vendredi 30 octobre 2015

The Lobster



Réalisation : Yorgos Lanthimos
Scénario : Efthimis Filippou et Yorgos Lanthimos
Durée : 1 h 55
Interprétation : Colin Farrell, Rachel Weisz, John C Reilly, Ben Whishaw, Olivia Colman, Léa Seydoux... 
Genre : Chantilly qui retombe

Synopsis

Dans un futur proche, toute personne célibataire est arrêtée. Ils sont transférés dans un Hôtel et ont 45 jours pour trouver leur âme sœur. Passé ce délai, ils seront transformés en l'animal de leur choix. Pour échapper à ce destin, certains tentent de s'enfuir et rejoindre les Solitaires, un groupe de Résistants dans les Bois. 

On ne peut nier et que saluer l'originalité de The Lobster. Avec un grand casting, le futur proche de ce drôle de film est habilement décrit et plutôt intéressant. Le ton oscille entre violence et humour sans vraiment de prétention et ne retombe jamais dans des facilités narratives. Cependant il est dommage qu'au bout d'une heure, le scénario et la mise en scène perdent leur vitalité et surtout de leur inventivité. Un ennui polit s'installe et on se retrouve une nouvelle fois devant à un long métrage qui aurait fait un excellent court. 

C'est le premier film du réalisateur que je visionne, je ne pourrais comparer. Le style est ici est lent, les dialogues et la mise en scène plutôt soignés et on remarquera un style bien particulier. Ce dernier n'est pas désagréable mais un peu hermétique, par moment percutant et souvent maladroit. On se balade tranquillement et sérieusement avec des pointes de dérisions absurdes aussi savoureuses que violentes. Un peu comme si le cinéma d'Haneke et de Jeunet avaient fusionnés en un.

The Lobster pour moi est une plongée dans un exercice de style qui manque d'idées et de surtout de force. Le scénario alterne les scénettes plus ou moins bonnes et utiles à l'histoire. Les thèmes sont intéressants mais manquent de cohésions et de finesses entre eux. Rapidement on s'ennuie autant que séduit par ce monde plutôt surprenant. Si la frustration ne m'a pas envahie avant l'heure et demie, il est quand même regrettable de trouver un cinéaste qui prenne autant son temps à placer son histoire et ses idées. Ni comédie, ni dramatique, ni thriller, ni film romantique, The Lobster n'est rien de tout ça mais pioche un peu tous les genres. A force de s'étaler, l'idée, l'univers s'évente et on se retrouve un peu à la place du personnage interprété par Colin Farell (brillant au passage) : passif. Un peu comme Her de Spike Jonze, tout repose sur le concept et l'interprétation du personnage principal. 

Dans la seconde partie, le film ne décolle pas et reste toujours démonstratif à dépeindre l'univers et les thèmes. Il cherche encore et jusqu'à la fin à nous décrire ce futur proche dans le camps adverse, celui des Solitaires. C'est intéressant mais vraiment ennuyeux surtout que le cinéaste n'est ni beau, ni touchant et ni prenant dans ce qu'il nous montre. Il préfère nous raconter une histoire d'amour bien plus convenue que le reste. Si la forme reste cohérente, le fond lui s'assagit et les personnages se dévoilent et perdent de leur charisme et ambiguïté. La musique répétitive ne surprend plus, le montage n'a plus grand chose à nous offrir de neuf. Tout à fait le genre de film qui a l'effet d'une chantilly : au début c'est beau et dense mais c'est éphémère. Puis ce n'est pas en prenant Léa Seydoux que cela va arranger la donne. Au contraire, une fois de plus elle brille par son non talent absolu.

The Lobster est un film avec une idée principale très bonne mais qui s’essouffle car tout repose dessus pendant deux heures. Comme l'idée est plaisante cela peut paraître bien si l'on compare à la pauvreté des idées originales qui sortent dans les salles ces temps-ci. Cependant c'est trop long car le traitement tourne vite à vide, l'exercice de style est ennuyeux et irrégulier. Une bonne idée ne fait pas forcément un bon film. 

Note : 4 / 10 

lundi 26 octobre 2015

Seul sur Mars ( The Martians )



Réalisation : Ridley Scott
Scénario : Drew Goddard 
Tiré du roman homonyme d'Andy Weir
Durée : 2 h 20
Interprétation : Matt Damon, Jeff Daniels, Jessica Chastain, Michael Pena, Kate Mara, Sean Bean, Kristen Wiig ...
Genre : Trop sur terre

Synopsis

Lors d'une mission sur Mars, l'astronaute Mark Watney est laissé pour mort par ses coéquipier, une tempête les ayant obligés à décoller d'urgence. Mais Mark a survécu et il se retrouve seul sur une planète hostile et sans moyen de repartir. A 225 millions de kilomètres de lui, la NASA et des scientifiques s'activent sans relâche pour le sauver. 

Après deux films très (trop) sérieux et prétentieux et qui ont fait plus les effets de poudre aux yeux qu'autre chose que sont Gravity et Interstellar, c'est au tour de Ridley Scott de signer son film de science-fiction. Le réalisateur d'Alien est aussi spectaculaire que Cuaron et Nolan visuellement et heureusement pour nous beaucoup plus fun. Ce n'est pas très compliqué en même temps. Cependant il est dommage que le film ne se passe pas plus souvent sur Mars avec l'excellent Matt Damon. Effectivement plus de la moitié du film se passe à la NASA et désamorce l'humour et le sujet intéressant de ce qui aurait pu faire un bon film. 

J'avais peut-être un peu trop d'attentes mais le film m'a globalement déçu par sa fadeur. J'ai trouvé déjà qu'il était trop long pour ce qu'il avait à raconter. Du coup tout perdait crédibilité et suspense sur la fin. Beaucoup de scènes sont rallongées inutilement au point de rendre le tout ennuyeux même si c'est objectivement un divertissement bien filmé. Le scénario est vraiment mou dans son ensemble et trop niais pour me convaincre. Heureusement Ridley Scott possède deux forces indéniables : son sens de l'image toujours au top et un acteur comme Matt Damon (encore lui) qui donne du charme au film. 

Des superbes paysages et une histoire qui fait penser au film de Robert Zemeckis Seul au Monde sur la planète rouge, cela promettait du lourd. Seulement le scénario nous pompe plus le (seul) charme de 127 heures de Danny Boyle avec une intrigue de sauvetage plutôt longue et plate. Un peu comme si on mixait Mission to mars de Brian De Palma et Argo de Ben Affleck. Si c'est meilleur que le film de De Palma, on est bien loin d'Argo qui ménageait un suspense permanent et super efficace. Seul sur Mars se passe déjà beaucoup trop sur Terre et le cinéaste aurait pu faire le même film avec une demie heure en moins. Déjà la séquence sur Starman de David Bowie nous évite une demie heure supplémentaire. Peut-être qu'avant une autre sur Life on Mars en plus aurait rendu le film plus intense et plus fun à la fois ? On ne saura jamais. 

Le film est proprement réalisé et n'est pas jamais prétentieux, ce qui fait du bien. La 3D est permanente, souvent très belle et nous permet une immersion totale. L'ensemble est un divertissement honorable mais loin d'être un bon film à mon goût. On ne sent que trop rarement que c'est le réalisateur sobre, précis et inventif d'Alien derrière tout ça. Comme depuis un moment d'ailleurs car Prometheus souffre un peu du même problème. Toutes ces longueurs et cette écriture terriblement fade ( Goddard est le scénariste de Cloverfield et ça se ressent, il en s'est entre temps pas amélioré) m'a vraiment frustré. Tout est maladroit et à rallonge, avec des personnages à l'image des pistes développées : sans charismes, très niais et à limite du crétin. Sauf Mark Watney qui est heureusement pour nous assre proche d'un John McClane qui aime la verdure.

Seul sur Mars aurait pu être un équivalent de Seul au Monde dans l'espace avec un potentiel très spectaculaire. D'ailleurs la démarche à la fin du film est la même que le film de Zemeckis (mais en raté) en comparant la vie sauvage et la société avec le retour du héros dans la vie active. Seulement j'avais l'impression de suivre un survival et un film scientifique dans le monde des bisounours. Tout est fait pour plaire à tout le monde et le scénario est écrit pour les vieux. Il n'y a aucun enjeu, aucune confrontation, ni surprise, on sait juste dès le départ que Matt Damon va quitter Mars et en sortir indemne. Ce qui est dommage car je pense que tous les thèmes intéressants et forts sont complètement zappés au détriment de caresser dans le sens du poil le spectateur du début à la fin. On reste que trop peu près de Watney et on ne peut s'identifier à lui tout comme à l'environnement de la planète rouge. On suit plus pendant deux heurs un livre d'image gentiment illustré. Cependant ce n'est pas le pire film de Ridley Scott mais il ne sait toujours pas bien choisir ses scripts. Effectivement parfois des dialogues et des scènes sont d'une nullité affligeante. Heureusement le casting est impeccable pour faire passer la pillule, bien que comme chez Nolan il soit remplit de grandes pointures pour des rôles dérisoires. 

Seul sur Mars est un film divertissant avant tout plutôt décontracté dans l'ensemble mais long, maladroit et sans grandes saveurs. Il divertit gentiment autant qu'il frustre du grand film qu'il aurait pu être avec un scénario à la hauteur du réalisateur de Thelma et Louise. Il s'avère au final que Seul sur Mars est un voyage en pilotage automatique, sans adrénaline et encore moins de questions à se poser à l'horizon. Un film du dimanche à grand potentiel inexploité, plus frustrant que plaisant pour ma part. 


Note : 5 / 10



dimanche 25 octobre 2015

The 50 Year Argument



Réalisation : Martin Scorsese et David Tedeschi
Montage : Paul Marchand
Intervenants : James Baldwin, Michael Chabon, Noam Chomsky...
Genre : Docu trop ciblé

Synopsis

Documentaire réalisé à l'occasion du cinquantenaire de The New York Review of Books.


L'occasion de voir ce genre de documentaire est très rare chez nous. Seul le festival Lumière mettant à l'honneur Martin Scorsese a permit de diffuser ce documentaire totalement inédit en France, j'avoue que j'ai profité de l'occasion car chaque fois que le cinéaste des Affranchis me propose quelque chose, je fonce dessus. 

Alors qu'il était sur le tournage du Loup de Wall Street, Martin Scorsese accepte de faire un documentaire pour l'anniversaire de la revue. Il demande à son ami David Tedeschi de l'aider car il est très pris pour son long métrage. Scorsese a donc filmé quelques interviews mais à donc beaucoup travaillé sur ce projet par correspondance. 

Le résultat est très scorsesien dans son approche. On retrouve cette agressivité, cette démarche crue et fascinante d'aller au fond des choses auprès des interviews et des sujets polémiques. On y trouve du rythme, des sujets passionnants qui brassent une partie de l'histoire de New York et des médias. Il y a toujours quelque chose d’intéressant, malgré le manque encore une fois d'une trame plus classique pour nous orienter. 

Le voilà le défaut de l'ensemble, c'est beaucoup trop ciblé. Il faut avoir une grande culture de New York et surtout du journalisme pour apprécier pleinement ces témoignages. Du coup je m'accrochais aux sujets qui me parlaient le plus. Quand c'était le cas, pour une bonne moitié, j'étais pris dedans. Pour le reste des fois les références étaient totalement inconnues, j'ai donc décroché. 

The 50 Year Argument est passionnant dans son fond mais destiné pour moi à un public trop ciblé dont je ne fais pas parti. Ce qui n'empêche pas que les quelques sujets reconnus de manière plus internationale sont traités avec beaucoup d'intelligence et de pertinence, et cela vaut le coup d'oeil. En revanche si vous ête journaliste, je pense que cela vaut la peine d'être vu. 

Note : 7 / 10

mardi 20 octobre 2015

Crimson Peak




Réalisation : Guillermo Del Toro
Scénario : Matthew Robbins et Guillermo Del Toro
Durée : 1 h 55
Interprétation : Mia Wasikowska, Tom Hiddleston, Jessica Chastain, Charlie Hunnam...
Genre : Enveloppe vide

Synopsis :

Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit à Buffalo, dans l'Etat de New-York. La jeune fille est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un message : "Prends garde à Primson Creak". Les années passent ne comprenant pas ce que cela voulait dire jusqu'à ce qu'un enchaînement de circonstances lui fasse revenir ce souvenir. 

Guillermo Del Toro revient avec Crimson Peak dans le conte "fantastique horreur" qui a fait sa renommée depuis le début de sa carrière. Hélas pour nous ici, il se "Tim Burtonise" et en mal, son talent tourne très vite à vide. Malgré un casting parfait et un graphisme soigné, on est ici actuellement et de loin dans le plus mauvais film du cinéaste.

Si le film tombe complètement à l'eau c'est surtout la faute à son mauvais scénario. Cousu de fil blanc, il est inintéressant, mou et d'une paresse affligeante. Un peu des Tueurs de la lune de miel, un peu de Sweeney Todd et de l'Auberge rouge et une pincée de Shining. Mélangez et coupez à l'eau et vous voilà dans Crimson Peak : un film sans intérêt et globalement loupé. Tout est sans tensions et sans ambiguïtés pour au final uniquement justifier une esthétique, un style, une marque de fabrique qu'on connaissait déjà au cinéaste. 

Au bout d'une demie heure on a toujours envie que le film démarre. Cela ne sera hélas jamais le cas car le cinéaste ne s'en sort pas. On subit un académisme lisse et une démonstration poussive dans la mise en scène qui peine à faire oublier des pistes narratives inexistantes. Del Toro se plante du début à la fin car il n'obtient jamais le cachet de ses précédentes œuvres. Il jongle ici sans virtuosité et avec encore moins d'habileté entre sa violence extrême si reconnue et l'émotion. Ici bizarrement tout est galvaudé et tout sonne faux. C'est un peu comme si le scénario était celui d'un premier et mauvais court métrage transformé en très long film. Tout devient rapidement ridicule au point d'en devenir un navet avec une esthétique léchée proche de Suspiria. Le personnage principal quant à lui est une caricature fade d'Alice au pays de Shining. Edith ne dégage rien d’intéressant malgré le choix judicieux de Mia Wasikowska. On se moque de tous les personnages d'ailleurs car ils restent superficiels, peu creusés et même parfois incohérents. Malgré le talent de Tom Hiddleston et Jessica Chastain, les personnages sont si mal développés qu'on ne peut même pas se reposer sur la finesse de leur jeu. Un peu à l'image de la mise en scène du cinéaste tout n'est qu'une pâle illustration de savoir faire. Idem pour la composition musicale, pour le moins transparente.

Je trouve que le problème principal du film est de se prendre vraiment au sérieux et plus grand qu'il ne l'est. Del Toro se repose religieusement et trop sagement sur un scénario vraiment trop faiblard et superficiel pour imposer sa force. Finalement ce n'est qu'une série B avec la volonté d'en faire un grand film. Seulement Crimson Peak ne fait pas peur et ne propose rien d’intéressant dans le genre, ni dans les references, No dans l'imaginaire, ni dans sa mise en scène encore moins pour son intelligence. L'ambiance y est aussi poussive qu'ennuyeuse, l'ensemble vite frustrant. La perversion et le mystère nécessaire sont complètement absents. Un peu comme si le scenario était le brouillon d'un bon film où l'on se rabat sur la technique. Même de ce côté là, le cinéaste utilise souvent avec insistance ses thèmes et ses ingrédients qui lui sont toujours connus et chers. Parfois c'est très clichés, too much et criard à en piquer les yeux. Souvent tout est démontré avec lourdeurs et gratuités sur la fin. L'ensemble finit par être une pâle caricature de l'univers du cinéaste qui fait plus peine à voir qu'autre chose. Dommage pour le réalisateur du Labyrinthe de Pan, un navet bien enveloppé reste un navet. 

Note : 2 / 10


vendredi 9 octobre 2015

The Visit



Réalisation et scénario : M Night Shyamalan
Durée : 1 h 30
Interprétation : Olivia DeJonge, Ed Oxenbould, Deanna, Dunagan, Peter McRobbie...
Genre : Found Footage Fun

Synopsis

Becca et Tyler, frère et soeur, sont envoyés dans la ferme de leurs grands parents qu'ils n'ont alors jamais rencontrés pour une petite semaine. Becca filme cette rencontre pour trouver un moyen de panser la brisure qu'il s'est crée il y a des années entre sa mère et ses parents. Au fil des jours, puis des heures, ils s’aperçoivent que leurs grands parents ont des réactions de plus en plus bizarres et inquiétants. 

La presse et le public ont toujours encensé prématurément et à tort M Night Shyamalan depuis Le Sixième sens. J'ai toujours trouvé que ses scripts n'étaient jamais à la hauteur de ses idées de départ, qui sont parfois excellentes, soit du niais qui gâche et tâche tout. Avec The Visit, qu'il autofinance complètement, il revient dans un cinéma plus fauché et minimaliste, loin des grosses productions. C'est une bonne surprise car on est proche de la bonne pochade entre rire et effroi de Jusqu'en enfer du génial Sam Raimi. Une facette alors inédite du réalisateur se dévoile.

Je met tout de suite les points sur i, M Night Shyamalan n'est pas Sam Raimi et comme beaucoup de monde d'ailleurs. Seulement il s'en approche très souvent ici pour notre plus grand plaisir. Le cinéaste assume et accentue clairement l'humour (qui est très drôle), joue sur les clichés du genre et du style found footage du début à la fin autant dans la comédie que dans l'horreur. Avec cela, il n'oublie pas de tenir habilement le suspense avec des détails simples et marquants, ce qui fait la force de son cinéma. Voir la scène du four, excellente tout comme le climax, entre horreur et fou rire. C'est drôle et terrifiant à la fois assez souvent et niveau scénario et montage c'est très frais. Le cinéaste n'a jamais été si honnête et drôle qu'ici ce qui fait de The Visit une très bonne surprise. 

Si Shyamalan n'atteint pas la grandeur du film de Sam Raimi, c'est parce qu'il ne va hélas pas au bout de sa démarche. Il se sent comme obligé de conclure niaisement la fin et donner des explications. Dommage également qu'il tienne surtout à donner un ordre à son film, car cette organisation, un peu parodique, oublie de casser les repères au spectateur pour entrer dans un grand film du genre. Le film perd de sa force la dessus alors qu'il gagne par le jeu des acteurs et son humour. Les dialogues sont parfois excellents et portent l'ensemble comme un exercice de style agréable. Je dirais même que dans le genre du Found Footage c'est un des meilleurs. Ce n'est pas très compliqué en même temps vu la qualité de la plupart, mais c'est pour ma part le meilleur film du cinéaste. 

Au final c'est un peu comme si Rec rencontrait Babysitting dans un Paranormal Activity complètement revisité, c'est drôle, avec de l'audace, des grosses ficelles plus ou moins assumées et perverties. Malgré sa fin décevante, j'ai pris du plaisir à découvrir un cinéaste qui se lâche enfin et avec un vrai regard. A apprécier en V.O bien entendu et avec un certain sens de l'humour. A noter que le retournement de situation qui fait la marque de fabrique du cinéaste est à l'image de son film, son plus simple mais aussi son meilleur. A bon entendeur et amateur du genre.  

Note : 6,5 / 10

mercredi 7 octobre 2015

Sicario



Réalisation : Denis Villeneuve
Scénario : Taylor Sheridan
Durée : 2 h 
Interprétation : Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin, Jon Berntal... 
Genre : Pas de quoi sortir le briquet

Synopsis

Kate, une jeune recrue du FBI, est retenue pour intervenir dans le territoire de non droit entre les Etats-Unis et le Mexique. Elle y est enrôlée pour stopper le trafic de drogue entre les deux pays. Seulement pour obtenir des réponses et des solutions, il faut faire face à des solutions qui ne sont pas toujours légales. 

Une chose est sûre, Denis Villeneuve est un bon réalisateur et ça se confirme pendant ces deux heures. Hélas avec Sicario il confirme également qu'il ne sait toujours pas bien choisir son scénario. Si son policier est réalisé comme un brillant film de guerre dans la forme, le scénario reste trop pauvre et maladroit pour convaincre. 

Avec une bande son efficace et de beaux morceaux de bravoures dans la niveau mise en scène, notamment dans les montées de suspense, Sicario vaut son coup d’œil. Idem pour le casting globalement solide, surtout porté par le génial Benicio Del Toro qui, une nouvelle fois, tire le film par le haut. On retrouve un goût de la photographie classique et bien appliqué, un montage soigné et un rythme qui négocie très bien la tension globale du film, aussi bien dans le dialogue que dans l'action. 

Le problème selon moi vient du scénario. Il est plat, sans rebondissement et finalement assez maladroit. On se demande un peu les intentions de départ si ce n'est montrer que la corruption existe dans les deux camps, soit un peu partout aux Etats-Unis. C'est pas neuf, les premiers films noirs nous le montraient déjà et bien mieux. Un peu too much de prendre un personnage si naïf et frêle comme Kate dont on ne prend pas spécialement empathie. Elle manque de charisme et de développement autant sur le papier qu'à l’écran. Emily Blunt, au jeu parfois un peu frêle, n'est pas à la hauteur de cet univers, surtout face aux autres grands acteurs. Comme Jodie Foster dans Le silence des agneaux Kate incarne l'innocence et la jeunesse face au mal. Seulement elle peine à nous touche et patauge souvent dans la semoule, à l'image de son personnage dans le film. Toute l'intrigue principale se devine quant à elle dès les premières minutes du film, tout du moins dès que les personnages principaux sont présentés. Le scénario ne donne ensuite que du champs libre à la mise en scène du cinéaste. Une histoire plutôt simple et sans rebondissements, ni réflexions qui se suit de manière agréable mais sans véritable intérêt. Du coup on a des scènes de traques très bien réalisées mais plus étirées et spectaculaires qu'utiles à l'histoire. Côte psychologique, c'est pas très fouillé non plus, tout trouve rapidement ses limites. Le plus tâche reste le point de vue du camps adverse de la famille du policier avec le garçon qui veut jouer avec son père. Séduisant au début cette intrigue à la Innaritu devient vite un feu de paille qui ne sert à rien du tout. Une grosse maladresse qui donne une mauvaise impression de tentative raté. 

Prisoners possède des maladresses et de longueurs qui l'handicapent mais a un scénario souvent palpitant dans les règles du genre. Sicario quant à lui est plus court mais très prévisible et manque tout le long d'originalité. Il manque également de force dans son cheminement, surtout sur son final qui montre rapidement ses limites, se reposant uniquement sur les épaules de l'acteur Benicio Del Toro, entre Javier Bardem de No Country For Old Men et Anthony Hopkins en Hannibal Lecter. On est très loin des films comme Les infiltrés ou L.A Confidential qui atteignent dans le domaine une force, une virtuosité absolue dans les rapports de force et la manipulation. Le scénario de Sicario manque de virtuosité mais surtout de ton. On dirait que le scénariste s'ennuie de nous raconter son histoire, et du coup nous aussi. Résultat on a que les acteurs à se mettre sous la dent et un metteur en scène qui se croit souvent en croisade pour les Oscars. Si la forme n'était pas si grandiose, le film serait mauvais car dépassé les vingt premières minutes, le scénario n'est pas à la hauteur de la mise en scène. Dommage que cela se prenne autant au sérieux car on suit un polar qui se veut bon mais qui en réalité est médiocre. 

Villeneuve manie à merveille les codes pour le meilleur ou pour le pire, c'est à vous de voir si vous aimez ou pas, les amateurs de Prisoners aimeront sans doute car c'est une nouvelle fois efficace à défaut d'être personnel. Vivement que le cinéaste trouve un bon script et dépasse le stade de simple illustrateur débordant de talent. Il se retrouve ici entre le bon faiseur comme Taylor Hackford et le cinéaste capable de marquer les esprits, comme un certain David Fincher. Au prochain coup peut-être ? Espérons. Dans le thème, revoyez ou foncez vers un des meilleurs films de Steven Soderbergh et un Benicio Del Toro génial : Traffic

Note : 4,5 / 10

Si certains plans font penser à No Country For Old Men des frères Coen, c'est normal ce n'est pas que l'univers mais bien le même chef opérateur qui signe la photo ici.  

lundi 5 octobre 2015

Festival Lumière 2015 : Martin Scorsese



Depuis la création du Festival Lumière par Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux à Lyon, s'il y avait bien un cinéaste qui devait le recevoir à la première édition c'était bien Martin Scorsese. Je ne dis pas cela car c'est mon cinéaste préféré mais parce qu'objectivement le réalisateur de Taxi Driver est l'image, le symbole du réalisateur parfait. En 2015 l'ordre des choses sera donc rétabli. 

Martin Scorsese est un cinéaste qui jongle entre le cinéma commercial et d'auteur, tout en se renouvelant sans cesse dans sa filmographie. Producteur, monteur, acteur, scénariste, dialoguiste et réalisateur de concerts filmés, clips, publicités, épisode de série et de documentaires, l'homme de 72 ans est toujours en avance sur son temps. Il n'y a qu'à voir son dernier film Le Loup de Wall Street pour s'en convaincre, qu'on aime ou pas le film on ne peut pas lui enlever l’énergie et la virtuosité et son cinéma toujours plein d'adrénaline. 

Martin Scorsese mérite aussi le prix Lumière simplement car c'est le plus grand cinéaste cinéphile existant. C'est une encyclopédie du cinéma qui fait tout pour le préserver et le conserver. Avec son association The Film Fondation il permet des ressorties, des restaurations de beaucoup de films voués à disparaître. Malgré un emploi du temps plus que chargé, Martin Scorsese continue de faire des cours à la Fac comme à ses débuts, par pure passion car c'est avant tout la passion qui l'anime. 

C'est donc un cinéaste mordu par le cinéma qui vient à Lyon recevoir son prix Lumière. Ce festival a l'avantage de ne pas avoir de compétition mais d'être une fête autour des films du cinéaste et cette année d'un excellent programme. 

Effectivement le programme est très riche. En plus de la densité de la filmographie du cinéaste, nous avons droit à des rétrospectives comme Pixar et Kurosawa plutôt bienvenues. Redécouvrir Blade Runner de Ridley Scott, Out of Africa de Sidney Pollack, Spartacus de Stanley Kubrick ou encore Le Docteur Jivago de David Lean au cinéma est attractif aussi. Sans parler de Dario Argento qui vient présenter son (meilleur) film Les Frissons de l'angoisse.




Agréable aussi de voir Mads Mikkelsen, Nicolas Winding Rejn, Géraldine Chaplin ou Alexandre Desplat et Jacques Audiard. Pour les quelques films que je connais c'est une bonne sélection. Je recommande fortement M de Joseph Losey qui est un remarquable remake de M le Maudit de Fritz Lang. 


Pour ma part je vais découvrir le dernier Scorsese qu'il me manque de visionner car inédit en France, The 50 year argument. Une occasion à ne pas rater de le voir, tout comme le vrai Martin Scorsese en Masterclass.  

Pour les points négatifs je parlerai brièvement sur la façon dont les places sont vendues. C'est de l'anarchie totale en ligne (quand on peut se connecter) ou même sur place dont c'est la caserne d'Ali Baba des arnaqueurs. Il faut que l'Institut Lumière apprenne un peu plus rapidement de ses erreurs. Je comprends que la fréquentation monte d'édition en édition mais heureusement que je ne suis pas accréditeur chez eux sinon j'aurai de la haine envers eux. L'impression de me faire voler et de n'avoir aucun avantage. Seulement c'est surtout de ne pas commettre l'erreur de vendre quatre places par personne qu'il faut bannir.

Ensuite cela vient de la programmation des films du cinéaste. On savait que Shutter Island, Aviator et Le Loup de Wall Street n'allaient pas être de la partie car ils ont été diffusés en septembre. En regardant le programme, il manque The Last Waltz, After Hours, La couleur de l'argent, Kundun, A tombeau ouvert, Gangs of New York et No direction home Bob Dylan

Je trouve que Gangs of New York sur grand écran avait sa place tout comme The Last Waltz qui a plus de cachet que Shine a light, sorti il y a pas si longtemps en salles. On zappe également son film le plus politique, Kundun et également son fabuleux documentaire sur Bob Dylan. Seulement ce qui me déçoit le plus, c'est par ce qu'ils appellent La nuit Scorsese. Autant pour les deux premiers films je suis d'accord (Mean Streets et Taxi Driver) mais pour Les nerfs à vifs et Les inflitrés non. Ce n'est pas comme s'il avait fait deux films sur la nuit et qu'ils passaient fréquemment dans le festival. Comment zapper After Hours et A tombeau ouvert avec une occasion pareille ? C'est quelque chose qui m'échappe mais ça n'a l'air de gêner personne, l’événement est déjà complet. 

Bon festival à tous, vive le cinéma et Martin Scorsese !