme on en voit peu avec une peinture du Texas intéressante. Après le saisissant Les poings contre les murs le cinéaste anglais signe une nouvelle réussite, notamment par sa non prétention.



La loi de la jungle
d'Antonin Peretjatko

C'est vrai il y avait d'autres bons films qui méritaient cette place à côté de La loi de la jungle. Cependant j'ai eu un gros coup de coeur et un énorme fou rire d'une heure et demie pour cette comédie sortie des sentiers battus. Comme la comédie n'est jamais vraiment reconnue à sa juste valeur, j'attribue donc cette dernière place à ce film français qui a le mérite de proposer autre chose que ce que l'on a l'habitude de voir. Toutes ces idées farfelues, ce délire moderne du monde du travail et cet hommage sous drogue au cinéma de Philippe De Broca m'a enchanté. A ranger avec les deux OSS 117 de Michel Hazanavicius. (Plus ici)

Je recommande aussi :

Aquarius de Kleber Mendocça Filho, 
Sully de Clint Eastwood,
Un monstre à mille tête de Rodrigo Pla,
The Neon Demon de Nicolas Winding Rejn, 
Dalton Trumbo de Jay Roach, 
Steve Jobs de Danny Boyle.

Top cinq des films d'animations


Zootopie
de Byron Howard et Rich Moore

Disney a reprit du poil de la bête. Sous la forme d'un film noir et d'un buddy movie, on retrouve la réussite et la noirceur des premiers grands chefs d'oeuvre de la firme. Intelligent et actuel, cette merveille d'animation est un dépoussiérage jouissif des clichés et des a priori. Le scénario touche tout le monde et traite avec brio des sujets d'actualités essentiels. Pour ma part il se range avec les meilleurs Pixar et films d'animations. Le plus grand Disney depuis Le Roi Lion. (Plus ici)




Ma vie de courgette
de Claude Barras

Un film d'animation fauché touché par une grâce absolue. L'univers de l'enfance est confronté à celui des adultes en permanence avec tact et intelligence. Tout est tendre et cru à la fois et ne manque pas de nous toucher par la justesse, la candeur et la force émotionnelle de l'écriture. Si vous avez aimé Mary and Max et Coraline, je vous le recommande plus que fortement. 






La jeune fille sans mains 
de Sébastien Laudenbach

Un très bon conte des frères Grimm adapté avec des aquarelles qui peuvent au début dérouter par leur simplicité mais d'une incroyable beauté. Les esquisses nous laissent à l’imagination totale entre le rêve et le cauchemar. Sébastien Laudenbach signe une oeuvre d'art et une expérience cinématographique totale. Toute la cruauté, l'esprit noir des frères Grimm ressort parfaitement dans ce chef d'oeuvre poétique et d'une simplicité exemplaire. 



Le garçon et la bête
de Mamoru Hosoda

Bien loin des films animés de Myazaki ou Disney, Hosoda s'impose comme un cinéaste majeur avec des thèmes bien à lui. Le garçon et la bête est un mélange virtuose de ses trois précédents films qui nous transporte dans un univers profond et enchanteur. Un film sur les valeurs universelles qui poussent à la réflexion avec un souffle épique à la Star Wars pour le moins époustouflant. Une très grande réussite. (Plus ici)



La tortue rouge
de Michael Dudok

Sans un seul dialogue, La tortue rouge s'impose dès le départ à des lieues des standards classiques. Cette plongée est une réussite visuelle et poétique, loin de tout sentimentalisme. Un des plus beaux films d'amour (et) sur la nature que j'ai eu l'occasion de voir. (Plus ici)

Ex aequo avec :



Louise en hiver
de Jean-François Laguionie

Une perle sur la vieillesse et du temps qui passe. L'animation commence par nous caresser pour rapidement nous embarquer auprès de cette vieille dame seule qui se refait une seconde vie après avoir raté le dernier train pour la ville. Par de subtiles petites touches et de magnifiques séquences de mélancolie, Louise en hiver est fascinant, remuant et souvent fantasque. 


J'ai rassemblé ces deux films car ce sont deux revisites personnelles, originales et poignantes du mythe de Robinson Crusoé. 


Je recommande aussi

Le monde de Dory d'Andrew Stanton

Blockbuster de l'année

Jason Bourne de Paul Greengrass 

Moins bon que la fameuse trilogie, cet épisode possède tout de même un personnage féminin plutôt bien écrit et son lot de scènes d'actions impressionnantes. Pas grand chose à se mettre sous la dent car les films de super héros ne sont pas franchement reluisants. Jason Bourne reste toujours mieux, même si Matt Damon se marvelise un peu trop par moments. 

Le film le plus surestimé

Captain Fantastic de Matt Ross

Ce film pour festival est une reprise de Mosquito Coast de Peter Weir pour les Hipsters. Viggo Mortensen toujours impeccable rend potable une caricature contradictoire qui tourne rapidement à vide. Un film contemporain sur l'éducation et les hippies restent encore à faire.

Le film le plus sous estimé

Zoolander 2 de Ben Stiller

Bon ce n'est pas aussi bien que le premier mais si tous les films étaient aussi "nuls",  je serais content. 

Le film le plus mauvais de l'année

Batman Vs Superman de Zack Snyder

Bon même s'il y a quelques qualités (Ben Affleck est un très bon Batman) pour le scénario qui se fout de la gueule du monde à la fin. Impossible de pardonner une telle honte. Dans le fond, Deadpool est bien naze lui aussi. 

Il me manque pas mal de films pouvant influer sur ce classement comme le Jim Jarmush ou le Tim Burton. 

Je vous souhaite une très bonne année cinématographique à tous !