Réalisation : Martin Scorsese
Scénario : Paul Schrader et Mardik Martin
Durée : 2 h
Interprétation : Robert De Niro, Joe Pesci, Cathy Moriarty, John Turturro...
Genre : Chef d'oeuvre qui met K.O
Synopsis :
Évocation de la vie flamboyante et violente du champion de boxe Jake La Motta.
A l'origine, Martin Scorsese ne voulait
pas faire ce film tout simplement car le sport ne l’intéressait
pas à l'écran. Mais le cinéaste était surtout déprimé par le
bide commercial de New York New York qui mettait déjà sa carrière sur la
sellette. Martin Scorsese avait complètement plongé entre temps
dans l’héroïne et enchaînait les cures de désintoxication. C'est
Robert De Niro pour le sortir de cette impasse qui lui proposa de
faire ce projet. Une fois le début de sa métamorphose en Jake La
Motta entamée, l'acteur lui imposa de le faire et qu'il comptait vraiment sur
lui. Scorsese n'avait donc pas d'autres choix que de le faire. Comme
il le dit aujourd'hui, De Niro lui a sauvé la vie avec ce film. Depuis il n'a plus touché à la drogue.
Scorsese appréciait la
biographie de Jake La Motta qui dépeint un homme à l'enfance particulièrement difficile éduqué entre maisons de corrections et prisons. Le cinéaste ne souhaitait bien entendu pas entrer dans cette dramaturgie émotionnelle et voulait absolument se concentrer sur lui dans ses heures de gloires et sa chute. Il veut mettre en relief sa facette effroyable autant physiquement que moralement en avant et laisser planer son passé, son côté de torturé et d'incompris tout le long. Le scénario fut confié à son ami Paul Schrader qui a fait une nouvelle fois un travail pour le moins remarquable. Le cinéaste ne se sentait
cependant toujours pas capable de filmer les scènes de combats. Tout
le long du tournage, il a improvisé et filmées des prises vues en
plus de celles qu'il avait préalablement story-boardées. Au montage, le résultat est sensationnel, on trouve une modernité et un spectaculaire jamais vu et aujourd'hui jamais égalé.
Raging Bull est sans aucun doute le
chef d’œuvre cinématographique de Martin Scorsese, mais également
son film le plus massif, à l'image de la performance
de Robert De Niro à l'écran. La vie de Jake La Motta est une
fresque psychologique aussi viscérale que sociale d'un magnétisme
unique. De Niro est impressionnant et la mise en scène clinique et
violente du cinéaste propulse le spectateur dans une étude de mœurs
très Scorsesienne et digne des meilleurs films du cinéma. Le
sublime noir et blanc entre réalisme cru et esthétique sublime est
un spectacle glaçant comme un pic à glace. On suit un homme tout ce qu'il y
a de plus antipathique durant deux longues heures dont chaque plan,
chaque dialogue, chaque regard de Robert De Niro font l'effet d'un
coup de poing, de poignard absolument inoubliable et traumatisant. La
violence a beau être sur le ring, elle est aliénée dans le personnage de Jake La Motta. Scorsese et De Niro ont bien retenu le surnom donné par le public Taureau. La Motta est représenté sur toutes les coutures comme une monstrueuse bête sauvage et violente sans état d'âme, sur les nerfs et prêt à exploser en permanence. Toute sa vie, il sera un homme limité intellectuellement qui ne s'exprime que par les poings et la violence physique. Une analyse violente, cynique et magistrale sur une nouvelle quête de rédemption chez le cinéaste. On y retrouve un scénario et une mise en scène sans cesse bouillonnant, à l'image de la psychologie du personnage principal, et comme souvent chez Schrader et Scorsese, libre à nous de penser nos idées et de panser nos blessures intimes.
Beaucoup pense que Raging Bull n'est qu'un film
de Boxe traditionnel ainsi qu'un rôle à Oscars pour Robert De Niro devenu
mythique par la suite. C'est plus que cela. C'était le début d'une "mode" où les cinéastes ont pu s'emparer des
biographies de personnages célèbres pour en tirer des films exceptionnels, avec
des thèmes personnels et universels. The Elephant Man de David Lynch ou encore Amadeus de
Milos Forman par la suite seront justement récompensés les années
suivantes. Ces deux films là ont pu se faire grâce aux Oscars reçus du film de Martin Scorsese. Le film est ensuite la démonstration de la technique payante de la technique d'Actors Studios. De tous les grands films et de toutes les nominations que De Niro enchaînaient chaque année aux Oscars, c'est dans ce film qu'il eu fait sensation. Pour Martin Scorsese c'est aussi la rencontre officielle avec Thelma Schoonmaker qui sera jusqu'à aujourd'hui sa monteuse officielle pour ses longs métrages. Mais ce qu'il faut surtout retenir, c'est que Raging Bull est surtout la synthèse du cinéma
de Martin Scorsese. On retrouve la fresque qu'on lui connaîssait et connaîtra avec ses gangsters mêlée avec le brûlot psychologique et social de Taxi Driver. Le film
regroupe toujours à l'heure actuelle ses deux grandes phases de son cinéma et
reste peut-être celui le plus Kubrickien de sa filmographie. Si Raging Bull est assez hermétique pour le grand public, un peu à l'image de Jake La
Motta, il n'en dégage pas moins une puissance et une maîtrise
technique unique et sensationnelle. Rares sont les films qui dégagent
une telle force cinématographique et dans la constance durant ses deux heures.
Raging
Bull sera sans doute avec Casino le film qui vieillira le moins formellement de tous les films
du cinéaste confondus. On y trouve tout au meilleur de sa forme, un grand
acteur, un excellent scénario, un sublime montage, et surtout un grand cinéaste qui
sait être universel et personnel à la fois. C'est un film où il y a tant à dire et si peu à la fois, c'est aussi pour toutes
ces raisons qu'on parle de chef-d’œuvre. Pour les plus froids
devant, il reste la performance de Robert De Niro qui est
incontestablement aussi marquante et indélébile que la fameuse
phrase : « You Fuck My Wife ». Oui c'est un des plus grands
films de l'Histoire du cinéma avec l'une des plus grandes répliques.
Note : 10/ 10
PS :
Le film fut un succès critique mais un flop commercial. A l'inverse, dans le même domaine, Rocky de John G Avildsen fut un grand succès public. Aujourd'hui ce sont deux films incontournables sur la boxe et reconnus comme des classiques du cinéma.
Robert De Niro s'est tellement entraîné au point de briser le nez au vrai Jake La Motta.
Scorsese et De Niro s'étaient logiquement vu proposés ensuite de faire le remake de Scarface. Scorsese ne se sentait pas d'attaque et c'est ensuite tombé un long moment sur Sidney Lumet avant que ce ne soit finalement Brian De Palma comme on le sait. Il est clair que c'était un projet pour eux, cela aurait pu donner une fresque entre Raging Bull et Casino et aurait certainement était un grand film aussi.
4 commentaires:
Chouette chronique pour ce chef d'oeuvre de cinéma, un uppercut formel et émotionnel, un Scorsese qui en effet ne prendre jamais de rides malgré son parti-pris n&b.
Sinon rrrrhhhhhhaaaaaaaa !!!! quel putain de film on aurait eu pour le remake de Scarface avec ces deux-là.
Merci pour le retour même si j'ai été a l'essentiel !
Oui c'est clair que Scarface par Scorsese ça fait rêver mais déjà par De Palma c'est classe !
Un peu sur-estimé à mon goût le Scarface de De Palma - je lui préférerais toujours sa suite spirituelle Carlito(s Way - mais bon ça reste quand même un petit classique.
Surestimé surtout dans les banlieues et son statut de film culte. Pourtant De Palma ne manque pas d'humour quand l'empire de Tony Montana s'effondre ! Assez Scorsesien pour le coup
Par contre oui je suis d'accord ce n'est pas L'impasse qui est un pur chef d'oeuvre !
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