Réalisation : Christopher Nolan
Scénario : Jonathan et
Christopher Nolan
Durée : 2 h 50
Interprétation : Matthew
McConaughey, Anne Hathaway, Michael Caine, Jessica Chastain, Matt
Damon, Casey Affleck, John Lithgow...
Genre : Mission to Mat(t)
Synopsis :
Un groupe d'explorateurs traverse une
faille récemment découverte dans l'espace temps afin de repousser
les limites humaines et part à la conquête des distances
astronomiques dans un voyage interstellaire.
Contrairement à The Dark Knight Rises
et Inception, j'ai attendu quelques mois après la sortie en salles
d'Interstellar avant de le visionner, histoire que le tapage
médiatique retombe complètement afin d'essayer de gagner en
objectivité. Au résultat, je n'accroche toujours pas. Comme dans
Inception il y a des choses à sauver dans l'idée principale, dans
certains thèmes abordés et sa démarche cinématographique initiale, très rétro dans le genre. Seulement il y en a aussi beaucoup à jeter
car elles sont souvent vides, barbantes, quand elles ne sont
prétentieuses par moment et surtout, pour la première fois chez
le cinéaste, horriblement niaises.
Dans la forme on retrouve peut-être ce
que Nolan a fait de plus maîtrisé jusqu'à aujourd'hui. Tout du
moins dans son style. C'est à dire un scénario magistralement bien
construit, un découpage efficace et rythmé ainsi qu'une belle
photographie qui mêle le non et le très spectaculaire avec brio. Ce
sont les qualités d'écriture et de mise en scène propres au
cinéaste qui font rendre cette odyssée distrayante à suivre malgré
le vide qu'il nous raconte au final. Qui dit style Nolan dit comme
bien entendu la musique d'Hans Zimmer toujours omniprésente pour
faire passer l'intégralité des émotions au spectateur. Mais qui dit
style Nolan dit aussi casting avec des acteurs prestigieux partout.
McConaughey est heureusement là avec sont talent pour faire la
grande majorité du boulot. Sans lui le film serait mauvais,
à l'image de la fadasse Anne Hathaway qui ne s'en sort toujours pas. Jessica Chastain et Matt Damon sont les plus ravis de tous en étant simple second rôle malgré leur petite forme. Quant
aux autres acteurs, ils n'ont pas grand chose à faire comme d'habitude à part meubler un rôle d'un personnage du rôle d'un pion assez
morne, limite vide d’intérêt au vu de la longueur du film.
Ensuite si on parle du contenu, je suis
beaucoup plus réservé. J'ai trouvé la démarche bonne et
intéressante de faire un film de science fiction, ou plutôt de science et de fiction, qui reprenait les
codes du cinéma à l'ancienne. D'un autre j'ai trouvé le film racoleur et une nouvelle fois trop handicapé du style des frères Nolan. Tout comme dans Inception, le style du cinéma de
Nolan est beaucoup trop froid, démonstratif, mathématique et
surtout bien trop cartésien pour en faire un film dans la dimension
cinématographique attendu et mérité. Surtout que la fin du film est
censée faire rêver. Tout du moins être un peu plus féerique, comme un film à la Steven Spielberg, dont le film était justement destiné à l'origine. C'est raté car Nolan n'a absolument rien d'onirique dans
son cinéma et il ne change pas du tout ici. Il peut utiliser les tonnes d'effets spéciaux qu'il
veut, la plus belle des musiques d'Hans Zimmer ou des mouvements de
caméras sublimes, rien y fait : Nolan a une recette limité
parfaite pour le thriller mais pas pour le cinéma d'une autre envergure. Son style ne fait place uniquement qu'au spectaculaire et se repose sur sa structure scénaristique virtuose. Finalement on ne voit à la fin que la niaiserie d'un très
mauvais film américain dont il est interdit de faire dans le soi
disant chef d'oeuvre que le cinéaste prétend nous pondre depuis plus de deux
heures. Pourtant rien est surprenant car tout se recoupe gentiment et on
se dit malgré plein de trucs improbables qu'on est bien dans l'esprit cartésien du cinéaste, tout le puzzle est au complet.
Pour ce qui est du racolage, je
m'explique. Je n'ai pas vu Contact de Robert Zemeckis, toujours avec
McConaughey d'ailleurs, mais il est beaucoup comparé avec Interstellar.
Moi j'ai trouvé que le film ne dégage rien d'autre qu'un
produit fait et destiné pour plaire à un maximum de monde. C'est du commercial vide et avec un fond assez hypocrite sur l'espèce humaine. Un coup cette dernière est à sauver, un coup non elle ne le mérite pas car elle est lâche et menteuse puis finalement non car c'est son amour qui va sauver le monde. Cela même si je trouve par moment que le cinéaste
y met de la sincérité dans ses idées, je trouve que rien est nuancé, ni développé et encore moins évolutif, à l'image de la psychologie de Murphy qui vraiment lamentable. En revanche le cinéaste n'est pas très honnête en ne glissant rien de vraiment moderne technologiquement à la NASA pour pas que son film prenne un coup de vieux avec le temps. Du coup on se retrouve dans un cheap assumé certes avec le côté apocalyptique mais que je trouve pas très cohérent, comme une station de la Nasa censée être introuvable ou comme le départ du personnage principal en mission dans l'espace du jour au lendemain sans ré entrainement. On retrouve dans le scénario de l'écologie, de la science,
de la philosophie, de la spiritualité le tout parsemé d'un (soi disant)
humour et une bonne couche d'émotion. Le film n'est pas mauvais dans
sa forme mais il est creux et n'est pas bon dans son fond. Je le trouve assez
ingrat car il va dans un peu toutes les directions pour
toucher le maximum de monde pour n'approfondir rien du tout. Du coup
Interstellar n'est qu'un blockbuster hollywoodien comme les autres
avec plus d'intention de faire un chef d’œuvre du cinéma à la
clé que les autres. Il se catégorise comme Inception comme un film du dimanche plus sensoriel que les autres il est vrai mais également bien plus prétentieux. Ce qui est tout de même bien triste vu l'idée et le potentiel de départ.
Le cinéaste cherche également à plaire les
cinéphiles avec des clins d’œil à Solaris et
2001 l'odyssée de l'espace, dont le scénario est de manière globale une mauvaise copie de ces deux derniers films. On remarquera aussi techniquement
un changement de format du cadre entre les scènes intérieures et
extérieures. Un format cinémascope pour les scènes extérieures qui en mettent plein les yeux (et les oreilles) et
en 16/9 pour l'intérieur qui est censé renforcer l'oppression.
A la longue ça ne sert pas à grand chose pour la grammaire
du film. Je trouve ça même anecdotique ou plutôt une superficialité en plus. Bien sûr il y a des
incohérences comme dans tous les films de science fiction et surtout
avec un scénario comme celui là, assez invraisemblable dès le départ si on entre pas dans le trip.
En même temps mêler le jeu de la temporalité avec celui de la science
fiction, c'est pas une partie loin d'être gagnée d'avance. D'ailleurs je ne suis pas scientifique, au contraire, et c'est peut-être pour ça que je n'aime pas ce cinéma mais je pense que ce ne sont presque que des bêtises qui nous sont racontées, comme dans la plupart des films du genre. Là ça prend vraiment la tête, surtout que Nolan tient à tout expliquer de manière bien sérieuse, c'est très lourd. Le
pire étant la dernière partie qui pour ma part sonne complètement
faux. Même si bien entendu elle est bien faite techniquement, je la trouve ratée quand McConaughey se
retrouve dans l'espace temps et qu'il boucle la boucle comme chez tous les
Nolan. Seulement le personnage principal en perd son cerveau dans ce passage quand il se met à pleurer et
agir en panique à essayer de communiquer avec sa
fille et lui même derrière la bibliothèque. Alors qu'il sait ce qu'il va se passer, qu'il a déjà vécu ça, il refait les mêmes codes qu'il a déjà fait alors avant qu'il ne comprenne que ce soit lui qu'il se soit tracé la route pour la survie de l'espèce. Je trouve que c'est une grosse erreur de
scénario, une erreur de construction carrément loupée. Pour le reste c'est frustrant de repenser que sur presque
trois heures le scénario ne raconte qu'une demie épopée spatiale et physique peu approfondie où tout se repose sur l'acteur principal.
Interstellar est plus distrayant mais plus niais qu'Inception qui est pour moi soporifique et frustrant. Les fans de Christopher Nolan seront ravis car il
se renouvelle un peu avec la démarche initiale et se démarque des blockbusters contemporains dans le genre. Comme pour Cloud Atlas des Wachowski, que je n'ai pas aimé non plus au passage, le film a au moins ce mérite qu'on ne peut lui enlever d'être différent. Même si le style Nolan a marqué des blockbusters actuels, il ne renouvelle pas
pour autant dans sa forme ici et c'est trop fortement présent pour un tel sujet. Tout le monde est
content, les fans comme les détracteurs au final. Ou pas, comme moi qui au final n'apprécie que la moitié de son oeuvre. Quand on voit le succès du film ça fonctionne tout comme pour Inception, mais au final je trouve tout cela beaucoup trop surestimé. Je ne demande
pas au cinéaste de refaire un produit semblable à 2001 L'odyssée de l'espace, ce serait bien trop abstrait pour le grand public. Surtout à l'encontre des grandes productions qui sortent de nos
jours qui ne font pas réfléchir. Ce film est une nouvelle preuve du grand succès actuel de Christopher Nolan, il suffit de thèmes qui plaisent à tout le monde avec un bon savoir faire et un tapage médiatique énorme pour cartonner un maximum et lui crier au génie. Au final ce n'est pas plus honnête qu'un remake ou la suite d'un film qui a eu du succès il y a quelques années. Et puis ce n'est pas parce qu'une idée est bonne et que les effets spéciaux sont impressionnants que cela en fait un bon et un grand film. Encore moins un chef d'oeuvre. On peut reprocher la même chose à Nolan qu'à Alfred Hitchcock, mais Hitchcock lui adaptait son style au service du scénario. Nolan, c'est le contraire. Ici il a eu tendance en plus à être plus niais que d'habitude et c'est la goutte d'eau. Personnellement j'attendais plus qu'un film
qui n'a la prétention de faire un grand chef d'oeuvre du cinéma
avec un simple mixage de L’étoffe des Heros de Philip Kaufman et
de Mission to Mars de Brian De Palma
Le cinéma de Christopher Nolan transporte les foules uniquement par son style dans cette épopée spectaculaire. Nolan n'est pas complaisant dans sa démarche mais il y a une chose qu'il n'a jamais réussi à faire et je pense ne réussira toujours pas : faire rêver et laisser place à l'imaginaire à son public. Ce
qui reste un comble tout de même pour du cinéma qui se veut aussi grand fort, beau et philosophique. Comme avec Inception, Interstellar avait beaucoup trop d'ambitions et d'essences dans ces idées et son concept à la base pour finalement
n'être qu'un film frustrant car beaucoup trop marqué au fer du style Christopher Nolan. Cela pour le meilleur ou pour le pire, c'est à vous de voir si vous entrez dans son jeu ou pas.
Note : 4 / 10
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