Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : Jay Cocks et Martin Scorsese
tiré du livre d'Edith Wharton
Interprétation : Daniel Day Lewis, Michelle Pfeiffer, Wimona Ryder, Géraldine Chaplin, Jonathan Pryce...
Genre : Drame Scorsesien
Synopsis :
A travers le portrait de Newland Archer partagé entre deux femmes et deux mondes, une étude minutieuse de la haute société new yorkaise des années 1870 avec ses intrigues, ses secrets, ses scandales, ses rites désuets et subtilement répressifs.
Souvent oublié, Le Temps de l'Innocence est sans doute le film le plus beau mais peut-être aussi le plus cruel de Martin Scorsese. Beaucoup le considère comme un film mineur, certainement pour son genre, alors qu'il est un de ses plus grands et un de ses plus réussis. Autant dans le fond que dans la forme, Scorsese est aussi virtuose que dans Casino dans son autopsie de la société bourgeoise New Yorkaise. Anti académique et cynique à souhait, d'une violence et d'une cruauté totale, Scorsese utilise le livre d'Edith Wharton pour dresser un film d'amour impossible à cause d'une haute société aussi impitoyable que désuète. Tout le monde en prend pour son grade dans ce chef-d'oeuvre d'une grande beauté formelle, dans la lignée des Affranchis et de Casino.
Tout commence par un sublime générique de Saul Bass avec des roses de toutes les couleurs qui s'ouvrent en fondus enchaînés sur une merveilleuse musique d'Elmer Bernstein. Scorsese dépoussière et magnifie le genre en y ajoutant une dimension moderne nostalgique et épique. Le cinéaste nous plonge directement dans un monde haut en couleur mais dans la profondeur complètement guindé et poussiéreux. Le scénario et la mise en scène jouent à chasser les différents regards et points de vue, même de voix off non sans humour et cruauté. Comme dans les grands Scorsese des années 90, la mise en scène est d'une force documentaire et cinématographique tout ce qui a de plus impressionnante.
Beaucoup trouveront le film plus ennuyeux que la plupart des autres films du cinéastes qui ont un rythme plus endiablé dans la narration. C'est assez normal car il y a peu d'intrigue si ce n'est une histoire d'amour impossible qui s’étend sur plusieurs années. Seulement le scénario et la mise en scène privilégient plus le fond que de nous raconter plein de péripéties comme l'on peut voir dans l'adaptation des Liaisons dangereuses de Stephen Frears. Cette peinture est à la fois académique et très scorsesienne, elle est magnifique et d'une violence à crescendo qui ne pardonne personne. La mise en scène est fascinante du début à la fin. Tout est d'une méticulosité absolument sublime où chaque plan trouve sa beauté et sa force comme dans les grands chefs d'oeuvre italiens. Seulement on est quand même chez Scorsese, loin des tableaux académiques de Visconti. Quand le cinéaste fait de l'émotion, tout est en retenue et passion mais aussi d'une suggestion audacieuse. On entre jamais dans la niaiserie même si, comme Kubrick dans Spartacus, il flirte avec dans quelques moments plus cucul mais obligatoire pour faire respirer les personnages. Le film joue sans cesse sur le côté frustrant, proche du personnage interprété par l'excellent Daniel Day Lewis. La direction des acteurs est sublime comme d'habitude. Le message de Scorsese lui est clair, il faut être vieille, mourante et surtout très riche pour dire son opinion dans cette société à travers le personnage irrésistible de Miriam Margolyes. Son personnage est le double de Marty dans le film, comme on peut voir assez souvent dans ses fresques.
Ce film c'est un peu comme si on enlevait les armes des gangsters et que l'on mettait les ragots et les castes à la place. Tout aussi cruel, on peut dire que c'est une version plus féminine, sensible, vicieuse, politique et historique que les gangsters des Affranchis. Le film est du même acabit que les grands Scorsese des années 90 même s'il n'a pas la même approche avec une histoire d'amour impossible aux apparences classiques. Comme souvent chez le cinéaste, le fil conducteur est trompeur. Ici on est en plein dedans et son travail gagne de la force à chaque visionnage, comme les plus grands films du septième art. Il serait injuste de dire que Le temps de l'innocence n'est pas dans la veine du cinéma Scorsesien. Bien au contraire car il dévoile tout en subtilité et cruauté, cette société agonisante continue de faire des victimes exactement comme il dépeint la société et ses personnages depuis le début de sa carrière. Non sans humour, le cinéaste n'a jamais été aussi gracieux et aboutit visuellement dans sa mise en scène. Beaucoup catégorise Scorsese comme un réalisateur qui fait des films d'hommes pour les hommes. C'est juste que la plupart ne connaissent pas tous ses films. Il a offert des grands rôles féminins a beaucoup d'actrices dont certaines ne s'en remettront pas. Wimona Ryder et Michelle Pfeiffer, à cette époque à l'apogée de leur carrière, sont sublimes et dans une très grande finesse de jeu.
Scorsese a perdu son père durant le tournage du film et a été émotionnellement très frappé. Il lui dédia le film. Le temps de l'innocence fut un échec qui vexa beaucoup le cinéaste. Comme énervé, Scorsese se lâchera complètement pour son prochain film Casino qui reprend Les Affranchis en ajoutant la dose de fresque et de cynisme que l'on retrouve dans Le temps de l'innocence. Comme A tombeau ouvert, Le Temps de l'innocence est bien trop sous estimé et d'ailleurs un de ses films que préfère Martin Scorsese, celui dont il est le plus fier. Il a de quoi car ce chef d'oeuvre mérite qu'on s'y attarde dessus. Pour ma part, il fait partie de ses plus grands films et accompagne Taxi Driver, New York New York Raging Bull, La Valse des Pantins, Les Affranchis, Casino et A tombeau ouvert comme les fleurons de la filmographie du cinéaste.
Le cinéma de Scorsese me touche, quand ce n'est pas avec ses thèmes directement, c'est avec sa mise en scène. Je prend toujours une leçon magistrale de cinéma à chaque visionnage d'un de ses films. L'avoir revu au cinéma il y a peu m'a conforté dans mon avis que non seulement c'est un grand Scorsese mais qu'il est peut-être un des plus grands films du genre. On découvre à chaque fois comment une simple scène de baiser de mains dans une calèche peut être un sommet de romantisme et d'érotisme à la fois. On ne peut pas reprocher au cinéaste de changer de registre encore moins quand il brille dedans tout en gardant ses thèmes, sa force et son virtuose. Je ne suis pas objectif quand je parle de Scorsese car j'aime tous ses films. Cependant si vous aimez le cinéma celui ci pour moi est incontournable tout simplement car c'est un chef d'oeuvre.
Note : 10 / 10
Pour une dévédéthèque idéale, à ranger avec :
Barry Lyndon de Stanley Kubrick, Mort à Venise de Luchino Visconti, Les liaisons dangereuses de Stephen Frears et Casino de Martin Scorsese.
Souvent oublié, Le Temps de l'Innocence est sans doute le film le plus beau mais peut-être aussi le plus cruel de Martin Scorsese. Beaucoup le considère comme un film mineur, certainement pour son genre, alors qu'il est un de ses plus grands et un de ses plus réussis. Autant dans le fond que dans la forme, Scorsese est aussi virtuose que dans Casino dans son autopsie de la société bourgeoise New Yorkaise. Anti académique et cynique à souhait, d'une violence et d'une cruauté totale, Scorsese utilise le livre d'Edith Wharton pour dresser un film d'amour impossible à cause d'une haute société aussi impitoyable que désuète. Tout le monde en prend pour son grade dans ce chef-d'oeuvre d'une grande beauté formelle, dans la lignée des Affranchis et de Casino.
Tout commence par un sublime générique de Saul Bass avec des roses de toutes les couleurs qui s'ouvrent en fondus enchaînés sur une merveilleuse musique d'Elmer Bernstein. Scorsese dépoussière et magnifie le genre en y ajoutant une dimension moderne nostalgique et épique. Le cinéaste nous plonge directement dans un monde haut en couleur mais dans la profondeur complètement guindé et poussiéreux. Le scénario et la mise en scène jouent à chasser les différents regards et points de vue, même de voix off non sans humour et cruauté. Comme dans les grands Scorsese des années 90, la mise en scène est d'une force documentaire et cinématographique tout ce qui a de plus impressionnante.
Beaucoup trouveront le film plus ennuyeux que la plupart des autres films du cinéastes qui ont un rythme plus endiablé dans la narration. C'est assez normal car il y a peu d'intrigue si ce n'est une histoire d'amour impossible qui s’étend sur plusieurs années. Seulement le scénario et la mise en scène privilégient plus le fond que de nous raconter plein de péripéties comme l'on peut voir dans l'adaptation des Liaisons dangereuses de Stephen Frears. Cette peinture est à la fois académique et très scorsesienne, elle est magnifique et d'une violence à crescendo qui ne pardonne personne. La mise en scène est fascinante du début à la fin. Tout est d'une méticulosité absolument sublime où chaque plan trouve sa beauté et sa force comme dans les grands chefs d'oeuvre italiens. Seulement on est quand même chez Scorsese, loin des tableaux académiques de Visconti. Quand le cinéaste fait de l'émotion, tout est en retenue et passion mais aussi d'une suggestion audacieuse. On entre jamais dans la niaiserie même si, comme Kubrick dans Spartacus, il flirte avec dans quelques moments plus cucul mais obligatoire pour faire respirer les personnages. Le film joue sans cesse sur le côté frustrant, proche du personnage interprété par l'excellent Daniel Day Lewis. La direction des acteurs est sublime comme d'habitude. Le message de Scorsese lui est clair, il faut être vieille, mourante et surtout très riche pour dire son opinion dans cette société à travers le personnage irrésistible de Miriam Margolyes. Son personnage est le double de Marty dans le film, comme on peut voir assez souvent dans ses fresques.
Ce film c'est un peu comme si on enlevait les armes des gangsters et que l'on mettait les ragots et les castes à la place. Tout aussi cruel, on peut dire que c'est une version plus féminine, sensible, vicieuse, politique et historique que les gangsters des Affranchis. Le film est du même acabit que les grands Scorsese des années 90 même s'il n'a pas la même approche avec une histoire d'amour impossible aux apparences classiques. Comme souvent chez le cinéaste, le fil conducteur est trompeur. Ici on est en plein dedans et son travail gagne de la force à chaque visionnage, comme les plus grands films du septième art. Il serait injuste de dire que Le temps de l'innocence n'est pas dans la veine du cinéma Scorsesien. Bien au contraire car il dévoile tout en subtilité et cruauté, cette société agonisante continue de faire des victimes exactement comme il dépeint la société et ses personnages depuis le début de sa carrière. Non sans humour, le cinéaste n'a jamais été aussi gracieux et aboutit visuellement dans sa mise en scène. Beaucoup catégorise Scorsese comme un réalisateur qui fait des films d'hommes pour les hommes. C'est juste que la plupart ne connaissent pas tous ses films. Il a offert des grands rôles féminins a beaucoup d'actrices dont certaines ne s'en remettront pas. Wimona Ryder et Michelle Pfeiffer, à cette époque à l'apogée de leur carrière, sont sublimes et dans une très grande finesse de jeu.
Scorsese a perdu son père durant le tournage du film et a été émotionnellement très frappé. Il lui dédia le film. Le temps de l'innocence fut un échec qui vexa beaucoup le cinéaste. Comme énervé, Scorsese se lâchera complètement pour son prochain film Casino qui reprend Les Affranchis en ajoutant la dose de fresque et de cynisme que l'on retrouve dans Le temps de l'innocence. Comme A tombeau ouvert, Le Temps de l'innocence est bien trop sous estimé et d'ailleurs un de ses films que préfère Martin Scorsese, celui dont il est le plus fier. Il a de quoi car ce chef d'oeuvre mérite qu'on s'y attarde dessus. Pour ma part, il fait partie de ses plus grands films et accompagne Taxi Driver, New York New York Raging Bull, La Valse des Pantins, Les Affranchis, Casino et A tombeau ouvert comme les fleurons de la filmographie du cinéaste.
Le cinéma de Scorsese me touche, quand ce n'est pas avec ses thèmes directement, c'est avec sa mise en scène. Je prend toujours une leçon magistrale de cinéma à chaque visionnage d'un de ses films. L'avoir revu au cinéma il y a peu m'a conforté dans mon avis que non seulement c'est un grand Scorsese mais qu'il est peut-être un des plus grands films du genre. On découvre à chaque fois comment une simple scène de baiser de mains dans une calèche peut être un sommet de romantisme et d'érotisme à la fois. On ne peut pas reprocher au cinéaste de changer de registre encore moins quand il brille dedans tout en gardant ses thèmes, sa force et son virtuose. Je ne suis pas objectif quand je parle de Scorsese car j'aime tous ses films. Cependant si vous aimez le cinéma celui ci pour moi est incontournable tout simplement car c'est un chef d'oeuvre.
Note : 10 / 10
Pour une dévédéthèque idéale, à ranger avec :
Barry Lyndon de Stanley Kubrick, Mort à Venise de Luchino Visconti, Les liaisons dangereuses de Stephen Frears et Casino de Martin Scorsese.
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